Le vent doux de l'automne soufflait sur les collines entourant le village. La petite maison des parents de Lysandre se tenait fièrement, construite avec du bois de chêne et des pierres solides. Une maison modeste, mais chaleureuse, où les éclats de rires et la douceur de vivre régnaient.
À l'intérieur, Lysandre s'asseyait à la table, observant silencieusement ses parents qui discutaient.
« Lysandre, tu veux bien aller chercher de l'eau au puits ? » demanda son père d'un ton chaleureux.
Son père, Elias, était un homme robuste dans la trentaine, aux cheveux bruns ébouriffés et à la barbe soigneusement entretenue. Sa carrure imposante contrastait avec sa nature bienveillante. Ancien soldat du royaume, il avait choisi de s'éloigner des champs de bataille pour vivre une vie paisible en tant qu'artisan. Ses mains étaient marquées par les années passées à manipuler du bois et des outils, mais son sourire restait aussi doux que celui d'un rêveur.
Lysandre se leva sans un mot, mais son regard observait son père avec une intensité cachée.
« Je viendrai avec toi, Lysandre ! » intervint sa mère, Elena, en s'essuyant les mains sur son tablier.
Elena était une femme au regard vif et aux cheveux noirs attachés en une tresse simple. Sa voix douce possédait une fermeté sous-jacente, celle d'une personne ayant connu des épreuves sans jamais se laisser briser. Elle tenait la maisonnée avec soin, assurant que rien ne manquait jamais. Pourtant, derrière ses gestes simples, Lysandre sentait une force intérieure impressionnante, bien plus grande que celle de son père.
Ils sortirent ensemble, se dirigeant vers le puits situé à l'entrée du village. En chemin, Elena attrapa la main de Lysandre.
« Tu sais, ton père a construit cette maison presque entièrement de ses mains, » dit-elle en regardant les montagnes à l'horizon.
Lysandre tourna la tête vers elle. « Pourquoi ne pas avoir vécu ailleurs ? Dans une ville, peut-être ? »
Elena sourit. « Parce qu'ici, nous avons tout ce dont nous avons besoin. Ton père voulait la paix, et moi, je voulais un endroit où mon fils pourrait grandir librement. »
Lysandre hocha la tête sans répondre. La réponse semblait logique, mais une partie de lui restait perplexe. Pourquoi les gens faisaient-ils des choix en fonction des autres ? Pourquoi leur bonheur dépendait-il de quelqu'un d'autre ?
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Alors qu'ils arrivaient au puits, ils croisèrent un homme âgé qui salua Elena.
« Toujours aussi lumineuse, Elena, » dit-il avec un sourire édenté.
« Et toi toujours aussi flatteur, Maître Gérald, » répondit-elle avec un clin d'œil amical.
Lysandre observait cette interaction. Sa mère semblait incarner une sorte de lien naturel avec les autres. Où qu'elle passe, elle attirait les sourires et les salutations chaleureuses.
Pendant qu'il tirait l'eau du puits avec une précision calculée, Elena s'accroupit à ses côtés.
« Lysandre, » dit-elle doucement, « tu sais que si tu as des questions, tu peux toujours venir me parler. »
Il se figea un instant, surpris par ses paroles. « Pourquoi penses-tu que j'ai des questions ? »
Elle le regarda dans les yeux, et pendant un moment, il sentit une chaleur inhabituelle, comme si elle pouvait voir au-delà de ses murs intérieurs.
« Parce que tu as un regard qui réfléchit toujours plus qu'il ne parle. »
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De retour à la maison, Elias les attendait avec une table pleine de nourriture simple mais appétissante. Du pain frais, une soupe chaude et des légumes du jardin.
« Tu sais, Lysandre, » dit Elias en s'asseyant, « un jour, ce sera toi qui décideras de ce que tu veux faire de ta vie. Que ce soit ici, ailleurs, ou même quelque chose de grandiose. Mais n'oublie jamais que la famille est ta force. »
Lysandre fixa son père, réfléchissant à ces mots. Il ne répondit pas.
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Cette journée resta ancrée dans l'esprit de Lysandre. Ses parents, bien que simples en apparence, étaient comme des piliers solides. Elena, avec sa chaleur et sa fermeté, était une énigme pour lui. Et Elias, avec son sourire et sa force tranquille, représentait une stabilité qu'il n'avait jamais remise en question.
Pourtant, il savait qu'un jour, il devrait se détacher de ces racines. Non par manque d'amour, mais parce qu'il ressentait au fond de lui que son rôle dans ce monde dépassait la simplicité d'une vie de village.
Ce jour-là, il n'était qu'un garçon de sept ans, mais son esprit voyait déjà au-delà des collines familières.