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Chapter 4 - Chapitre 3

Angélica a pu voir les visages envieux de ses amies alors qu'elle était escortée hors de la soirée avec le roi. Hilde paraissait vouloir la combattre. Ses yeux brûlaient de colère et de haine. Angélica était certaine qu'à présent ses amies l'excluraient encore plus de leur cercle d'amitié. Elles avaient déjà été jalouses de sa capacité à attirer les hommes, mais comme elle n'était pas intéressée par le mariage ; elles n'avaient pas été inquiètes. Maintenant, elles le seraient certainement.

Mais Angélica avait d'autres soucis que ses amies envieuses. Des choses comme, pourquoi le roi voulait être avec elle en privé ? Que ferait-il ? Comment pourrait-elle s'échapper ? Ou que devrait-elle dire ou faire pour le faire perdre son intérêt en elle ?

Son esprit s'inonda de nombreuses idées alors qu'ils traversaient les grands halls du château. Elle marchait à côté du roi et deux des six hommes qui lui étaient proches marchaient derrière eux. L'un étant l'homme aux cicatrices.

Angélica pouvait sentir leurs auras sombres l'envelopper. Son cerveau lui envoyait des signaux d'alerte, comme si elle marchait dans le feu. Elle ne pouvait pas comprendre pourquoi, mais quelque chose à leur sujet criait danger.

« Vous n'avez pas à avoir peur, Angélica, » dit le roi.

Comment savait-il qu'elle avait peur ?

« Tout ce que je veux, c'est avoir une conversation avec vous, » il assura.

Sa voix était si douce et apaisante qu'elle faillit le croire.

Ils entrèrent dans ce qui semblait être le salon. C'était une grande pièce avec de grands lustres suspendus au plafond. Plusieurs tableaux décoraient les murs et un épais tapis couvrait le sol. Au milieu, se trouvait une table rectangulaire entourée de deux canapés et de deux sofas, chacun sur le côté opposé.

« Prenez place, » le roi fit signe pour qu'elle s'assoie sur un canapé.

Angélica fit ce qu'on lui avait dit et le roi s'assit sur un sofa à sa gauche. Elle pensait qu'ils seraient seuls, mais les deux autres hommes les rejoignirent. Ils s'assirent à l'autre bout de la table.

Le regard d'Angélica tomba accidentellement sur l'homme assis juste en face d'elle, et elle faillit geler d'horreur. De près, son visage paraissait encore plus effrayant. Le côté droit de son visage était complètement abîmé. Certains endroits n'avaient plus de peau et elle pouvait voir de la chair à vif.

Les cicatrices semblaient profondes, et Angélica se demandait si elles s'étendaient jusqu'à sa bouche. Mais plus que son visage cicatrisé, ses yeux sombres l'effrayaient alors qu'il croisait son regard. Des yeux qui la défiaient de continuer à le regarder. Il savait qu'elle avait été répulsée par son visage, mais elle ne pouvait le contrôler. Elle ne voulait pas l'offenser.

Angélica tenta de lui sourire, mais ses lèvres refusèrent de bouger. Ni même de détourner le regard. Il soutint son regard avec le sien.

« Angélica. »

« Oui. » Angélica dit, surprise. La voix du roi la tira hors du regard sombre de l'homme aux cicatrices et elle se tourna vers lui. « Votre Majesté. » Elle ajouta rapidement.

Il lui sourit. « Voici le seigneur Rayven. » Il présenta l'homme aux cicatrices. « Et voici le Seigneur Quintus. » Il indiqua l'homme assis à côté de lui.

Angélica évita de regarder le seigneur Rayven et porta directement son regard sur l'homme assis à côté de lui. Le Seigneur Quintus était aussi beau que le roi, mais Angélica ne le regarda pas longtemps. Elle était encore troublée par le regard de l'homme aux cicatrices, et elle pouvait encore sentir ses yeux sur elle.

« Tous deux célibataires, » ajouta le roi.

Angélica sourit, mal à l'aise. Cherchait-il à lui arranger un mariage ? Elle pensait qu'il s'intéressait à elle.

« Pourquoi une jeune femme belle et jeune comme vous reste-t-elle célibataire ? » il demanda ensuite.

Angélica ne savait pas comment répondre. « J'ai tendance à faire fuir les hommes. » Elle répondit alors. Elle allait le faire perdre son intérêt pour elle, comme elle l'avait fait avec tant d'autres hommes.

Le roi pencha la tête sur le côté et la considéra curieusement. « Comment ça ? » il demanda.

C'était le moment de jouer ses cartes. « Les hommes n'aiment pas les femmes libres penseuses, éduquées, avec des ambitions et des rêves. » Angélica répondit. « J'ai lu plus de trois cents livres sur plus d'une centaine de sujets différents. Mon rêve est d'ouvrir une école pour jeunes filles et leur apprendre à écrire et à lire, Votre Majesté, » dit-elle.

En espérant que cela suffise à le dissuader.

Le roi se pencha en arrière sur son sofa avec un sourire amusé. « Intéressant, » dit-il, puis se tourna vers les deux autres hommes dans la pièce.

Le cœur d'Angélica fit un bond. Elle pouvait sentir le regard sombre de l'homme aux cicatrices sur elle à nouveau, mais elle n'osait pas le regarder. Elle ne voulait rien faire pour l'offenser à nouveau. Elle se sentait déjà mal pour sa réaction précédente.

« Donc vous cherchez un homme qui vous laissera suivre vos rêves ? » demanda le roi.

« Je cherche un homme qui me traitera en égale, Votre Majesté, » dit-elle, sachant que cette phrase irritait généralement les hommes.

Mais pas le roi. Il semblait même plus intrigué par elle.

« Et que ferez-vous si vous ne trouvez pas un tel homme ? »

Angélica savait qu'elle ne pouvait vivre seule dans ce monde où les femmes n'avaient pas de voix. Son père pouvait mourir au combat à tout moment, et alors elle serait laissée seule avec son jeune frère. La vie deviendrait très difficile sans un homme à ses côtés.

« Je suis pleine d'espoir, Votre Majesté, » répondit-elle avec un sourire.

Le roi hocha la tête pensivement. Pour une raison quelconque, elle sentait qu'il l'appréciait et pas de la manière dont un homme apprécie une femme.

« Elle ferait une bonne Reine, » parla le Seigneur Quintus, qui était resté silencieux tout ce temps.

Non ! Ce n'est pas ce à quoi elle s'attendait.

Le roi rit. « Ce n'est pas elle. »

Celle-ci ?

Cherchait-il quelqu'un de spécifique ?

« Mais elle a quelque chose, » ajouta-t-il, se tournant vers elle.

Pour une raison étrange, Angélica pensa que ses yeux bleus glaciaux scintillaient. Puis il se pencha vers elle, la piégeant de son regard. « Dites-moi Angélica. Que êtes-vous ? » demanda-t-il.