Chereads / Le bûcheron et la belle Suzie / Chapter 25 - Partie 4 (2)

Chapter 25 - Partie 4 (2)

Une sentinelle impériale prit son arc et décocha une flèche vers l'une des bestioles. Seulement, comme elle avait les mains tremblantes, elle rata sa cible.

La chauve-souris chanceuse contre-attaqua et atteignit son agresseur avec une précision létale. Elle décolla du plafond à une vitesse grand V, sortit ses crocs et perfora le crâne de l'archer. Ce dernier saigna à profusion puis tomba raide mort.

"Oh mon Dieu !" s'écria Suzie en pleine hystérie.

Le mammifère assassin vola jusqu'à l'arrière du sous-sol pour prendre de l'élan et renouveler son attaque. Il écarta ses ailes et braqua son vilain regard sur la jeune demoiselle Suzie.

Alors qu'il s'apprêtait à faire du mal à l'innocente femme, Babida le bûcheron s'interposa et balaya l'air avec les flammes vivantes de son bâton.

L'impitoyable chauve-souris fut dissuadée. Elle abandonna son projet de donner la mort et retourna auprès de ses pairs restés sagement au plafond, intimidés par le feu dense.

"Camarades, Mon Commandant, Suzie, allez tous à l'intérieur de la cellule et verrouillez la porte ! Laissez-moi seul avec ces créatures de l'enfer !" conseilla Babida.

"Es-tu vraiment…?" réagit oncle Bibi mais l'élagueur lui coupa la parole.

"Oui, je suis vraiment sûr, Mon Commandant," attesta Babida avec une grande confiance en soi.

"Gardes, faites ce qu'il vous dit et barricadez-vous dans la cellule !" ordonna une sentinelle impériale.

"À vos ordres, Mon Caporal !" lui répondirent à l'unisson les autres hommes en tenue.

Suzie s'avança la première dans la cage en enjambant le corps inerte du garde impérial que son oncle assomma au cours de leur tentative manquée de délivrer de prison le bûcheron.

Deux sentinelles impériales portèrent leur camarade évanoui et le déposèrent sur le lit à l'intérieur de la cellule.

L'entrée du refuge désencombrée, le caporal et le reste de sa troupe rejoignirent les premiers occupants.

Oncle Bibi les suivit et sur le chemin de la cellule, il tapota l'épaule droite du bûcheron comme pour lui souhaiter une fin victorieuse dans son combat à mort à venir.

L'oncle maternel de Suzie tira lentement la porte de la cage dans l'espoir que ce faisant, Babida changeât d'avis.

Cependant, l'élagueur ne faisait pas du tout attention à lui et gardait son regard sur les satanées chauves-souris.

Ne voyant aucune hésitation de la part de l'ex récipiendaire de la plus haute médaille d'honneur et de mérite pour avoir décapité le monstre de la montagne interdite, oncle Bibi ferma finalement la porte de la cellule. Le moment tant attendu par Babida.

"Maintenant, que les choses sérieuses commencent, mammifères de malheur !" dit-il avec hargne avant de souffler sur la torche pour éteindre le feu.

Les cruelles chauves-souris n'eurent pas besoin d'une invitation de l'audacieux bûcheron pour lui montrer leurs crocs bien pointus et descendre du plafond dans l'intention de le poignarder affreusement.

Mais alors, les bêtes volantes qui agissaient à l'instinct, ne savaient pas qu'elles tombaient dans un traquenard que leur tendait le malicieux élagueur.

"Weahhhhh!" Babida invoqua les ancêtres avec autorité.

Le quintuor de mammifères sauvages qui était sur le point de le mordre fut surpris lorsque le gourdin en bois prit feu à nouveau et que les flammes étaient encore plus intenses que la fois précédente.

Le bûcheron brossa l'espace avec le feu et calcina les cinq chauves-souris prises au piège.

Elles poussèrent des cris effroyables alors que leurs corps se transformaient en cendres.

La belle demoiselle Suzie qui regardait nerveusement le combat à mort au travers des barres de la cellule, explosa de joie.

"Ah ouiiii! C'est bien mon héros là !" lâcha-t-elle au grand étonnement de l'oncle Bibi et des sentinelles impériales.

Le caporal de la troupe s'empressa de déverrouiller la porte de la cellule et d'en sortir. Il enjoignit ses éléments de porter leur camarade tombé dans les pommes et de s'aligner derrière lui car ils allaient quitter le sous-sol.

Cependant, oncle Bibi et sa nièce Suzie restèrent à l'intérieur de la cage.

Le commandant des gardes impériaux s'approcha du bûcheron et chuchota dans son oreille gauche : "Tes compagnons et toi êtes libres, champion!"

Ensuite il ajouta : "Gardes, rompons!", avant de prendre le chemin des escaliers suivi de ses hommes.

Suzie sortit de la cellule en courant et agrippa tendrement Babida autour de la taille. Ce dernier fut stupéfait et souleva haut le gourdin en bois qu'il tenait dans son bras droit pour que le feu ne les brûlât pas.

Oncle Bibi observa calmement l'échange de chaleur entre les deux tourtereaux pendant un bref instant avant d'être peu à l'aise que ceux-ci l'oubliaient.

Alors il s'éclaircit la gorge et déclara : "Eh ben, je suppose que quelqu'un me doit une dame-jeanne de vin blanc et une chèvre bien dodue."

La jeune demoiselle Suzie entendit l'insinuation de son oncle, cassa l'étreinte et se mit sur le côté.

Babida fut tout aussi embarrassé. Il jeta un regard timide à l'homme mi-âgé et força un sourire.

"Partons de ce lieu damné !" dit le quarantenaire aux deux âmes sœurs, puis prit la voie des escaliers.

Suzie et le bûcheron s'écartèrent pour lui céder le passage avant de se mettre à ses trousses.