Rose s'éloigna de la salle de stockage en flammes. Les flammes à l'intérieur de la salle éclairaient l'extérieur, illuminant son visage tandis qu'elle le pointait vers les personnes à l'origine des dégâts.
Rose se détourna de Zayne et se mit à courir. Elle avait une petite ouverture pour s'échapper du bordel, elle ne pouvait donc pas se permettre de perdre son temps ici avec un homme qu'elle ne connaissait pas.
Zayne la regarda saisir sa chance de s'enfuir. Il était curieux de voir jusqu'où elle pouvait s'échapper du bordel grâce à son plan. Il devait l'applaudir pour avoir été aussi audacieuse de vouloir fuir cet endroit. Tous les autres semblaient accepter leur sort.
Zayne s'écarta de la salle de stockage avant que les flammes ne puissent l'atteindre. Il y aurait beaucoup de problèmes lorsque toutes les bouteilles commenceraient à se briser et que plus d'alcool viendrait alimenter l'incendie déjà conséquent.
Loin de lui, Rose se cacha alors que les servantes du bordel remarquèrent le feu et coururent sonner la cloche pour signaler qu'il y avait des ennuis.
Les gardes de Graham furent les premiers à aller voir quelle était la source des troubles, puis les clients quittèrent les chambres qu'ils avaient payées, pensant probablement que les gardes de la ville étaient là. Il y avait des femmes qui criaient et des hommes qui hurlaient, leur nuit devenant chaotique.
Rose les évita discrètement, prenant la direction de l'autre sortie à la place des portails principaux. C'était trop dangereux d'y aller alors que tout le monde s'y précipiterait pour échapper au feu. Si l'une des femmes, servantes ou gardes la remarquait, ils appelleraient Graham.
Rose s'arrêta aux portails utilisés pour sortir vers un pâturage où Graham gardait son cheval bien-aimé. Derrière les pâturages, il y avait un chemin pour qu'elle puisse s'enfoncer dans les montagnes et s'éloigner de la ville. Rose se faufila à travers les barreaux étroits, son corps souffrant car elle n'était plus aussi menue qu'à l'époque de ses premières tentatives d'évasion.
Elle était passée de recevoir du pain rassis durant les jours où elle devait être vendue à Graham qui la faisait manger plus que nécessaire.
"Encore un peu," gémit Rose, tordant son corps pour faire passer sa jambe droite.
Devant Rose, elle aperçut un visage familier qu'elle aurait aimé oublier. Leurs regards se croisèrent à nouveau et au lieu de courir vers Mathias pour de l'aide, Rose s'extraya des barreaux et s'élança dans l'obscurité.
Mathias ne pouvait en croire ses yeux lorsqu'il vit Rose tenter de s'enfuir. C'était fou que son intuition ait été juste, qu'elle avait été amenée dans ce bordel il y a des années. "Merde," jura-t-il, poursuivant Rose pour la rattraper.
Son évasion signifiait qu'il pouvait la faire taire sans que personne ne sache. Mathias ne connaissait pas cette Rose, donc il ne lui faisait pas confiance pour garder le silence.
C'était la seule chose à laquelle il pouvait penser pour cacher son secret.
Au moment où Mathias toucha le portail métallique pour essayer de l'ouvrir, le bruit de quelque chose frappant contre le portail le fit sursauter. Il se pencha pour voir un petit couteau et lorsqu'il leva les yeux, prêt à combattre l'imbécile qui avait lancé un couteau dans sa direction, il fut surpris de voir Zayne Hamilton.
"Oups," Zayne regarda sa main droite. "Mes doigts sont glissants."
Mathias sut immédiatement, à ces yeux bleus, qui était cet homme et que ce n'était pas une erreur. Le salaud cherchait à le blesser. "Tu es audacieux de chercher la bagarre sur nos terres," dit-il, détournant son attention de Rose puisqu'il ne pouvait pas laisser l'étranger s'en tirer comme ça.
Zayne ignora l'homme devant lui et tenta de repérer jusqu'où elle avait pu aller. Les ténèbres l'avaient engloutie, si bien que personne ne pouvait voir où elle s'était enfuie. Il ne pouvait s'empêcher de voir qu'elle s'était échappée.
"Que foutais-tu ici, enfoiré ? Nos femmes ne doivent pas être utilisées par les gens comme toi," dit Mathias, encore plus en colère à la pensée que l'ennemi couchait avec des femmes de cette ville.
"Ah, ce sont donc seulement les hommes d'ici qui devraient profiter d'utiliser des femmes vendues à cette vie ? Je suis bien en avance sur toi car je n'en ai touché aucune. On m'a dit que je pourrais être diverti ici, mais j'ai été déçu. Fais un tour de passe-passe," dit Zayne, permettant à Mathias de le corriger. "Voyons si tu peux m'amuser."
"Espèce de bâtard !" hurla Mathias, attrapant le col de Zayne mais se retrouva plutôt projeté sur le côté par un coup de pied.
C'était insultant pour un homme de son statut dans les hommes du roi d'être ainsi bousculé par l'ennemi.
Mathias se retourna, prêt à combattre mais hésita lorsque d'autres étrangers vinrent aux côtés de Zayne. Mathias chercha du regard le reste des hommes du roi qu'il avait accompagnés ici. Ils aidaient soit à éteindre l'incendie dont tout le monde parlait, soit cherchaient des femmes avec lesquelles être.
"Tu as peur ?" demanda Zayne, remarquant l'hésitation du soldat à se battre maintenant. Il pourrait ordonner aux hommes autour de lui de rester en arrière mais même alors, le lâche devant lui ne voudrait pas combattre.
Mathias voulait se venger de l'étranger mais il avait permis à Rose de s'éloigner, il serait donc difficile de la retrouver. "Je te reverrai," dit-il, laissant un autre jour pour le moment où il se vengerait.
Zayne regarda le soldat suivre la direction où Rose s'était enfuie. En pleine incendie, pourquoi ce soldat était-il si déterminé à la poursuivre ? Pourquoi ces hommes voulaient-ils absolument cette femme ?
"Général, je pense que nous devrions partir avant que le feu ne s'aggrave."
"Je pense aussi," acquiesça Zayne.
Il n'y avait plus rien pour Zayne ici et avec la fumée de l'incendie emplissant l'air, il ne pourrait pas dormir s'il restait. Il souhaitait seulement pouvoir voir la réaction de l'homme bouche-trou à la vue de son bordel en flammes.
Zayne se dirigea vers les portes principales, suivi de près par les trois hommes avec lesquels il était venu. Ils montèrent dans la calèche dans laquelle ils étaient arrivés et se dirigèrent vers la maison qui leur avait été offerte par le roi pour leur séjour.
Zayne regarda par la fenêtre les champs derrière le bordel. Il faisait sombre là-bas, il serait donc difficile pour Rose de trouver son chemin.
Bennett, l'un des suiveurs de Zayne, remarqua l'intérêt de Zayne pour le terrain et demanda, "Y a-t-il un endroit où tu voudrais aller ?"
"Quelles sont les chances pour une femme de survivre à la nuit dans cette forêt et ce champ là-bas ?" interrogea Zayne.
Bennett regarda où Zayne observait. "À moins qu'elle ne connaisse bien le terrain, je dirais que ses chances sont minces, mais je n'ai pas entendu parler d'attaques d'animaux sauvages par les locaux. Y a-t-il quelqu'un que tu veux que je cherche ?"
"Non," répondit Zayne. Il avait suffisamment fait en l'aidant à briser quelques bouteilles.
Zayne avait ses propres problèmes, donc il ne pouvait pas s'impliquer davantage dans ceux de Rose que ce qu'il avait déjà fait. Voyant qu'elle n'aimait pas être près des hommes, elle ne serait pas trop heureuse de le voir maintenant.
Elle avait décidé de mettre le feu au local de stockage, donc elle devait avoir un plan pour la suite une fois sortie du bordel.
"Ce soldat que j'ai vu juste maintenant. Je l'ai déjà vu. Qui est-il ?" demanda Zayne, essayant de faire le lien entre lui et Rose.
"Je ne connais pas son nom mais nous l'avons vu autour de leur commandant. Devrais-je le tuer en secret ?"
"Non, nous ne sommes pas là pour causer des problèmes," répondit Zayne. "Pourquoi tu me regardes comme ça ?"
Bennett hésita puis demanda, "N'es-tu pas celui qui a commencé l'incendie à cause de ce qu'il t'a proposé ?"
"Non, quelqu'un d'autre l'a démarré et je ne peux pas prendre le crédit pour son travail," répliqua Zayne, regardant à nouveau vers les champs où Rose devait encore courir.