Lucia Monica Johnson Fabien
- Apporte lui quelque chose de présentable Chupeta, gronde l'homme qui apparament est le chef comme si je n'étais pas présente. Qu'elle s'habille. Ensuite amène la moi à mon bureau.
Il ressort comme il est entré dès qu'il a prononcé le dernier mot. Cela fait plus d'un mois que je suis ici. Un mois depuis que je n'ai pas vu à quoi ressemble le dehors. Un mois que je stresse de ne pas savoir ce qu'il adviendra de moi. Avant, on me forçait à boire des choses qui après ingestion me plongeait dans un sommeil monstre. Aujourd'hui ce n'est plus le cas. Néanmoins, je reste sur mes gardes. Les mêmes raisons pour lesquelles ils ont changé d'avis peuvent les pousser à encore revoir leur manière de me traiter. Ils ne m'agressent pas. N'empêche que je suis terrorisée comme au premier jour.
Entre temps on m'a changée de chambre. Je ne sais toujours pas où je suis. Mais cette chambre est beaucoup mieux que l'autre. Au moins celle là a un lit confortable et une fenêtre offrant une vue sur la piscine.
Cela doit être luxueux dehors. Rien que je n'avais pas déjà vu chez Mathis par contre. Il me manque tellement, mon mari. Il doit être fou de ne pas me voir rentrer chez moi. Je me demande si mes ravisseurs ont appelés pour une rançon.
- Tu as entendu le boss. Alors va donc te nettoyer. Quand tu sortiras de la douche des vêtements propres t'attendront sur ton lit, il me lance sur un ton haustère avant de repartir.
Celui là semble personnellement avoir une dent contre moi. Va savoir pourquoi. Je m'execute et rejoins la douche pour me laver. Ne sachant pas le pourquoi de cet entrevue avec le patron de la maison je traine en longueur au cas où ce dernier aurait décidé que cela soit mon dernier jour sur terre. Dans ma tête je tentais d'échaffauder un plan afin de m'échapper de cet endroit lugubre. Mais comment s'enfuir lorsque l'on ignore où l'on se retrouve ?
N'ayant pas réussi à trouver le plan ultime pour ma délivrance, je me résigne à quitter la douche malgré le fait que je claquais des dents alors qu'il devait avoisiner les 28 degré Celsius. L'heure était venue pour ma sentence. Il n'y avait pour moi aucune échappatoire.
Deux coups étaient portés à la porte de la chambre alors que je terminais de m'habiller. N'obtenant pas de réponse de ma part, la personne retente encore. Je pars ouvrir pour tomber sur une paire de yeux noisettes qui me détaillaient de la tête aux pieds. Sauf si présence d'une troisième personne dans la maison, cela doit être lui le patron. Cette fois, il n'est pas cagoulé. Ce qui signifie que mes chances de quitter cet endroit vivante, s'amoindrissent considérablement. Ils ne laisseront pas de temoin gênant derrière eux. C'est certain.
Hormis son regard intimidant, le bon monsieur a une carrure imposante. Sa posture exagérément sûr de lui même à lui seul aurait inspiré le respect. Tout le mois je pensais m'être faite kidnappée et que mes ravisseurs allaient rentrer en contact avec mon mari et que ce dernier viendrait pour moi. Force est de constater que non. Et à bien analyser le patron en soi, rien de chez lui ne lui donne l'air d'un kidnappeur. Alors pourquoi je suis là ? Serait ce qu'on m'a confondue avec ma sœur ? Luciana a le don de se retrouver dans des embrouilles pas possible. Cette idée, ajouter au fait que depuis quelques minutes déjà son regard ne me quitta point, me déstabilisèrent au point où j'en arrive à trembler.
- Tu as peur de moi ? Il m'interroge.
- ...
- Tu n'as aucune raison de l'être. Je ne suis pas le diable. Enfin, quand on reste sage.
- Pourtant je suis séquestrée ici, marmonnais-je.
- Sequestrée ? Il sourit de toute sa dentition au blancheur immaculée. Pas du tout. Tu n'es pas prisonnière de cet endroit. Si tu veux partir, libre à toi. Ce sera sous certaines conditions bien entendu.
- Bien. Je m'en vais alors, je déclare en cherchant la sortie. Il est où mon sac ? Je connais déjà les conditions. Ne vous en faites pas. Je serai aussi muette qu'une tombe.
- Que tu parles ne m'effraie pas Lucia.
Je stoppe mes gestes. Qu'il sache mon prénom élimine la possibilité que j'ai été enlevée à la place de ma sœur dans ma tête.
- Je te retrouverai où que tu ailles. Et peu importe à qui tu pourrais aller te confier. Des yeux et des oreilles, j'en ai partout.
- Quelles conditions alors ?
- Prend soins de vous.
- De nous ? Juste ça ? Je... je suis perdue. Quel nous ?
- Qu'importe. Mais, avant de partir je dois te mettre au courant de certaines choses. On verra si tu auras toujours envie de t'en aller d'ici.
Je ne l'écoute pas et continue mon chemin.
- Je pourrais te laisser partir... rien que pour cet enfant que tu portes Lucia.
Je frémis lorsqu'il mentionne mon bébé et m'arrête. Alors il sait que je suis enceinte. Est ce pour cela qu'il me laisse partir ? Serait ce de mon bébé qu'il était question tout à l'heure ?
- Ton enfant a le droit de venir au monde dans un environnement sain où il se sentira aimé, désiré, en sécurité, protégé.
La voilà ma réponse.
- Crois-tu que tu serais plus en sécurité si tu partais ? Chose que si tu restes, tu pourrais avoir.
- Je ne serai plus retenue contre mon gré dans un endroit que je connais pas. Je serai avec ma famille. Bien sûr que je serai en sécurité. Cela vous va comme reponse ?
- Famille ! Il ricane. Famille ! Ta sœur t'a vendue à moi très chère, il m'annonce de but en blanc. Ton mari ne s'est même pas rendu compte que ta sœur a occupée ta place chez lui, un temps. Ils ont sûrement couché ensemble d'ailleurs. Alors de quelle famille tu parles ?
Ce fut un choc total pour moi. Non pas que je le crois. Ce n'est qu'un inconnu. Il pourrait bien mentir pour des raisons cachées. Cela ne peut être que ça.
Je n'avais pas encore eu le temps de m'en remettre qu'il rajouta :
- Elle t'a vendue à moi. Elle a récupéré tes papiers et a vécu ta vie. Ensuite, elle s'est faite passée pour toi chez ton mari qui ne s'en est même pas rendu compte. Ensuite elle s'est barrée. C'est qu'elle genre de mari qui ne remarque pqs les changements chez sa femme ? Un négligeant ?
- C'est un mensonge. Tu veux me monter contre ma sœur. Pourquoi ma sœur me voudrait du mal ?
- Peut être que oui. Peut être que non. Mais sache Lucia que ta sœur n'aime qu'elle même. Et avec tout ce qu'elle nous doit à moi ainsi qu'à mes associés, à aucun endroit sur terre elle n'aurait été en sécurité et elle le savait. A ses yeux tu n'as été qu'une transaction. Un leurre pour tenter désespérément de prolonger son espérance de vie. Mais cela ne marche pas ainsi.
- ...
- Pourquoi te contacter juste en sachant que tu es mariée à un homme riche ? Peut être esperait elle recevoir de l'argent de toi ? Ne savait elle pas où tu as toujours été avant ça ? Je suppose qu'elle t'a expliqué pourquoi elle t'a laissée moisir en prison pour un meurtre qu'elle savait que tu n'avais pas commis, non ? Elle le savait, tu sais. Comment aurais-tu pu tuer un homme avec qui elle a voyagé dès le lendemain de ton incarcération ? Pourquoi t'echanger maintenant ? As tu refusé de lui venir en aide ?
- Je ne veux plus écouter ça. Tu racontes n'importe quoi.
- Bien. Si tu crois que je mens mon chauffeur te déposera où tu veux. Mais, tu devrais te rendre à cet adresse d'abord, il me tend un papier. Vois par toi même quel monstre tu défends. Par chance, Sébastien pourrait revenir à la vie entre temps. Ta sœur est bien loin de l'image que tu t'efforces de garder d'elle.
- Vous... Tu es un sadique.
- Je t'ouvre les yeux Lucia. Tu m'as l'air différente d'elle.
Je lui tire des mains le papier alors que je ne sais même pas pourquoi je l'ai pris. Je ne connais pas cet homme. Si ça se trouve, c'est un menteur. Ma sœur n'irait pas jusque là pour me nuire. Elle est envieuse, égoïste, manipulatrice... Tout ce qu'on voudra. Mais elle a des limites.
Je repense à cette histoire parue dans la presse au sujet de mon mariage avec Mathis. Était-ce Luciana qui a tout balancé ? Et même si c'était elle, ça ne prouve pas que ma sœur aie formentée un tel plan contre moi. Elle est de ma famille. Ma seule famille. Ma jumelle. Celle avec qui j'ai partagé le ventre de ma mère.
Des larmes me glissent sur les joues. Au fond de moi je le presssentais que le retour de Luciana dans ma vie ne pressageais rien de bon. Mais je refusais d'y croire que ma sœur puisse être aussi fourbe.
Refusant de me faire accompagner par son chauffeur, je suis partie de là arrêter un taxi pour chez moi. Quoique je n'avais pas d'argent, je me disais que Mathis paiera à mon arrivée. Dans ma tête se jouait le film du comment mon mari m'accueillira. Même si j'avais certaines appréhensions au vu de tout ce que cet homme a affirmé. J'étais tourmentée. J'avais tout imaginé. Qu'il pouvait me renvoyer de chez lui tout dépend de ce qu'il s'est passé quand ma sœur avait été à ma place et plein d'autres choses. Sauf que je ne m'étais pas préparée à tomber sur Maëlle et Mathis qui se mangaient carrément la bouche dans sa voiture stationnée devant le portail.
Mes forces m'ont abandonnée face à un tel spectacle et je suis retombée sur mes fesses. Jamais je n'aurais pensé que Mathis puisse revenir dans les bras de cette femme. Lui qui jurait m'aimer n'a pas perdu de temps pour m'échanger. Alors que je suis par terre, je rencontre le regard de Maëlle qui m'offre son sourire de victoire. J'aurais aimé étrangler cette chipie qui se fout ouvertement de moi.
Les larmes aux yeux, j'ai quitté l'endroit où j'étais positionné pour visualiser la scène. Puis je repense à ma sœur et aux paroles de cet inconnu. A se demander si j'ai toujours été aveugle de n'avoir rien remarqué autour de moi ou si cet homme est juste un fauteur de trouble. Regardant encore le papier, je décide d'aller voir de moi même ce que trame ma jumelle.
1 an plus tard
Mathis Johnson
- Oui maman, Maëlle et moi on embarque à l'instant même.
- Mais vous devriez avoir...
- Maman s'il te plaît. Ne commence pas. Tu nous voulais au pays afin d'accueillir ton petit fils à naitre comme il se doit, on est là. C'est pour toi que j'entreprend ce voyage. Autrement je n'aurais jamais remis les pieds ici. Maëlle partage aussi mon avis. Mais comme elle ne te refuse rien...
- Pourquoi fuir le pays ? Ce n'est pas toi qui étais en faute dans l'histoire. C'est elle qui avait profité de toi Mathis.
- Ciao maman !
Je m'enregistre et ma femme en fit tout autant en attendant d'embarquer. Mon regard se pose sur son gros ventre et je souris. Savoir que bientôt j'aurai un mini moi qui m'appellera papa est la seule chose à laquelle je m'accroche en dehors de mon boulot en ce moment.
C'est vrai ce que les gens disent. Pour pouvoir avancer il faut se détacher du passé. Se détacher c'est bien facile. Mais avancer c'est une autre paire de manches. Alors parfois on se renferme sur soi. On essai de résister au changement. Mais les choses ne peuvent pas rester comme elles sont. À un moment donné, il faut lâcher prise et avancer. Parce que même si c'est difficile, c'est la seule façon de grandir.
Après mon divorce avec Lucia, j'ai bien cru que je ne me relèverai jamais. Tout est allé si vite que je n'ai rien eu le temps de comprendre. Cette femme a su, petit à petit, prendre possession de mon cœur à un tel point où j'aurais vécu que pour elle. Notre début était... Me rappeler de tout ça est douloureux. Surtout sur la fin. Elle ne m'a pas donné le temps de lui démontrer l'étendue de mon amour. Les hommes, ça ne pleure pas comme on dit. Alors j'ai cherché mon point d'équilibre parmi tout ce bazard et j'ai tourné la page. Aujourd'hui je suis marié. Et si Dieu le veut bien, je serai père bientôt. Est ce que je regrette quelques choses ? Non. C'est elle qui est partie en me laissant des papiers à signer. Alors non. Aucun regret. Ou peut être que si. J'en sais foutrement rien.