Nous le suivons alors jusqu'à une table où nous nous asseyons et nous découvrons alors une facette du capitaine que nous ignorions, celle d'un stratège. Il commence par nous apprendre les bases théoriques d'un combat: l'importance de l'effet de surprise, de cacher ses émotions et même de bluffer. Tout ce qu'il nous raconte est passionnant et imagé par des « sketchs » avec Wistom ou Hirion. C'est un sacré personnage, malgré son âge, il semble en connaître un rayon sur l'art de la guerre et comment gérer une équipe pour réussir une mission, quelle qu'elle soit.
-Le plus important dans une mission: c'est d'être focalisé sur l'objectif. Quoi qu'il arrive, cela doit rester votre priorité. Cela ne s'avéra pas toujours simple. Mais il faut que vous compreniez que si on vous envoie en mission, ce n'est pas simplement pour mettre la main sur un sale type. C'est avant tout pour sauver des vies. Toute la pègre gangrène ce pays et fait souffrir les gens. Quel que soit votre niveau de vie, vous êtes une victime potentielle, bien souvent collatéral comme ils aiment à les appeler.
Chacune de ces organisations possèdent cinq chefs à leur tête. Le premier, l'évêque: c'est celui qui est le plus sur le terrain et qui est là pour faire régner la discipline au sein de l'organisation. Ensuite, viens la tour: il est là pour faire tenir les territoires. Si d'autres groupe lorgnes d'un peu trop près leurs ressources alors il intervient avec ses hommes de main. Puis, il y a le fou: son rôle est plus complexe, bien souvent il agit dans l'ombre pour nuire aux autres organisations. Jamais de manière ouverte bien sûr pour éviter tout conflit à grande échelle. Il fait simplement en sorte de frapper des points clés pour que son groupe puisse prendre tôt ou tard l'ascendant.
L'avant dernier, le bras droit, le cavalier: il est celui qui est au fait de tout ce qui se passe avec les quatre autres leaders mais son rôle est clairement offensif. C'est lui qui se déplace si ses victimes ne veulent pas payer la taxe pour la protection ou alors les produits ou les services que l'organisation procure.
Et pour finir, le roi. Il est le pilier et bien souvent le cerveau de l'organisation. Il est celui qui a le dernier mot en cas de litige entre membres. Il est là aussi pour gérer la stratégie d'expansion de la pègre. Personne n'osera désobéir à l'un de ses ordres car il est aussi le plus puissant de toute la mafia.
-Est-ce qu'ils ont aussi des pouvoirs ? demande Hirion.
-Oui, tout à fait. Les quelques chefs dont nous connaissons l'identité ont permis de nous faire découvrir qu'ils avaient réussi à monter en grade grâce à leurs pouvoirs. Cela est d'autant plus inquiétant que lorsque la pègre n'avait pas ces pouvoirs, elle était déjà capable de terribles choses. Alors avec un tel potentiel de destruction, cela n'augure rien de bon et les récents événements n'ont fait qu'accentuer cette idée.
C'est pour cela que depuis le départ, plusieurs capitaines comme Soryo ont comme objectif de trouver les gens frappés par le Nuage de Rey et les enrôler pour nous permettre d'avoir une armée capable de stopper l'émergence de groupes violents.
-Combien y a-t-il d'organisations ? je lui demande.
-Il y en a douze majeures. Elles sont toutes focalisées dans un secteur particulier, de manière à pouvoir s'étendre sans pour autant affronter une concurrence directe qui nuirait aux affaires. Les plus importantes sont : La vente d'armes, les casinos, la prostitution, la drogue, les œuvres d'arts et l'assassinat. Cette dernière organisation est celle dont nous disposons le moins d'information. Tout ce que nous savons c'est qu'elle existe et qu'elle ne cesse de prendre de l'importance au fil des années.
-Wow, lâche Wistom.
-ça en fait du monde à mettre derrière les barreaux, souligne Hirion.
-Je vais être direct avec vous. Le capitaine Okata fut autrefois mon maître. Je respecte totalement l'homme qu'il est et je l'admire énormément. Mais ses principes moraux sont un frein dans notre combat pour le crime. Je préfère vous avertir. Tôt ou tard, il faudra que vous vous salissiez les mains. Je ne connais personne dans l'armée qui n'a jamais tué et même Okata a dû le faire. Il est inutile que vous vous berciez d'illusion à ce sujet. Dans l'armée on tue, mais on ne le fait pas de gaieté de cœur comme les monstres que nous affrontons. C'est d'ailleurs une des raisons qui m'a poussé à me focaliser sur la traque de monstre, comme les nocturnes, les loups-garous ou même les vampires.
-Quoi ?! Vous chassez les vampires ? s'estomaque Lyra.
-Mais, ça n'existe pas. N'est-ce pas ? balbutie Hirion.
-Hum... Le plus simple, c'est que je vous amène au musée. On ne vous a pas fait visiter la partie créature, n'est-ce pas ? nous demande le capitaine.
-Non, capitaine, nous lui répondons.
Tonka se lève alors de table et s'en va en dehors de la pièce. Nous le suivons et nous nous dirigeons vers le musée.
-Je pensais qu'il n'y avait que des armes là-bas, me dis Hirion.
-Je pensais comme toi. Mais ce n'est pas si étonnant qu'il y ait autre chose. Ce bâtiment regorge encore de nombreux autres mystères, je lui réponds.
Le capitaine qui nous a entendu réplique :
-Le musée est bien plus vaste que le simple couloir qui mène à l'arène. On pourrait facilement le comparer à une ville, si on voyait toutes les salles en même temps.
Nous retournons donc dans le couloir où les armes sont exposées. L'endroit est toujours autant imposant. On se croirait dans le cœur d'un bâtiment religieux, c'est assez étonnant comme sentiment. On trouve cela à la fois splendide, mais d'un autre côté, ce sont des armes qui sont exposées, des instruments de mort, pas des reliques de saints.
Le capitaine va vers le côté droit de la salle et il s'avance jusqu'au bout de celle-ci. Nous y découvrons une porte en verre avec des ornements en argent qui font penser à des plantes grimpantes. Lorsqu'il ouvre la double porte, nous arrivons dans une salle tr��s lumineuse avec un véritable ciel au-dessus de nous et une architecture semblable à celle que nous avons vu précédemment mais avec une végétation luxuriante. Au lieu d'y voir des armes, il y a toute sorte de créature immobile dans des positions de pose ou prête à bondir.
Je suis bousculé par ce que je vois et je ne suis pas le seul. Mes amis sont à la fois émerveillés et terrorisés par les bêtes que nous découvrons. Il y a une petite pancarte devant chacune des créatures où il est à noter le nom de celle-ci ainsi qu'une description assez détaillée.
Mon regard se fixe finalement sur un petit animal tout mignon et je décide donc de m'en approcher pour l'observer de plus près. On dirait un mixte entre un ourson et un hamster. Il a aussi deux grandes cornes comme celle cerf. C'est un Ligu, il est dit que ce petit animal est très craintif et que s'il se sent en danger alors il n'hésitera pas à se servir de ses cornes pour se défendre, transformant celui qu'il touche avec celles-ci en arbre. Comme quoi il faut savoir se méfier des apparences.
-Capitaine, ce sont de vraies créatures ? demande Lyra en faisant face à un centaure armé d'une hache à deux mains.
-Hum... C'est un peu compliqué. Dites-vous simplement qu'ils sont réels. Au passage, je les préfère animés. Aussitôt, le capitaine tape dans ses mains et toutes les créatures bougent en restant dans leur décor ou sur leur piédestal. Certains monstres rugissent même. On se croirait en plein dans un parc animalier fantastique.
Nous regardons à droite, à gauche et sans cesse nous découvrons de nouvelles créatures plus étonnantes les unes que les autres. Certaines sont regroupées dans un décor qui représente leur habitat naturel.
-C'est tout simplement extraordinaire, s'exclame Hirion.
-Content que cela vous plaise. La plupart des gens ignorent cet endroit, mais je trouve que c'est fermer les yeux sur un monde fantastique, répond le capitaine.
-Et c'est vous qui avez capturé tous ces créatures ? demande Lyra.
-Non, certaines sont ici grâce à moi mais la majorité sont ici par la volonté du colonel Nieth.
-Et à quoi vous servent tous ces monstres ici ?
-A plusieurs choses. La première: les étudier pour mieux les comprendre et les identifier. Ensuite, on peut transmettre ces informations au reste de l'Ordre pour qu'il puisse les affronter ou les éviter plus facilement.
-Mais, capitaine. Comment se fait-il que nous n'ayons jamais vu de telles choses avant de venir ici ? demande Hirion.
-... C'est à cause du Nuage de Rey. Il a créé toute sorte de créature de légende, mais ce n'est pas le pire.
-Ah bon ? je lui demande.
-Une fois que l'animal a muté, sa descendance garde ses gênes et c'est ainsi que d'ici peu, il ne sera plus rare d'observer toutes ces créatures en plein nature, répond le capitaine en caressant un griffon.
-Quoi ?! lâche Wistom avec la mâchoire pendante.
-Je crois que j'hallucine, s'exclame Hirion.
-Mais ce n'est pas possible, capitaine. Cela va être un enfer pour la plupart des gens si de telles bestioles venaient à se reproduire. Même si certaine sont plutôt mignonnes, lui dis-je.
-Je suis d'accord avec vous. C'est pourquoi le colonel Nieth a créé un groupe chargé pour traquer et réguler toute cette ménagerie, mais le projet est voué à l'échec. Pour chaque monstre que nous abattons, il en apparaît deux autres. Il faut se rendre à l'évidence, l'évolution est inévitable.
-L'évolution ? lui dis-je.
-De tout temps, la nature s'est transformée et a fait en sorte de survivre face aux aléas de l'histoire. Une nouvelle fois, elle va muer en quelque chose de différent. Je ne pense pas qu'il soit sain de chercher à endiguer cela. Peut-être est-ce même notre salut ?
-Je ne comprends pas votre pensée. Où voulez-vous en venir ? demande Lyra.
-Je pense que le Nuage de Rey est le don du ciel dont nous rêvions mais que nous n'arrivions pas à croire. La plupart des races sont en pleine expansion et ne cessent de revendiquer de nouvelles terres alors que nous sur le Vieux Continent, nous n'arrivons même plus à tenir debout à cause de notre paresse maladive. Nous sommes quelques-uns à penser au sein de l'Ordre d'Artémis que ce phénomène va nous permettre de tenir face aux autres grandes nations. Il faut simplement faire en sorte que les mutants soient guidés pour qu'ils ne nuisent pas au reste de la population comme la pègre.
-Et s'ils ne le veulent pas ? S'ils veulent simplement vivre librement loin des conflits politiques ? lui dis-je.
-Alors il faudra les persuader, répond le capitaine.
Son regard a changé, il n'est plus du tout celui de l'homme calme et patient qui nous entraînait auparavant. Nous sommes plutôt mal à l'aise face à son discours et il commence à s'en rendre compte et soudain son visage redevient souriant et il dit :
-Mais ce genre de chose n'est que de la politique et cela doit vous sembler lointain. Venez plutôt observer ce que je voulais vous montrer.
Son discours a jeté un froid, mais petit à petit il se dissipe chez les autres. Mais pas chez moi. Je n'ai pas du tout aimé sa version des choses, les hommes et les femmes sont libres et ils n'ont pas à être embrigadé. Certes nos pouvoirs peuvent aider, mais les jours passant, je pense qu'ils pourraient servir autrement.
Nous suivons donc le capitaine qui s'éloigne du Griffon et il arrive face à un décor de forêt où de nombreux gobelins campent et dégustent un cerf en train de cuir à la broche. Ils sont une dizaine dans une tenue noire crasseuse. Je n'en avais jamais vu en vrai. Mon père adoptif s'amusait à nous raconter des histoires de quand il était jeune et qu'il escortait des convois en affrontant des hordes de gobelins. Ils sont encore plus répugnants. Tout dans leur attitude est violente. Leur manière de dévorer et de déchiqueter la viande avec leur regard vide et violent est vraiment flippant.
-Si vous voulez mon avis, on ne devrait pas s'approcher de ces monstres sans une bonne raison car ils ont l'air sacrément sournois, y a qu'à regarder les pièges tout autour d'eux. S'exclame Hirion.
Il faut dire qu'il n'a pas tort. Entre les deux pièges à ours, la fosse avec les piques et le collet qui a permis d'attraper et de suspendre un renard à une branche ne prête pas à sourire. Très clairement ces monstres ont l'air d'être plaie vivante pour notre nation. Où qu'ils aillent, ils sèment la mort et la désolation. Ce fut d'ailleurs une des raisons qui a failli pousser l'empereur à retirer la loi interdisant aux non-Kaishis, c'est-à-dire aux non-initiés de pouvoir porter une arme. Ainsi, seul l'armée, la police et quelques nobles ont le droit d'avoir une arme en permanence sur eux. Ce fut d'ailleurs l'une des premières lois que l'empereur Meiji II établit afin de pacifier au maximum les différentes régions. En particulier l'Est qui ne cessait de vivre des affrontements entre baron afin d'étendre leurs pouvoirs. Cette loi a été plutôt efficace désormais les gens ne se battent plus en duel dans la rue et les rixes ne font plus de morts. Malgré tout ce fut une aubaine pour les bandits qui en profitèrent pour attaquer les convois des marchands désarmés. Cependant, il ne fallut qu'un mois pour que l'état mette en place un système de protection fort juteux grâce à des mercenaires accrédités à porter une arme.
L'histoire m'a toujours fasciné et elle permet d'expliquer de nombreux phénomènes et semble éviter se répéter avec le temps, enfin espérons-le.
-Ces petites bestioles comme vous l'avez rapidement compris sont des gobelins. Ils sont petits, généralement ils ne dépassent pas le mètre-vingt pour les plus grands et ils ne sont pas bien costauds. Mais ils ont pour eux le nombre et leur sournoiserie. Si vous tombez nez à nez avec l'un d'entre eux, sachez qu'ils sont plus d'une dizaine autour de vous, prêt à vous trancher la gorge, nous dit le capitaine en marchant au milieu d'eux.
-Alors que doit-on faire si on en rencontre ? demande Wistom.
-Le mieux est d'être dans un endroit dégagé. Ils sont très mauvais dans le maniement des arcs et ils ne pourront plus sa cacher et vous prendre par surprise. Ils peuvent aussi avoir des animaux ou monstres domestiqués. C'est aussi un élément à prendre en compte avant de se battre contre eux. Cependant, ils ne sont pas des adversaires courageux. S'ils sentent que vous êtes plus fort ou que vous commencez à prendre le dessus alors ils fuiront laissant leurs camarades à leur triste sort, répond Tonka.
-Où vivent-ils pour la plupart ? demande Lyra.
-Ils vivent aux abords des montagnes. En lisière de forêt, c'est là où on peut les trouver, poursuit le capitaine.
-ça fait un bon nombre d'endroit à éviter, s'alarme Hirion.
-Je ne suis pas là pour vous faire peur. Mais pour vous faire prendre conscience de ce qu'il y a dehors. Je veux que vous appreniez le maximum de ce bestiaire pour que vous ne soyez pas paniqué à la vue d'une Vouivre ou bien d'un autre monstre.
-Je me demandais quel genre de monstre avez-vous l'habitude d'affronter ? je lui demande.
-Hum... Je dirais les nocturnes. C'est temps-ci, j'en ai traqué cinq et ils sont toujours aussi imprévisibles. Certains peuvent paraître très violent et dès que l'on trouve une faille en eux, alors ils cessent de se battre et ils se laissent mourir. Tandis que d'autres refusent de mourir et il faut donc en venir aux armes et bien souvent je dois me servir de mon pouvoir, nous raconte Tonka.
-Je ne comprends pas bien. Qu'est-ce que vous voulez dire par ils cessent de se battre et se laissent mourir. Les nocturnes peuvent parfois laisser s'échapper leur âme d'antan, en rencontrant des êtres qu'ils aimaient ou en se remémorant des souvenirs heureux. J'ai toujours du mal à me résoudre à violenter ces monstres quand je me rappelle qu'ils étaient autrefois des hommes et des femmes comme vous et moi. Mais la vie a fait qu'ils n'ont pas pu mourir et laisser ce monde derrière eux. C'est une vie de misère et de souffrance que celle des nocturnes. C'est pourquoi je les traque dans toute la région du Sud et parfois même au de là. Ils représentent un danger sérieux pour ceux qui croiseraient leur chemin. Je ne le fais pas de gaieté de cœur, mais c'est un mal nécessaire que de devoir se salir les mains pour que celles des autres restent propres.
Nous commençons à comprendre ce que voulait nous dire le capitaine lorsqu'il nous disait qu'il faudra qu'un jour nous tuions pour sauver des vies. C'est une éventualité que je me refuse à imaginer pour moi mais je comprends son point de vue vis-à-vis des Nocturnes.
-Capitaine. Quel est cette créature ? demande Hirion en fixant étrangement une sorte de hiboux sur une branche d'arbre au-dessus de nous.
Ce hibou marron a les yeux bleus, les observer même que quelques instants me donnent l'impression que je vais m'y noyer. C'est une sensation très étrange, mais cet animal nous observe vraiment comme s'il nous voyait. Il en est d'ailleurs de même pour le reste des créatures qui nous regardent toutes.
-C'est un caladri, un oiseau rare que j'ai ramené des îles Flogg. Il ne s'approche jamais des autres sauf lorsque celui-ci s 'apprê... Mais ce ne sont que des superstitions. Contrairement au commandant Tom-Tom.
En effet, nous nous retournons et nous faisons face à un homme magnifique avec une sorte d'écharpe en plume sur l'épaule droite. C'est l'homme qui nous avait rassuré après notre combat face à Kugutsu. Il nous avait promis qu'Enjinto serait capable de soigner le capitaine Okata et ce fut le cas.
Il a toujours sa tenue extravagante malgré son air très sérieux.
-Je suis désolé de vous interrompre capitaine Tonka. Poursuivez, ma question peut souffrir d'une attente, lui dit Tom-Tom.
-Ne vous inquiétez pas commandant, j'avais fini sur le sujet de toute façon. Quelle est cette question que vous souhaitez me poser ?
-J'aimerai savoir si vous aviez pu discuter avec la commandante Hantz du problème qui est survenu à P-Bonsaï ?
-Oui commandant, elle a dit qu'elle pensait que la pègre était liée à cette attaque et que trois capitaines de l'Ouest ont été envoyé sur place et que je serai tenu au courant des avancements de leur enquête au jour le jour. Ils devraient donc pas tarder à me contacter. Lui répond le capitaine Tonka.
-Parfait, parfait. Mais pourquoi est-ce vous qui enseignez au groupe d'Okta ? Il a décidé d'abandonner, demande le commandant étonné en nous reconnaissant.
-Non, non, Okata a simplement besoin d'être soigné et de se reposer après leur mission de ce matin.
-Me voilà rassurer. Bon, je vous laisse care je ne voudrais pas plus vous déranger dans votre tâche. Bonne journée messieurs et madame.
Et le commandant s'en va sans un bruit comme il est venu.
-Bon, revenons à nos moutons. J'aimerai maintenant vous présenter les dopplegangers. Il y en a un juste à côté du troll des marais.
Nous le suivons donc et nous arrivons face à la statue du capitaine Tonka. Celui-ci l'imite à la perfection.
-Est-ce que vous commencez à comprendre ce qu'est cette créature ? nous demande le capitaine Tonka.
-On dirait une sorte de mime, dit Hirion.
-Il y a de cela en effet. Les dopplegangers sont capables de prendre la forme de n'importe quelle personne qu'ils touchent ou qu'ils ont déjà touché. Les yeux, le corps et même la voix sont identiques. Il est impossible de faire la différence entre un doppleganger et sa victime et c'est là où résidé tout le problème. Comment faire pour se débarrasser de cet adversaire sans risquer de blesser un ami ? Nous questionne le capitaine.
-Il ne doit pas être capable de nous imiter parfaitement, propose Wistom.
-Non là-dessus, ils sont parfaits. Autre chose.
-Ils n'ont pas notre mémoire alors on peut poser des questions personnelles et voir qui répond correctement, propose Lyra.
-C'est une excellente proposition mais qui ne fonctionnera pas si vous ne connaissez pas la personne en question. Une dernière chance ?
Personne n'ose avoir d'autres idées à proposer.
-L'argent, nous dit-il.
-Il suffit de lui donner des pièces.
-Non, enfin... Ce que je voulais dire c'est l'argent au sens de matériau. S'il rentre en contact avec de l'argent alors il reprendra sa forme initiale. Au même moment, le capitaine défait son bracelet qu'il avait à la main et il frotte le dessus de la main de l'imitateur qui reprend peu à peu les traits d'une flogg âgée. Sa peau écailleuse verdâtre dénote avec ses yeux jaunes qui semblent fatigués et perdus dans le néant.
-On ne sait jamais à l'avance qui se cache derrière une transformation. La femme que vous voyez là est la réplique exacte de la première doppleganger que j'ai dû arrêter. Elle escroquait un bon nombre de gens en ville en changeant sans cesse d'apparence. Ce n'est qu'avec beaucoup de chance que j'ai réussi à lui mettre la main dessus avant qu'elle ne fuie la ville avec son butin.
-Les dopplegangers peuvent être autre chose que des floggs ? Demande Hirion.
-Oui, ils peuvent être des nains, des humains, des elfes... En vérité, il semble que n'importe quelle race dotée de conscience puisse être un doppleganger. Lui répond Tonka.
-Et comment le devient-on ? demande Lyra.
-On ne le devient pas, on naît avec. On ne sait pas vraiment comment mais certaine personne on ce « don », si on peut aller cela ainsi.
-On peut dire qu'il y a de drôles de choses qui vivent autour de nous, lâche Hirion.
-Vous pouvez le dire et maintenant, c'est à vous de préserver les gens de leurs rencontres et cela sans faire de vagues. Bien, nous avons bien bavardé, mais maintenant place à la pratique. S'exclame Tonka en tapant dans ses mains.
-Je ne le sens pas, lâche Wistom.
-Je le sens mal, continue Hirion.
Au moment où le capitaine Tonka frappe ses mains ensemble, les dalles sous nos pieds se déplacent et bientôt c'est toute la structure qui s'anime et crée une place dépouillée des colonnes et des bestiaux environnants. Il ne reste qu'une sorte de fumée noire devant nous provenant de quelques cendres.
De son côté, le capitaine fait quelques pas en arrière et dit :
-Un conseil, ne le prenez pas à la légère même s'il a l'air sympathique, il n'en est pas moins sournois. Allez démon, c'est à toi !
-Démon ?! s'écrie Lyra.
La fumée se rassemble alors et forme un être humanoïde avec une grosse tête de près de trois mètres de haut. Ses deux gros yeux et sa bouche laisse s'échapper une fumée blanche tandis qu'il commence à sourire. Il prend une drôle de posture un genou à terre tout en tendant sa jambe gauche sur le côté tout en prenant appui avec le sol par sa main droite. Il semble s'étirer.
-Tout le monde garde son calme et dégaine tranquillement. On ne sait pas encore de quoi est capable cette chose ?
-Chose ? Lâche le démon étonné en penchant sa tête sur le côté gauche.
-Ben elle sait parler. Dit Hirion en serrant ses deux cimeterres.
-Oh, mais je sais faire plein d'autre chose, comme danser, s'exclame le démon en se relevant, puis il effectue quelques pas de danses sous nos regards ahuris.
-C'est quoi comme démon ? demande Lyra.
-Je dirais que c'est un démon de type rigolo. Répond Hirion en baissant ses armes.
Au même moment, le démon saute sur lui et passe au travers de son corps. Lorsqu'il arrive de l'autre côté, Hirion s'effondre au sol en perdant connaissance.
-Ok, ce salopard se fout de nous ! s'énerve Wistom en faisant apparaître Blade.
-Mais non, mais non voyons. J'équilibre simplement les chances. Répond-il en se laissant tomber sur le corps d'Hirion. Il y disparaît puis le corps d'Hirion se remet à bouger et il se lève doucement.
-J'ai comme un mauvais pressentiment, s'exclame Lyra.
-Bien d'accord, pas besoin d'en voir plus. Après ces quelques mots, je tourne le cadran de ma montre et j'actionne le mécanisme.
Je me retrouve au moment où le démon finit de s'étirer et commence ses pas de danses. J'hésite une seconde avant de prévenir Hirion, mais je préfère laisser les choses se faire et intervenir juste à temps pour éviter de perdre l'effet de surprise.
-C'est quoi comme démon ? demande Lyra une nouvelle fois.
-Je dirais que c'est un démon de type rigolo, répond Hirion en baissant ses armes.
Je saute alors dans le dos d'Hirion en l'empoignant pour le plaquer au sol tandis qu'au même moment le démon saute sur lui. In extremis je parviens à lui faire éviter notre adversaire.
Celui-ci se retrouve derrière nous alors que nous avons à peine le temps de nous retourner, mais les réflexes de Lyra sont prodigieux et elle lui lance une nuée de bulles qui se collent à lui et le fond s'envoler.
-Tu es trop forte ! lui dis-je, alors qu'elle reste concentrée en continuant de lui projeter des centaines de bulles.
-Merci, me sourit-elle toute fière.
-On fait quoi maintenant ? demande Wistom.
-Invoque Blade, il ne sera pas de trop. On va cueillir notre ami lorsque Lyra va le faire redescendre, lui dis-je.
Le démon quant à lui continue de sourire en disant :
-Et après on dit que ce sont nous les monstres.
-Tu en reste un l'affreux ! s'exclame Hirion en transformant sa peau en écorce et en développant de grands poings.
-Ahahaahahha ! D'ici peu, nous aurons plus notre place qu'ici qu'en bas, vous verrez, répond le démon en gardant son sourire sans se débattre.
-Je le trouve un peu trop calme pour un gars qui va bientôt se faire écraser, leur dis-je.
-ça ne doit peut-être pas avoir peur de la mort un démon ? dit Lyra.
-Une chose est sûr, il va bientôt rencontrer son créateur. Lyra prépare toi à le faire descendre rapidement pour que je le découpe, s'exclame Wistom.
-Ok, je vais lui envoyer des bulles lourdes pour le faire tomber violemment au sol. Dès qu'il se retrouve par terre, vous en finissez avec lui, ordonne Lyra.
Nous nous préparons donc alors que Lyra commence à lâcher des bulles marrons. Le démon quant à lui continue de sourire et n'essaie même pas de se libérer.
Soudain, toutes les bulles sont attirées vers le sol et cette masse s'écrase violemment, fissurant même les dalles. Mais le démon n'a pas bougé, il est resté en hauteur, la main droite planté dans le plafond. Son corps est plus gazeux que tout à l'heure, puis il reconstitue totalement son corps et il pend devant nous, toujours aussi souriant.
-Je vous prie de m'excuser, mais Narcisse ne perdra pas aussi facilement face à quatre enfants. Je vous ai bien observé et il semblerait que vous ne soyez pas ordinaires, mais moi non plus.
Soudain son corps se projette telle une ombre sur le plafond et il se déplace jusqu'au sol, il se pavane autour de nous alors que nous ne savons pas quoi faire.
-On fait quoi maintenant ? Demande Hirion.
-On reste groupé et on attend qu'il reprenne une forme physique, leur dis-je.
Nous nous mettons alors en cercle alors qu'il continue à tourner au tour de nous le long des murs. Il ne cesse de sourire et soudain, il se répand au sol. Nous reculons alors tandis que je lui tire dessus espérant un effet quelconque. La balle part dans un bruit sourd et fend le sol. Mais il continue de glisser sur la surface toujours sous la forme d'une ombre.
-Bordel! On ne va quand même pas attendre qu'il nous chope pour agir, s'énerve Wistom.
Blade fonce alors droit sur le démon et plante violemment sa lame dans le sol mais sans succès. C'est alors que celui-ci se tord et grimpe le long de son armure et commence à se répandre dans ses interstices.
-J'ai comme l'impression que tu as fait une bêtise, dit Lyra.
-Je crois bien, avoue Wistom tout palot.
Blade commence à se mouvoir comme une poupée toute désarticulée. Sa tête fait plusieurs tours sur elle-même. Ses épaules ne cessent quant à elle de se tordre et de prendre des positions impossibles comme ses jambes.
-On dirait que cette chose est muée par une autre force. Ce n'est pas grave, cela rendra les choses encore plus amusantes, dit le démon au travers de Blade.
Il nous charge alors en courant à l'envers. La situation est extrêmement dérangeante, mais Wistom réussit à faire face à son invocation et il pare sa première attaque. Hirion en profite pour s'appuyer et ainsi s'élever dans les airs pour lui infliger un puissant coup avec ses deux poings pour l'écraser. Blade est pulvérisé au sol tandis que Lyra lui projette des dizaines de bulles bleutés qui le cristallise. Bientôt, c'est un véritable amas de glace qui nous fait face.
Tout le monde observe attentivement Blade, guettant le moindre geste ou soupir, mais il semble avoir été vaincu.
-Vous ne trouvez pas ça trop facile ? demande Lyra.
-Tu l'as dit, Bouffi, lâche Wistom tout souriant en tranchant en deux Hirion.
-Hirion ! hurle Lyra.
La scène est atroce, je mets plusieurs secondes avant de réussir à réagir. Wistom en profite alors pour s'attaquer aussi à Lyra. Il tente de la blesser, mais elle réussit à parer de justesse son coup au visage. Je réussi alors à reprendre mes esprits et je tourne le cadrant de ma montre.
Narcisse commence à peine à entrer dans le corps de Blade.
-Il faut l'empêcher de s'approcher de nous avec Blade sinon il va en profiter pour changer de corps, je leur crie en tirant dans son genou.
Blade est alors la proie de bulles explosives et d'épines qui volent avec fureur en le balayant jusqu'au mur face à nous. Il est totalement en morceaux avant de disparaître copeaux légers.
Le démon reprend alors une forme humanoïde et il continue toujours à sourire sans sourciller.
-Bon, la subtilité n'a jamais été mon truc. Alors, autant y aller à l'ancienne, s'exclame-t-il en vomissant une fumée encore plus sombre que la sienne.
Celle-ci envahie rapidement toute la salle sans que nous ne puissions réagir.
-Plongez au sol ! hurle Hirion.
Je m'exécute alors et j'entends comme sifflet des centaines de flèches tout autour de moi.
-Lyra, tu vas bien !? demande Wistom.
-Oui, Je ne sais pas ce qu'il se passe, mais je vais essayer de dissiper cette fumée, répond-elle.
C'est alors qu'une onde de choc violente me plaque au sol et fait disparaître la fumée en la projetant dans les coins de la pièce. En me levant, je vois des centaines de pics contre les murs et le démon face à Wistom. Il a son arme braquée contre son cou alors que le démon reste là devant lui en ne faisant que sourire.
-Qu'est-ce qui t'empêche de finir le travail, gamin ? s'amuse le démon.
Wistom ne bouge pas et il tremble légèrement en tenant son arme. On peut voir ses veines ressortir de son coup et de ses bras, il est très clairement en train de donner toute sa force pour tenir debout et ne pas lâcher son épée.
-Je n'arrive pas à bouger, purée ! s'énerve Wistom.
-J'arrive, Wistom ! crie Hirion en transformant de nouveau ses poings en troncs.
-Attends, Hirion ! C'est exactement ce qu'il attend. Il peut facilement contrôler Wistom à cette distance. J'ignore comment fonctionne son pouvoir, mais plus il est proche de quelqu'un, plus il a de l'emprise sur lui, je lui dis.
-C'est exact. En voilà un qui réfléchit avec son cerveau plutôt qu'avec ses muscles. C'est peut-être toi que j'aurais dû viser avec mon attaque, s'amuse Narcisse.
-On ne va pas le laisser contrôler, Wistom! crie Hirion.
-Calme toi, Hirion. Il faut qu'on trouve un plan avant d'agir, dit Lyra pour essayer de le persuader d'attendre.
-Surtout, prenez votre temps les copains. Ce n'est pas comme-ci j'étais à deux centimètres d'un démon, s'agace Wistom.
-Bon, étant donné que je suis dans un moment rare de bonté. Je vous donne quinze secondes pour fomenter un plan contre moi. Surprenez-moi ! Quinze, quatorze, ...
Le démon commence alors son compte à rebours. Quinze secondes, c'est trop court pour étudier toutes les possibilités. Je pourrais me servir de ma montre pour en obtenir dix de plus, mais face à un adversaire pareil cela semble impossible dans ce laps de temps. Mais il faut que je réfléchisse, il y a forcément un moyen de sauver Wistom.
-Douze.
Bon sang, il peut à tout moment obtenir une forme qui semble invincible. La glace semble être une bonne solution, mais si Lyra la projette avec ses bulles de là où elle est, il aura le temps de rentrer dans le corps de Wistom.
-Neuf.
Mince, il faut trouver autre chose. Les racines d'Hirion sont inutiles et mes balles aussi. Que nous reste-t-il alors ?
-Sept.
Est-ce que j'attend que le démon agisse pour revenir dans le temps et le contrer ?
-Cinq.
Non, non, il doit y avoir autre chose.
-Quatre.
On a aucun moyen de se concerter pour le surprendre.
-Trois.
Il ne nous reste qu'une seule solution.
-Deux.
-On abandonne. On se rend, je m'exclame en déposant mon fusil.
-Quoi ?! lâche Wistom et Lyra en même temps.
-C'est une blague ?! S'écrie Hirion.
Tout le monde est stupéfait par ma réplique, à commencer par Lyra.
-Ahahahhahaha ! Vous les humains, vous avez le don de nous étonner. Même après plusieurs siècles à vos côtés, vous continuez à nous surprendre, rigole le démon.
Je m'avance alors vers lui en lui disant.
-Cela n'a rien d'étonnant. Vous avez en otage l'un de nos amis et nous sommes cruellement en manque de temps et de force. Au moment même où nous aurions foncé, vous auriez pris le contrôle de Wistom ou même de quelqu'un d'autre créant ainsi la confusion dans nos rangs et vous auriez pu tous nous éliminer en quelques instants. Etant donné que je ne suis pas suicidaire, je ne vois pas l'intérêt de foncer vers une mort certaine. J'ai lu que les démons craignaient les armes sacrées, mais nous n'avons pas. Il faut donc se rendre à l'évidence, nous avons perdu.
Mes amis ne savent pas quoi faire et me laisse m'approcher lentement vers Narcisse jusqu'à ce que je sente son souffle chaud sur mon visage.
-Quel drôle d'homme tu es. Tu comptes marchander sa vie ? me demande le démon.
-En effet, je lui réponds en essayant de garder mon calme.
-Ahahahahahaah! Vous avez vraiment le don de me faire rire ! hurle le démon en toussant même de rire.
Je plonge alors contre son torse en le frappant de toutes mes forces avec mon poing gauche. Le démon crache alors une espèce de sang rouge acide au sol. Son sourire léger s'efface alors quand il comprend ce que j'ai serré dans mon poing.
-Je n'ai peut-être pas d'arme sacrée, mais j'ai le médaillon de ma mère. Bénis par l'Eglise ! je lui hurle dessus en le frappant cette fois-ci en plein visage. Je n'y croyais pas ! Mais il faut croire que vous n'aimez pas du tout cela, vous, les démons.
Je lui décoche alors un uppercut dans la mâchoire et je commence à enchaîner les coups et même maintenant avec mon poing droit. Il subit tous mes assauts que j'enchaîne avec une rage folle que je n'avais jamais exprimée.
-Jamais tu ne toucheras à un cheveu de mes amis ordures ! Je ne le permettrai ! Ni aujourd'hui, ni jamais !
Je continue à le frapper et j'oublie totalement le monde autour de moi. Désormais, il n'y a plus que lui et moi. J'agrippe sa gorge avec ma main droite et je fais pleuvoir des dizaines de coups dans son visage alors qu'il commence à saigner abondamment. Mais cela ne m'arrête pas, je ne sais même pas s'il est encore conscient. Tout ce que je veux c'est qu'il disparaisse sous mes frappes. Je crois même sentir des os se briser sous mes phalanges mais mon combat se poursuit.
Ce n'est qu'après plusieurs attaques que je me rends compte que le démon est totalement inconscient et que les autres me regardent à genoux dans une mare de sang acide qui a commencé à ronger ma peau. Je me lève alors les poings dégoulinant de son sang tandis qu'Hirion commence à bander mes plaies.
-Wow ! Frangin, tu es une vraie bête, me lâche Wistom.
C'est alors que le capitaine s'avance vers moi et me félicite en disant :
-C'était un combat d'anthologie, Myo. Je n'ai jamais eu l'occasion de voir un démon se faire boxer à main nue et on peut dire que cela valait le détour. Je vous propose qu'on s'arrête là pour aujourd'hui et que l'on continue notre entrainement demain matin.
Tout le monde acquiesce, mais les compliments du capitaine ne m'intéressent pas car à cet instant, je vois dans le regard de Lyra quelque chose que je n'aurais jamais imaginé découvrir. De la peur, oui, mais pas du démon, de moi. Ses yeux se baissent lentement vers le sol, tandis qu'Hirion me soigne. Elle est choquée, pas par l'adversaire que nous avons défait, mais par la rage que j'ai libérée. Elle ne m'en croyait pas capable et à dire vrai, moi non plus. Je suis très perturbé par ce qui vient d'arriver. Je n'ai pas su contrôler mes émotions. Moi qui suis de nature calme et réservé, j'ai laissé parler une violence folle. Au fond de moi, je ne suis pas mécontent et le capitaine non plus. Il est baissé en train d'observer le regard vide du démon et ses plaies au visage. Cependant, je sens que j'ai troublé celle qui fait battre sans cesse mon cœur.
Lyra s'en va sans un mot avec Wistom qui vient de remarquer son malaise. Je les laisse tous les deux partir sans tenter de les arrêter. Il vaut peut-être mieux attendre un peu, le temps que la tension redescende.
-Tu as été exceptionnel, Myo, me dit Hirion en finissant de me soigner.
-Je te remercie, Hirion. Mais il semblerait que tout le monde ne soit pas de ton avis.
-ça lui passera, elle a simplement été choqué par notre combat. Il faut dire qu'on s'inquiétait tous pour Wistom.
-Oui... tu as peut-être raison.
-Mais bien sûr que j'ai raison. Mais je dois t'avouer que je ne te croyais pas capable d'une telle force.
-Moi non plus, Hirion, moi non plus... je lui réponds, perdu dans mes idées.
-Je vais aller à la bibliothèque pour y lire un peu et je vais peut-être allez voir Elise. Et toi ?demande Hirion.
-Je vais me reposer. Je vous je rejoindrai pour le dîner.
-ça marche, Myo. A tout à l'heure, s'exclame Hirion en repartant.
Je reste là devant le démon en silence. Il disparaît petit à petit comme une sorte de mirage. Le capitaine se lève alors et me salue avant de s'en aller dans une autre direction :
-Allez-vous reposer et si vous avez besoin de parler, n'hésitez pas. Il n'est jamais bon de garder les choses en soit. Cela ne fera que pourrir. D'autant plus que dans trois jours, vous partez en permission, alors il vaudrait mieux être en pleine force pour cela.
-Merci, capitaine Tonka, je suivrai votre conseil.
Il s'en va donc et je décide de rester dans cette salle qui a repris sa forme initiale.