Chereads / Le Prophète des Sables / Chapter 1 - Prologue : Trahison dans les Dunes

Le Prophète des Sables

🇫🇷Francois_Bartolo
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Synopsis

Chapter 1 - Prologue : Trahison dans les Dunes

La lumière dorée du crépuscule enveloppait la cité de Carthar, la capitale d'Aridia, comme un dernier baiser avant que l'obscurité du désert ne l'engloutisse. Les dômes de verre et de métal, vestiges d'une ancienne ère où les colons galactiques avaient tenté de dompter ce monde aride, renvoyaient les derniers éclats du jour. Le vent, chargé de la poussière rouge du désert, s'infiltrait dans les ruelles, porteur de secrets anciens et de dangers imminents.

Kaelen Al'Sarath, fils du gouverneur d'Aridia, se tenait sur la terrasse du palais familial, ses yeux fixés sur l'horizon infini. Ce soir, une sombre prémonition le hantait, une sensation qu'il ne parvenait pas à dissiper. Le banquet qui se déroulait en contrebas, censé célébrer les alliances politiques entre les maisons nobles, n'apportait aucun réconfort. Les rires et les discussions animées résonnaient comme des échos lointains, teintés d'une fausseté que Kaelen ne pouvait ignorer.

Son regard se perdit dans un souvenir d'enfance, lorsque son père l'avait emmené pour la première fois sur cette même terrasse. « Regarde ce désert, Kaelen, » lui avait dit Daran Al'Sarath en désignant l'étendue infinie de sable. « Il est à la fois notre protecteur et notre pire ennemi. Ne fais jamais confiance à ce que tu ne peux pas voir. »

Ce soir, ces paroles résonnaient en lui plus fort que jamais.

« Kaelen, tu devrais descendre te joindre à nous, » dit la voix familière de son père, interrompant le fil de ses pensées.

Kaelen se retourna pour voir Daran, le regard empreint de la sagesse forgée par des années de leadership sur cette planète impitoyable. Son père portait l'uniforme officiel avec élégance, mais ce soir, même son assurance habituelle semblait ébranlée.

« Oui, père, » répondit Kaelen, hochant la tête avec une gravité qu'il n'avait jamais ressentie auparavant. « Je vous rejoins. »

Daran posa une main sur l'épaule de son fils, et son regard se perdit un instant dans l'immensité du désert. « Ce soir est crucial, Kaelen. Les alliances que nous scellons ici détermineront l'avenir de notre planète. Un jour, ce fardeau reposera sur tes épaules. »

Kaelen sentit une vague d'incertitude l'envahir. Il avait toujours cherché l'approbation de son père, mais ce soir, il se demandait si ce rôle de leader était vraiment fait pour lui. Était-il prêt à sacrifier sa liberté pour un devoir qu'il n'avait pas choisi ?

Alors qu'ils descendaient ensemble vers la grande salle, une image surgit dans l'esprit de Kaelen : celle d'une nuit où, enfant, il avait aperçu son père assis seul dans cette même salle, le visage fatigué, les épaules voûtées sous le poids des responsabilités. Ce souvenir, enfoui depuis des années, revenait maintenant avec une clarté douloureuse. Daran n'était pas invincible. Il avait ses propres doutes, ses propres faiblesses, mais il les avait toujours cachés pour protéger son fils.

Les convives, représentants des factions nobles d'Aridia, levèrent leurs coupes en l'honneur de Daran, mais leurs regards, d'ordinaire respectueux, étaient ce soir teintés d'une froideur inquiétante. Les sourires étaient forcés, les rires trop bruyants. Kaelen ressentait le poids de chaque regard, comme des jugements silencieux.

Le banquet se poursuivait, les discussions dérivant vers les intrigues politiques habituelles. Kaelen tentait de participer, mais son esprit était ailleurs, captif du désert, de ses tempêtes sauvages, de cette sensation oppressante qu'un drame était sur le point de se dérouler.

Soudain, un bruit sourd retentit, coupant net les conversations. Les portes s'ouvrirent brusquement, et un groupe d'hommes armés entra dans la salle, leurs mouvements rapides et précis. Un silence glacial tomba, les convives figés sous la stupeur. Kaelen se leva d'un bond, le cœur battant, mais les mercenaires avaient déjà encerclé son père.

« Traîtres ! » hurla Daran, tentant de dégainer son épée. Mais il n'en eut pas le temps.

Le chef des assaillants, un homme à la barbe grise et aux yeux durs comme le fer, s'approcha avec une détermination implacable. D'un geste précis, il planta sa lame dans la poitrine de Daran, scellant ainsi le destin du gouverneur. Le monde de Kaelen s'effondra en un instant.

« Père ! » cria-t-il, se précipitant vers lui. Mais avant qu'il ne puisse atteindre son père, deux gardes l'attrapèrent, leurs visages impassibles. C'étaient des hommes qu'il connaissait depuis son enfance, des hommes en qui il avait placé sa confiance.

« Qu'est-ce que vous faites ? » se débattit-il, la voix tremblante d'incrédulité et de douleur. Mais leurs mains le maintenaient fermement, leurs regards dénués de toute émotion.

Le chef des conspirateurs se tourna vers Kaelen, un sourire cruel aux lèvres. « L'héritier d'Aridia est une menace que nous ne pouvons tolérer. »

Kaelen, malgré la terreur qui le saisissait, refusa de céder. « Vous paierez pour ça, » murmura-t-il, la voix empreinte d'une rage glacée.

Le chef le fixa un instant, puis, sans un mot, fit signe à ses hommes. Les gardes traînèrent Kaelen hors de la salle, le jetant sans ménagement dans les couloirs du palais. Son esprit tournait à toute vitesse, cherchant désespérément un moyen de s'échapper, de sauver son père. Mais il était trop tard. Le palais, autrefois symbole de sécurité, était devenu une prison glacée.

Ils le poussèrent dehors, dans l'obscurité glaciale de la nuit désertique. À l'extérieur, les tempêtes de sable hurlaient, une furie aveugle prête à engloutir tout sur son passage. Les gardes l'abandonnèrent là, au milieu des dunes, leurs visages impassibles, comme si sa vie ne valait rien.

« Adieu, fils d'Al'Sarath, » murmura l'un d'eux avant de disparaître dans la tempête.

Kaelen resta immobile, le vent rugissant à ses oreilles, les grains de sable mordant sa peau. Il était seul, trahi par ceux en qui il avait placé sa confiance, abandonné dans un désert sans pitié. Chaque pas qu'il tentait de faire l'épuisait davantage, chaque souffle arraché à la tempête lui coûtait un effort surhumain.

La douleur et la fatigue finirent par le submerger. Ses jambes cédèrent sous lui, et il s'effondra dans le sable, la tête tournée vers le ciel où les étoiles, à peine visibles à travers les nuages de poussière, brillaient faiblement. Alors que ses forces le quittaient, il crut voir, à travers le brouillard tourbillonnant, une ombre se dessiner, une silhouette indistincte qui semblait l'observer.

Une lumière vacillante émergea de la tempête, accompagnée d'un murmure étrange, comme un appel lointain, irréel. Était-ce un mirage, ou une réalité dissimulée par le désert ? Kaelen n'eut pas le temps d'y réfléchir davantage avant que les ténèbres ne l'engloutissent, laissant le désert poursuivre son chant éternel.