Rome, Italie, ██/██/2███
J+445
- Un ange ? demanda le jeune homme, à peine surpris. Pourquoi ils garent des sujets vivants ?
- Parce que c'est une expérience, lui répondit l'homme au costume, une pointe de colère dans la voix. Ils ont transfusé du sang de notre sauveuse dans un corps mortel. Ils veulent créer un véritable dieu.
Ne sachant quoi penser, le jeune homme blond resta figé sur place, regardant le corps de ce qui fut un humain par le passé, mais qui avait désormais atteint les limites de la divinité.
- Et donc on doit le sauver ? questionna-t-il son supérieur d'une voix faible.
- Si on veut, répliqua-t-il. Dans un sens, la mort est une forme de pitié.
- Attends, tu veux le tuer ? Mais il a le sang d'une déesse ! On ne peut pas tuer un demi-dieu, non ?
- Si, et c'est justement pour ça qu'on est ici. On va détruire son esprit, continua-t-il en sortant un cube de sa poche semblant sans fond. Il ne restera qu'une coquille vide.
- Et comment ? Avec ce cube ?
- Oui et non. Ce n'est qu'un médium. Ce qui va le tuer est la personne tenant l'autre cube. Les deux consciences entrent en contact, et l'attaquante dévore la défenseure.
Il posa doucement le cube sur le thorax de l'homme allongé sur la table.
Sur la face du dessus, un cercle de la taille d'un œil avec un point au centre était représenté, brillant d'une très faible lumière rouge.
Une fois qu'il se fut assuré que le cubé était bien en place, l'homme plaça une petite bille blanche dans le cercle rouge, qui s'enfonça dans le cube, disparaissant de sa surface.
Les quatre faces présentes sur les côtés ondulèrent, comme de lorsqu'un caillou tombe dans l'eau, avant de se stabiliser et de se colorer d'un blanc immaculé.
Une fois ce rituel effectué, il sortit une autre bille de sa poche, bleue cette fois, et la tendit à son collègue.
- Avale ça et allonge-toi par terre, lui ordonna-t-il d'une voix calme. Il ne faudrait pas que tu tombes.
Sans oser contester les ordres de son aîné, le jeune homme prit la bille la plaça dans sa bouche et entrepris de s'asseoir, avant de s'effondrer dans un bruit mat.
L'homme en costume soupira, le prit par les épaules et le plaça contre un mur, pour éviter qu'il ne chute à nouveau.
- En espérant que tu t'y feras et que tu ne nous haïras pas trop, lâcha-t-il dans un souffle. C'est pour toi qu'on fait ça, même si tu ne t'en rends pas compte.
N'attendant aucune réponse de sa part, il se relava et se dirigea vers la sortie de la pièce, observant le couloir vide.
Voyant que personne ne semblait venir, il se retourna, sortit un Colt de sa poche et tira dans la tête du jeune homme adossé au mur.
Puis, lentement, sans sembler vouloir le faire, il releva son bras et plaça l'arme à feu contre sa tempe.
- Pourvu que ce ne soit pas qu'un rêve.
Le coup parti dans un silence mortel, repeignant une partie du mur d'un rouge écarlate et de matière grise.