Lucia Monica Johnson Fabien
- Quelques choses ne va pas madame ? S'inquiète Andrew en remarquant ma mine défaite.
- Non. Tout va bien Andrew. Lopez est arrivé ? Je demande alors que je me maquille.
- Oui madame. Mais on va ressortir. Le patron nous a commissionné pour...
- OK, je l'arrête. J'irai moi même chercher ma robe... Ne t'en fais pas pour moi, je m'attèle à terminer mon maquillage.
- Mais madame monsieur a dit...
- Je me fous de ce qu'a dit monsieur. S'il te demande tu n'auras qu'à lui faire savoir que c'était ma décision de partir seule, je lui balance en soulevant mon sac. JE... sais ce qu'il me faut et non MON mari. Que je sache, il n'est pas une femme... Styliste non plus. Alors, comment pourrait il connaître ce dont j'en ai besoin ? Qu'il continue de faire ce pourquoi il est doué.
Andrew n'en revenait pas. Il en avait bien raison. Depuis ce putain de mariage jusqu'à aujourd'hui, ma métamorphose est flagrante. Jamais je n'ai eu à hausser le ton en m'adressant à lui ou à n'importe qui d'autre de cette maison d'ailleurs, depuis que je me suis retrouvée dans cette maison. J'ai toujours été respectueuse envers le personnel de maison. Alors ce changement est dû à quoi ? A qui devrais je dire ? Une seule réponse à cette question. Mathis. Il faut croire qu'il m'a retransmis son caractère de cochon. Qui s'assemble se ressemble.
Andrew était choqué, mais il ne disait rien. Après tout, c'était la femme du chef qui avait parlée. Et en aucun cas il ne pouvait faire ou dire quelque chose qui pouvait la faire penser que c'était de l'impolitesse. Mais pour l'instant c'était le moindre des ses soucis. Il devrait trouver quoi dire au boss quand ce dernier allait lui demander comment cela se fait il que ce soit moi qui sois allée chercher ma robe quoique les ordres étaient tout le contraire.
Dehors je retrouve le chauffeur qui devrait me conduire au magasin. En chemin, une idée m'est montée à la tête. Pour m'avoir si souvent traitée de villageoise, il mérite un petit quelques choses en retour. Faire sauter le plafond de sa carte pour commencer. Cela devrait faire l'affaire. Ensuite, je verrai bien quoi faire. Il s'efforce de rester marier contre moi. On va voir combien de temps cela va durer si je commence à foutre le bordel dans sa vie. Si ma vie doit se dérouler en enfer, autant le traîner avec moi.
- Lopez, tu connais la boutique dans laquelle tu m'emmènes ?
Il signe de la tête pour dire oui.
- Tu as déjà emmené les conquêtes de ton patron ici, n'est ce pas ? Je demande mine de rien alors qu'au fond je brûle de jalousie.
- Je suis le chauffeur de monsieur. Et jamais il n'a eu à partager son chauffeur avec quiconque madame. Pas avant vous, alors, il se corrige. Donc...
- Hmmmm ! Je vois. De toutes façons tu ne m'aurais rien dit à moi. Ta loyauté va envers ton patron.
- C'est vrai. Mais là, je vous dis la vérité madame.
- Peut être bien. Qu'importe. Moi, je m'en fiche. Ce n'est pas comme si cela allait changer quoique ce soit à ma vie.
A travers le rétroviseur, je l'apperçois, qui me regarde avec pitié. Moi même je me trouve pittoyable de commencer à développer des sentiments pour quelqu'un qui n'en mérite pas. Ce n'est pas faute de ne pas avoir été prévenue. Il faut croire que je suis suicidaire. Les hommes comme Mathis, ne s'arrête pas pour regarder les femmes comme moi. Eux ils ont tout rien qu'à claquer des doigts.
Robes de soirées, escarpins, eaux de toilette, sac hors de prix, bijoux haut de gammes, j'ai fait le tour de beaucoup de magasins de la ville. A chaque fois, je ne m'arrêtais qu'au prix. C'était là mon unique critère de sélection. En choisir les plus chers. Même ceux qui n'étaient pas de mon goût. Le but étant de l'emmerder à ma façon. Me traiter de villageoise carrément ! Ce type est malade. Et la villageoise, elle l'emmerde.
A Broadway, dans le 5e avenue pour ne citer que ceux la, les aller-retours se sont multipliés. Je n'ai pas réussi à atteindre le plafond de la carte qu'il m'a offerte. Ce qui est bien regrettable. Mais je l'ai tout de même bien secouée. Des choses que je n'utiliserai jamais pour la plupart. Je n'en ai rien à foutre. Et ça ne fait que commencer. Si monsieur aimerait que je devienne comme l'une de ces michtonneuses avec qui il est habitué, il sera servi. Il ne va pas me reconnaître. Ce qu'il a cherché tout ce temps, il l'aura maintenant.
A la fin, c'est Lopez qui a passé un mauvais moment pour tout ranger dans la voiture. Tout ça, il le doit à son arrogant de patron. Il n'est qu'un dommage collatéral de mon petit plan de vengeance. Le pauvre.
En parlant du loup... En rentrant à la maison, je constate que mon supposé mari était déjà rentré bien avant moi. Sans surprise, il était en train de gronder Andrew comme si c'était son enfant pour m'avoir laisser aller moi même récupérer ma robe. Il avait sûrementpeur que je tombe sur une horde de journaliste et que je sois figée comme avant hier. Moi même j'étais étonnée d'avoir réussi à effectuer mon shopping sans irruption de leur part.
Mathis se tait lorsqu'il me voit passer le salon. Mais il ne décolère pas. J'ai fait signe à Lopez de tout monter de ce que j'ai acheté dans ma chambre et je retrouve Mathis et Andrews.
- Lâche le un peu Mathis. Andrew n'a fait que suivre mes ordres.
- Andrew est MON employé. Il avait des ordres précis de ma part. Son chèque, c'est moi qui le signe chaque fin de mois. Il doit de ce fait m'obéir.
- Encore ces histoires d'argent qui ne finit pas, je roule des yeux. Tu dois être bien vide pour être tout le temps en train de mentionner pareille futilité.
Andrew s'efforcé de retenir son rire.
- Andrew est ton employé. On le sait déjà. Ce n'est pas le sujet qui compte. C'est ton nom sur ses chèques chaque fin de mois. Cela va sans dire. Sauf que tes ordres me concernaient Mathis. Tu n'as pas à décider de tout. Surtout quand il est question de ma vie.
- Et je peux savoir où tu étais, il me demande la mine renfrognée.
- J'ai été faire du shopping comme convenu. La villageoise que je suis voulait s'acheter des choses en espérant être à la hauteur de sa... majesté, je marque un arrêt avant de terminer en effectuant une référence.
- Et tu as bien fait. Assure toi d'être prête pour ce soir dans ce cas. J'espère pour toi que tu ne me couvriras pas de ridicule encore une fois. Vu que c'est devenu ta spécialité. Si ce n'est pas déjà fait de la journée.
- J'espère pour toi que tu ne me couvriras pas de ridicule encore une fois, je me moque de lui en partant.
Je joue l'indifférente. Mais ses mots me touchent tellement. J'ai fait des études. Je suis infirmière de profession. Il est vrai que je ne connaisse pas grand chose de la mode ou de son style de vie d'homme d'affaire réputé... Mais je sais au moins me tenir et cela m'énerve de plus en plus qu'il me traite ainsi. Ce regret qui me prend par la gorge à chaque fois que je pense que je... C'est dégueulasse.
J'arrive dans ma chambre. Lopez a tout laissé sur mon lit. Il me restait de les déballer afin de tout ranger dans mon placard. Chose que je fis. Une fois fini, je redescend dîner. Pas de trace de Mathis. Il a dû le faire en mon absence... comme toujours. Pourtant, moi, je l'attends toujours pour passer à table. Il faut croire qu'il n'y a que moi qui accorde de l'importance à ce genre de détails.
- De toutes façons, je ne suis pas née avec lui, je justifie son acte au moment de commencer à manger.
Dès que je finis, je pars au balcon pour une petite sieste. L'air frais dehors va m'aider à me détendre. Il n'est que 16 heures et le gala débute à 21 heures. J'ai du temps devant moi.
Mathis Johnson
Ces derniers jours n'ont été que torture. Je suis passé par toute les émotions. Cet accident a été le pire. J'ai cru mourir quand je me suis réveillé sur ce lit d'hôpital et que j'ai compris ce qui c'était passé. La pire sensation, cela a été de ne pas avoir des nouvelles de Lucia. Cela aurait pu me rendre dingue. J'ai d'ailleurs craqué. C'était pareil ce soir là à l'entreprise où je l'ai trouvé dans le noir recroquevillée sur elle même, toute grelottante. Mon cœur a réagi comme s'il n'y avait plus assez d'espace dans ma cage thoracique pour le contenir. Une fois cela pouvait passer. Mais deux, trois fois... Il est clair maintenant que Lucia a acquéri de l'importance à mes yeux. Mais, il ne faut pas. Un contrat cela a été. Un contrat, ça le restera. Je ne veux pas qu'elle se sente redevable face à moi alors que l'on a eu chacun pour son compte. Et maintenant, je ne sais plus comment me comporter face à elle.
Je finis de m'apprêter et part toquer à la porte de la chambre de Lucia. Elle mit du temps à venir ouvrir. Alors je reste planter là à l'attendre comme le con que je suis. 5 minutes, 10 minutes... Elle n'est toujours pas sortie.
- Lucia, tu vas sortir à la fin, je toque de nouveau.
- J'arrive.
Las d'attendre, je deambule dans le couloir à me maudire d'avoir fait le mauvais choix avec cette fille. Qu'on se le dise clairement, c'est mon égo qui l'a choisi. Je voulais la faire payer sa grande gueule. Finalement, c'est très cher payer pour moi. Au lieu de tout arranger, tout va de travers. Et je ne parle pas de l'évènement avec la presse.
Au bout d'un instant, je me retourne vert de rage avec l'idée de défoncer sa porte si elle tarde encore. C'est à cette instant qu'elle ressortit de là. Elle s'avance vers moi marquant les pas avec grâce. Je suis figé. Mon Dieu ! Elle est... Où diable est passé celle que je connaissais ? Elle a toujours été belle. Mais là... Elle est magnifique. Seigneur Dieu ! Aie pitié.
Et cette robe qu'elle porte qui épouse si parfaitement ses formes de déesses des eaux et qui les marque si insolemment... Mais qu'est ce que je dis comme ça ? Je cligne des yeux de façon à être sur que ce n'est pas un rêve. Et non, ça ne l'est pas.
- Je suis prête. On peut y aller.
J'ai l'habitude d'écouter sa voix tous les jours depuis un bon moment déjà. Mais ce soir, j'ai l'impression d'écouter les chants d'une sirène. Pourquoi maintenant ? Tout ça me perturbe. J'ai tout fait pour l'éloigner ces dernières semaines. Tout cela n'aurait servi à rien. Il a fallu juste un soir pour tout remettre en question.
- Mathis ! Elle m'interpelle en me touchant le bras.
- Oui ! Je reviens à moi.
- On y va ?
- Attend.
Je capture ses lèvres sans questionner mon acte. Cela me demangeait. Alors j'ai voulu goûter de nouveau à ses lèvres si douces que j'ai testé plus d'une fois lors de nos jeux de rôles face aux autres. Mais cette fois c'était différent. La sensation était différente. J'ai senti tout mon être tressaillir à son contact. Pour une fois je me suis laissé aller à ce que me dictait ma pulsion avec elle. Je n'ai même pas su m'arrêter de savourer ses lèvres doucereuses par moi même. C'est Lucia qui y mis fin après un instant.
- Mais qu'est ce que tu fais Mathis ?
- C'est exactement pour anticiper cette réaction que je l'ai fait, je repond impassible, masquant par la même occasion ma déception de me détacher d'elle.
- Tu as eu besoin de m'embrasser pour ça ? Elle me fusille du regard.
- Au gala, je me justifie, on va devoir montrer à tous que l'on est un couple éperdument amoureux. Si tu dois réagir si brutalement en public pour un baiser, on va nous percer à jour. Prend ça comme... un entraînement.
Elle écarquille les yeux.
- On y va, je lui tend ma main la sortant de sa stupeur.
Elle la saisit non pas sans me toiser en passant. Je déglutis et refferme les yeux.
- Mais qu'est ce qu'il m'arrive aujourd'hui ? Merde ! Je suis foutu.