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Chapter 8 - Le maître chanteur

Lucia Monica Fabien

Maintenant que j'ai été renvoyée de mon travail à l'hôtel pour motif de vol, j'avais peur de retourner en prison encore une fois. Et je ne m'en sortirai peut être pas cette fois, j'ai bien peur. Mon officier de probation a été clair là dessus. Il ne faudrait pas que je me retrouve au milieu d'histoire louche de loin ou de près. A la moindre écart je pouvais retourner au cachot. Et je le savais. C'était bien ancré dans ma tête. Cela ma terrorisait énormément même. Tellement que cette nuit là, je n'ai pu fermer l'œil. Comment y arriver dans ses conditions ? Sur ma tête pendait l'épée de Damoclès.

Cela fait la deuxième fois que je me suis faite piégée alors que je n'étais en rien responsable de ce dont on m'accusait... encore. Cette nuit, j'étais trop occupée à essayer de trouver une échappatoire à ce cauchemar qui me ronge. Car, il était hors de question que j'épouse un si grossier personnage. Comment allais je pouvoir le supporter à longueur de journée ? Oui il est riche et beau. Mais ça ne fait pas tout. Il est si imbu de sa personne... si grossier. Et moi, je  ne pouvais pas non plus retourner en prison. Ça, jamais.

Dès le lendemain, j'appelai mon ex avocate afin qu'elle puisse m'aider à trouver un moyen d'éviter la taule et éloigner cet homme de ma vie. Cette dernière me donna rendez à son cabinet. Tellement j'étais anxieuse que j'arrivai à l'avance au lieu du rendez vous. J'ai dû attendre une bonne demi-heure avant d'être reçue par Lisa qui était avec un client.

- Desolée Moni, dit l'avocate en prenant place derrière le bureau. Je devais terminer avec un client... Alors qu'est ce qui t'amène ? Tu m'as dit au téléphone qu'on t'a renvoyé de ton boulot. Je n'avais pas capté le reste. Que s'est il passé ma grande ? Explique moi.

- Je me suis faite piégée par un client, je lui confie avec désolation.

- Piegée ! Mais comment cela a pu arriver ?

- Il y a des choses dans cette vie qui n'arrive qu'à moi on dirait. Peut être que je suis trop idiote pour faire les choses correctement. Je ne sais pas faire attention. Je suis une proie facile pour tous. Parce que là je n'en peux plus.

- Ne dit pas ça ma jolie. Tout arrive pour une raison, dit l'avocate.

- Tu t'imagines que c'est la deuxième fois que cela m'arrive Lisa. La raison c'est quoi dans tout ça ? Me rappeler que je n'avais pas droit au bonheur ? Je conteste en faisant couler une larme.

Lisa, s'est levée, est venue vers moi et me prit dans ses bras dans le but de me réconforter.

- Ne pleure pas ma belle. On va trouver une solution à tout ça ensemble toi et moi. Il y a toujours une issue à chaque problème. Explique moi ce qu'il s'est passé.

Je lui racontai dans les moindres détails depuis l'incident dans l'ascenseur, passant par la demande en mariage et mon refus jusqu'à ce moment fatidique ou j'ai été renvoyée car on avait trouvé la montre de Mathis dans la poche de ma blouse.

- Cet homme à un vrai problème. Comment on peut demander à une inconnue de l'épouser ? Il a des problèmes...

- Commment voudrais tu que je le sache moi ? Je la coupai très remontée par son insinuation. Je n'ai pas testé la chose Lisa. A voir son acabit, je doute que cet homme puisse faire partie des hommes qui ont des difficultés à se trouver une femme. Cela ne peut être qu'un caprice de riche. Et avec la chance que j'ai... Pfffff ! Il fallait vraiment que cela tombe sur moi.

- Maintenant que tu n'as plus de boulot, ton officier sera tout de suite mis au courant, tu sais. Et si ce monsieur porte plainte contre toi, tu sais ce qu'il en adviendra de toi. Le mieux serait de discuter avec lui et de trouver un terrain d'entente tous les deux. Il n'est pas un enfant. Il doit comprendre et accepter qu'on puisse lui dire non quand il propose n'importe quoi aux autres. Autrement c'est cuit. Il y a des témoins ma belle. - Pas question que j'aille me rabaisser à lui parler. Si je reviens vers lui, il sera en position de force Lisa. Il croira qu'il pourra exiger ce qu'il veut de moi. Je trouverais bien une solution qui n'implique pas que je lui demande son aide alors que c'est à cause de lui que je me retrouve dans cette situation. Moi, aller lui parler, jamais.

- Tu es trop orgueilleuse ma belle. On parle là de ta liberté. Réfléchis bien et prend la bonne décision pour toi. Je ne voudrais pas que tu y retournes ma belle. Ces gens là ont le bras long.

- C'est non Lisa.

- D'accord. On trouvera autres chose alors. Je te préviens. Ça va être difficile de t'en sortir sans une égratignure. Si cet homme est qui tu m'as décrit, je n'en donne pas cher de ta peau. Il n'abandonnera pas si facilement son idée aussi tordue que grotesque.

- L'égratinure, je l'ai déjà Lisa. Je risque de retourner en prison... Bon j'y vais. Je ne voudrais pas prendre trop de ton temps. On se capte après. Je dois réfléchir à tout ça dans le calme.

J'allais faire la bise à Lisa et repars pour chez moi. Et si Lisa avait raison ? Et si la solution était de discuter avec Mathis ? Sauf que pour ça, il faudrait accepter la proposition. Et sur ça, j'étais catégorique. Il n'y aurait pas de mariage. Pas entre moi et cet homme en tout cas.

Dans l'après midi, je faisais les cents pas dans mon petit salon nerveusement. Mes larmes menaçaient de couler. Soudain, j'entendis frapper à la porte de chez moi. La personne se faisait insistant. Pensant que c'était Lisa, je m'essuyai le visage et m'empressa d'aller ouvrir. Sauf que ce n'était pas Lisa mais de préférence Mathis accompagné de Andrew son assistant. Je le regardai les yeux remplis de colère et retournai à l'intérieur en laissant la porte ouverte. Il n'a qu'à entrer s'il le souhaite.

Les deux hommes m'ont suivie jusqu'à l'intérieur et ont pris place. Sans plus attendre, Mathis prit la parole.

-Tu sais déjà pourquoi je suis là, je pense. On doit discuter. De manière moins virulente cette fois. Toi et moi on peut s'entraider. Toi en m'épousant et moi t'evitant la prison. A toi de voir.

- Vous avez bien calculé votre coup je le vois bien. Vous saviez ce que je risquais mais cela ne vous a pas arrêté. Vous y êtes quand même allé jusqu'au bout de votre plan merdique. Vous n'avez pas de cœur. Vous imaginez la suite pour moi. Vous vous prenez carrément pour Dieu à vouloir décider de ma vie et d'en disposer à votre gré.

- Je ne suis pas encore au bout, il m'avoue impassible. Il reste que tu acceptes de m'épouser ma belle, rajoute t'il d'un sourire narquois.

J'allais parler mais il me stoppa de la main.

- Tu ne voudrais pas vivre en n'ayant pas à veiller à ne pas commettre la moindre écart de peur de retourner en prison ? Je peux régler ça, tu sais... Peut être que tu voudrais plutôt t'enfuir. Si c'est cela ton plan, je te le déconseille. Peu importe où tu iras, si la police veut te retrouver, il le fera. Sauf s'ils savent que tu as quelqu'un qui te protège désormais.

- Me marier avec vous serait aussi synonyme d'aller en prison. Une prison dorée certes mais une prison quand bien même. En laisser une prison pour une autre bien plus confortable, sûrement. Mais cela n'en demeure pas moins une prison. Alors non. Cela ne m'interresse pas. D'être prisonnière, esclave ou escorte girl... mon-sieur.

Il eut un moment de fou rire. A quoi il pensait ? Seul lui le sait. Qu'est ce qui pouvait bien l'amuser autant ?

- Tu as du mal avec les comparaisons Lucia. Chez moi ne saurait en aucun cas être comparé à une prison. Là bas, tu aurais ta chambre et tout le confort que mériterait mon épouse. Mieux encore je peux régler ton histoire de liberté sous condition. Je pourrais t'aider à te blanchir dans l'histoire. Tu es innocente et je le sais. Reste à faire en sortes que la justice partage mon avis sur la question. La seule chose que tu auras à faire c'est simplement m'épouser. Et pour cette histoire d'escorte qui te trouble, tu n'auras même pas besoin de jouer la totalité de tes rôles d'épouse. Si tu vois ce que je veux dire.

- Tu es...

- Gai ? Il me coupe. Ton esprit est si fermé Lucia. Tous les hommes ne contractent pas un mariage blanc pour cette raison.

- Alors pourquoi ?

- Tu saurais après avoir accepté mon offre.

L'offre avait l'air alléchant. On aurait pu tout avoir de moi si on me promettait de regler pour de bon cette histoire de meurtre qu'on m'avait collé au dos. Il y a bien assez longtemps que je n'ai pas profité de ma jeunesse. Cela aurait pu être mon bouée de sauvetage. Mais n'était ce pas assez cher payé ? On parle quand même de mariage. Ce n'est pas à prendre à la légère. A mes yeux seul l'amour conditionne le mariage. Mais j'ai été amoureuse une fois. Voilà où ça m'a menée.

- Reflechit bien Lucia, dit Mathis. Au fond c'est toi qui en tireras le plus gros lot de notre arrangement. Le luxe... la liberté... l'intégration à un monde dont même dans tes plus beaux rêves tu n'aurais jamais appartenue... Tu as la semaine pour te décider. Passer ce délai, j'en déduirai que tu n'es pas intéressée et je prendrai les décisions qui s'imposent. Après ne venez pas me supplier de me rétracter.

- Vous me faites chanter monsieur ? Vous êtes tombé bien bas. Mais bon, qu'est ce je croyais ? Les arrogants de votre genre ne font rien d'autre que d'édifier des châteaux où ils cachent leurs craintes et leurs doutes. Au fond, vous êtes une victime vous aussi. J'ai même pitié de vous. On voit bien que votre argent ne vous à servi à rien. Cela ne rend pas les gens heureux apparemment. L'argent ne saurait tout acheter.

- Pourtant je m'apprête à acheter une femme. N'est-ce pas merveilleux ?

- Eh bien ! Je suis choquée par votre mauvaise considération des femmes. Penser pouvoir en acheter une en dit long sur la personne que vous êtes.

- Les femmes, elles même ne savent se considérer. Pourquoi le ferrais je moi ?

- Hmmmmm !

- Pense à tout ce que tu pourrais en tirer de cet accord Lucia. Ton égo n'a pas sa place dans notre négociation.

- Le tien si peut être ?

- Bon après midi Lucia ! Réfléchis bien et fais le bon choix pour toi. N'hypothèque pas ton avenir au nom de stupide valeurs morales qui ne sont que circonstancielles chez vous les femmes.

- Pardon !

- Je disais que vous les femmes vous choisissez toujours mal les moments pour afficher vos fausses valeurs morales. Alors que ce ne sont que de la poudre au yeux.

- C'est qui cette femme ?

- Pardon !

- Celle qui vous a rendue autant amère.

- Bonne journée Lucia !

Il s'en va.