"Elene !" La porte frappa et tout le monde se tut. Comme s'ils réalisaient seulement maintenant où ils se trouvaient.
Elene lança un regard noir à Evangeline puis un sourire apparut sur ses lèvres.
"Je suis toujours en lice pour le poste à l'académie, j'espère que vous saurez vous tenir !"
Elle marcha vers la porte, espérant que ce fût ses amis et en même temps qu'ils ne l'étaient pas. Car elle ne savait pas à quel point son image était endommagée.
Elle avait travaillé si dur pour se faire une place où elle était meilleure qu'Evangeline. Non, là où Evangeline n'existait pas, et pourtant Evan lui avait pris cette place. Une nouvelle vague de colère et de haine la frappa de plein fouet alors qu'elle tenait la porte et prenait une profonde inspiration.
Quand elle l'ouvrit, un large sourire était collé sur son visage. Mais la personne qui se tenait devant la porte était celle qu'elle attendait le moins,
"Je suis venu servir le repas ?" le chef à la porte afficha un sourire édenté qui fit hésiter Elene.
"Je vous demande pardon !" Elle fit un pas en arrière lorsque l'homme poussa le chariot à l'intérieur.
"Le repas. On m'a dit que Monique Minuit s'était évanouie de faim. Il est de notre devoir de lui servir un repas." il montra un autre sourire édenté à Elene en entrant puis sourit aux autres.
Elene ne se rendait pas aux cuisines. Elle était juste en colère que Harold lui ait ordonné d'aider son épouse. Pour un instant, elle se sentit humiliée comme si elle était une femme bon marché, une maîtresse.
Non ! Harold ne l'aimait qu'elle. Evangeline était son erreur.
"Ah, ils ont donc préparé un repas après ma demande." Elle sourit mais le chef la regarda comme si elle était une imbécile mais quand elle sentit qu'il allait la critiquer, il se retourna vers la femme assise sur la chaise au visage pâle.
"Ma dame, j'espère que vous apprécierez le repas." il s'inclina lorsque Evangeline hocha la tête et le remercia.
L'homme quitta rapidement la chambre.
"Ils m'ont insultée." Quand Evan prit la fourchette, Elene grinça des dents. Harold leva les yeux mais se leva comme un amant dévoué pour aller l'apaiser.
Evangeline ne leur prêta aucune attention. Harold se servait d'eux et pensait qu'Elene était une autre victime de son jeu. Il ne faisait aucun doute qu'Elene la haïssait et quoi qu'elle dise, Elene ne la croirait pas.
Quand elle souleva l'assiette, elle remarqua un petit billet en dessous. Elle jeta un regard rapide au couple occupé tout en l'ouvrant.
"Je m'excuse de Votre Grâce de ne pas avoir pu vous sauver de ce couple odieux. Mais j'espère que vous apprécierez le repas ou mon maître me fera perdre la tête." Evan tenait fermement le billet dans ses mains.
Elle savait qu'Ian ne l'aimait pas et pourtant il avait organisé quelque chose de si attentionné. Elle n'aurait pas protesté même s'il l'avait ignorée. Après tout, il l'avait déjà aidée lorsqu'elle allait tomber.
La chaleur semblait si ironique que des larmes non versées emplirent ses yeux. Elle regarda l'assiette comme si elle pouvait voir les visages souriants de Damien et Ian dedans. Elle devait perdre la tête.
Elle secoua la tête et prit de grandes bouchées de nourriture comme si elle mourait de faim depuis des mois. Ses yeux larmoyants paraissaient si misérables que... Quand Harold lui jeta un regard rapide, il se sentit récompensé. Pendant un an, il avait observé son épouse parfaite et se sentait petit.
Sa présence était trop. Autant il était attiré par cette femme et la désirait, autant il voulait la briser d'abord. La ruiner pour qu'elle ne puisse plus jamais le regarder dans les yeux mais garde la tête baissée comme il se doit.
Bientôt… bientôt ! Il allait forcer Evan dans un coin jusqu'à ce qu'elle le supplie puis il se débarrasserait d'Elene et de sa mère. Et alors ils vivraient heureux pour toujours.
"Regardez-la se dégrader. Elle a complètement perdu la tête." Elene ricana, se sentant enfin mieux.
"Après la rencontre avec les propriétaires de l'académie, elle n'aura plus aucune respectabilité ni image. Alors, on ne se souviendra que de vous comme la fille de l'étoile de Minuit." il embrassa la partie dénudée de son cou alors qu'elle souriait.
Ses yeux se complicitaient de haine qu'elle ne remarqua pas le sourire en coin sur son visage.
Quand Evan eut terminé de manger, ils la poussèrent hors de la chambre à la hâte. Elene avait déjà rassemblé le doyen, le chef de leur département et Dame Agatha pour l'aider.
Ils regardaient tous Evangeline comme si elle était une criminelle. Non, ils ne voulaient pas connaître la vérité. Ils voulaient seulement sauver l'image de leur académie. Et puisque Elene faisait toujours partie de leur académie, ils la soutiendraient.
Evangeline était depuis longtemps oubliée et maintenant n'était plus qu'un pion à leur disposition.
"Dame Morningstar, vous n'étudiez pas à l'académie mais c'est votre sœur et c'était son examen aujourd'hui. Vous le savez, n'est-ce pas ?" Dame Agatha demanda comme si elle parlait à une imbécile.
Les yeux d'Evan devinrent froids alors qu'elle acquiesçait mais cela n'a fait qu'exaspérer la femme plus âgée.
"Ma dame, nous savons que vous avez fait partie de l'académie autrefois mais on ne vous a pas proposé de poste ici. Êtes-vous jalouse que votre demi-sœur ait eu l'opportunité que vous n'avez pas eue ?"
"Ou avez-vous pris sa place parce que vous vouliez ruiner son image ? Il est clair que vous ne l'avez pas fait de bonne foi quand vous avez été attrapée si facilement."
Ils n'ont pas attendu qu'elle parle. Ils ne voulaient pas qu'elle parle mais seulement qu'elle acquiesce et l'affaire serait close. Le test aurait lieu à nouveau et Elene réussirait bien.
Et en ce qui concerne Evangeline, quelle punition pouvait-elle subir à part quelques commérages à son sujet ? Elle l'avait mérité pour ses actions.
"Vous devez parler, ma dame. Mais si vous ne le pouvez pas, vous pouvez juste signer ici et nous réglerons tout."