Alors qu'un duel se présentait à nouveau au sein de la forteresse méconnaissable, un homme s'était relevé de ses blessures. Il s'agissait de Saukel qui avait été laissé inconscient tout en haut de la tour centrale de cette prison. Il venait de rejoindre le rez-de-chaussée en descendant lentement les escaliers, il continuait d'avancer prudemment au milieu de la brume qui était particulièrement épaisse là où il se trouvait. Il se tenait le nez recouvert d'un mouchoir de poche, pensant que cette brume était toxique, ce qui n'était pas le cas. Dans l'autre main il avait un éventail de magie qu'il venait de créer pour dissiper la brume devant lui pour y voir plus clair."Qu'est-ce qui s'est passé ici depuis tout ce temps ? Combien de temps c'est écoulé d'ailleurs ?" se demanda–t-il en observant le carnage qu'il observa au fur et à mesure qu'il avança à travers la brume. Il se souvint vaguement de s'être fait attaquer par quelqu'un venant d'au-dessus de lui mais il est tombé inconscient instantanément après cela. Sa tête lui faisant encore mal, on pouvait y voir la marque du coup sur une partie de son visage dodu."Il faut vite que j'appelle la garde... comment ce fait-il qu'elle n'a pas encore rappliqué ?"Malgré la faible visibilité et les débris disséminés partout, il connaissait bien les lieux et se dirigeait vers le bureau du directeur de la prison pour appeler des renforts. Il savait qu'il y avait une sorte de machine pouvant appeler les différents postes de la garde de la cité. Mais il s'apercevait que plus il avançait, plus la brume semblait épaisse, comme s'il s'approchait de la source de celle-ci. Il continue malgré tout.Il arriva finalement devant l'entrée de la pièce, il manquait presque de trébucher sur la porte au sol qui avait été projetée lors du réveil d'Herman plus tôt. "Ça devrait être à droite...," il se déplaça en se tenant au mur, son éventail étant inutile ici due à l'intensité de la brume. Il atteignit enfin la fameuse machine avec plusieurs appareils magiques. Chacun des boutons de ces appareils pouvait appeler un poste de la garde en appuyant simplement dessus.Saukel ne réfléchit pas et appuie frénétiquement sur chacun de ces boutons pour alerter le plus de postes possibles. Cependant, il ne se passa rien, il n'y eut aucune recherche d'appels pour chaque bouton. Rien. La machine ne sembla pas fonctionner."Comment se fait-il que rien ne s'allume, bon sang ?!" cria-t-il en frappant ses poings sur la machine."Quel dommage pas vrai ?""Hein ? Qui est là ?!" Saukel se retourna vers la voix qui semblait venir du bureau et soudain, la brume se fit absorber devant lui comme un immense courant d'air. Il se tenait à la machine tout en se protégeant le visage, le vent était puissant et toute la brume qui était présente dans tout le bâtiment se fit engloutir en un rien de temps, pour ne devenir qu'une balle de la taille d'une pomme dans la main de l'inconnu."Tu remercieras ce type qui vous sert de directeur, cette machine était déjà détruite avant même que j'arrive."Il écarquilla les yeux lorsqu'il reconnut celui qui était en face de lui. Ces cheveux rouges, ces yeux verts illuminés par la lumière de la lune, son tatouage à la joue caché par son écharpe qu'il a sûrement dû récupérer dans les objets confisqués proche d'ici. Il s'agissait bien sûr du garçon qui était recherché depuis plusieurs jours et qui avait été envoyé dans le purgatoire la veille. D'un geste de la main, il dissipa la balle de brume. Il était derrière le bureau d'Herman, qui était totalement renversé et devant la grande fenêtre qui était grande ouverte."Au fait, je n'ai plus besoin de ça," lui dit-il en lui lançant au pied une boîte parfaitement ouverte sans aucune trace de forçage. "Ce genre de coffre est un jeu d'enfant à ouvrir, j'ai dû mal à croire que ça appartient à des haut gradés de la garde.""Qu'est-ce que... On dirait un coffre de l'infanterie de la garde," Saukel releva les yeux et le garçon sembla prêt à partir, il avait posé un pied sur le bord de la fenêtre et détenait dans sa main gauche un parchemin enroulé, qui semblait être un carte, dont la taille était équivalente à la boîte et il comprit qu'il venait de la volé. Il ne savait pas ce qu'il s'agissait mais s' il était là-dedans c'est que ce parchemin était d'une importance capitale."Tu... tu crois aller où gamin ? Ce truc n'est certainement pas à toi !" cria-t-il en transformant son éventail en un pistolet fait de magie. Il braqua le garçon qui garda un calme imperturbable contrairement à lui et il se retourna pour lui faire face."Qu'est-ce que tu attends ? Vas-y tire," nargua le jeune homme en écartant les bras. Le marchand serra les dentset n'hésita pas une seconde de plus et tira. Le garçon fut transpercé par la balle magique et recula en posant sa main sur sa blessure en plein milieu du torse.Saukel éclata de rire, cette sensation de tirer sur un homme si facilement le rendit fou et à peine une seconde passa avant qu'il continua. Un tire, un deuxième et ainsi de suite. Mais alors qu'il continuait de tirer en plein milieu de sa folie, il remarqua une chose étrange; le garçon ne semblait pas avoir bougé depuis sa première balle. Il arrêta pour mieux y voir tout en reprenant ses esprits et il constata avec effroi que le garçon n'avait jamais saigné.Le garçon se redressa, il était parsemé de trous quasiment parfaits et on pouvait y voir la lumière venant de la fenêtre à travers eux. Il enleva sa main et l'impact du premier tire avait totalement disparu, pas même ses vêtements n'avaient été endommagés. Tous les autres impacts se refermèrent également comme une spirale de fumée. Son corps était intact."Comment ??" Saukel qui l'avait toujours en joue, fit un pas en arrière et s'appuya contre la machine."Je me doutais que tu ne devais pas être très malin, mais à ce niveau là j'espère pour toi que tu fais simplement exprès de ne pas comprendre."L'expression du visage du marchand était pitoyable, il était terrifié. Il se retourna vers la machine qui, maintenant qu'elle était visible, s'aperçut qu'elle était effectivement totalement endommagée. Il s'obstine malgré tout à frapper les boutons pour appeler de l'aide. Rien ne se passait. Il avait totalement perdu le contrôle de lui-même."C'est d'un ridicule."Saukel tourna la tête à nouveau le jeune homme, étant prêt à mettre sa fierté de côté pour l'implorer. Puis, un tire se fit entendre. Du bout du doigt, le garçon venait de tirer un faisceau de magie pure, qui se logea entre ses deux yeux. Son visage tomba sur la machine avant que ses jambes ne lachent et que son corps ne tombe à terre. Il meurt instantanément d'un simple tir à la précision chirurgicale, une mort rapide et pathétique."Se fatiguer à créer un pistolet pour ce même résultat, c'est pitoyable. Finalement, tu auras eu une fin aussi misérable que ton existence de marchand d'esclave," le garçon se retourna vers la fenêtre laissant le corps de Saukel giser sur le sol du bureau. Il regarda le parchemin enroulé qu'il tenait toujours dans son autre main et le rangea ensuite dans la sacoche autour de sa taille."Maintenant que c'est fait, j'y suis presque, j'ai une chance de le trouver avant eux," se dit-il en redressant son écharpe au-dessus de son nez. Il sauta ensuite du bord de la fenêtre et grimpa avec une facilité déconcertante sur un mur adjacent avant d'arriver sur un toit. Il se retourna une dernière fois vers la forteresse en observant les centaines de prisonniers s'enfuyant ou bien en s'agglutinant devant celle-ci, observant un combat qui avait l'air de faire rage à l'intérieur de la forteresse"Le hasard était de mon côté cette fois-ci, j'ignore qui a engendré tout ça mais je le remercie de m'avoir facilité la tâche," le garçon aux cheveux rouges se remit ensuite en route en s'éloignant alors en sautant de toit en toit.Dans le hall délabré de la forteresse, le nouveau combat entre Armand et Herman avait déjà commencé. Bien qu'on ne pouvait pas vraiment appeler ça un combat, mais plus de la survie. Le directeur s'amusait de la situation; il lançait ses chaînes de façon grossière sans prendre la peine de viser pendant qu'Armand ne faisait que d'esquiver péniblement."Cette ordure, je n'arrive pas à lui en mettre une. Il ne me laisse pas respirer," il reculait au fur et à mesure des attaques pour s'éloigner de son adversaire le plus possible. Il sentait qu'il n'était pas de taille dans ces conditions et qu'il devait boire la fiole qui lui restait au plus vite. Il ne s'attendait pas à ce que Herman revienne encore plus fort qu'avant, du moins, pas autant.C'est alors qu'une opportunité se produisit, son ennemi lança deux chaînes à tête chercheuse sur lui, il réussit à les dévier en les frappant sur le flanc de leur pointe grâce à sa vitesse conférée par son aura bleue. Il bondit en arrière jusqu'à être dos au mur et profita de ce moment de répit pour chercher la fiole dans son petit sac. Malheureusement, une des chaînes qu'il avait dévier revint à la charge et il esquiva de justesse bougeant sa tête sur le côté. La chaîne lui fait une simple égratignure sur la joue.La chaîne s'enfouit dans le mur créant de la poussière et des débris de pierre, il cacha ses yeux dans son avant-bras pour se protéger mais dès l'instant où il fit celà il savait qu'il venait de faire une erreur. Son adversaire surgit devant lui et le frappa avec un uppercut plein de colère, Armand croisa les bras juste à temps en se recouvrant de son aura verte mais ce ne fut pas suffisant. Le coup était d'une telle force qu'il traversa le mur auquel il était adossé ainsi que le plafond de la pièce derrière celui-ci.Il retomba sur le sol de l'étage du bâtiment ouest de la forteresse qui n'avait plus de plafond, le toit s'étant écroulé à cause des secousses précédentes. Le directeur grimpe alors comme une pieuvre utilisant ses chaînes dans son dos comme tentacules avant de se poser. Il regarda à droite vers l'horizon et admirait la vue nocturne de la cité."L'aube ne va pas tarder à se lever," dit-il en posant à nouveau son regard sur Armand en faisant de grands gestes avec ses bras. "Vois-tu ? Dans mon immense bonté je t'offre un magnifique panorama avant ta mort !""Parle pour toi, enfoiré;" répondit-il en se relevant. Il prépare un nouveau coup en enveloppant de la magie autour de son poing qui vire au rouge."A peine relevé tu veux déjà t'y remettre ? Que penses-tu être gamin ? A part un fou je ne vois rien d'autre devant moi."Le colosse se prépara aussi, les chaînes qui entouraient son bras droit se resserrèrent pour augmenter sa puissance et celui-ci grossit davantage. Les deux hommes bondirent alors sur l'autre et leurs poings s'entrechoquèrent. Un léger souffle émana du choc, la puissance d'Herman était bien supérieure à la sienne et il glissa en arrière sur le sol en pierre tout en essayant de garder l'équilibre et continuant de pousser malgré tout."Et bien alors ? C'est tout ce que t'as dans le ventre ? C'est ce que vaut toute ta détermination de toute à l'heure ? C'est ridicule !" L'étreinte autour de son bras s'accentua et sa puissance augmenta encore. Il poussa vers le bas cette fois pour écraser Armand qui peinait à prendre l'ascendant."Je... je suis toujours là... !" Il plaça sa main libre sur son avant-bras pour se stabiliser. Il tenta d'emmagasiner toute la magie environnante, concentrant son énergie dans son poing. L'aura rougeâtre s'intensifia, brillant de plus en plus, mais ce n'était pas encore suffisant. Leur puissance semblait enfin égale, mais la position d'Armand était clairement désavantageuse.Herman, de son côté, commença à ressentir une chaleur intense. Le poing d'Armand devenait brûlant, son aura rougeâtre devenait soudainement de plus en plus chaude. Il ne pouvait plus rester ainsi, il risquait de se brûler si ça s'éternisait. Un sourire sournois se dessina sur son visage alors que les chaînes surgissant de son dos reprirent vie, serpentant dans l'air, prêtes à attaquer en traître. Il pensait qu'il ne pourrait pas les contrer, peu importe ce qu'il tentait."Tu ne tiendras pas longtemps," murmura Herman, son sourire devenant plus large, "et cette fois, je t'écraserai complètement."Armand, lui, ne réalisait pas encore que son aura commençait à s'enflammer, trop concentré sur les chaînes virevoltantes de son adversaire. Le temps pressait, il devait relâcher la pression avant que ces satanés chaînes l'attaquent. Ce qui fut le cas très vite, les chaînes s'élancèrent vers lui. Puis, sans hésiter, Armand relâcha sa force sous le poids du colosse, déviant la force qu'il exerçait sur lui. Herman fut déséquilibré et son poing frappa le sol fragilisé.Armand pivota brusquement sur le côté, esquivant de justesse les chaînes qui frappèrent le sol à leur tour, brisant la pierre en mille morceaux. Voyant enfin une ouverture, il en profita pour le frapper d'un coup puissant au flanc droit avec son poing toujours gorgé de magie. Le directeur fut projeté sur le côté, traversant la pièce. Mais, malgré la force de l'impact, il se redressa en plein vol, plantant ses doigts dans le sol pour ralentir sa course.Il se relève, furieux de s'être laissé surprendre aussi facilement, il jeta un regard à sa main. Ses doigts étaient partiellement brûlés et leurs pointes laissaient couler du sang."Regarde toi plutôt, ces chaînes et ces muscles au bord de l'explosion, ton corps ne ressemble plus à rien. Tu ne fais qu'utiliser la puissance des autres grâce à tes chaînes. C'est bien ce que t'as fait pour en arriver là je me trompe ?" Malgré la fatigue, Armand fit un sourire moqueur. "Lequel d'entre nous est le plus minable ? L'inconscient ou celui qui est obligé de voler la force des autres pour abattre une 'vermine' ?"Le directeur restait étonnement calme face à ses provocations et riait en se cachant le visage."Dis moi gamin, je rêve où tu commences à prendre la confiance car tu m'as enfin toucher ? Tu sous-entends que je n'ai aucune morale ? Et bien soit ! La force est absolue ! Tu n'as pas idée de la misérable vie que j'avais au sein de la garde. N'être qu'un vulgaire larbin au service de personnes plus faibles que moi, aidez des vies sans valeurs, tout ça m'était insupportable !" cria Herman qui commença à perdre son calme à nouveau."Lorsque j'ai remplacé ce faiblard qui gérait cette prison comme si ce n'était qu'un hôtel pour criminels, je me suis senti renaître ! Cette satisfaction de savoir que le simple fait d'évoquer mon nom les terrifiait, ne plus avoir à se soucier de personnes, tout ce pouvoir qui m'était conféré désormais. Leur cri de souffrance lorsque leur énergie s'évapore dans mes chaînes et de voir leur vies disparaître dans leurs yeux... . Seuls les forts peuvent prétendre à être au sommet ! Je me fiche de tes jugements ridicules, tu n'es qu'un insecte à mes yeux. Peu importe la méthode, il n'y a que les résultats qui comptent à la fin !"Les chaînes autour de son corps commencèrent à briller d'une lueur blanche et sa puissance augmenta temporairement encore avant de s'élancer d'un coup sur Armand à une vitesse qui le dépassa totalement. Il se protégea avec ses bras et ses yeux devinrent verts mais lorsque le coup d'Herman le frappa, son aura se brisa, elle était bien trop faible pour un tel coup et il fut projeté vers un mur qu'il traversa et tomba à l'extérieur de la forteresse."Hmpf, j'y suis peut-être allé un peu fort," marmonna Herman en secouant sa main. Il s'avança vers le mur transpercé et regarda où est-ce qu'il était tombé. "Je ne le vois plus, c'est étrange. Mais maintenant que j'y pense, on y voit beaucoup mieux que tout à l'heure. C'était quoi toute cette fumée ?" Il regarda tout autour de lui et c'est alors qu'il entendit un bruit électrique virevolter dans les airs.Un éclair vient alors s'abattre devant lui et de petites étincelles s'en dégageaient. Une fois que la lumière s'était estompée, Herman s'aperçoit sans trop de surprise qu'il s'agissait de quelqu'un. Un homme à genoux, le haut du corps dénudé et recouvert de cicatrices, qui porta Armand à bout de bras. Le jeune homme reprenait ses esprits en ouvrant les yeux sur son sauveur qu'il reconnut tout de suite."Bo... Bojan... ? Qu'est-ce que tu fais là ? Je vous ai demandé de partir...," lui demanda-t-il difficilement.Il le posa au sol en lui souriant avant de faire face à Herman. "Je ne peux pas concevoir que ma liberté soit due au sacrifice d'un jeune homme qui n'a rien à voir avec tout ça." Il se mit position ses bras jaillissant des étincelles avec le peu de magie qui restait dans les environs. "Je me dois de laver le peu d'honneur qui me reste, laisse moi m'en charger !"Fin du chapitre 20.