Berlin, Allemagne, ██/██/2███
J+439
Dans les "mines", les ruines des anciens bunkers, maintenant effondrées, insécurités et inutiles, une dizaine d'hommes et femmes travaillaient.
Morceau par morceau, ils retiraient les fondations des bâtiments, comme des fourmis dépeçant lentement la carcasse de leur adversaire vaincu.
Parmi eux, un homme aux cheveux recouverts par un bonnet se différenciait par son âge apparent.
Il travaillait pour cinq, bien que semblant plus jeune que ceux présent à ses côtés.
Un vieillard d'une soixantaine d'années, le dos voûté par les âges, déposa son bloque, et s'approche de lui.
- Pourquoi creuses-tu avec tant d'acharnement ? lui demande-t-il. Tu ne peux pas sortir de ce paradis glacé.
- Ce n'est pas parce que personne n'y est arrivé que c'est impossible, répondit-il. Quelqu'un m'attend dehors, et je dois aller la rejoindre.
- Elle attendra bien longtemps dans ce cas mon garçon, répliqua le vieil homme, en reprenant son bloque. Tu n'atteindras jamais la sortie, même si elle se trouvait sous ton nez.
Sans rien ajouter, les deux hommes retournèrent travailler, démontant progressivement la structure de l'abri, révélant les poutres métalliques enfouis sous les pierres.
Lorsque le soleil se coucha et le froid fut trop intense pour continuer à porter des pierres, tous partirent de la mine, laissant derrière eux le jeune homme, qui continuait de déblayer les pierres.
Au bout de plusieurs heures de va-et-vient entre l'entrée et le fond de la crevasse, il dégagea enfin un passage vers les niveaux inférieurs.
- Au bon endroit, murmura-t-il dans un souffle.
Sans hésiter plus d'une seconde, il sauta dans l'obscurité, vers l'inconnu.
Bien que la crevasse ne semble pas profonde, il ne parvint pas instantanément au fond, ce qui lui fit perde l'équilibre et l'empêcha de se rattraper correctement.
Il chuta dans un bruit sourd, en murmurant des injures dans sa barbe inexistante.
Autour de lui, il n'y avait rien sauf les ombres de quelconques formes cachées de la lumière.
Il regarda un instant ses alentours, perdus, avant de se décider et de marcher d'un pas précautionneux dans une direction qui aurait bien pu être aléatoire.
Il trébucha à de nombreuses reprises, butant sur des pierres invisibles, se prenant les pieds dans les fissures que rien ne laissait présager, et se rattrapant de justesse aux murs qu'il ne quittait jamais.
Au bout d'un long moment, comme rien ne se présentait, il commença à appeler.
D'abord par onomatopées, puis par noms, et enfin par phrases complètes, demandant de l'aide.
Mais il était seul, car même si des bruits lui revenaient, il s'agissait simplement de ses propres échos.
Il erra dans le noir pendant ce qui lui sembla des heures, avant qu'enfin, il aperçut au loin une faible lumière, preuve que le jour pointait.
Il se mit à courir sans une pensée pour ses vêtements épais se prenant dans les pierres pointus sortant des murs, pour ses pas chaotique sur le sol inégal, ou pour les murmures du vent qu'il ne pouvait entendre.
Lorsqu'il arriva à la source de la lumière, il n'était plus seul.
Les autres l'attendaient, lui tendant la main.