Chereads / Le bûcheron et la belle Suzie / Chapter 19 - Partie 3 (5)

Chapter 19 - Partie 3 (5)

À cinq mètres de la porte ouest d'Okundé, ils exécutèrent leur plan. Suzie y alla la première. Oncle Bibi ralentit sa cadence. Les deux marchaient à présent comme s'ils étaient de parfaits étrangers à l'un et à l'autre.

Suzie arriva au point de contrôle frontalier. Les gardes impériaux la reçurent chaleureusement. Elle remplit les formalités administratives et fut autorisée à entrer dans le village. Ce qu'elle s'empressa de faire.

Quelques minutes après, oncle Bibi se présenta également au poste-frontière. Il avait relevé son chapeau Fedora. Son visage était bien visible et n'éveillait aucun soupçon.

Il se plia aux contrôles routiniers des sentinelles impériales et répondit à leurs questions sans ambages. Au terme de l'inspection, il fut permis d'accéder à Okundé.

Seulement, alors qu'il s'apprêtait à passer la porte occidentale du village, un garde impérial qui était stationné à quelques mètres de lui cria : "Attendez!"

Oncle Bibi stoppa net son mouvement et jeta le regard dans la direction de son interpellateur qui avançait vers lui en paradant. Il levait les pieds à tour de rôle et les tendait vers l'avant, puis les déposait au sol avec élégance. Il balançait ses mains de la gauche vers la droite.

Au bout d'un moment qui semblait éternel, il parvint enfin au niveau de l'oncle Bibi. Il mit son genou droit à même la terre et joignit les paumes de ses mains avant de le saluer contre toute attente.

"Mon commandant, bien des choses à vous !" lui dit le garde impérial.

"Les dieux vous ont protégé contre le malheur et je les remercie pour leur faveur à l'endroit d'un vétéran des forces impériales," ajouta-t-il.

Les autres sentinelles impériales restèrent passives et se contentèrent d'observer ce qui se passait. Elles étaient prises de court par la révérence de leur camarade devant un individu qu'elles voyaient encore quelques instants auparavant comme un simple voyageur venu à la porte ouest.

"Debout, Bobo!" ordonna oncle Bibi mais le garde impérial resta agenouillé.

"Je constate avec plaisir que tu as grandi et es devenu un athlète et soldat surpuissant," affirma l'ex-commandant des forces impériales.

Oncle Bibi étendit sa main droite qu'il posa sur l'épaule du jeune Bobo et le supplia en ces termes : "S'il te plaît, lève-toi, brave soldat !"

Celui-ci se mit sur ses deux jambes finalement, fixa ses camarades et déclara : "Messieurs, permettez-moi de vous présenter Son Éminence Bibi, précédemment commandant du régiment des hommes d'honneur d'Ékulé."

Les collègues de Bobo entendirent ses propos et à l'unisson, ils enfoncèrent leurs genoux droits dans le sable et adressèrent leurs salutations à l'oncle Bibi.

"Mon commandant, bien des choses à vous !" lui souhaitèrent-ils.

Oncle Bibi en fut ému. Il souleva sa main droite, la plaça contre sa tempe et salua à son tour les hommes en tenue devant lui. Ensuite il les implora de se relever.

"Vaillants soldats, levez-vous s'il vous plaît !" les pria-t-il.

Les sentinelles impériales lui obéirent. Il se retourna et la porte occidentale d'Okundé était toujours ouverte. Il la traversa et se retrouva enfin dans le village.

Suzie était positionnée à une distance de trois cents mètres. Elle lorgnait l'entrée de la frontière. Elle vit la silhouette de son oncle maternel et sauta de joie. Elle se mit à bondir en lui faisant signe de la main.

Pour attirer davantage son attention, elle hurla : "Oncle Bibi, oncle Bibi, je suis par ici."

Ce dernier la remarqua et accéléra le pas. Il marcha dans la direction de sa nièce aussi vite qu'il put. Un fort sentiment d'amour familial s'empara d'eux.

Suzie sautilla vers son oncle pour raccourcir la distance qu'il y avait entre eux. Ils se tamponnèrent et se serrèrent intensément au milieu de la route.

"Les ancêtres sont avec nous aujourd'hui," souffla Suzie à l'oreille de son oncle.

"Oui, ils veillent sur nous depuis là-haut. Viens, on y va!" répondit oncle Bibi et ils poursuivirent leur voyage.

Les deux aventuriers marchèrent encore pour un moment. Ils avaient soif et faim. Ils étaient partis d'Ékulé très tôt dans l'après-midi et maintenant le soleil était sur le point de se coucher à Okundé. Ils aperçurent un restaurant dans les environs et décidèrent d'y faire un tour.

"Suis-moi," dit oncle Bibi à Suzie qui fit comme il lui demanda.