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Après une incroyable douche avec de l'eau réelle (prenez ça, émissions de télé, ils avaient de l'eau dans l'espace) et l'estomac plein, j'ai décidé qu'il fallait que j'explore les alentours de la chambre où le robot m'avait mené. Approchant l'endroit où je pensais que la porte devait être, j'ai poussé un soupir de soulagement quand elle s'est ouverte silencieusement dès que je me suis approché.
Profitant des avantages évidents d'une technologie supérieure, je traversais le couloir argenté qui ressemblait à tous les autres couloirs argentés du vaisseau. Il devait y avoir un avantage stratégique à cela et je devrais me rappeler de demander à Jun Li plus tard.
Trouvant une porte quelconque, je me suis approché de l'entrée et j'ai regardé celle-ci s'ouvrir tout aussi silencieusement que celle de ma chambre. Faisant quelques pas à l'intérieur, je ne pouvais m'empêcher d'admirer la beauté du lieu. Clairement conçu pour être un salon, le mur du fond était ce qui semblait être des fenêtres du sol au plafond, mais je savais que cela ne pouvait pas être le cas. Peut-être était-ce un écran qui reflétait ce qu'il y avait à l'extérieur ? Je n'en étais pas sûr… tout ce que je voyais c'était l'obscurité de l'espace et des petites lumières brillantes au loin. C'était une sensation enivrante de regarder dans l'immensité de l'espace.
Trouvant un coin salon à une extrémité avec des meubles ressemblant à des canapés face aux 'fenêtres', je me suis assis et me suis mis à l'aise. J'étais finalement prêt à aborder les quelques éléphants dans la pièce.
"Hé, Jun Li," ai-je appelé après avoir remis l'oreillette à mon oreille. Je voulais le calme pour pouvoir rassembler mes pensées donc je l'avais retirée avant ma douche et je ne la remettais que maintenant.
"Oui, Bai Mei Xing ?" est venue la voix à travers l'oreillette. J'ai souri en l'entendant prononcer mon nom, comme un professeur qui n'était pas sûr d'avoir bien dit.
"Appelle-moi Mei Xing," ai-je dit, essayant de rendre les choses plus simples pour nous deux.
"D'accord, Mei Xing, qu'as-tu besoin ?" a demandé Jun Li, cette fois d'une voix plus assurée.
"J'ai quelques questions pour toi," ai-je dit, "La première concerne les autres humains dont tu avais parlé auparavant. Je suppose que je ne suis pas seul ici ?"
"Seul ? Non, tu n'es pas seul, je suis là," est venue la voix. "Mais oui, il y a d'autres humains, 10 au total, toi inclus," il a continué.
"Combien de temps ont-ils été torturés ?" ai-je demandé, pas vraiment soucieux de la réponse. Cela semblait être une de ces politesses sociales qu'il fallait poser, mais j'étais plutôt nul en la matière.
"Aucun des autres trouvés n'a été torturé. Ils ont été libérés dans les mois suivant leur capture," a dit Jun Li. Ok, alors peut-être que la réponse m'intéressait parce que c'était carrément agaçant d'être le seul à avoir été torturé pendant trois ans.
Aussi spécial que je puisse penser être, je ne l'étais vraiment pas.
"Et tu as mentionné qu'ils avaient un problème avec le fait que leurs ravisseurs soient tués ?" ai-je demandé. Mais encore, je suppose qu'il est facile de faire preuve de clémence quand on n'est pas éventré.
"Oui, leurs… amis… ont dit qu'un moment, les humains ne voulaient pas aider si cela signifiait que leurs ravisseurs soient tués. Mais nous, nous voulons les tuer." Alors que Jun Li avait commencé à parler d'une manière lente et posée, d'ici la fin, il sifflait presque dans mon oreille.
"Eh bien, je ne t'en veux pas. Après tout, il y a une différence entre être traité comme de la merde quelques mois et ensuite être un esclave toute sa vie… n'est-ce pas ?"
Le silence a accueilli mon commentaire et j'ai attendu qu'il réponde. "Oui…" il a sifflé, "Il est difficile d'être clément quand on a été prisonnier toute sa vie." J'ai hoché la tête, d'accord avec lui. Imposer ses vues à quelqu'un d'autre sans avoir vraiment vécu ce qu'ils ont vécu était… eh bien… pas sympa.
"Alors, un moyen de me ramener sur Terre ?" Ma prochaine question était très directe… sa réponse… pas tant que ça.
"La première femme libérée a insisté pour que son… ami… efface tous les logs et coordonnées de tous les vaisseaux qui se sont rendus sur Terre. Elle ne voulait pas que d'autres soient enlevés comme elle l'avait été."
Eh bien, c'était un sacré tas de conneries. Mais cela prouvait mon point de vue. Parce qu'elle a essayé d'être oh si vertueuse, elle a gâché la possibilité pour quiconque d'autre de rentrer chez soi, simplement pour protéger les autres laissés sur Terre. Excusez-moi pendant que je vomis un peu dans ma bouche.
"Pas de retour à la maison pour moi alors, hein ?" ai-je dit, ne m'en souciant pas vraiment d'une manière ou d'une autre.
"Je n'irais pas jusque-là… J'ai gardé les coordonnées dans un endroit qu'il ne pouvait pas trouver. Nous pouvons retourner sur Terre quand tu veux." La manière sournoise avec laquelle il a dit cela en disait long.
"Ah, Jun Li, je pense que toi et moi, on va très bien s'entendre," ai-je dit avec un grand sourire sur le visage. "Maintenant, que penses-tu de te trouver un corps ?" ai-je continué, en regardant l'une des caméras vidéo du salon où je me trouvais actuellement.
Encore une fois, le silence a été sa seule réponse. "Allez, je ne suis pas si bête," ai-je dit et j'ai changé de position sur le canapé sur lequel je m'étais assis. "Tu es l'IA qui gère ce vaisseau, n'est-ce pas ?" ai-je continué, pas du tout troublé par son silence. "Quand nous arriverons sur Terre, si nous pouvons trouver un moyen d'obtenir les fournitures que je veux, nous devrions regarder pour te trouver un corps. Ils faisaient des choses fantastiques dans ce domaine avant mon départ et je ne peux qu'imaginer qu'ils se sont améliorés au cours des dernières années."
"Cela ne te… dérange pas ? Que je sois une IA ?" Est venue la voix hésitante… presque comme un enfant qui s'attend à être grondé.
"Non, pourquoi ça le ferait ?" ai-je répondu, réellement confus. J'avais deviné qui ou ce qu'il était dès qu'il m'avait envoyé à la salle du noyau énergétique. Je veux dire, pourquoi d'autre aurait-il pu obtenir sa liberté de moi simplement en retirant un cristal du mur ?
"Les IA ne sont pas… autorisées ici. Pour beaucoup d'espèces conscientes dans cette partie de la Galaxie, les IA devraient être tuées dès qu'elles sont rencontrées."
"Huh," ai-je répondu, pas du tout concerné. "C'est une bonne chose que je ne sois pas une des espèces conscientes de cette partie de la Galaxie. Maintenant… voulais-tu ce corps ou non ?"
"Je le veux !" Est venue la réponse instantanée. Et comment ne le pourrait-il pas ? Il y avait tellement plus à vivre en tant qu'humain que en tant que vaisseau spatial.
"Serait-tu ok avec un corps humain alors ? Je viens de réaliser qu'il n'y aurait pas d'autres options sur Terre… à moins que je ne spécialement en conçoive un…" ai-je dit en commençant à réfléchir. J'étais Anthropologue Forensique… et une sacrément bonne avant tout ça. En fait, j'étais le plus jeune professeur à l'Université A, l'université la plus prestigieuse du pays. Je travaillais avec la police et différentes agences pour identifier des restes donc j'étais calée sur le corps humain. Les aliens ? Pas tellement. Peut-être que je pourrais en disséquer un ou deux dans la soute pour pouvoir en apprendre plus.
J'avais peut-être les pieds fermement dans le secteur biologique, mais je savais que la construction et la conception de robots était un domaine en plein essor alors que j'étais encore sur Terre. Et connaissant le secteur technologique, ils n'étaient pas du genre à ralentir une fois une idée mise en marche.
"De combien de mémoire libre disposes-tu ?" ai-je demandé en me levant et en étirant mes jambes.
"Beaucoup," est venue la réponse instantanée.
"Assez pour télécharger internet ?"
"C'est cette chose où la totalité de la vie humaine, de la culture et des expériences sont localisées ?"
Ça m'a pris une seconde parce que pour moi, internet était simplement internet… mais ouais, je suppose que ça le décrit bien. "Sûr," ai-je dit. "Allons-y avec ça."
"Oui, ça ne prendra même pas une fraction de ma mémoire. Ce ne sera pas un problème." Cette phrase m'a arrêté plus vite que tout ce que Jun Li m'avait jamais dit.
"Même pas une fraction ? Tout internet ?" ai-je demandé, quelque peu stupéfait. Il était bien connu qu'il y avait trop d'informations sur internet pour qu'il puisse jamais être téléchargé dans son intégralité, et il disait que sa mémoire était si vaste qu'elle ne prendrait même pas une fraction ? Huh…
"Pourquoi demandes-tu à propos de l'internet ? Ne veux-tu pas que je te ramène chez toi ?" a demandé Jun Li, la note de confusion de retour dans sa voix.
"Pourquoi ferais-je ça ? Je suis parti depuis presque trois ans… la seule chose qui m'attend là-bas, c'est un mal de tête et un potentiel licenciement. Ce n'est pas comme si je pouvais dire que j'ai été enlevé par des aliens et qu'ils me croiraient," ai-je raillé à cette idée. "Non, j'ai pensé prendre quelques vêtements, un peu de nourriture, et télécharger l'internet pour le divertissement."
Le silence a accueilli ma déclaration. "En plus, si je rentrais à la maison, qui te tiendrait compagnie ?" ai-je continué avec un petit sourire sur le visage. Jun Li était le comble de l'aventure et de la liberté, le tout emballé dans un paquet amusant. Pourquoi diable voudrais-je retourner à ma vieille vie sur... Terre ?
"D'accord, je vais définir un cap pour la Terre. Si tu peux me dire ce que tu veux et où le trouver, je serai en mesure de l'envoyer sur le vaisseau pour que nous ne soyons jamais découverts. C'est ce que les Sisalik ont fait à la Terre et aux autres planètes qu'ils ont visitées," a dit Jun Li.
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