Le lendemain matin, William se leva plus épuisé que jamais. Il n'avait pas fermé l'œil de la nuit, assaillit par les visions de son passé.
Il sortit de son lit et se prépara pour aller en cours. Il sortit de la maison avant ses parents, décidant de ne pas les laisser voir ses yeux fatigués et rouges. Il regretta rapidement d'avoir fait le chemin à pied sans avoir avalé quoi que ce soit avant de partir. Il arriva pourtant sans accroc au lycée.
Il se dirigea vers la salle de son premier cours et une fois arrivé s'affala sur sa table, épuisé et affamé. Léon arriva peu après.
Quand Léon vit William, il comprit que quelque chose n'allait pas. Il avait les yeux rouges de larmes versées en flots et des cernes visibles. Il semblait également affamé. Il s'assit alors à côté de lui et posa délicatement une main sur le bras de son ami en demandant :
- Tout va bien William, tu n'as pas l'air d'aller bien.
Le jeune homme ne répondit pas, grognant légèrement à la question.
C'est alors que le professeur entra dans la salle. Léon leva le bras et s'exclama :
- Monsieur, William ne se sent pas bien du tout, puis-je l'emmener à l'infirmerie ?
Le professeur regarda William avec pitié et répondit par l'affirmative.
À cette réponse Léon pris William par la main et le mena hors de la salle de classe. Il le guida le long des couloirs de l'établissement et s'arrêta devant la cour. Puis, il fit asseoir son ami sur un banc et s'assit à côté de lui. Il sortit des gateaux de sa poche et les tendit à William en lui disant :
- Tiens. Mange William, ça te fera du bien.
William hésita puis pris un gâteau, ouvrit le paquet et croqua dans le chocolat doux et mousseux. La douceur du gâteau et la gentillesse de son ami firent fondre quelque chose en lui et William commença à pleurer.
Léon, voyant que William pleurait, le prit dans ses bras et le serra doucement contre lui.
William perdu dans la chaleur de son ami posa le paquet vide et murmura :
- Merci d'être là pour moi Léon.
Léon caressa délicatement les cheveux de William pour le rassurer et répondit :
- Je suis là pour ça tu sais. Je suis ton ami après tout. Donc si tu as besoin de parler je suis juste à côté de toi, et je suis prêt à entendre tout ce que tu as à dire.
William secoua la tête mais Léon reprit avec insistance :
- Je sais reconnaître quelqu'un qui ne va pas bien, je sais voir les signes d'une personne qui va mal. Je vois que quelque chose te fait très mal à l'intérieur, pas besoin de le nier.
William se blottit contre l'épaule de son ami et murmura finalement :
- Ma soirée à été horrible, c'est tout…
Léon lui prit doucement la main et traça des cercles avec son pousse pour faire se détendre William et il déclara :
- Je peux voir que c'est bien plus profond que ça William, tu est profondément blessé de l'intérieur mais aussi de l'extérieur. C'est ce qui fait que tu ne vas pas bien.
Il remonta doucement la manche de William pour lui faire voir ses bleus et il reprit :
- Je sais ce que ça fait d'être blessé intérieurement, c'est pour ça que je suis là pour toi, maintenant et quand tu veux.
William agrippa le gilet de Léon avec son poing et murmura doucement, sentant inconsciemment qu'il avait confiance en Léon et voulait tout lui dire :
- Ça faisait mal, tellement mal… mon père… il me frappait tout le temps j'avais si mal… et ma mère aussi… ses mots étaient si durs, si violents… je me demandais si j'avais le droit de vivre, mais ça faisait si mal… et puis le lycée l'a découvert, mon père m'a cassé les côtes. Et le jour d'après il m'a frappé, j'ai senti mes côtes dans ma chair, j'ai cru que j'allais mourir. Mr.Han m'a sauvé et j'ai fini à l'orphelinat. Toujours mal, ça faisait toujours mal… pourquoi moi ? J'avais trop mal, j'ai sauté du deuxième étage en pensant à lui… à mon père… je voulais juste mourir, je voulais disparaître de ce monde qui fait si mal… mais j'ai survécu. C'est pour ça que je suis arrivé plus tard en cours. Et hier… hier je l'ai vu. Je sais que c'était pas lui mais je l'ai vu. Je pensais que je pourrais oublier, mais tout a tourné dans ma tête, encore, encore, encore et encore sans fin. Je ne veux plus que ça fasse mal, mais je n'arrive pas à oublier.
William pleurait à chaudes larmes et Léon le serra doucement contre lui pour le réconforter. Il lui murmura le cœur serré :
- Ne t'en fait pas Will, je suis là… je suis là pour toi.
William serrait fort dans son poing le gilet de son ami qui doucement le cajolait et le rassurait.
Léon voulait pouvoir effacer toute trace de tristesse du visage de William. Mais pour l'instant il ne pouvait pas faire grand chose. Il dégagea doucement des cheveux du front de son ami et vit alors une longue cicatrice. Il hésita mais déposa finalement un doux baiser du bout de ses lèvres sur son front tout en l'enlaçant. Il sentit alors William se détendre légèrement et il lui murmura doucement :
- Tout va bien maintenant.
William leva finalement la tête et regarda les yeux pleins de mélancolie de Léon. Puis, il murmura :
- Merci d'être avec moi Léon, je crois que j'avais besoin d'en parler. J'ai du mal à gérer mes cauchemars et pour une fois je me sens bien. Vraiment merci.
Léon le serra une dernière fois dans ses bras et le lâcha avant de se lever un sourire teinté de tristesse aux lèvres en déclarant :
- Et si on finissait de manger avant de retourner en cours.
William sourit et rigola à la drôle de proposition. Finalement ils mangèrent quelques gâteaux avant de retourner en classe.