La calèche s'arrêta soudainement, Mauve fut projetée en avant à cause du freinage brusque. Elle regarda par la fenêtre et vit que le ciel se teintait légèrement d'orange à l'approche du lever du soleil.
Ils s'étaient arrêtés devant une auberge. La première chose que Mauve remarqua en sortant de la calèche fut les regards. Il n'y avait pas beaucoup de gens devant l'auberge, mais l'aube approchait ce qui signifiait que la plupart des gens de la ville étaient éveillés et se préparaient à vaquer à leurs occupations.
Mauve sortit la tête haute bien qu'il n'y ait eu personne pour l'aider à descendre de la calèche, mais elle était habituée à présent. Vae était à côté d'elle alors qu'elles suivaient toutes deux Danag à l'intérieur de l'auberge.
Damon et l'autre vampire restèrent près des calèches. Elle avait confirmé que ses escorte pour ce voyage comprenaient trois vampires. Les deux autres l'évitaient, elle n'était pas sûre si c'était parce qu'elle était humaine ou pour une autre raison.
La première chose qu'elle remarqua lorsque Danag ouvrit la porte était que la taverne était vide. Quelques sièges étaient renversés mais pour la plupart les tables étaient vides et propres. Elle n'eut pas l'occasion d'examiner l'endroit car Danag se dirigea immédiatement vers le comptoir.
« Puis-je vous aider ? » Une voix agacée résonna dans la pièce même avant qu'ils n'atteignent le comptoir.
Mauve supposa immédiatement qu'il était le propriétaire. Il était robuste et chauve, de taille moyenne et une moue moqueuse constante était dessinée sur ses lèvres. Mauve sentait aussi quelque chose, mais elle n'était pas sûre de l'origine de l'odeur.
« Nous aimerions des chambres et à manger, » dit Danag en s'arrêtant devant le comptoir, il lança une pièce d'or qui rebondit avec un tintement avant de s'arrêter.
L'homme robuste arrêta ce qu'il faisait et fixa la pièce puis il lança un regard noir à Danag. « On ne sert pas de vampires ici, » dès que les mots furent sortis de sa bouche, il cracha.
Mauve tourna immédiatement son regard vers Danag, craignant qu'il écrase la tête chauve de l'aubergiste comme un œuf, mais Danag ne montra aucune émotion. Mauve n'était pas sûre si c'était plus inquiétant.
« Nous serons partis avant le coucher du soleil. »
« Vous ne m'avez pas compris ? On ne sert pas de vampires ici ! » La voix de l'homme monta d'un cran.
« Nous sommes l'entourage de la princesse. Nous refuser l'hébergement, le roi humain ne représente-t-il rien pour vous ? » La voix de Danag était plus profonde maintenant, Mauve n'avait pas besoin qu'on lui dise qu'il était en colère.
« Princesse ? » L'aubergiste ricana. « Ça ne me regarde pas. »
Mauve se sentit glacer sur place. Elle se demanda comment les habitants de Greenham avaient réagi lorsqu'ils avaient appris qu'elle avait été mariée au roi vampire. elle était certaine qu'aucun d'entre eux ne connaissait son existence auparavant. Mauve ferma les yeux, son titre temporaire ne signifiait rien.
« Nous ne restons que pour la journée. Dès que le soleil se couchera, vous ne nous reverrez plus. »
Mauve fut extrêmement surprise de voir Danag garder autant son sang-froid. Il avait l'air du genre de vampire qui s'emportait à la moindre provocation mais bien qu'elle puisse voir les veines de ses bras, il ne décapitait pas l'aubergiste.
« Cela n'a pas d'importance si vous restez une heure. À mon avis, vous êtes déjà restés assez longtemps et si elle était vraiment la princesse… » l'aubergiste dit, hochant la tête vers Mauve. « La Maison du Seigneur est à deux pas d'ici, ça ne serait pas mieux pour son altesse... » un large reniflement, « de séjourner là-bas ? »
Mauve rougit immédiatement tandis qu'ils se tournaient pour la regarder. Mauve se tourna vers la femme de chambre pour de l'aide mais Vae ne la regardait pas. Aller à la Maison du Seigneur était hors de question, elle ne savait pas dans quelle ville ils étaient mais aucun des Aristocrates ne voulait avoir affaire à elle, donc se présenter à leur porte était impensable. On la traiterait pire que l'aubergiste ne traitait Danag.
« Assez de ces conneries ! » une voix forte suivie d'un claquement. Mauve et Vae sursautèrent simultanément à l'interruption inattendue. Danag ne cligna même pas des yeux.
La voix venait du coin de la pièce, la journée était encore sombre alors Mauve n'avait pas remarqué sa présence. Elle jeta un regard à l'aubergiste et son visage était figé de peur.
« Monsieur G-Galahad, » l'aubergiste bégaya. « Je ne vous avais pas vu là. »
L'homme s'approcha d'eux et à la manière dont l'aubergiste l'avait appelé Mauve sut qu'il était un chevalier. « Voulez-vous que je raconte au Seigneur tout ce que vous avez dit ici ? »
« Non, non, Monsieur Galahad. Ce sont des vampires, les vampires n'ont pas le droit d'être ici. »
« Vous êtes en train de dire que vous ne savez pas que le mariage de la princesse était il y a deux nuits ? Vous contestez le traité et par-dessus le marché devant la princesse qui en est le symbole ? »
Le chevalier se tenait juste à côté d'eux et il avait son regard posé sur la princesse en parlant. Mauve baissa la tête. Elle n'osait pas le regarder dans les yeux, il y avait aussi le fait qu'il lui semblait familier.
« Non, rien de tout cela Monsieur Galahad. Mais il n'y a aucun moyen de savoir avec certitude qu'elle est la princesse. »
« Est-ce important ? Le fait qu'ils soient si loin dans le royaume signifie qu'ils doivent venir du palais. Vous êtes en train de dire que les invités du Roi ne méritent pas de séjourner dans... » Monsieur Galahad s'interrompit et lança un regard dégoûté aux alentours, « Votre modeste auberge. »
« Bien sûr que non, Monsieur Galahad. Je leur donnerai les meilleures chambres gratuitement… »
« Nous n'avons pas besoin de votre générosité, » dit Danag avec un grondement, ignorant complètement le chevalier. Il fixa la pièce et l'aubergiste rit maladroitement avant de l'accepter.
« Bien sûr, bien sûr, par ici s'il vous plaît. »
Mauve fit une révérence, et Vae s'inclina plus bas qu'elle. « Merci. » Elle murmura sa gratitude. Le chevalier se contenta de hausser les épaules en réponse.
Elle lui était reconnaissante et elle voulait qu'il sache cela. Elle ne pouvait pas imaginer comment ils s'en seraient sortis sans son aide. Chercher une autre auberge était inenvisageable et ils auraient probablement rencontré la même situation, et le soleil se levait.
Elle était excessivement gênée et honteuse. Le Roi ne s'était pas embêté à simuler temporairement qu'elle était sa fille, il ne fut donc pas surprenant que les gens la traitent comme une simple paysanne.
Sans aucun accompagnateur et seulement une simple femme de chambre, même elle n'aurait pas cru que c'était la princesse. Elle avait hâte que ce voyage se termine, si elle devait le refaire, elle ne supporterait pas.