Le bal annuel de l'Académie Cawden avait officiellement commencé ce soir-là et toute la salle de bal bourdonnait d'une foule d'étudiants qui se mêlaient les uns aux autres.
Tout le monde était déjà occupé lorsque les portes s'ouvrirent soudainement. Deux beaux inconnus masqués entrèrent dans la salle de bal et attirèrent le regard de la foule.
« Je ne me souviens pas avoir vu quelqu'un avec cette allure. » Un murmure étouffé s'éleva d'une fille qui trouvait les cheveux noirs et les yeux ambre de Nicolas irrésistibles sous son masque.
« Tu la reconnais ? » Un gars donna un coup de coude à son ami et fit un signe en direction de la beauté au masque blanc et à la robe magnifique.
Sophie et Nicolas n'accordèrent aucune attention à ces personnes et se contentaient simplement d'admirer la salle de bal. Elle était magnifiquement décorée et élégante, comme on aurait pu le reconnaître si l'on avait fréquenté beaucoup de bals.
Un accompagnement de violons, flûtes et autres instruments jouait en arrière-plan tandis que des couples dansaient au centre de la pièce. Chacun d'eux n'avait d'yeux que pour son partenaire, à moins de jeter furtivement un œil aux nouveaux venus.
Nicolas tendit à nouveau sa main à Sophie et sourit en coin. « Accepteriez-vous cette danse avec moi, ma dame ? »
« Bien sûr, » Sophie lui rendit son sourire. « Je ne savais pas que tu avais aussi appris à danser. Avec qui dansais-tu si tu étais enseigné par un tuteur privé ? »
« N'importe qui, ici ou là. Mon tuteur parfois, » expliqua Nicolas alors que tous deux se prenaient par la main et se lançaient dans la salle de bal. « Pourquoi ? L'idée de me voir danser te semble étrange ? »
« Eh bien, si tu es curieux de la vie à l'académie, je dirais que c'est réciproque, » répliqua Sophie. « Je ne me rappelle de personne qui aurait souhaité être formé en privé. Nous vivons dans une société où se mêler est nécessaire et les académies sont une chance de l'expérimenter au préalable. »
« Ah oui, parler avec de jeunes seigneurs galants et des marchands prospères, » rit Nicolas. « Je suppose que c'est nécessaire. Malheureusement, mes parents pensent que tout ne peut pas être correctement enseigné à moins que toute l'attention de l'enseignant ne soit portée sur moi. »
« Ils doivent beaucoup tenir à toi, » dit Sophie.
« Et je suis sûr que les tiens aussi, » sourit doucement Nicolas. « Ils seraient fiers de voir une fille belle, intelligente et aussi courageuse. Je suis rempli de joie de te revoir, Sophie. »
« Rempli de joie ? » Sophie haussa un sourcil alors que l'homme lui faisait faire un tournoiement. Elle leva les yeux vers son visage et le taquina. « C'est beaucoup pour quelqu'un que tu connais à peine, Nicolas. Ce n'est que notre deuxième rencontre. Tu t'attaches vite aux gens ? »
« Eh bien… on dirait que je te connais depuis très longtemps. » Nicolas rit. « Ames sœurs. Paires ? Tu vois ce que je veux dire ? »
Contrairement à ce que Sophie pensait, Nicolas ne s'attachait pas rapidement aux gens, au contraire. C'était un solitaire et il n'aimait pas les gens la plupart du temps. Son air enjoué ne surgissait que lorsqu'il était avec les personnes qu'il appréciait, et elles étaient peu nombreuses.
Sophie sourit à ses mots. « Ah, bien, je dois admettre que tu es la seule personne de mon âge que j'ai rencontrée avec qui je m'entends vraiment bien. Je ne pensais pas que tu me comprendrais. »
« Eh bien, tout le monde doit être un idiot pour ne pas te comprendre, » murmura Nicolas. « Aveuglés par des choses comme la richesse, le nom et la gloire… ils échouent à voir la beauté de connaître quelqu'un sincèrement sans ces choses. »
« Je vois que ton tuteur t'a vraiment bien enseigné, » rit un peu Sophie.
Nicolas sourit timidement. « Eh bien, le fait que tu comprennes ce que je veux dire est un signe que tu es aussi assez intelligente. Tes enseignants t'ont bien appris aussi. »
« J'ai fini par apprendre la plupart par moi-même, mais c'est aussi vrai. » Sophie acquiesça.
Nicolas sourit, puis lui demanda sérieusement. « Il n'y a vraiment personne d'autre ici qui te comprenne ? Tout le monde est-il vraiment un groupe de brutes ici à l'académie ? »
« Même s'ils ne me brutalisent pas, la plupart choisissent de ne pas s'approcher pour ne pas se mettre à dos mes cousins, » répondit Sophie. « Je suis sûre qu'il y a des gens gentils ici, mais c'est difficile de se mettre du mauvais côté de quelqu'un de puissant, pas vrai ? »
« Je sais… » Nicolas fronça les sourcils.
« Ne t'en fais pas pour ça, » Sophie sourit et décida de remonter le moral à Nicolas. « Ce n'est pas ton problème. Au lieu de cela, pourquoi ne pas passer le reste de la soirée à nous amuser ? Tu veux danser encore ou manger ? »
Nicolas regarda Sophie attentivement, avant de lui faire faire un tournoiement et de sourire en retour. « Je pense que j'aimerais danser davantage avec toi. »
La nuit du bal se termina rapidement pour Sophie et Nicolas. Il y avait une bonne raison pour laquelle Sophie devait rentrer rapidement chez elle, et Nicolas ne souhaitait pas rester plus longtemps s'il ne pouvait pas être avec elle.
« Je suis désolée, mais si je reste ici trop longtemps et que mes cousins rentrent et réalisent que je suis partie, je serais fichue… » Sophie avala sa salive un moment. « Je préfère ne pas avoir d'ennuis avec mon anniversaire approchant. Je veux quitter leur maison et être indépendante sans aucun problème. »
« Il n'y a pas besoin de t'excuser, je comprends, » dit Nicolas.
Bien qu'il ne puisse pas croire qu'il y avait des personnes de la même chair et du même sang qui les tourmenteraient… mais encore, le père de Nicolas pourrait le tuer si la vérité sur son secret était révélée, il n'était donc pas si surpris non plus.
Les deux quittèrent ensemble la fête, Nicolas raccompagnant Sophie chez elle plus tôt que les autres étudiants. Bien que cela ait laissé beaucoup se demander qui ils étaient, Nicolas qui entendait clairement leurs commérages grâce à son ouïe supérieure, ne s'en souciait pas.
Tout ce qu'il avait en vue, c'était la dame devant lui.
Son sauveur. Sophie ne se souvenait vraiment pas de lui. Ahh… il ne devrait pas tout lui révéler dès maintenant. Ce n'était pas encore le moment.
Lorsqu'ils arrivèrent chez Sophie, les deux échangèrent encore quelques mots. Sophie voulait particulièrement lui rappeler leur marché.
Nicolas tenait la main de Sophie et s'inclina. « Merci beaucoup de m'avoir accompagné au bal, ma dame. »
« Tu sais que je l'ai fait seulement pour l'argent, n'est-ce pas ? » dit Sophie. « Tu n'as pas à me remercier autant. »
« Eh bien, il aurait été impossible pour moi de m'amuser si tu n'avais pas été là. Donc je considère cela comme quelque chose dont il faut être reconnaissant. »
« Je vois… alors si tu es vraiment reconnaissant, je suppose que tu pourrais m'aider dès que tu seras prêt, n'est-ce pas ? » dit Sophie. « Tu devras probablement envoyer une lettre à tes contacts à la banque Rothschild ? »
Nicolas sourit en coin. « Oui, ne t'en fais pas pour cela. Tu peux compter sur moi pour le faire aussi vite que possible. »
Sophie n'était pas vraiment sûre de pouvoir croire en ses paroles. Maintenant qu'elle y pensait… si ce jeune homme souhaitait quitter Hastings sans jamais la recontacter, cela était aussi possible.
Ce serait une grande déception, mais Sophie le considérerait comme un habile coquin.
Nicolas semblait lire le doute sur son visage alors l'homme retira son masque et le plaça dans sa main. « Considère cela comme un objet à garder jusqu'à ce que je revienne. »
Sophie ne voulait pas l'admettre, mais le masque semblait particulièrement bien fait. La pierre de lune était aussi assez chère. Même si Nicolas ne revenait pas, elle pourrait aussi vendre cela, avec la bague. Elle plissa les yeux. « Alors, tu veux dire, je devrais garder cela comme garantie. Si tu ne reviens pas, je peux le vendre si je le souhaite ? »
Nicolas grimça lorsqu'il entendit Sophie parler de vendre un autre cadeau de lui. Cette fille aimait vraiment l'argent, pensa-t-il.
« Je reviendrai vraiment, je le promets. » Nicolas insista. Si seulement Sophie était restée à Hauntingen à l'époque, elle aurait su qu'il était revenu comme promis… Cependant, elle était déjà partie à ce moment-là. Nicolas avait juste de la chance de la retrouver ici à Hastings des années plus tard.
Sophie hocha la tête. « Okay, je te fais confiance. »
« Merci. »
Nicolas voulait se racheter auprès d'elle cette fois-ci et le prince savait désormais comment il allait s'y prendre.
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De Missrealitybites :
Cette scène vous rappelle-t-elle Cendrillon ? XD
Comme je l'ai mentionné il y a quelque temps, ce livre est un harem inversé et je prends plaisir au processus d'écriture. Les deux hommes sont complètement opposés.
L'un est chaud comme le soleil, l'autre est froid comme la glace, l'un vous rappellera l'histoire de Cendrillon, et l'autre celle de La Belle et la Bête. Mais je vous promets que vous les aimerez tous les deux en tant qu'ils sont eux-mêmes.