— Yah !! Yah !!! Huff … Huff … Comme ça ?
— Non c'est pas vraiment ça. Tu as besoin de mieux ancrer tes hanches et de contracter tout tes muscles. Une fois fais, tu les détends rapidement en donnant un coup !
— Hmmm… Compliqué tout ça !
Le matin s'était levé du côté du groupe de Mylon. Marlène fut la première de réveillée et découvrit Elio à l'extérieur. Il s'entraînait à son art ce qui intéressa la jeune fille qui lui demanda de lui montrer quelques tours. Il accepta et commença ainsi à lui apprendre une technique tout en discutant avec elle et en plus particulier de sa situation. Pourquoi voyageait-elle avec eux ? Que faisaient-ils ici en tombé de nuit ? Qui étaient les deux qui l'accompagnaient ? Elle lui dit tout ce qu'elle pouvait avec entrain en évitant de mentionner les origines de Mylon. C'est ainsi qu'Elio était là, près d'une cascade à tenter d'apprendre à Marlène l'une de ses capacités.
— Attends, je vais te remontrer, dit-il.
Il lui montra alors les instructions qu'il lui avait donné et de son coup jaillit une sorte d'impulsion qui vint fracasser un arbre en deux.
— Oooooh !!! Je veux réussir à faire pareil !
— Avec de l'entraînement tu pourrais y arriver ! J'ai mis une année à développer cette technique mais maintenant que je la connais par cœur, l'enseigner n'est pas bien compliqué. L'astuce aussi est de surveiller son point de balance, cela permet de garder une certaine fluidité jouant sur la puissance de l'impact.
— Comme ça ? interrogea une autre personne.
— Grand-frère ?!
Ils se retournèrent avec surprise puis assistèrent à la scène : Mylon qui s'était réveillé vint recréer le mouvement d'Elio et réussit du premier coup à créer une onde de choc avec son point. Il fracassa en deux un arbre grâce à cela. Elio en tomba des nues, sa mâchoire se décrocha pendant qu'il écarquillait des yeux. Il fit des échanges de regard entre l'arbre aux sols et Mylon puis s'exclama :
— En… En un seul essaie ?!!! Mais-mais !! Tu es un génie où… ?
— Ah ça ? Ce n'était pas bien compliqué. J'apprends à contrôler mes muscles depuis que je suis petit pour éviter de casser des objets. Et avec votre vacarme, j'ai étudié votre mana en général et ai remarqué que tu en déplaces une partie jusque dans tes poings pour créer cette onde…
— Je… J'utilise du mana quand je réalise cette technique ?
— Mais t'es trop fort grand-frère !
— Ce n'est rien Marlène, tu sais. Je suis sûr que si tu suis mes leçons en magie et ce que je viens de te dire, tu pourras aussi réaliser le même coup.
— Je vais essayer ça tout de suite !!
Puis elle se dirigea vers le lac qui jonchais le cabanon pour s'y essayer. De son côté, Elio semblait répéter :
— J'utilise le mana ? J'UTILISE LE MANA ??! Mais ça explique tout !!! C'est pour ça qu'elle arrive à tout esquiver …
Mylon plissa des yeux en l'entendant et questionna :
— Tu ne le savais pas ? Pourtant je t'ai vu utiliser la magie hier… Et "elle" ?
— Ah ça ? Je parle d'une rivale, oui… Pour la magie je connais des sorts basiques mais j'utilise plus souvent des formules !! Je n'arrive pas à ressentir le mana traverser mon corps… Attends mais, c'est ça le picotis au bout de mes doigts à chaque fois ?
— Eh bien, souffla Mylon. Tu as du chemin à faire sur ce sujet mais dit, tu n'aurais pas vu Adamantine ? La femme qui nous accompagnait.
— Eeeuh, non ? Elle ne dormait pas avec toi dans le cabanon ?
— Hmm, marmonna Mylon en se tenant le menton. Non elle n'est plus là mais ce n'est rien, je sais comment la retrouver. Tu peux surveiller Marlène en attendant ?
— Pas de soucis !! De toute façon, je me rends aussi vers Elmoth. Il y a un nouveau tournois qui va commencer dans une semaine environs.
Un tournois ? Enfin bref, Mylon alla s'asseoir quelques secondes et utilisa « Search » sur une grande distance.
Trouvée ! Elle est de l'autre côté du lac ? Hmm, cela a certainement un rapport avec hier…
En effet, il n'avait pu vraiment en discuter avec elle, de sa crise de panique mais pas que. Aussi de ce qui lui était arrivée. D'habitude elle aurait pu vaincre à elle toute seule l'une de ces créatures mais non, pas ici. Que s'était-il passé ? Il aurait pu demander à Marlène qui va… très bien pour le coup ? Il croyait qu'elle allait peut être en avoir un traumatisme, surtout qu'elle a failli y passer. Même lui il allait en garder un très mauvais souvenir mais, peut-être qu'elle s'y était habituée à force de voyager avec eux ? Il ne sut déterminer si c'était une bonne chose ou non. Enfin soit, le problème le plus urgent sur ses bras restait Adamantine. Il ne pouvait pas rester comme ça, son cœur se serrait rien que d'apprendre qu'elle n'allait pas bien. C'est donc ça ce que l'on appelle amour ? Il l'avait bien ressenti depuis un moment, depuis le début mais pas aussi précisément. C'était une inquiétude différente. Il ne sut vraiment comment la définir mais le meilleur moyen de le régler restait la discussion. Il se rendit alors à la position d'Adamantine.
Elle se tenait assise là dans l'herbe à regarder le lac, sa main posée sur la cicatrice que lui avait laisser le Draineclat. Elle vit bien Mylon arriver mais ne dit rien. Elle se contenta de détourner le regard pendant qu'il s'assit à ses côtés… Les deux ne savaient pas quoi dire mais se lancèrent tout de même :
— Mylon je-
— Ada-
Se coupant ainsi chacun, ils rigolèrent légèrement d'embarras mais lui ajouta :
— Vas-y, je t'en prie.
— Merci… Je, je voulais m'excuser pour hier je …
Elle avait du mal à exprimer ses pensées, à dire ce qu'elle avait sur le cœur dans un sens logique et compréhensible. Elle repensa à ce qu'elle lui avait dit hier soir avant de s'évanouir… Voyant son hésitation, Mylon se mit à lui tenir la main pour la mettre en confiance.
— Tu… Tu dois certainement être en colère non ? À cause de moi, Marlène a failli…
— Eh bien, souffla Mylon. Il est vrai que j'ai ressenti de la colère au début mais… Je sais qu'il doit y avoir une bonne raison et la concernée avait l'air d'être plutôt en forme quand je me suis levé. Bien qu'il lui reste quelques traces au niveau des cheveux…
— Je-je vois… J'aurais aimé que tu sois en colère, que tu me juges, que tu ne puisses me le pardonner car moi-même je n'y arrive pas… J'ai …
Elle se mit à serrer plus fort sa main.
— Qu'y a t-il Ada? Cela a commencé quand nous étions sous les gravats…
— En effet, je… Commençons par le début. Tu sais bien que les nobles ont souvent un don de naissance ?
— J'ai cru le comprendre avec le fils du Duc, oui. Mais cela veut dire que toi aussi tu en as un ?
— C'est ça… Ma famille possède un don… particulier. Un don considéré comme hérétique et qu'il nous est interdit d'utiliser. C'est à cause de ce même don que le blason de ma famille a été ruiné. Enfin plutôt parce que Lancelot l'a utilisé…
— Il faisait partie de ta famille ?!
— Oui et non, c'est un bâtard. Le frère de mon père que l'on croyait sans don a eu un enfant hors des normes familiale et finalement, Lancelot est né avec notre don. Père a bien essayé de le garder sous laisse mais il a fini par franchir le pas et j'ai…
Elle commença à pleurer silencieusement, n'arrivant pas à sortir les mots. À l'avouer et à se l'avouer… Mylon la prit alors dans ses bras, l'enlaçant pour la réconforter.
— J'ai… J'ai utilisé ce don par accident hier soir… Je suis désolée, je suis désolée… Je t'ai volé …
Mylon lui caressa tendrement la tête et pris un ton doux :
— Volé ? Pourtant je n'ai pas l'impression d'avoir perdu quelque chose… Mais si quelque chose est bien parti cela ne me dérange pas, tu peux l'avoir.
— Non, tu ne peux pas dire ça ! Cela t'appartenait, je n'en ai pas le droit… Quand j'ai bu de ton sang, je t'ai sois pris quelque chose soit copié. Je ne sais pas vraiment comment cela fonctionne mais…
— C'était un accident, c'est bon… Pas besoin de t'en faire.
— Mais j'ai brisé notre serment familial ! Si cela s'apprend, alors ma famille sera définitivement châtiée ! J'ai promis, j'ai promis à grand-mère que…
Mylon arrêta de l'enlacer pour cette fois-ci lui tenir les épaules. Il voulut la rassurer :
— Je ne comprends pas vraiment ce genre de problème. Pour moi, toute capacité possédé est bonne à utilisé même si considérée comme hérétique. La seule chose c'est qu'il ne faut pas que cela se sache non ? Alors cela restera qu'entre nous deux …
— P-pourquoi tu ne te mets pas en colère ? Pourquoi faire tout ça pour moi ? Je- à cause de cela ma magie est instable, je n'ai même pas pus protéger Marlène face à ces créatures …
— Parce que je t'ai déjà pardonné au fond de mon cœur… J'étais là, c'était aussi à moi de veiller sur vous.
— HUM ! toussa une énième personne.
Surpris, ils se retournèrent tous deux et virent Marlène, les bras croisés et fronçant des sourcils.
— Vous auriez au moins pus me prévenir que vous en discuteriez quand même ! C'est moi la première concernée…
— Marlène, rétorqua faiblement Adamantine. Je voulais m'exc-
— Pas besoin ! Je comprends pas vraiment ce qu'il s'est passé mais tu as utilisé ton corps comme bouclier quand même. On était toutes les deux dans la panade et tu as fait du mieux que tu le pouvais sur le moment, comme moi ! Grâce à toi j'ai pu avoir une fenêtre de tir et vous m'avez appris sur le chemin à me défendre. Un jour ou l'autre, ça devait arriver et j'ai survécut !
Elle s'assit alors devant eux en croisant les jambes et les bras.
— Je ne t'en veux pas non plus ! D'ailleurs je me sens plutôt bien grâce à grand-frère…
Marlène les avait donc trouvés ? Mais comment ? Mylon se mit à réfléchir et retraça des yeux son chemins pour voir que l'herbe s'était affaissée à cause de leur passage. Il ne sourit que simplement en l'entendant et la laissa discuter avec Ada.
— Tu es sûre que tu vas bien ? Tes cheveux pourtant… Il te reste des mèches blanches.
— QUOI ? s'écria Marlène. Pourquoi personne me l'a dit plus tôt ! Ô dite moi que j'ai l'air cool au moins… Je veux pas ressembler à une mamie !!
Elle se mit à ramper jusqu'au bord de l'eau pour observer son reflet avec empressement et étudia sur toute les coutures sa chevelure. Mylon se mit à rire :
— Alors comme ça avoir des cheveux blancs c'est ressembler à une personne âgée ? Eh bien, je dois être un papi !
— Mais tu es né comme ça toi ! Mes cheveux rouges, maman disait qu'elle aimait leur belle couleur…
— Tu… Tu peux toujours utiliser la magie ? demanda Ada. Les cheveux blancs sont l'un des effets de l'attaque des Draineclats. Ils vous aspirent le mana normalement et jusque-là dernière goûte, donnant des cheveux blanc et yeux rouges à leur victime.
Des cheveux blancs et des yeux rouges ? s'interrogea Mylon. C'est pour ça que l'on me confondait toujours avec eux à ForteMarbre…
Marlène se retourna alors et la regarda avec interrogation.
— Bah je peux toujours l'utiliser oui, regarde !
Elle fit apparaître une flammèche dans le creux de sa main pour le prouver. Cela fit souffler Adamantine de soulagement mais Marlène gardera-t-elle pour toujours ces séquelles ? Ces tâches blanches ? Cela l'inquiéta tout de même…
— En tout cas, s'exclama Mylon. On est là pour toi Ada si tu le souhaites. N'est-ce pas Marlène ?
— UmU, comme une famille !
— Vous deux… marmonna Adamantine. Merci, merci pour votre soutien.
Elle les enlaça tous deux en même temps par surprise. Un câlin de groupe ! Cela faisait bizarre à Mylon, Adamantine était devenue beaucoup plus tactiles depuis leur rencontre mais lui aussi. Dire que cela le dérangeait avant… Enfin, c'était toujours le cas mais pas quand il s'agissait de ces deux-là. Il changeait peut-être petit à petit ? Était-ce pour un mal ? Non, il ne le pensait pas ainsi. Il le voyait comme la vie que ses parents adoptifs auraient toujours voulu pour lui. Enfin, c'était une vie temporaire…
Cependant, ils ne pouvaient rester là indéfiniment. Elio les attendait et ils devaient reprendre leur route. Ils retournèrent tous trois au cabanon et Adamantine fit les présentations. Quand il entendu parler de noblesse, il s'inclina directement ce qui gêna Adamantine d'être toujours révéré grâce à un droit de naissance. Surtout qu'elle le voyait plus comme une malédiction avec son don… Enfin bref, elle n'en fit plus tout un plat mais cela restait bien présent dans son esprit. Même si Mylon et Marlène étaient là pour elle, cela n'enlevait pas ses obligations, son sort de noble de la famille Dandelion. Elle devra un jour s'y confronter mais ce n'était pas le moment, ils devaient d'abord s'occuper de Marlène. La ville n'était plus qu'à dix heures de marches et le soleil était déjà à son zénith. Ils décidèrent de partir sur le champ, accompagné d'Elio qui se rendait lui aussi à Elmoth pour participer à un certain tournois…