"Je m'excuse encore une fois auprès de tous, mais j'ai triché uniquement parce que je voulais salir son nom et la faire perdre. Je suis jalouse de ma sœur. Quoi que j'aie fait, Elene n'en savait rien, et mon mari non plus. Je prends l'entière responsabilité de ce qui s'est passé ici." Elle parla d'une voix claire et nette.
Les filles ignorantes ricanèrent et commencèrent à se moquer d'elle sur-le-champ.
"Ha ! Regardez comme cette dame est sans honte. Qui pourrait croire qu'elle vient d'une maison noble."
"Exactement, je pensais que c'était la seconde fille de l'Étoile de Minuit qui faisait du théâtre. Qui aurait cru que c'était l'aînée ?"
"Ça ne fait qu'une semaine que leur père les a quittées et elles se battent déjà. Je pense que la maison va s'effondrer."
L'héritage de longue date était remis en question. Evan n'aimait rien de plus que leur nom, leur réputation et leur position que leur père avait établis. Elle fixa la dernière fille d'un regard froid.
La fille croisa le regard d'Evan avec un sourire narquois mais elle sentit bientôt une pression et baissa la tête. Elle avait le sentiment qu'elle ne sortirait pas indemne de la chambre si elle continuait à parler.
Mais le fonctionnaire du bureau de la justice n'était pas convaincu. Dans ses longues années de service, il n'avait jamais vu un coupable avouer ses crimes aussi facilement. Plus que cela, il n'y avait pas la moindre once de culpabilité ou de peur dans les yeux de la femme. Elle semblait confiante et ses yeux clairs les fixaient sans la moindre trace d'excuse.
Soit elle était si impudique qu'elle ne se souciait pas du tout de ses actes. Ou… l'homme marqua une pause. Il était facile de clore ce dossier et de partir. La femme avait déjà avoué le crime. Mais… la lettre dans sa poche brûlait déjà un trou. Il n'était pas sûr de survivre s'il partait avec cette histoire à moitié cuite.
Il prit une profonde respiration pour calmer ses nerfs agités et demanda à ses chevaliers de faire taire les étudiants.
"Madame Étoile de Minuit, je suis Jonathan Crawford du bureau de la justice de la rue de Mcland. J'espère que vous avez entendu parler de nous." Les yeux d'Evan pétillèrent tandis qu'elle acquiesçait et laissait l'homme embrasser le dos de sa main.
"Oui, vous êtes le second fils du Baron Crawford. C'était un homme gentil. Je me souviens l'avoir rencontré quand j'étais enfant." elle sourit doucement mais cela disparut avant qu'on puisse le remarquer.
"Aah, oui, cela fait deux ans, mais il nous manque encore. Donc, je comprends combien c'est difficile pour vous.'' L'homme lui lança un regard consolateur tandis qu'elle baissait la tête et forçait un autre sourire sur son visage.
Ils ne pouvaient pas comprendre. Personne ne le pouvait, elle n'avait pas seulement perdu son père, mais aussi son innocence, sa sœur et son... mari ? Était-il vraiment à elle pour commencer ?
L'homme ne savait rien de ses tourments alors qu'il continuait,
"J'ai visité votre domaine pour le deuil. J'ai rencontré Monique Douairière là-bas, vu vos autres membres de la famille mais vous n'étiez pas là si je me souviens bien." un élan de culpabilité et de remords l'envahit. Elle tenait ses bras serrés tandis qu'elle acquiesçait.
L'homme pouvait sentir le léger frisson de son corps et comment son visage était plein de remords et de culpabilité et soupira. Au moins, elle n'était pas une femme froide et sans honte.
Elene remarqua qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas dans leur conversation. L'homme ne lui posait pas de questions sur l'affaire mais lui montrait de la sympathie. Et si cela le faisait se sentir mal pour elle et qu'il lui pardonnait. Evangeline avait souvent cet impact sur les étrangers. C'était une femme rusée qui savait comment obtenir de la sympathie. Mais elle ne le permettrait pas.
Elle fit signe à son amie qui l'avait suivie dans l'académie et avait reçu de nombreux cadeaux de sa part. La femme acquiesça et regarda la scène avec dérision.
"Sir Crawford, passez-vous souvent du temps à parler et à consoler les criminels ?" Beaucoup regardèrent la scène avec des yeux méfiants lorsque l'homme rit.
"Pardon, mais je ne savais pas que je devais répondre à de jeunes filles qui ne savent rien d'autre que faire des caprices et blâmer les autres pour se sentir supérieures. C'est une enquête, ma dame. Et je suis sûr qu'elle ne se déroulera pas selon votre commande." La fille se sentit embarrassée tout de suite lorsque'il la regarda de ses yeux froids et ricana.
L'homme semblait complètement différent de celui aimable qui offrait de la consolation à Evangeline.
"Je.."
"Si vous ne vous taisez pas, je demanderai aux gardes de vous jeter hors de la chambre." elle tressaillit mais l'homme ne lui prêta aucune attention. Il regarda de nouveau Evan.
Les yeux de Harold se rétrécirent. Il avait rencontré quelques hommes du bureau de la justice dans le passé. Ils ne se souciaient guère de passer autant de temps sur les criminels et les victimes. La plupart du temps, ils étaient intéressés par les preuves afin que l'affaire puisse être clôturée.
Mais cet homme ne demandait aucune preuve tout en gérant l'affaire de la famille de l'Étoile de Minuit.
"Mon seigneur.." Harold s'avança mais l'homme secoua la tête.
"Je m'excuse, mon seigneur. Mais je ne préfère pas d'intrusion dans mon enquête. C'est pour le bien-être de votre épouse, donc j'espère que vous comprendrez." L'homme parla d'une voix douce mais dominante qui força Harold à acquiescer.
"Je disais juste qu'Evan est malade. Si cela ne vous dérange pas, peut-elle s'asseoir en vous répondant. On dirait que cela va prendre du temps." Tout le monde regarda Harold comme s'il était un mari exemplaire. Dans tout ce chaos, tout ce qui l'inquiétait était que sa femme était fatiguée et avait besoin de repos.
C'est ainsi que son image avait toujours été.. Gentil, attentionné et aimant mari. Evan avait pensé la même chose. Mais maintenant qu'elle regardait cet homme, elle ne le reconnaissait plus.
"Ah, donc vous étiez malade. Est-ce pour cela que vous n'avez pas assisté au deuil de votre père ?"