Le soleil atteignait presque son apogée. Babida le bûcheron et le jeune Bodo avançaient d'un pas vif. Ils se posèrent au milieu du chemin près d'un lac. Ils burent de son eau pure.
Finalement, ils décidèrent de s'y baigner afin de rafraîchir leurs corps et d'atténuer la rudesse des rayons de soleil. Lorsqu'ils eurent terminé, ils reprirent la route vers la montagne interdite.
Après un effort persistant, ils atteignirent leur destination. Ils levèrent la tête et perçurent le sommet de la colline à plus de mille cinq cents mètres de hauteur.
Malgré la difficulté de la tâche, les deux volontaires poursuivirent leur mission.
Le jeune Bodo affichait une résilience à tomber des nues. Babida fut impressionné par l'adolescent qui lui rappelait sa jeunesse.
Il ne restait plus que quelques mètres à parcourir avant qu'ils parvinssent au plus haut point de la montagne.
"Attends!" Babida enjoignit le jeunot.
"J'ai senti quelque chose bouger sur l'autre flanc de la colline," dit-il convaincu.
"Viens avec moi et copie mes mouvements !" commanda-t-il à Bodo qui lui obéit au doigt et à l'œil.
Babida se mit à ramper comme un lézard. Tous ses gestes étaient faits avec délicatesse. Bodo l'imitait. Au bout d'un moment, ils arrivèrent enfin au sommet de la montagne.
"Attends !" Babida ordonna à nouveau au jeune combattant.
Il se mit à quatre pattes et avança vers le flanc opposé de la colline, puis lorgna en bas. Il vit un cratère géant au milieu de la verdure.
Il se releva et parla à Bodo.
"Suis-moi, brave soldat !" lui dit-il.
Ils descendirent ensuite d'un pas lent le flanc rocailleux de la montagne. Après un dur labeur, ils touchèrent le sol humide.
Babida garda la pôle position et marcha vers la cavité qu'il remarqua lorsqu'ils étaient encore en haut de la colline. Bodo resta à sa trousse et ne le lâcha pas des yeux.
À quelques mètres du trou immense, le bûcheron d'un signe de la main obligea Bodo à arrêter sa progression.
Il se mut seul vers l'avant en rampant à nouveau et s'approcha de la cavité. Il essaya de guetter à l'intérieur mais c'était très obscur. Il n'y voyait rien.
"J'ai besoin de feu," souffla Babida à Bodo.
"Cependant, je ne sais comment je peux en faire," regretta-t-il.
"Mais j'ai des allumettes avec moi." Le jeune combattant surprit l'élagueur.
"Comment ça ?" lui demanda Babida.
"Je suis forgeron de profession. Je façonne des métaux et pour cela j'utilise constamment du feu. Ainsi, je me promène toujours avec des allumettes," expliqua Bodo en même temps qu'il mettait la main dans la poche droite de son pantalon en soie.
Il en récupéra une boîte de bâtonnets avec sur les bouts du phosphore qu'il passa ensuite à Babida.
"Je te remercie, brave soldat!" lui déclara l'élagueur.
"Attends-moi ici !" Babida lui ordonna ensuite.
Il se leva et rebroussa chemin. Il se mit à la recherche d'un arbre, en trouva un et en coupa une branche avec sa hache. Puis, il retourna vers le cratère où Bodo n'avait pas bougé d'un seul pouce.
"Okay, nous avons enfin tout ce qu'il faut pour faire des étincelles," murmura-t-il.
Il ouvrit la boîte d'allumettes, pinça une bûchette qu'il frotta contre la partie rouge sur le côté du conteneur. Elle prit feu au premier essai.
Le bûcheron dirigea les flammes sur les feuilles sèches de la branche qu'il venait de sectionner. Elles s'embrasèrent aussitôt.
Babida se rapprocha du trou géant. Il étendit la main droite dans laquelle il tenait la torche et éclaira l'intérieur. La cavité faisait environ quinze mètres de profondeur.
Il remarqua des fragments qui étaient éparpillés à même le sol et fut confus car il ne put deviner ce que c'était. Ainsi, il s'en remit au jeune Bodo.
"Filston, viens par ici !" Le bûcheron chuchota tout en faisant un signe de la main.
Bodo se déplaça vers le cratère à pas de tortue.
"Regarde au fond ! Que peuvent bien être ces pièces brisées ?" l'interrogea Babida.
Le jeune soldat fixa longuement les fragments et répondit : "Mais ce sont des brisures de coquille d'œuf."
Babida fut déstabilisé par l'assertion du jeunot. Il le regarda dans les yeux alors qu'il réalisait où ils avaient posé les pieds et commanda d'une voix retentissante : "Filston, cours! Cours ! Enfuis-toi et vite!"