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Chapter 27 - Entracte I, Partie 3

Berlin, Allemagne, ██/██/2███

J+399

Dans la ville qui fut deux pour redevenir une, d'immense brasiers s'élèvent dans les airs, relâchant des panaches de fumée noire.

Ils prennent place dans toute la ville, depuis presque chaque croisement, chaque intersection, où des centaines de tas, composés de toutes les matières inflammables existantes, brûlent tristement.

Dans certains, les formes mouvantes des condamnés peuvent encore être aperçues, criant des appels à l'aide que personne ne peut entendre.

Devant toutes les portes, les chasseurs continuent leur traque des Infectés, sous les ordres des Sœurs de Martyrs et des Armes de Dieu.

Dans chaque rue, le traque continue, telle une maladie, chassant ceux qu'ils pensent infectés par le Sang Maudit.

"Telle est la volonté des Grands" avait déclaré l'Ordre des Saints, quand la Coalition leur avait demandé leur raison.

"La Prophète avait prédit qu'ils deviendraient un problème, nous nous en chargeons donc dès maintenant" avaient-ils ajouté.

Durant les trois jours que dura la chasse, plus de 2 400 personnes, tantôt innocentes, tantôt non, perdirent la vie dans les flammes de brasiers.

Bien qu'en public, l'Ordre des Saint avait éradiqué les Infectés, en coulisse, ils ne restaient encore beaucoup, qui se cachaient un peu partout dans la ville.

Ils n'étaient encore en vie que pour une seule raison : l'Ordre avait besoin de sujets de tests sur l'Infection, et vendait ceux restant à la Coalition pour les expériences sur Chronos.

Dans les caves et les greniers, des familles entières se cachaient, en espérant d'un optimisme vain, que, peut-être, les chasseurs passeraient devant leur porte sans les remarquer.

Mais il y avait toujours quelqu'un, une amie, une collègue, pour trahir. Au nom de quoi ? D'une idée qui n'était même pas la sienne.

Ils furent des centaines à partir en fumée, dans les laboratoires, ou encore dans les camps de travaux forcés.

Certains tentaient de résister, mais personne ne le pouvait réellement, pas contre la puissance de l'Ordre.

Les inquisiteurs, reformés depuis peu, ordonnaient des exécutions publiques chaque jour, pour rappeler au peuple qu'ils possédaient le pouvoir.

Passé le premier mois, les condamnations se firent rares, mais personne ne pouvait oublier le visage de celle et ceux qui furent brûlés sous leurs yeux, autrefois un membre de ce qui n'existait plus, les amis.

Maintenant que la mort ne rôdait plus dans les rues, ils étaient brisés, comme une confiance trahie.

"Diviser pour mieux régner", une citation d'un roi antique, qui mourut de la lame de celui qui devait le protéger.

Mais l'Ordre se croit malin, en tirant les ficelles depuis les ombres, à apeurer les habitants de ses terres.

Ils le savent très bien, ils se tiennent sur un million de vies, et gouvernent sur un trône d'os, soutenu par une montagne de crânes.

L'instabilité est leur pouvoir, la religion leur terrain de jeux.

Qu'ils courent et tuent tant qu'ils le peuvent, car leur destinée est déjà écrite.

Et elle n'est pas des plus réjouissantes, du moins, pas à leurs yeux.

Le monde souffre, il pleure, la mort se goinfre, elle n'en veut plus.

Les Divins peuvent tourner l'œil face au massacre de millions, mais pas à la trahison de leurs agents.

Bientôt, un véritable océan naîtra, et sa couleur est déjà déterminée.

Qui seront ceux qui le nourrira ?