Léon aussi avait un passé sombre. Un passé lourd comme celui de William. Tout avait commencé vers ses 6 ans.
Léon avait près de 6 ans quand son père les quitta lui et sa mère. Sa mère entra en dépression après le divorce. Elle commença d'abord par pleurer quand elle croyait que son fils dormait. Léon l'entendait pleurer dans le salon et chaque nuit il attendait qu'elle s'endorme pour la couvrir avec une couverture. Parfois, il pleurait silencieusement en la regardant et espérait que son père revienne pour qu'elle soit heureuse.
Puis, elle commença à ne plus travailler, se servant de l'argent que son frère lui laissait pour faire le mois. Léon très jeune avait du apprendre à gérer l'argent pour manger et payer les factures. Il commandait de quoi faire à manger et cuisinait pour sa mère, voyant avec tristesse son état empirer. Puis, elle commença à avoir des sautes d'humeur. Léon devait avoir presque 8 ans quand cela commença. Il se souvenait encore de ce jour où sa mère l'avait pris dans ses bras doucement en lui disant : « Je suis désolée Léon, je suis désolée de ne pas être une bonne mère et de te faire travailler tant. »
Ce jour-là, Léon l'avait consolée tout en pleurant.
Sa mère s'émaciait et Léon faisait de son mieux pour garder son état stable. Mais malheureusement, elle commença à avoir des épisodes violents à cause de l'alcool. Un jour, quand elle vit le repas que son fils lui avait servi, elle le jeta au sol en criant. Léon se précipita vers elle le cœur serré pour voir si elle allait bien et il vit alors son bras s'élever dans l'air et s'abaisser sur son visage. Il ferma les yeux et accepta le coup son broncher. Sa mère cria :
- J'en ai assez de manger ces plats fades, sert moi quelque chose de bon, quelque chose de consistant !
Léon ne bougea pas et s'excusa doucement :
- Je suis désolé maman, je vais te faire un meilleur repas.
Puis il ramassa l'assiette brisée en ne disant rien quand il se coupa en nettoyant le tout.
L'esprit de Léon était comme vide. Il n'en voulait pas à sa mère de l'avoir frappé. Elle avait raison, le plat était fade.
Il continua à s'occuper de sa mère sans rien dire et en acceptant toute sa violence et sa tristesse.
Il la voyait le soir, faisant cauchemars sur cauchemars, gémissant de tristesse dans son lit, et chaque nuit il lui chantait des berceuses pour chasser les mauvais rêves.
Il voyait au matin que son corps était épuisé, que les cauchemars la tenaient parfois éveillée, il s'était habitué à cette vision. Et chaque matin il la consolait, tentait de la rendre plus forte et plus heureuse, négligeant son propre bien être.
Un jour sa mère qui venait de le frapper vit ses bleus et blessures. Elle le regarda droit dans les yeux, le regard fou et murmura : « Cache tes blessures Léon, tu ne voudrais pas qu'on dise que ta mère te fais mal et qu'elle soit triste. »
Léon avait ravalé ses larmes face à ce regard fou et avait répondu gentiment pour la rassurer :
- Bien sur maman, je t'aime trop pour vouloir te voir triste.
Puis il avait maquillé ses bleus et blessures pour que personne ne les voit.
Ce soir là, sa mère vint le voir pour s'excuser. Léon avait mal, son cœur était douloureux à la vue de sa mère malade, plus douloureux que toutes ses blessures. Il la prit dans ses bras et murmura :
- Ne t'en fais pas, je vais bien. Prends plutôt soin de toi.
Quand elle partit se coucher, il regarda avec tristesse l'attrape rêve qu'il avait acheté pour elle. Alors, il se leva et l'accrocha au dessus de la tête endormie de sa mère qui paisiblement dormait à poings fermés.
Elle commença à aller un peu mieux, son esprit plus attaqué par ses incessants cauchemars. Mais elle fit une rechute violente qui marqua Léon à tout jamais.
Ce soir-là il y eut une coupure d'électricité et la mère de Léon paniquait dans le noir. Léon cherchait désespérément des bougies dans les placards et en trouva assez pour illuminer la chambre de sa mère. Il en alluma une et l'apporta près de sa mère. Celle-ci ayant l'esprit flou et embrouillé par la terreur s'empara de la bougie et s'exclama :
Ne t'approche pas ! Laisse moi tranquille !
Léon s'approcha d'elle pour la calmer et quand il fut à son niveau, elle lui jeta la bougie dessus. Léon recula paniqué mais la bougie brûlante le toucha dans le cou. Il poussa un cri de douleur et sa mère revint à elle. Elle se précipita vers Léon qui avait les mains posées sur la brûlure. Elle se mit à pleurer et à s'excuser dramatiquement :
- Je suis désolée Léon, pardonnes moi je t'en supplies… Je suis vraiment désolée…
Léon sentait une douleur brûlante dans son cou et il transpirait, la douleur se propageant dans l'entièreté de son cou. Il lâcha pourtant sa blessure en serrant les dents et pris sa mère dans ses bras en murmurant fiévreusement :
- Ça va aller maman, tout va bien… je vais bien…
Il la serra doucement contre lui pour la réconforter et la laissa s'endormir dans ses bras. Ensuite, il alluma des bougies et les déposa près de son lit.
Il s'assit au sol au pied du lit et pris sa main pour qu'elle puisse dormir paisiblement. Il ne fit rien pour se traiter, laissant la douleur le ravager et ne fermant pas l'œil de la nuit, se concentrant seulement sur sa mère.
Le lendemain, il continua à faire ses tâches quotidiennes comme si de rien n'était, ayant maquillé sa brûlure et ignorant la douleur. Il prépara le repas pour sa mère comme à son habitude et mangea sa part en silence, regardant sa mère manger avec appétit. Il sourit et lui demanda :
- Ça te plaît ?
Elle lui sourit chaleureusement et déclara doucement :
- J'aime tout ce que tu fais Léon, sans exception. Alors ne t'en fait pas.
Il la prit dans ses bras, heureux, et la remercia puis il continua de faire ce qu'il avait à faire.