Mathis Johnson
Cela fait une semaine que maman est là. Une semaine que l'on se fait épier par elle Lucia et moi. Elle n'a pas posé de date pour repartir et je peine à lui questionner à ce sujet de peur de ne pas éveiller ses soupçons si elle sent que dans mon intention je la chasse de chez moi. Avec Lucia on est obligé de contrôler nos gestes pour ne pas se faire griller. Car, il est vrai que j'ai commencé à tout mettre en œuvre afin de conquérir Lucia et que notre relation a évolué depuis. Mais je connais ma mère et elle n'est pas dupe. S'il y a bien quelqu'un capable de démêler le vrai du faux de ma relation avec Lucia, c'est bien elle. J'ai peur d'en faire trop et aiguiser sa curiosité par la même occasion.
Déjà, qu'elle ne croit pas trop à l'histoire qu'on lui a sorti sur ce qui a conduit à ce mariage précipité entre tous les deux où aucun membre de ma famillen'à étémis au courant. D'ailleurs il nous a fallu ressortir notre acte de mariage afin de la convaincre de la véracité du dit mariage. Même là, elle n'est pas convaincue. Elle a déjà répété à Lucia plus d'une fois qu'elle sait que ce mariage ce n'est que du pipo. Si elle a la confirmation ou si c'est juste pour nous tester, je ne sais rien. Tout ce qui m'importe c'est que les dessous de mon mariage avec Lucia sortent au grand jour. Tant que ce n'est pas le cas, je reste calme.
Tous les affaires de Lucia ont été déplacés et ramenés dans ma chambre pour l'occasion. Elle fut obligée d'aménager avec moi car il n'y avait pas milles solutions pour ne pas que maman nous démasque. Au moins quelques choses de bien dans le fait que maman se retrouve chez moi sans m'avoir avisé au préalable. Je peux être avec Lucia et avancer dans mes objectifs de conquête avec plus de chances de mon côté.
- Qu'est ce que tu fais Mathis ?
- J'embrasse ma femme. Ce n'est pas ce que tu vois, toi ?
Parfois dans la vie, on a l'univers à nos pieds mais on ne se rend pas compte car on est nous même à la recherche de broutille. Ces quelques jours j'en ai bien profité pour faire la connaissance de Lucia. Et je dois dire que c'est une charmante personne comme on en trouve peu aujourd'hui. Je n'aurais pas pu rêver mieux pour épouse. Elle est parfaite en tout point. Je me surprend moi même à le reconnaître. Mais il faut dire ce qui est. Lucia, c'est une femme douce et aimante. Quand on la connait vraiment, on s'en rend compte assez vite. C'est moi qui ai déclaré ici qu'elle n'est qu'une sauvage. Et bien, j'ai eu tord. Elle est d'une sensibilité incontestablement entraînante. Elle a fini par me transformer sans avoir à faire grand chose. La force de la femme réside dans son calme et sa souplesse. En vrai, il ne serre à rien de partir dans un bras de fer avec un homme. Il y a bien des moyens d'obtenir tout ce qu'on veut. Et ma Lucia l'a compris.
A vivre avec elle ces derniers jours dans cette proximité que nous impose la présence de maman, je me rends bien compte que cet image de grande gueule qu'elle arbore n'est que carapace. Au fond d'elle même, c'est encore une petite fille en manque d'amour. Il faut la voir bouder pour un rien et n'importe quoi pour le comprendre. Je ne sais pas ce qu'elle a vécu au cours de sa vie mise à part la trahison de cet homme et de son incarcération. Cela me pousse à vouloir l'aimer et la protéger d'autant plus. Comment ai je pu être aussi aveugle ? J'avais la femme de ma vie à proximité et je n'en étais même pas conscience.
Lucia vient me sortir de lit car la table avait déjà été mise pour le petit déjeuner. Je la tire à moi, passe au dessus d'elle et la plaque sur le lit. Elle fait semblant de m'embraser et profite du fait que j'ai baissé la garde pour s'enfuir. Ce n'est pas la première fois. Pourtant, je me fais prendre à chaque fois. Je la rattrape près de la porte et l'enveloppe de toute ma carrure.
- Arrête Mathis. Tu m'étouffes.
Je desserre l'emprise face à sa mine triste alors qu'une fois de plus c'était une farce. J'eus le temps néanmoins de lui voler un baiser. Elle s'enfuit. Je lève la tête pour contrer le regard chargé d'incompréhension de maman sur moi.
- Bonjour maman ! Bien dormi ?
Elle me toise et continue son chemin sans s'intéresser à moi. Je la suis et descend aussi afin que l'on prenne le petit-déjeuner ensemble. J'aurais aimé que le point de vue de maman sur Lucia ait changé. Il faut croire que c'est un poil trop tôt.
J'ai repris le boulot, mais pas Lucia. Elle a été plus gravement blessée que moi dans l'accident. Alors j'ai voulu qu'elle ait plus de temps pour sa convalescence. De plus, quand elle sera complètement remise, je veux qu'elle commence à l'hôpital avec Mélanie. Ma femme est infirmière. Elle a besoin de bosser dans un environnement où elle se sentira en confiance. Elle commencera de ce fait avec Mélanie la semaine prochaine à l'hôpital.
A table, je prend place à côté de ma femme. Ce qui fait que je me retrouve en face de maman qui m'assassine du regard à chaque fois que je lève les yeux.
- Ton séjour est agréable maman ?
- Avec cette... délinquante que tu as amenée dans ta maison ? Je doute fort que cela soit possible mon fils.
- Pardon ! S'exclame Lucia.
Comment elle a su ? Mon Dieu ! Lucia doit actuellement se poser la question à savoir serait ce moi qui lui ai dit.
- Je sais qui tu es. Une délinquante qui assassine son fiancé car celui ci a juste eu le malheur de te tromper. Et je sais aussi que c'est mon fils qui t'a blanchi. Pour je ne sais quelle raison il te garde à ses côtés. Mais détrompe toi. Ce n'est pas de l'amour. Et même si c'était le cas, laisse moi donc te prévenir. Moi vivante, tu ne resteras pas marier à mon fils longtemps.
- Maman ! Je veux la réprimander.
- Pourvu que tu n'en fasses pas de même avec mon fils afin de le depouiller par la suite. Mais sache que, tu n'aurais pas véculongtempspour en profiter.
- Co... Comment ?
- Tu crois vraiment que je t'aurais laissé t'installer chez moi, auprès de mon fils, sans avoir mené mon enquête au préalable ? C'est que tu dois être stupide jeune fille. Mon fils c'est ma plus grande réalisation. Il est donc tout à fait normal que je garde un œil sur tout ce qui le concerne. Encore plus quand il se met à fréquenter les meurtrières.
- Assez mère, je tape du poing sur la table.
- Je ne vais pas me taire Mathis. Il faut que cette arriviste doublée de meurtrière sache où elle pose ses pieds... A ta place je partirai tant que tous ça n'est pas encore sorti dans la presse People, elle menace ma femme les yeux dans les yeux. Tu vas salir la réputation de mon fils avec ton passé de meurtrière. Si tu l'estime un temps soit peu, barre toi, elle balance avec son air de je m'en fous qui m'a toujours exaspéré.
Ma mère se fout de blesser tant qu'elle te balance le fond de sa pensée. Mais elle n'irait jamais aussi loin.
- Maman, Lucia est innocente. Elle n'a tué personne. C'est ce que la justice a conclu.
- Quelle justice ? Cette même justice qui l'a condamnée la première fois à 25 années de prison ?
- Ce n'était qu'un complot.
- Un complot ! Elle rit à gorge déployée. Tu m'en diras tant. Que cette fille est qui pour qu'on arrive à fermenter un tel coup contre elle ? Pourquoi faire ? A quel but ? Lui nuire ? L'écarter ? Mais elle est qui bon sang ?
- Ce n'est pas tant ce qui compte à l'heure actuelle. Elle est in-no-cen-te maman.
- Vraiment ? Pourquoi selon toi il a fallu que tu t'en mêles pour que subitement elle soit déclarée innocente ? Tu oublies les pouvoirs de l'argent mon fils ? De l'argent ce n'est pas ce qui nous manque. C'est ton nom qui a pesé dans la balance et non son soi disant innocence.
Lucia sort de table assez vexée. Ce qui est tout à fait normal vu les insultes de maman contre elle. J'ai voulu lui courir après elle. Mais maman, m'arrête par le bras.
- Où tu vas ? Je ne vais pas petit déjeuner seule.
- Je vais trouver ma femme maman.
- Franchement, c'est le comble. Mahalia doit être mis au courant de tes conneries.
- Elle le sait déjà.
- Pardon !
- Ma sœur est au courant de tout.
- Que tu as épousé une criminelle ? J'en doute.
- Tu avais besoin d'être aussi méchante avec elle ? Peu importe le pourquoi de notre mariage, elle reste ma femme. Et elle mérite le respect. Je ne sais pas d'où tu sors les stupidités que tu lui balances au visage, sache que je l'aime maman. Tu comprends ? Je suis amoureux d'elle... de cette femme, cette... criminelle comme ça te plaît de l'appeler. Ton fils est amoureux. C'est tout ce qui devrait compter maintenant. Si tu n'es pas capable de te comporter comme une personne civilisée et l'accepter, tu peux partir de chez moi maman. J'ai 40 ans et je suis maître de mes choix, je m'essuie la bouche et quitte la table.
- Seigneur ! T'es pas sérieux ? Mathis !
- ...
- Mathis !
- ...
- Mathis !
Je ne lui réponds même pas et je m'en vais chercher Lucia. Elle a déjà subit assez pour avoir à subir de la bouche de ma mère. Ma sœur n'est pas d'accord elle non plus avec mon choix mais elle ne fait pas chier la terre entière, elle. Je retrouve Lucia dans notre chambre se coiffant les cheveux. Elle est assez distraite. Je me positionne derrière elle et l'enveloppe de mes bras.
- Ne fais pas attention à elle. C'est entre toi et moi. On va survivre à tout ça.
- Mais elle a raison Mathis, elle se retourne toujours étant assise. Mon passé est un poids pour ta notoriété. Innocente ou coupable, tu sais pertinemment que ce n'est pas ce que ces sangsues vont présenter dans leur machin à scandale.
- Peu importe ce n'est pas encore arrivée, je m'abaisse à son niveau. Et même si tel était le cas, je te demanderai de me laisser gérer s'il te plaît, je lui prends ses mains dans les miennes. Pour te garder dans ma vie, je suis prêt à tout affronter.
- Oui... C'est bien beau tout ça. Mais tout va se mélanger bientôt. Les raisons de mon incarcération... de notre mariage. Ta mère sait que notre mariage est un faux. Combien de temps avant que cela ne sorte ?
- Maman ne fera jamais ça. Et peu importe, cela aurait été sa parole contre la notre. Je doute qu'elle sache de quoi elle parle. Elle nous teste simplement. Et je te défend de répéter que notre mariage est faux. Il est tout ce qu'il y a de plus vrai. Qu'est ce qui fait un mariage selon toi ? N'est ce pas l'amour des deux personnes concernées ? Je t'aime et tu m'aimes aussi. Tu es entrée par hasard dans une vie dont je n'étais pas assez fier, et de ce jour là quelque chose a commencé de changer en moi. Des choses dont je n'avais même pas conscience qui méritaient d'être changer. Avant, j'étais à la une de la presse à scandale toutes les semaines... pour des raisons diverses à chaque fois. Et maintenant tout cela n'existe plus. J'ai mieux respiré, j'ai détesté moins de choses, j'ai admiré librement ce qui méritait de l'être. J'ai aimé sans réserve ce qui mérite de l'être à savoir toi. Arrête de croire que tu es un fardeau dans ma vie. Au contraire tu es ma rédemption Lucia.
- Ta mère ne semble pas du tout être d'accord avec ça.
- Elle n'a pas à être d'accord avec ça si elle ne le souhaite pas. L'essentiel c'est qu'elle respecte mon choix.
- Hmmm !
Je me lève et l'aide à en faire de même. Je prends son visage de mes deux mains de façon à avoir mon regard qui communique avec le sien.
- On s'est dit que l'on allait se donner une chance.
- Je ne pensais pas que cela allait être aussi difficile... aussi vite aussi.
- Cela ne l'est pas. Tant qu'on décide d'être heureux ensemble, le regard des autres sur nous ne devrait pas pas compter.
- C'est si difficile. Il s'agit de ta mère.
- Tu veux qu'elle parte ?
- Non. C'est ta mère Mathis. En aucun cas je ne peux me permettre de la chasser. Une mère, on n'en a qu'une.
- Alors laisse moi tout régler moi même. Je suis avec toi. Je ne te lâcherai pas la main Lucia. Je veux savoir que toi aussi. Je t'aime. Tu es avec moi ?
- Oui, elle répondit d'une petite voix.
- D'accord. Laisse moi faire, je l'embrasse sensuellement.
Ce n'était pas juste pour l'embrasser. Je voulais sceller ce pacte avec elle. Lui communiquer à travers mon acte tout ce qui n'à pas été possible par la parole. Ce câlin c'était celui console, celui qui remplit, qui répare les tords causés. Cette étreinte passionnée, pleine de vérité, d'attention, de bienveillance.... Ce câlin est tout ce que j'ai trouvé pour communiquer et il signifie : " je suis ici, pour toi, et à travers toi. Je te protégerai envers et contre tous et je te veux".
Narrateur externe
Luciana venait d'arriver à ce restaurant où l'attendait cette femme qu'elle avait contacté des jours plus tôt dont elle n'en savait rien. Elle lui a juste notifié à quelle table elle devait se rendre et qui demandé au cas où elle devrait oublier le numéro de table.
- La table de Maelle Dunkerque s'il vous plaît, elle demande à l'accueil.
On la conduit à Maëlle qui sirotait calmement son verre.
- Tu m'avais affirmé être sa sœur. Mais tu as oublié le plus important des détails. Vous êtes jumelles. C'est mieux que je l'espérais.
- Vous aviez dit pouvoir m'aider.
- On va faire mieux. On va s'entraider ma chère, elle eut un rire démoniaque.
Par le passé, Luciana a tout tenté dans le but de détruire sa sœur. Les raisons sont tellement inexistantes que si on lui demandait aujourd'hui pourquoi elle en veut à sa sœur, lui même ne le saurait. Elles ont fréquenté les mêmes écoles. Leurs parents n'ont jamais établi de difference entre elles. Toutes deux ont eu droit au même traitement. Mais cela n'avait jamais suffit à Luciana qui a toujours vu sa jumelle comme une pâle copie d'elle même. Pauvre Lucia qui a toujours mis sa sœur sur un piédestal. Elle comprendra bien vite que ce lien qu'elle à toujours défendu n'avait jamais existé.