Elle allait commencer, la grande réunion. Après tout ce remue-ménage provoqué par la Reine, avec les dragonoïdes, c'était à prévoir. Ainsi se tenait, dans une salle très peux éclairer, quatre personnes. Tous étaient assis autour d'une table ronde et l'on put reconnaître la Reine accompagnée d'Absalon, de la générale Dragnir mais aussi d'un mystérieu jeune homme. S'additionnait à ces personnes des silhouettes holographiques, six en tout. Après un moment, vint une septième et à cette apparition, la réunion commença par un entracte de la Reine :
— Bien, j'imagine que nous sommes tous présents. La réunion d'aujourd'hui va pouvoir commencer. Puisque c'est notre cher Leonidas Solus qui en a fait la requête, je vais lui laisser la parole.
— Je vous remercie votre altesse, dit alors Leonidas qui se trouvait parmi les silhouettes holographiques. Mes chers compères nobles, nous qui sommes à la têtes d'Eurasia, j'ai voulu convier chacun d'entre vous pour parler des derniers événements.
— De quels événements précisément ? demanda hautainement une femme. Du retour des démons ou bien de l'acte de notre sotte de dirigeante ? Hein, Elena...
Elena la fixa froidement à travers l'hologramme puis ajouta :
— Toujours aussi arrogante et méprisante, Luxilia. Je devrais peut-être te rappeler pourquoi je suis devenue Reine ?
— Pff, pouffa la femme. Je suis sûr que j'aurais fait une meilleure dirigeante que toi ! T'en être prise à ces êtres divins !! Que diable a pu te passer par la tête ? Où est le vieux pontife tiens ? Je suis sûre qu'il doit être furieux …
— Du calme Luxilia, intima Leonidas. Je suis d'accord qu'elle n'aurait pas dû s'en prendre à eux… Par la grâce de Stella, j'espère qu'elle pourra nous pardonner cet acte impie. Ce sont les circonstances qui n'ont pas été de notre côté …
— Vous n'avez pas fini avec votre Stella par ci, dragon par-là ?! râla un homme. Ce sont des conneries, la déesse n'existe pas ! Ou s'il y en a une, elle se contrefous de notre gueule. La preuve, je reste toujours impuni !
— Toujours aussi cynique et désbauché à ce que je vois, intervint un autre homme. Dis-moi Jibo, tu travailles toujours sur ces drogues illégales ?
— Phillipe, toi sale-
— Assez !! ordonna sèchement la Reine. On dirait des enfants… Phillipe Dandelion, dois-je vous rappeler que je lui y ai autorisé ? Et si quelqu'un doit travailler sur sa réputation, c'est bien vous. En plus, votre fille a participé à l'élimination du primordial.
Phillipe siffla entre ses dents et se tut tout comme Jibo. Intervint ensuite le mystérieux jeune homme qui lui, était présent physiquement :
— Puis-je prendre la parole vos excellences ?
Elena l'étudia puis acquiesça d'un signe de tête. Il continua ainsi :
— Bien, au sujet du pontife Henry, mon père, celui-ci est absent pour cause d'une faible santé. Moi, Prométhé Angeus, prendrait sa place dans cette réunion.
— Tout comme dame Dragnir prendra la place de son père aujourd'hui, ajouta la Reine.
— Pour continuer, dit Prométhé. J'ai récemment relu la Verita, le livre de notre église. Certes, les dragonoïdes y sont mentionnés comme des fervents serviteurs de Stella, les élevant comme des êtres supérieurs mais il semble que ceux-ci l'aient oublié. Après un interrogatoire, il semble qu'ils ne la connaissent points. Quiconque ose oublier notre grande déesse ne mérite point ce titre… Ou bien serait-ce que la vérité fut déformée il y a des siècles pour que les futures générations ne s'en prennent à plus fort que soit ? De plus, il y est bien précisé que l'homme est l'espèce fondée à l'image de notre déesse, il va de soi que nous sommes bien les êtres supérieurs.
— Je veux bien vous croire, rétorqua Léonidas. Mais l'acte de sa Majesté fut bien trop violent. Ma très chère Reine, vous avez brisé le pacte et maintenant, les autres royaumes sont sur le qui-vive. Les tensions à la frontière grandissent et il y a cette guerre qui se profile. Je veux simplement éviter que l'on ait à les affronter en mêmes temps et demande donc la libération de ce peuple…
— Que diantre proposez-vous ?!!! s'offusqua Ryddrocrinth, le Duc de ForteMarbre. Après tout ce que le primordial a fait à ma ville ?! C'est leur punition, celle pour s'être élever contre notre race ! Si on les libère maintenant, ils ne feront que se venger en ravageant nos terre…
— J'approuve ce que dit ce lâche de chanceux, intervint Jibo.
— Moi aussi, intervint aussi une autre femme. Si l'on réfléchit d'un point de vue militaire, cela vaudrait mieux.
— Bien, bien, bien, souffla alors la Reine. Je peux aussi avoir vos avis quant à cette situation, Anathon et Frigurd ?
— Je suis d'accord avec Selena sur le point de vue militaire, rétorqua alors Anathon. Avoir une telle force sous notre main serait vraiment un fait clef dans la guerre. Imaginez, l'un d'entre eux seul aurait pu raser ForteMarbre ! Cette puissance, cette beauté ! On ne peut la laisser s'échapper. Je conçois que certains membres de l'église vont avoir du mal à l'accepter mais ça peut s'arranger ça.
— Toi et ton attrait pour la brutalité, pouffa Luxilia. Tu me dégoûteras toujours autant.
Anathon roula des yeux mais n'ajouta rien de plus. Il laissa la parole à Frigurd.
— Je suis de ton côté, ma fi-
— Votre Reine, coupa sèchement Elena.
— Oui, ma Reine. J'ai complètement confiance en votre jugement. La mise en esclavage de ce peuple me paraît la meilleure solution. Au pire, nous pourrions leur offrir la liberté une fois la guerre finis.
Il y eu alors un moment de silence dans la salle, tout le monde s'était exprimé à part Absalon et la générale Dragnir. Enfin, ils ne pouvaient être que du côté de la Reine au vu de leur rôle.
— Bien, c'est donc du trois contre dix, s'exprima Elena. Je vais donc le décréter ainsi : les dragonoïdes resteront sous notre commandement jusqu'à la fin de la guerre. Une fois terminés, nous nous réunirons avec les autres royaumes pour décider de leur sort. Léonidas, je te laisse t'occuper des affaires à l'étranger. Ton fief se trouve au niveau des trois frontières et j'ai confiance quant à ton attitude solaire et protectrice pour arriver à apaiser les autres royaumes. Nous ne cherchons pas à nous faire d'autres ennemies.
— Ce sera comme vous le souhaitez votre Majesté.
— Un vrai toutou ! clama Luxilia. Je ne te savais pas si résilient, toi qui réussissais à tenir tête au héros quand il était encore en vie.
— Luxilia… Tu ne comprends pas, nos familles ont toutes jurées allégeance à la ligné royale il y a cela des décennies. Si sir Absalon a abdiqué le trône et laissé sa place à sa Majesté, alors je lui fais confiance.
— Bah justement ! C'est aux Euridale que nous avons tous jurés allégeance, pas aux Weiss. Qu'a donc à dire le fuyard ? Je le trouve bien silencieux …
Absalon regarda lividement Luxilia puis Elena qui lui acquiesça d'un signe de tête. Il s'exclama donc :
— Je n'ai jamais eu les épaules pour le rôle de Roi, c'est tout. Sa Majesté m'a parue être le meilleur choix et elle le démontre ici avec sa force absolue. Elle mènera ce royaume vers un sommet, un sommet similaire à la civilisation perdue.
Luxilia claqua de la langue face à cette réponse monotone et livide. On aurait dit une vraie marionnette. N'était-il vraiment plus que l'ombre de l'homme qu'elle connut ? C'est sa sœur quand même qui l'avait...
— Hum, toussa Ryddrocrinth. Mes chers compères, maintenant que le problème des dragonoïdes est réglé, peut-on parler des démons ? C'est que ma ville, mon fief est le plus près et est donc le premier dans la ligne de mire !!
— Quoi ? grogna Jibo. Tu ne vas pas me dire que tu ne peux même pas protéger ta propre ville ? C'est vraiment un don pourri que tu as …
— Jibo… Je voudrais bien t'y voir !! Ce n'est pas toi qui as connu un déclin financier depuis le jour de la rupture.
— Je pense pouvoir enfin intervenir, dit la générale Dragnir. Avec accords de la Reine bien sûr ...
La réunion continua donc sur ce sujet. Ils continuèrent une bonne heure quand Absalon et la générale Dragnir quittèrent la salle. Frigurd, Jibo et Phillipe furent eux les premiers à éteindre leur hologramme. Anathon allait faire de même quand il fut interpellé par Luxilia :
— Pas si vite le déviant musculaire ! On a encore un point à voir avec toi …
— Huh, souffla Anathon. Quoi encore ? J'ai des compétitions et une ville à faire tourner moi.
— Ne le prends pas comme ça Anathon, rassura Léonidas. Cela concerne la cérémonie des protecteurs.
— Nous quatre restants, avons tous une de nos progénitures qui est en besoin d'en trouver un, ajouta Selena.
— Enfin parlez pour vous, grincha Ryddocrinth. Techniquement j'ai quelques elfs plus que capables de protéger mon Zydraft.
— Ah mais ! s'exclama Anathon. Fallait me le dire plutôt !! Je suis plus que partant, je vais vous les accueillir vos petiots. Ça va faire un bon évènement ça, je le vois bien… Un tournois, oui ! Un tournois pour que tous les guerriers souhaitant être embauché en tant protecteurs puissent démontrer leur talent mais pas que ! Ce serait une occasion pour vos gosses d'évaluer ces guerriers. Je vais vendre une fortune les places pour y assister tout en me rinçant l'œil !
— C'est bien pour ça que tu es un déviant, marmonna Luxilia.
La discussion prit fin et tous les dirigeants de familles coupèrent leur transmission. Il ne restait plus qu'Elena et le jeune Prométhé dans la salle. Il s'en allait pour la quitter quand Elena le coupa :
— Dis-moi « Prométhé », tu es l'une de ses expériences, pas vrai ?
Il lâcha un soupir avant de se retourner. Pressant la Verita contre son abdomen, il lui répondit avec un faux sourire :
— On ne peut rien vous cacher votre Majesté. C'est bien ça, je ne suis pas son vrai fils mais bien l'un des enfants divins. Voyez le pontife comme un père d'adoption…
— Je vois… Contrairement à lui tu m'as l'air plus raisonnable. Dis-moi, quelles sont tes projets ?
— Mes projets ?
Il laissa un blanc, réfléchissant à la réponse que la Reine attendait. Cette attitude pesante, ce regard glacial, ce désintérêt pour la religion et la branche de Mitra. Oui, il y vit une opportunité.
— Et bien je pense que les méthodes de mon « père » sont désuètes. Que notre point de vue est faussé par de vieilles idéologies, je veux faire avancer notre religion. Je suis sûr que c'est ce que voudrais Stella, après tout, nous sommes bâtis à son image.
— Intéressant… Tu es très magnanime. Tu m'as directement cerné et proposé une réponse qui me satisferais. Tu sais pourtant bien que j'ai un accord avec le pontife ...
Prométhée entra en nage. Le froid qui se dégageait d'Elena s'intensifia ce qui mit de la buée sur ses lunettes.
Ce fut trop directe, hein ? Pensa le jeune homme.
Dire qu'il était arrivé si loin pour échouer maintenant… Elena se leva et s'approcha doucement. Ses pas raisonnants dans la salle vide, elle se mit à le fixer dans les yeux. Elle était un peu plus grande ce qui le déstabilisa …
— Je peux lire en toi comme dans un livre, jeune homme. Oui je sais ce que tu souhaites, à vrai dire, tu me ressembles un peu… Bien suis moi ! Je vais réaliser ton souhait.
— Ce que… je souhaite ?
Elle prit de l'avant et le guida dans une autre salle. Il ne put que la suivre sans oser réfuter ou manigancer quelque chose. Prométhé ne se le pouvait pas, pas avec un tel être. Il était à la fois troublé et curieux. Lui qui ne savait pas vraiment le but de sa vie, l'apprendrait-il de cette femme ?