Le concours de talents commença avec quelques sujets. Le Prince Ron était ravi et émerveillé de voir de si belles personnes présenter des talents extraordinaires.
Certains pouvaient cracher du feu, marcher et se balancer sur des cordes, avaler des épées aiguës et briser des briques sur leur torse nu. Certains pouvaient même faire danser les serpents !
D'autres, principalement des femmes et des petites filles, pouvaient très bien chanter et danser ou jouer d'un instrument de musique.
Ron applaudit et encouragea chaque participant de tout cœur.
Netheridge était un lieu où il aimerait vivre pour toujours. Les festins à Ashenmore n'étaient même pas à moitié aussi divertissants que cela. Les gens y mettaient tout leur cœur et il commençait même à penser qu'il pourrait finalement ne pas gagner ce concours de talents.
Le prix est un vœu qui serait exaucé par le Roi. Il se tourna légèrement sur sa droite pour trouver sa bien-aimée aux cheveux argentés regardant le spectacle avec un air ennuyé. Il soupira. Le Roi devrait montrer un peu plus d'enthousiasme pour inspirer son peuple.
Mais de toute façon, cela n'avait pas d'importance. Son peuple n'avait pas l'air de s'en soucier.
Ce que le petit prince ne savait pas, c'était que les gens de Netheridge étaient déjà encouragés par lui. Son rire était séduisant et chaque concurrent voulait le faire rire davantage juste pour plaire à leur propre cœur.
Le Prince Ron était tout simplement captivant et il ne le savait pas.
La Reine mère pouvait sentir les bonnes ondes de son peuple. Il n'y avait jamais eu de concours de talents où ils avaient fait de leur mieux pour impressionner comme celui-là. Elle sentait que l'arrivée du prince Ron était un miracle. Elle avait raison de suggérer la cohabitation avec les humains. Si son peuple apprenait à accepter le Prince et la Princesse, il ne leur serait pas difficile d'accueillir d'autres humains dans leur cœur. Après tout, l'arbre-mère se mourait. Leur existence serait bientôt connue de tous. Ne vaudrait-il pas mieux commencer à se débarrasser lentement de leur haine et de leur colère dès maintenant ?
Une petite fille venait de terminer de chanter et tout le monde, y compris le Prince Ron, applaudissait bruyamment.
"Et maintenant", cria l'annonceur de sa voix de baryton puissante. "Voici la Princesse Rose d'Ashenmore !"
Ron ricanait intérieurement mais applaudissait néanmoins. Il regarda sa sœur rassembler sa robe bien trop grande et descendre. Elle se tint là où tous les concurrents se tenaient puis sourit. "Cette chanson est dédiée à sa Majesté, le Roi. C'est un message direct de mon cœur au vôtre, votre Majesté. Elle s'appelle Lié à Toi."
Le Prince Ron manqua de s'étouffer avec sa salive. Lié à qui ? Quelle absurdité ! Depuis quand sa sœur apprenait-elle des choses aussi mielleuses ? Il espérait que le Roi Zedekiel haïrait la chanson du plus profond de son cœur. Quel titre laid pour une chanson !
La Princesse Rose entrouvrit ses lèvres rosées et la voix la plus sonore que quiconque ait jamais entendue jaillit de sa gorge.
Tout le hall devint silencieux et ils écoutèrent son histoire d'amour. Sa voix était puissante et belle, faisant remuer quelque chose dans leurs cœurs. L'histoire qu'elle chantait était belle et douce, touchant leurs cordes sensibles.
L'expression ennuyée du Roi Zedekiel ne changea pas d'un iota. En fait, il bâilla même à un moment mais personne ne le remarqua car tous avaient les yeux fixés sur la Princesse.
Le Roi pensait que son peuple était tous des idiots. Comment pouvaient-ils apprécier une telle musique ? D'accord, sa voix était plus douce que celle d'un rossignol, mais ce qu'elle chantait ne correspondait pas aux émotions dans ses yeux. Il sentait que les yeux étaient la porte d'entrée de l'âme d'une personne. Il pouvait clairement dire que l'amour dont elle parlait n'était pas quelque chose qu'elle ressentait. Peut-être n'était-elle qu'infatuée de lui. Il avait hâte que sa chanson se termine.
Le Prince Ron, quant à lui, était vert de jalousie. Il ruminait dans son cœur et criait dans sa tête. Pourquoi n'avait-il pas reçu une voix douce ? Ou une capacité extraordinaire qui pourrait épater le Roi ? Que faisaient les divinités lorsqu'il est né ? Pourquoi aucune d'elles ne l'avait béni avec quelque chose d'époustouflant ? Comment pourrait-il séduire son bien-aimé avec son soi sans talent ?
La Princesse Rose atteignit une note haute à la perfection et il pensait que ce n'était vraiment pas juste. Comment pourrait-il battre ça ?!
Le Prince Ludiciel avait déjà conclu dans son esprit que la Princesse allait gagner. Les jumeaux ne faisaient pas vraiment attention. Au lieu de cela, ils étaient en train de se faufiler des morceaux de fruits dans leurs bouches et de ricaner comme si c'était la chose la plus amusante à faire.
La Princesse Mariel n'était pas du tout perturbée. Elle ne participait pas pour gagner. Elle le faisait pour transmettre ses sentiments au Prince Ron. Tout comme la Princesse Rose avait dédié sa chanson au Roi, elle dédierait la sienne au Prince Ron.
Après ce qui sembla des heures pour le Prince Ron, Rose termina sa chanson. La salle éclata en applaudissements et elle s'inclina puis regagna sa place.
Ron siffla dans une joie feinte. "Bien joué sœur ! C'était incroyable ! Magnifique !"
La Princesse Rose rougit. "Merci Ron". Elle se tourna ensuite vers le Roi. "Votre Majesté, qu'en avez-vous pensé ?"
Le Prince était tourné vers la foule, mais son oreille droite se dressa, tendue à capter la réponse du Roi.
"J'étais surpris", dit-il. "Votre voix est vraiment belle."
Ron se mordit la lèvre et grogna encore plus dans son cœur. Le Roi avait aimé. Bien sûr qu'il l'aurait aimé. Qui n'était pas envoûté par la voix sonore de Rose ?
La Princesse Rose était ravie. Il semblait qu'elle avait de grandes chances de gagner !
La Reine mère leva les yeux au ciel. Il semblait que la Princesse oubliait le fait que la personne qui décide du gagnant est elle et qu'elle ne la laisserait certainement pas gagner. Ah, si seulement le Prince Ron participait...
"Voici le prochain concurrent, la Princesse Mariel de Netheridge !"
Tous se remirent à applaudir et à acclamer. Une immense harpe argentée fut placée à l'endroit où la Princesse Mariel se tiendrait.
Le Prince Ron lui fit un signe de pouce en l'air. Encouragée par son nouvel intérêt amoureux, la Princesse Mariel descendit et se positionna près de la harpe.
"Ma chanson s'appelle Aussi pur que la Mer Scintillante", dit-elle. Alors qu'elle parlait, ses yeux ne quittaient pas Ron. Elle voulait dédier la chanson à lui, mais ensuite elle se souvint que le Prince Ron était un humain et que son frère serait furieux s'il savait qu'elle avait des sentiments pour lui. Elle ne put donc que tristement réprimer cette pensée et commencer.
La musique était lente et apaisante. Douce et belle. Elle emplissait la salle de chaleur et d'harmonie. C'était le genre de chanson qui donnait envie de serrer quelqu'un dans ses bras ou de se blottir contre lui. Ils savaient tous que la chanson parlait d'amour. Un amour pur.
Eh bien, tous le savaient, sauf le Prince Ron à qui le message d'amour était destiné. Pour lui, la chanson était agréable, mais tellement lente qu'elle lui donnait envie de dormir. Il lutta de toutes ses forces pour ne pas bailler, surtout parce que la Princesse Mariel refusait de regarder ailleurs que lui. Il était assez agacé. Pourquoi le regardait-elle autant ? Maintenant, il ne pouvait même pas bailler tranquillement. Ses yeux étaient même larmoyants.
Si la Princesse Mariel savait ce que le Prince pensait, elle vomirait probablement du sang de choc.
Elle le fixa, espérant lui transmettre ses sentiments et quand elle vit des larmes dans ses yeux, elle fut aux anges ! Elle fut motivée à jouer encore mieux. Cela fonctionnait ! Le Prince Ron tombait sous son charme !