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Chapter 33 - Interlude 1

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Dans ce qui ne peut plus être appelé une maison, une femme à l'apparence altérée, semblable à un cadavre animée, écrivait.

Elle écrivait avec la seule chose dont elle pouvait se servir, son sang, sur la seule chose qui lui passait sous la main, sa peau.

D'innombrables lignes sanglantes se déroulaient sur son corps, sur les murs, sur le sol, donnant à la pauvre hutte un air de crypte.

La femme, la Prophète, celle qui a vu la mort des dieux, continuait d'écrire, sous le vent, la pluie, la neige, en ne s'arrêtant parfois que pour subvenir à ses besoins vitaux.

Sans qu'elle ne semble y réagir, des dizaines de gardes la surveillaient, se cachant plus ou moins, la maintenant en vie lorsqu'elle s'effondrait de fatigue.

Quand elle n'avait plus la force d'écrire, ils l'allongeaient, la laissant dormir, et écrivait pour elle ses paroles, rallongeant encore et encore les lignes de texte semblant infinies.

Depuis des années, elle écrit, sans un semblant de fin, une histoire qui semble la sienne.

Depuis des années, ils se demandent, encore et encore, si cette histoire est vraie.

Depuis des années, elle change, petit à petit, morceau par morceau, la vérité de l'histoire.

Qui ?

Sa fille.

Pourquoi ?

Pour achever l'œuvre de sa mère.

Pour achever l'histoire que ne le sera jamais.

Pour se venger de ceux qui l'ont exploité, ruiné, détruite.

Pour voir la véritable fin, pas celle créée par des imposteurs qui ne savent rien de la vérité.

Enfin, lorsque le récit fut terminé, après des années qui parurent si longues, elle avait obtenu ce qu'elle voulait.

Une place dans l'antre des bêtes, un trône parmi les condamnés.

Un aller simple pour l'enfer, le véritable, par juste les descriptions qui furent créées.

Une fois que le feu eut finit de dévorer les corps de ceux qui devaient mourir, et que rien ne subsistait, les portes du Purgatoire s'ouvrirent.

Derrière elle se trouvait, d'un côté le paradis éternel, et de l'autre une souffrance sans limite.

Les juges, en temps normal assis de leur figure importante devant les âmes des damnés, étaient absents, comme partis pour une guerre qui dépassait les limites de ce que l'esprit pouvait concevoir.

La guerre des dieux, la fin des mondes, la mort des immortels.

Les éternels tomberont comme des mouches, ils se brûleront les ailes comme les corbeaux sous le soleil.

C'est un rire âcre qui s'élève de la cohorte des défunts, un rire sans joie, forcé, mais pourtant ô tant voulu.

Il s'élève résonnant dans les angles invisibles de ce monde, dans les confins isolés, dans les réalités mutilées.

Dans un autre lieu, dans un autre temps, un être crie, de rage, de détresse, seul, dans un monde immaculé, blanc, éternel et pourtant instantané.

Isolés de tous, ils sont nombreux dans ce cas, pleurant criant, haïssant le monde.

Si vous êtes seuls, que vous croisez leur route, et que, par miracle, vous survivez, baisser la tête et honorez leur sacrifice.

Ceux qui furent abandonnés, qui furent oubliés, ceux qui nous firent oublier.

Il est dit que l'histoire se répète.

En espérant que celle-ci sera unique.

Pour le meilleur et pour le pire.