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Chapter 24 - Chapitre 23 : La dernière étincelle.

Le silence retomba aussi brusquement que la tour s'était effondrée. La lumière de l'aube se reflétait sur les débris et les ruines de la forteresse, projetant une lueur douce et chaleureuse sur les ex-prisonniers.

Leurs regards étaient tournés vers celui qui trônait au-dessus des ruines, haletant et soulagé que tout soit enfin terminé. La cité commençait à s'éveiller, et cet événement allait, sans aucun doute, la marquer à jamais.

Armand regarda en contrebas la foule de prisonniers avec soulagement, mais il remarqua l'état de Bojan, qui avait besoin de soins au plus vite. Alors qu'il s'apprêtait à descendre pour les rejoindre, un éclat de trompette résonna à l'ouest, se rapprochant de plus en plus. La garde était sur le point d'arriver.

Les prisonniers se tournèrent vers l'écho des trompettes, ils commencèrent à paniquer, refusant d'être à nouveau capturés après s'être donné tant de mal pour enfin regagner leur liberté. Armand, toujours perché au-dessus des ruines, les observa avec un brin d'amertume. Il savait que certains d'entre eux étaient probablement des criminels qui méritaient de rester enfermés. Son but à lui, n'était que de détruire cette forteresse, symbole de l'esclavage et de l'oppression.

"La garde ! Ils arrivent !" cria quelqu'un en fuyant.

"Il faut partir ! Ils vont nous capturer à nouveau si on reste plantés là !" s'écria une autre personne.

Armand regarda ses poings. Il lui restait encore assez d'énergie pour créer quelques portails indigo. Il tourna son regard vers l'ouest, et de sa position surélevée, il vit une foule de gardes se rapprocher. Il estima qu'ils seraient là dans moins de cinq minutes. Inspirant profondément, il pointa le sol du doigt et lança une sphère de magie indigo, qui explosa en ouvrant une faille fumante. Puis il visa plus loin, sans savoir précisément où la deuxième faille avait atterri, mais il avait une idée derrière la tête.

"Écoutez-moi ! Calmez-vous ! Je ne pourrai pas maintenir ces brèches très longtemps. Il m'en faudra plusieurs pour vous aider à fuir ! Ne perdez pas de temps et quittez Auroria !" leur cria-t-il.

Les prisonniers étaient hésitants, certains se jetaient dans la faille sans hésiter, tandis que d'autres restaient en retrait. Mais le son du cor de la garde se rapprochait de plus en plus, et ceux qui hésitaient finirent par se précipiter dans la brèche qui rétrécissait lentement.

Il créa une autre faille pour lui-même et, alors qu'il s'apprêtait à partir, il jeta un dernier coup d'œil pour s'assurer que personne ne restait en arrière. À sa grande surprise, il aperçut deux prisonniers auprès de Carolina, qui pleurait, tandis que Bojan gisait encore au sol, incapable de se relever. 

"Je vous en prie, laissez-nous vous porter jusqu'à la sortie de la cité ! Vous êtes l'un de nos sauveurs, on ne peut pas vous abandonner comme ça. On trouvera un moyen de vous soigner !" supplia l'un des deux prisonniers.

"Laissez-moi… ici. Je ne serais qu'un poids inutile pour vous."

"Bojan, non… ne dis pas ça, je ne te laisserai jamais ici," répondit Carolina, tremblotante alors qu'elle tenait son bras. 

L'homme était couvert de sang, son corps criblé de blessures profondes. Il n'avait plus la force de bouger, même un orteil. Sa vision se troublait peu à peu, mais il fixa son regard sur la seule personne qu'il pouvait encore distinguer.

"Carolina, je ne t'en voudrais pas, je ne t'en voudrais jamais. Laisse-moi ici et profite de cette chance. Regagne la, cette liberté qui t'a été arrachée simplement parce que tu sois née…" Il cracha du sang avant de continuer, tandis qu'elle serrait sa main sans pouvoir contenir ses larmes. 

"J'aurais tellement aimé te voir heureuse et libre. Je regrette également… de ne pas avoir pu voir mon fils une dernière fois… Est-il toujours en vie ? À quel point a-t-il grandi ?..."

"Arrête… je t'en supplie… garde tes forces et…"

"Ce garçon," murmura-t-il en levant les yeux vers le ciel. "Cet espoir et ces rêves que tu avais perdus… ce petit héros que tu admirais tant…"

"Hein ? De quoi tu parles ?"

"Je vois… il ne te l'a pas dit," murmura-t-il en souriant malgré la douleur, avant de la regarder à nouveau. "Lorsque tu le pourras, demande-lui qui il est. Je suis sûr que tu ne le croiras pas au début. Moi-même, je lui ai caché mes doutes, mais maintenant… j'en suis persuadé. Ils sont de retour."

Elle ne comprenait pas ce qu'il voulait dire, trop préoccupée par son état et par le danger qui se rapprochait. L'écho des trompettes et le claquement des armures retentissent toujours plus fort. 

"Merde, on doit filer, gamine ! Ils sont presque là !" lança l'un des hommes qui commencèrent à perdre patience. 

"Bojan… je ne peux pas te laisser. C'est impossible," dit-elle, la voix tremblante en serrant le bras de celui qu'elle avait toujours considéré comme un père. 

L'homme, qui arborait toujours un sourire sur le visage pour la rassurer, utilisa les dernières forces qu'il lui restait pour lever son bras du mieux qu'il pouvait et venir déposer sa grande main blessée sur sa joue.

"Je le sais, et c'est pour ça que je dois partir. Je ne saurais l'expliquer mais… je suis certain que l'avenir qui t'attends sera fantastique. Tu as su prouvé que tu pouvais surpasser tes peurs. Serait-ce un instinct paternel ? Peut-être…" murmura-t-il avec un faible rire, avant d'être pris d'une toux douloureuse.

 "Ne… laisse pas cette seconde chance s'envoler. Deviens l'étoile la plus brillante de ce ciel… Carolina."

Bojan ne put prononcer un mot de plus. Il avait atteint sa limite. Ses yeux se fermant tendrement, dédiant son dernier regard à Carolina, avant de s'éteindre, aux portes des ruines de la prison où il avait été détenu depuis tant d'années, un sourire paisible se dessinant sur ses lèvres.

La jeune fille ne pouvant contenir ses larmes cria son nom tout en le secouant par les épaules dans l'espoir qu'il se réveille, refusant d'accepter la réalité.

Les deux hommes à ses côtés étaient eux aussi émus, se sentant coupables que leur liberté ait dû coûter la vie d'un homme si brave. Malheureusement, ce moment de tristesse ne pouvait durer éternellement. La garde approchait, et les soldats pénétraient déjà dans la cour de la forteresse où ils se tenaient. 

"Je suis vraiment désolé mais il faut qu'on y aille et vite ! Ne gâchons pas son sacrifice !" cria l'un des deux hommes. Ils saisissent la jeune femme par les épaules pour l'entraîner à travers le portail, qui menaçait de se refermer. 

"Halte-là !" ordonna un sous-lieutenant de la garde qui galopait à cheval vers eux.

Elle se débattit, tentant de se libérer pour rester auprès de Bojan, mais leurs prises étaient trop fermes. Dans un geste désespéré, elle tendit son bras vers le corps de Bojan alors qu'elle s'engouffra dans le portail, qui se scella aussitôt après le passage de sa main.

Le garde plongea hors de son cheval trop tard, et sa tête heurta le sol lorsqu'il tenta de les suivre dans la brèche. 

"Et merde !" hurla-t-il en frappant le sol ensablé de son poing, avant de se relever pour ordonner à ses hommes de capturer le maximum d'évadés possible. 

Du haut des ruines, Armand, ayant vu toute la scène, murmura un dernier adieu à Bojan. Personne ne pouvait entrevoir son regard bouleversé, ni sentir la culpabilité qui le rongeait de n'avoir pu le protéger. Il disparut alors à son tour dans sa propre brèche, qui se referma instantanément, sans que personne n'ait pu le remarquer.

De son côté, Carolina et les deux autres évadés surgirent d'une brèche plus loin. Elle chuta au sol, tellement troublée qu'elle n'arrivait pas à tenir debout. 

"Tiens bon, on ne doit pas se laisser attraper !" lança l'un des hommes, l'aidant à se relever.

Ils reprirent leur course, se dirigeant tant bien que mal vers la prochaine brèche qui les attendait. Derrière eux, la garde s'éparpillait désormais dans le nord et l'est de la cité. À chaque brèche franchie, ils gagnaient un peu de terrain, progressant ainsi jusqu'à la sortie de la ville. Toutefois, Armand peinait à maintenir ces failles ouvertes, au vu de leur nombre et la distance qu'il avait avec celles-ci.

Ils continuèrent d'avancer, failles après failles, et enfin, les remparts extérieurs de la cité apparurent au loin. Il ne leur restait plus qu'une seule brèche à franchir avant la sortie, mais celle-ci était déjà très affaiblie et menaçait de se refermer d'une minute à l'autre.

Soudain, la vision de Carolina se brouilla, à force de surmener son corps. Elle trébucha sur un pavé qui sortait du sol, s'écrasant de nouveau. Les deux hommes avaient déjà traversé la brèche, et avant qu'ils ne réalisent qu'elle ne les suivait plus, la faille se referma. La laissant seule, derrière.

Fin du chapitre 23.