Je sors alors du musée et je vais du côté de l'arène car j'entends comme des acclamations. Un grand nombre de personnes sont massés autour du terrain en supportant ce qui doit être un combat. Je m'avance au milieu de la foule et j'arrive à me faufiler suffisamment pour voir qui combat. Le capitaine Haka est enchaîné à quatre grand boulets de fontes qui entravent ses jambes et ses bras. De plus, deux barres de métal lient d'un côté ses bras et de l'autre ses jambes entre elles. Une nouvelle fois, la capitaine fait preuve d'inventivité pour s'handicaper face à... Wistom ! Je n'en reviens pas mes yeux. Mon frère brandit un katana avec à ses côtés, Blade. Il veut sûrement se prouver à lui-même qu'il est un grand guerrier et qu'il peut surmonter Haka. Je doute fort qu'il puisse faire quoique ce soit, même dans cette position le capitaine semble capable de se mouvoir.
A priori, le combat ne vient pas tout juste de commencer car il y a de nombreuses traces de boulets ayant creusé le sol pour former de véritable petits cratères . De son côté Wistom est totalement dégoulinant de transpiration. Certains soldats s'amusent à lancer des paris. Mais ce n'est pas sur l'issue du combat qu'ils le font mais sur sa durée. Quelques-uns se risquent à dire trois minutes alors que d'autres misent à peine sur trente secondes. Les sommes qui sont déposées dans le panier du bookmaker varient beaucoup.
Finalement, Wistom charge Haka aux côtés de Blade. Le capitaine attend alors quelques instants avant de tourbillonner en avant faisant ainsi tournoyer les quatre boulets qui tournent autour de lui comme des satellites prêts à fracasser celui qui aurait le malheur de croiser leur route. Mon frère évite l'un d'eux de justesse en plongeant en avant, avant d'effectuer une roulade. Blade n'a pas cette chance et il est balayé par l'un des boulets qui le frappe dans les hanches, le pulvérisant sur plusieurs mètres. Wistom empoigne alors fermement sa lame pour transpercer le capitaine qui n'est plus qu'à quelques dizaines de centimètres de lui. Par malheur, la lame ripe contre la barre qui entrave les deux mains de Haka et il saisit cette occasion pour le frapper dans le ventre avec la seconde barre qui lie ses jambes. Wistom se fait ainsi propulser face contre terre, lâchant son sabre et râlant en agrippant son ventre qui doit terriblement le faire souffrir.
Le combat est fini. Haka transforme donc ses bras et ses jambes en diamant, puis il détruit ses menottes comme on déchire du papier. Une idée me vient alors, cependant, elle n'est pas très sport. Mais après tout, ils ont parié contre mon frère, ce serait donc un juste retour des choses que cet argent soit le sien. J'actionne donc ma montre pour me retrouver dix secondes dans le passé.
Dès que j'arrive dans le passé, j'agrippe le bras du bookmaker en lui tendant une pièce d'argent.
-Il va tenir dix secondes, lui dis-je.
Il s'exclame alors :
-J'ai dix secondes ici! Allez, qui dis mieux ? Qui va être le plus près, mes amis ?
Je ne suis pas très fier de ce que je viens de faire, surtout que c'était ma seule pièce de monnaie, mais c'est pour la bonne cause. J'attends donc les dix secondes d'affrontement que je me refuse à appeler combat. Comme je l'avais vu tout à l'heure, Wistom perd après dix secondes. Tous les parieurs sont estomaqués par le fait que j'ai gagné la mise. Je prends ainsi lentement chacune des pièces présentes dans la sacoche du bookmaker, sous leur regard médusé et bouche bée. Une fois mon butin finement rangé dans mes poches, je me rends auprès de Wistom qui râle au sol en jurant.
-Frérot ! Rien de cassé ?! je m'exclame.
-Ne t'inquiète pas. La seule chose qui est brisée ici, c'est ma fierté, me répond mon frère en toussant.
-Non, ne dites pas une chose pareille. Vous vous êtes vaillamment défendu et vous avez même progressé. Lentement, mais surement, s'exclame le capitaine en l'aidant à se relever.
-Comme un bûcheron qui essaierait de couper le tronc d'un arbre avec un couteau à viande, répond Wistom déçu.
-Peut-être, mais à force de conviction, vous y parviendrez. J'en suis certain.
-Je vous remercie capitaine d'avoir pris le soin de ne pas amocher Wistom à la tête. Le peu de neurones qu'il a n'aurait pas survécu à un choc aussi violent, je m'amuse à lui dire.
Cette réplique lui fait lâcher un petit rire avant de me répondre.
-Je ne suis pas là pour vous ramener à un stade végétatif, seulement vous entraîner du mieux que je peux.
-Merci, Myo, pour ta sollicitude. On va retourner jusqu'à nos quartiers, si tu le veux bien, me dit Wistom en s'appuyant sur mon épaule pour tenir debout.
Nous saluons donc humblement le capitaine pour quitter l'arène et retourner à notre étage.
-Qu'est-ce qui t'a pris de défier le capitaine Haka ? je lui demande sur le chemin.
-On a pas mal discuté avec Lyra et je me suis dit qu'il me fallait devenir plus fort et plus vite.
-Et c'est comme ça que t'es venu l'idée de ce combat ?
-Pas tout à fait. A la base, je comptais juste m'entraîner tranquillement. Mais le capitaine a lancé le défi lorsque je suis arrivé. Alors je n'ai pas su refuser cette opportunité.
-Tu parles d'une opportunité. Mais bon... et comment va-t-elle maintenant ? je lui demande toujours inquiet pour Lyra.
-Elle était encore un peu bouleversée quand je l'ai quitté. Elle a préféré s'isoler dans son dortoir. Je n'ai pas bien réussi à connaître ses sentiments. Mais une chose est sûre. Elle s'inquiète énormément pour toi.
Ses paroles me touchent profondément, il faut que j'aille la voir pour la rassurer.
-Si tu le permets, je voudrais allez la voir dès que possible. Je te dépose au dortoir homme, puis je vais essayer de discuter avec elle.
-ça marche. Mais ramène-moi plutôt à l'infirmerie car je crois que j'ai une cote fêlée.
Nous descendons donc les marches pour rejoindre l'infirmerie. Sur le chemin, nous rencontrons le capitaine Chansu que nous saluons, mais il préfère nous ignorer plutôt que de nous rendre la politesse. Cela n'est pas très grave, une fois arrivé à l'infirmerie, je le laisse aux mains d'une jolie infirmière blonde. Je vois d'ailleurs à ses yeux qu'il devrait pouvoir supporter les soins prodigués par celle-ci.
Pendant que je continue ma descente des escaliers menant à nos quartiers, je réfléchis à ce que je vais bien pouvoir lui dire et comment elle va réagir. Faut-il après tout parler de Pan ? Pas sûr, si je la sens capable de garder le secret sans que ce soit un poids alors je le ferai.
Finalement, quand j'arrive dans le couloir qui mène aux dortoirs, je me dirige vers celui des filles. Ce que je m'apprête à faire n'est pas très réglementaire, mais c'est le seul moyen de la voir. Je m'exclame donc avant d'entrer pour ne pas surprendre qui que ce soit :
-Lyra, j'aimerai te parler, si tu le veux bien.
Pas de réponses.
J'ouvre la porte en prenant soin de baisser les yeux au cas où. Mais personne ne m'interrompt, je continue donc à m'avancer dans ce dortoir si bien rangé et où le peu de filles ne dit, ni ne fait rien pour m'empêcher de rentrer. Après la deuxième chambre que je traverse, je tombe sur Lyra qui discute avec Susane.
-Eh bien, voilà Myo. Je vous laisse, vous devez avoir des choses à vous dire, dit-elle en se levant du lit où elle était assise avec Lyra.
-Euh... Oui, j'aimerai pouvoir te parler, Lyra, lui dis-je un peu hésitant devant toutes ces filles qui me regardent.
-Oui, bien sûr, me répond Lyra, les yeux tous mouillés.
Elle les essuie donc tandis que Susane fait sortir les filles de la chambre.
-Je te prie de me pardonner pour tout à l'heure. Je ne sais pas d'où m'est venu cet excès de rage. Je n'ai pas réussi à me contrôler, je lui avoue en m'asseyant avec elle sur le rebord du lit.
-Ne t'inquiètes pas pour ça, Myo. Ce n'est pas ça qui m'a fait peur... Enfin, pas tout à fait.
-Tu peux tout me dire, tu le sais bien.
-... J'ai cru te revoir face à mon père. Cela m'a rappelé ce qu'il t'a fait et ce que tu risques de lui faire en conséquence, lâche-t-elle en larmes.
Elle se blottit alors contre moi sans que je n'arrive à lui répondre. Je voudrais la rassurer, mais elle n'a pas tout à fait tort. Je ne sais pas non plus ce que je ferais si je le retrouvais. Est-ce que j'aurais la force de le faire juger ou bien je le punirai moi-même comme il a puni mes parents?
-Promet moi que tu ne le tueras pas. Si on le retrouve, je veux qu'il soit jugé pour ce qu'il t'a fait. Je t'en supplie, me dit-elle collé contre mon torse en resserrant son étreinte.
-Je te le promet, parce que je t'aime et que je veux moi aussi la vérité, je lui répond finalement, la faisant alors desserrer ses bras.
Elle lève maintenant la tête pour croiser de nouveau mon regard et elle se met à sourire légèrement, comme pour dessiner un soulagement. Je la garde dans les bras pendant plusieurs minutes. Le temps cesse de faire son œuvre et nous arrêtons de nous soucier de ce monde fou. J'entends son cœur battre contre le mien et ils semblent comme opérer à l'unisson. Je ne rêve que d'une chose désormais, que ce moment ne cesse jamais.
Mais notre idylle se termine lorsque la porte de la chambre s'ouvre avec fracas. C'est la commandante Shijin. Elle est à peine plus âgée que nous, mais elle a réussi à obtenir la charge des recrues femmes, très vite. Elle a l'air furax et la porte qui vient de se fracasser contre le mur en est une preuve.
Je n'ai pas le temps de me lever que je suis propulsé contre le mur derrière moi. Elle n'a fait qu'avancer dans ma direction, mais une force invisible m'écrase violemment et m'enfonce dans ce mur de pierre.
-Je peux tout vous expliquer, j'essaie de lui dire malgré le fait que mes poumons soient presque totalement comprimés comme le reste de ma cage thoracique.
-Mais j'ai très bien compris ce que vous faisiez tous les deux ! m'hurle-t-elle.
-Commandante Shijin, ce n'est pas du tout sa faute. C'est parce que je... dit Lyra pour essayer de m'aider avant d'être coupé.
-Inutile de me mentir. J'ai très bien compris ce qu'il se passe, continue-t-elle de crier en colère.
-Vous êtes amoureux et c'est trop chou. Son timbre de voix et son visage a totalement changé, elle a les yeux fermés et elle me fait un grand sourire.
Je suis tout aussi surpris que Lyra par le revirement de situation.
-Euh... Vous n'êtes pas fâché ? j'ose lui demander tout en étant toujours écrasé contre le mur.
-Si, bien sûr! Je suis la dernière au courant. Toutes les autres chambres parlent de votre relation depuis maintenant deux jours. Cela m'a rendu folle de rage quand j'ai vu toutes les filles vous espionner derrière la porte sans que je ne sache que Lyra ait un amoureux, me répond-elle comme énervée contre elle-même.
-Mais alors, vous n'êtes pas entré parce que Myo n'a pas le droit d'être ici ? demande Lyra.
-Mais non, bien sûr que non... Même si je dois vous rappeler que c'est formellement interdit de ramener quelqu'un de l'autre sexe dans son dortoir. Mais bon, ça me rappelle quand j'étais à votre place, avoue-t-elle les yeux se perdant vers le plafond avec émotion.
-Vous avez été soldate, commandante Shijin ? je lui pose la question.
-Oui, bien sûr. Et le capitaine Okata fût mon maître. J'ai toujours rêvé qu'il vienne me voir... Enfin bon, je me disperse. Veuillez sortir maintenant car si on apprend que je laisse ce genre de chose arriver, la commandante Pyim viendra me sermonner.
-Très bien, capitaine. Mais il faudrait que vous relâchiez votre entrave car là j'ai du mal à bouger et même à respirer, je lui dis.
-Oh, oui bien sûr. Il m'arrive d'être un peu distraite, par moments. Bon et bien maintenant il faut vous en aller. Il est temps d'avoir une discussion entre filles. Hop hop hop, me dit-elle en me poussant en dehors de la chambre, alors qu'elle vient à peine de me libérer de son pouvoir.
-A tout à l'heure, Lyra, lui dis-je alors que je suis mis dehors, tandis que les autres filles font leur entrée dans la chambre.
Lorsque j'arrive dans le couloir du quartier des recrues, je décide d'aller voir du côté de la bibliothèque. Hirion doit surement y être et je ne serai pas contre une petite partie de Shogi. Il a toujours été un adversaire redoutable et cela me manque de ne pas pouvoir me replonger dans mon jeu favori. D'autant plus que la dernière fois il a gagné. Il serait peut-être temps de prendre ma revanche. Et en y repensant, je pourrais peut-être trouver des informations à propos de la forêt de Mindryel. Ce lieu m'intrigue énormément d'autant plus qu'il est le centre de bien des légendes qui pourrait se révéler vraies. Après tout, il existe bien des vampires, des loups-garous, des gobelins, des fées et même une nuage rose énorme.
Lorsque j'atteins la porte de la bibliothèque, je l'ouvre lentement pour découvrir un véritable capharnaüm. Des centaines des livres sont aux sols et même certaines armoires ont été renversés. Face à ce spectacle, de nombreux soldats assistent impuissant à ce qui ressemble à une dispute entre le bibliothécaire Srova et un haut-gradé. L'homme est grand et très musclé. Il a une véritable crinière blonde qui tombe le long de ses épaules sur un manteau trois quart corail. Celle-ci a un col en fourrure jaune comme celle d'un fauve. Son visage est presque semblable à celui d'un félin dans sa forme seulement. Il a une barbe en collier qui se termine par un bouc pointu. Tout cela dessine une personne au caractère bien trempé et qui n'hésite pas à menacer le capitaine Srova.
-Tu es un incapable. Tu as une seule chose à faire ici. Garder ces débris et tu arrives à échouer !
-Colonel Uzu, je vous promets qu'il doit y avoir une explication. Il est impossible que ce livre ait quitté la réserve, dit Srova tout penaud face à la violence et la colère qui lui fait face.
-L'explication est que le seul exemplaire que nous avions, tu as réussi à le perdre.
-C'est impossible, balbutie Srova.
-Alors on l'a volé ! hurle Uzu en prenant une des armoires et en la balançant à l'autre bout de la pièce.
-Calmez-vous, colonel. Je vais...
-Me calmer ?! Tu oses me demander de me calmer après ce qui vient d'arriver. Continue de s'énerver le colonel alors qu'il se retient de le frapper.
-C'est assez Uzu ! s'exclame une voix derrière moi.
Je me retourne alors et je vois un homme de plus de deux mètres, les cheveux longs améthystes. Il a une splendide armure dorée et il avance calmement vers le colonel. Je remarque alors que tout le monde se met au garde à vous, y compris Uzu.
-Je vous pris de m'excuser, général. Mais étant donné la situation, je me suis laissé emporter par les émotions, dit le colonel en cherchant ses mots.
-Je le sais bien. Tu as toujours pris à cœur ton travail et je t'en remercie. Mais salir un endroit comme celui-ci ne réglera en rien notre problème. N'est-ce pas ? lui réponds le général en prenant un livre par terre, salis par ce désastre.
Il essuie alors la couverture avant de reprendre.
-Srova, peux-tu me dire où se trouvait le livre la dernière fois que tu l'as vu ?
-Bien sûr, général Uzaku. Il se trouvait dans la rangée C, troisième colonne, deuxième étage. répond Srova en continuant de rester droit comme un I.
-Très bien, allons voir, dit le général en marchant lentement tout en prenant le soin de ne pas écraser de livre sur son passage.
Tout le monde continue d'observer la scène sans dire un mot alors que le général arrive face à la dite rangée qui est étalée au sol.
-C'est ici, général, dit Srova en montrant du doigt l'endroit au sol où devrait se trouver le livre.
-Hum... Nous allons vite savoir ce qu'il est devenu, s'exclame le général en se baissant et en touchant l'étagère qui accueillait autrefois le livre.
Après quelques secondes de concentration et de silence, le général se relève en disant :
-Je sais où il se trouve. Je me doutais bien que les jumeaux étaient dans le coup. Suis-moi, Srova. Quant à toi Uzu, je vais te demander de bien ranger ce capharnaüm que tu as provoqué.
-Quoi ?! Mais c'est de sa faute si nous n'avons plus le livre.
-C'est vrai, mais tout ce bazar est de ton ressort. C'est toi qui as fracassé ces belles armoires, pas Srova. Il sera sanctionné pour ce qu'il a fait, pas pour ce que tu lui aura fait subir. N'oublie jamais que tu te dois de traiter de la même manière les capitaines et les commandants. Me suis-je bien fait comprendre ?
-Oui, général, répond Uzu en baissant la tête en signe de respect.
-Parfait. Rejoins-nous dans les laboratoires, une fois que cela sera fait.
Ainsi les deux hommes sortent alors qu'Uzu reste face à ces tonnes de livres en ne sachant pas par où commencer. J'en profite alors pour chercher Hirion et je le trouve en train de récupérer des livres qui ont finis écrasés sous une armoire. Il a d'ailleurs l'air triste de voir comment on traite le savoir et je le comprends. Lire a toujours été une passion pour nous deux, c'est une manière pour nous de nous évader de ce monde que nous avons tant de mal à comprendre. Alors jeter des livres est quelque chose qu'il ne peut pas comprendre.
-Hirion, tu veux un coup de main ? je lui demande en prenant un des livres par terre.
-Oh, Myo. Je veux bien, merci. Tu es allé voir Lyra, finalement ? me répond-il en continuant à ramasser des livres.
-Oui, mais malheureusement on n'a pas eu trop le temps de papoter car la capitaine Shijin est arrivée.
-Ne me dit pas que tu étais dans le dortoir des filles ?!
-Si, si.
-Elle ne t'a pas tué ?
-Au début, quand elle est rentrée dans la chambre, j'ai bien cru que c'était ce qui allait arriver. Mais elle a soudainement changé d'humeur et elle m'a fait gentiment la leçon. Il parait au passage qu'elle en pincerait pour le capitaine Okata.
-Quoi ?! T'es pas sérieux ?
-Je te le promet, elle a failli tout nous avouer. Mais on en saura peut-être plus grâce à Lyra qui est restée avec elle.
Petit à petit, tous ceux qui ont observé la scène se mettent de concert pour rendre à la bibliothèque sa splendeur d'origine. Certains se transforment pour soulever les armoires tandis que d'autres font des piles de livres prêt à retrouver leur ancienne place. Il y a un vrai esprit de corps ici, presque de famille. Peut-être que l'Ordre n'est pas tout blanc, mais il garde un bon fond et cela grâce à ceux qui le font vivre.
Hirion finit de ranger les livres qu'il a accumulé en m'indiquant où je dois ramener les miens pour me demander :
-J'ai une question.
-Oui, laquelle ?
-Ben, je...
-Oui...
-J'aimerai dire à Elise que je l'aime bien. Genre vraiment, genre beaucoup, énormément, à la folie. Chaque minute, je pense à elle. Pour la première fois, j'ai rêvé d'elle. C'est normal à ton avis ? C'est grave? Je crois que je deviens fou.
-Je crois surtout que tu es fou amoureux d'elle.
-Tu crois ?
-En tout cas, je le vois, lui dis-je en rigolant à mesure qu'il rougit.
-Je suis censé faire quoi maintenant ? ça ne m'est jamais arrivé ce genre de chose. C'est aux autres que cela arrive normalement.
-Ahhaahah. Ne t'affole pas. Il n'y a rien de dramatique. Au contraire, c'est plutôt mignon.
-Alors, je fais quoi à ton avis car avec les filles, tu sais comment ça marche ?
-Hum... Le mieux, c'est que tu lui dises ce que tu ressens en étant le plus honnête possible. Il faut que tu t'ouvres à elle.
-Et si elle ne pense pas comme moi ?
-Tu veux dire si elle n'est pas amoureuse ?
-Oui, c'est exactement ce que je veux dire. Si elle me dit que je ne suis qu'un ami pour elle. Je dis quoi ? Je fais quoi ?
-Bonne question et tu vas pouvoir le découvrir tout de suite car elle est juste derrière toi.
Hirion se retourne alors et il voit Elise avancer dans l'allée qui vient d'être restauré. Elle a un splendide sourire aux lèvres tandis qu'elle sifflote un petit air joyeux. Je vois Hirion rougir à mesure qu'elle se rapproche jusqu'à ce qu'elle soit devant nous en nous disant :
-Salut tous les deux, comment ça va ?
-Euh, eh bien...
-On va très bien. On parlait justement de toi, avant que tu n'arrives.
-Ah oui ? Et qu'est-ce que vous racontiez ? nous interroge Elise curieuse et toujours aussi souriante.
-Voilà, je voulais te demander si...
-Si ?
-Si tu...
-Si je ?
-Enfin, parce que moi je...
-Tu ?
C'est un moment très mignon car Hirion est tout hésitant face à Elise qui semble impatiente d'entendre la question d'Hirion.
-Est-ce que tu m'aimes ? Ces mots sortent comme une délivrance alors qu'Hirion se fige, attendant la réponse avec beaucoup d'appréhension.
Le sourire simple d'Elise se dessine sur tout son visage et elle se baisse alors pour l'embrasser sur la bouche. Ils se prennent mutuellement dans les bras tendrement, tandis que je jubile de joie à les voir si heureux tous les deux. Il est vrai que leurs caractères peuvent sembler antinomique, mais le pôle nord attire bien le sud. Cela doit sans doute être aussi le cas en amour. Ce moment est unique et je ne voudrais en aucun le leur gâcher. Je préfère donc les laisser à leurs jeux amoureux pour rechercher des informations sur la forêt de Mindryel.
La bibliothèque est presque comme neuve, malgré quelques livres qu'il faut encore ranger. Je recherche si le nom de Mindryel ressort sur un des titres. Je vais dans l'allée qui se nomme contes et légendes. Il est probable que ce que je cherche se trouve ici: Etudes des ligus, Chasse aux sorcières, Evasion des montagnes de Crystal, Le livre des Runes, La naissance des Nocturnes, Le roi de Mindryel. Bingo, c'est exactement ce qu'il me faut.
Je fais coulisser l'échelle jusqu'au livre et je monte dessus pour atteindre ce livre pourpre. Les reliures sont dorées et il n'est pas bien grand. Seulement une douzaine de centimètres en longueur, mais il est très épais, plus de mille pages. Autant dire que je vais en avoir pour un moment, si je veux me préparer à ce que je risque de vivre en m'aventurant dans cette contrée. Regardons à l'intérieur pour voir de quoi il en retourne.
Ce livre est avant tout une compilation des nombreux récits qui narrent les mythes et légendes autour du Roi Shajana, grand souverain de la forêt de Mindryel. Au début du récit, deux auteurs ont été choisis pour évoquer avec style le lieu où réside cet être hors du commun. Il est conseillé à tous les lecteurs de s'attarder sur la forêt avant d'aller plus en avant. En effet, pour mieux comprendre les contradictions entre les différents récits, il est important de noter que la forêt n'a jamais été souillé par la présence humaine. Cet endroit sacré pour tous les grands cultes reste ainsi draper de mystères que de nombreux conteurs ont essayé d'éclairer de leur imagination et des histoires racontés par ceux qui prétendent l'avoir pénétrée.
Ainsi, à cause du peu d'informations fiables, de nombreux auteurs ne sont pas d'accord sur la nature même de l'être qui la protège. Mais tous sont d'accord sur deux choses: la première, il existe bel et bien et c'est grâce à lui que pas un seul arbre ni une seule gousse d'herbe n'a été dérobé. La seconde, il protège aussi une population qui vit reclus dans cette forêt à l'abris des regards. Les questions qui se posent alors sont :
Qui est vraiment cet être qui par sa simple évocation permet de protéger un étendu si vaste et cela depuis plusieurs siècles?
Et puis qui sont ces êtres qui se sont réfugiés auprès de lui, loin des hommes?
Commençons par un écrit de Phileas Drimms qui donne sa vision de ce qu'est pour lui ce roi.
Aussi loin que je sois allé dans le passé pour étudier la forêt de Mindryel. J'ai découvert la plus vieille histoire qui parle du roi Shajana. C'est une simple comptine, mais elle a réussi à perdurer dans le temps grâce à la tradition orale. L'intérêt de ces chants ou poésies populaires, c'est que bien souvent elles commencent par des faits réels qui se mêlant aux traditions et aux superstitions, devient légende.
Au centre même de notre foyer,
De notre empire,
Réside un second souverain.
Aussi vieux que le temps-lui-même.
Il n'est pas paré d'or, d'argent
Et d'autres richesses matérielles.
Il a pour seul trésor, une forêt.
Une forêt dense et sombre que nul n'a jamais traverser.
Contenant en son sein
Le bien le plus convoité
La vie éternelle.
Les rares courageux ou fous qui s'y sont risqués
Ne sont pas ici pour conter leur aventure.
Seul le silence qu'ils ont laissé derrière eux
Avertis ceux qui auraient pensé les suivre.
Si vous vous égarez aux abords des bois,
Peut-être entendrez-vous leurs pleurs
Leurs râles et leurs remords.
Mais tout cela est inutile.
Ils ont été mis en garde,
Comme nous tous.
Personne n'a le droit d'entrer dans Mindryel
Sans y avoir été invité.
Alors s'il vous faut vous rappeler de quelque chose de cette histoire.
Retenez bien que le roi n'éprouve pas de pitié.
Ni cruauté, ni amour pour la mort.
Seulement un devoir,
Celui de protéger le peuple de la forêt.
Autant dire que ce premier récit ne rassure pas du tout. A vrai dire, je crois que je vais le laisser rentrer seul dans cette forêt. J'attendrais un peu loin, le temps qu'il discute avec son roi. Après tout, je n'ai rien à voir avec ça. Je ne suis qu'un simple soldat, je dois obéir aux ordres...
Malgré tout, je n'arrive pas à me résinier à abandonner ce faune. Il n'a pas du tout mérité son sort et ses amis encore moins. D'un autre côté, si Pan est avec moi, cela signifie d'une certaine manière que j'ai le droit de m'y rendre avec lui. Bon, assez psychoter. Je vais continuer de lire un peu. Il me reste une heure avant le dîner, sachant qu'il faut que je me prépare cette fois-ci si je ne veux pas sauter un repas.
Par la suite de mon étude, j'ai réussi à mettre la main sur un récit d'attend de deux siècles avec pour la première fois, une peinture de cet être surnaturel. Il est représenté sous la forme d'un grand cerf surplombant une colline ou des dizaines d'êtres féeriques semblent le vénérer.
-Myo ! Qu'est-ce que tu fais là ?! s'exclame une voix derrière moi.
Elle m'est familière et pour cause, lorsque je me retourne je découvre Pold tout souriant. Il me prend alors dans ses bras et me scanne de haut en bas.
-On peut dire que tu as pris de l'allure dans cet uniforme ! me dit-il, plutôt épaté par mon nouveau look.
-Merci, tu n'es pas mal non plus, je lui réponds.
-Mais qu'est-ce que tu fais plonger dans ce vieux livre ? Hirion t'a converti ?
-Tu sais, j'ai toujours aimé lire et c'était histoire de m'instruire un peu.
Il prend alors le livre que j'ai dans les mains pour en lire la couverture, le roi de Mindryel.
-Drôle de bouquin. Tu t'intéresses aux contes de fées maintenant ?
-Aujourd'hui plus que jamais. Mais parlons plutôt de toi. Tu as enfin pu te libérer de tes obligations ?
-Oh, ne m'en parle pas. Je dois sans cesse créer des portails pour tous les groupes qui quittent et reviennent à notre base.
-Mais tu n'as personne pour t'aider ?
-On n'est que quatre dans cette base. Le commandant Prométhy m'a expliqué qu'on était ce qu'il y avait de plus rare en matière de pouvoir. A peu près une personne sur mille touché par le nuage devient un Sekaï. Autant dire qu'ils nous ont à l'œil mais on est bien traité donc ça va.
-Ouf. Et Zoé, elle n'est pas avec toi ?
-Non pas aujourd'hui. Elle suit un entraînement particulier avec le reste de mon groupe. Il paraît que c'est la commandante Pyim qui va les maltraiter pendant une semaine, s'amuse-t-il.
-Cela n'a pas l'air de vraiment t'inquiéter.
-Et pour cause, il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Les chefs sont là pour nous faire progresser pas nous écraser. Bon ils sont un peu spéciaux mais au moins ça me change des cours ennuyeux de Monsieur Goldo.
-C'est vrai qu'il avait le don de me faire dormir. Cela me fait rire rien que d'y repenser.
-Mais je ne fais que faire des portails, j'ai aussi pas mal d'entraînement mais cela doit être pareil pour toi.
-Plus ou moins. En ce moment, on est entraîné par un autre capitaine.
-Ah bon, le capitaine Okata ne peut plus vous entraîner ?
-Oui, il est en convalescence pour trois jours. Donc on fait avec ce nouveau capitaine.
-Il est bien ?
-ça va. Un peu spécial ces entraînements mais il sait de quoi il parle et le fait qu'il ait réussi à devenir capitaine aussi jeune est une preuve de plus de sa force.
-Etant donné que tu es déjà ressorti, c'était comment ?
-C'est-à-dire ?
-Le monde a-t-il changé en notre absence ? Je dois t'avouer qu'à force de m'entraîner dans ces salles bizarres, je perds un peu la notion du temps. Pour moi, cela fait des mois que je ne suis pas vraiment sorti.
-Ne t'inquiètes pas. Dehors rien n'a changé. Nous sommes même allez à G-Shokunin pour l'un de nos missions.
-Oh ! C'est super. Tu as pu revoir tes parents ?
-Non malheureusement, mais d'ici trois jours, on aura une journée de libre pour aller les revoir.
-Chouette !
-Et toi ? Tu sors quand ?
-A priori avec Zoe on aura une journée aussi dans trois jours.
-Super, on va pouvoir la passer ensemble après avoir retrouvé nos familles.
-Tout à fait, j'ai trop hâte. De ton côté, tu as abandonné les autres ?
-Oh tu sais, quand on n'est pas en entraînement, tout le monde est libre. De mon côté, j'étudie, Wistom se remet d'un combat contre le capitaine Haka, Lyra papote dans son dortoir et Hirion...
-Et Hirion ?
-C'est étonnant, tu aurais dû le croiser en venant.
Je fais donc demi-tour avec mon livre pour sortir de l'allée et je ne vois plus Hirion ni Elise.
-Il doit être avec sa nouvelle amie. Je dis en me retournant vers lui.
-Sa nouvelle amie ?
-Oui, disons sa petite amie.
-Quoi ?! Hirion a une copine ! hurle Pold.
-Hé plus bas vous deux ! Vous êtes dans une bibliothèque ici ! s'agace un soldat entrain de lire à une table.
-Oui, pardon, réponds Pold tout désolé.
-Ecoute, je te propose que nous poursuivions notre discussion dehors. Mais avant il faut juste que je demande pour emprunter ce livre, lui dis-je avant de m'éclipser vers le comptoir au centre de la pièce.
J'y retrouve le commandant Uzu en train de ramasser des livres qui ont volé jusque-là.
-Veuillez m'excuser commandant Uzu, mais j'aimerai vous demander la permission d'emprunter ce livre s'il vous plait.
Le commandant se retourne alors lentement et son regard est pensant. Du haut de ses deux mètres trente, il est très imposant et encore plus en face à face.
-Est-ce que j'ai la tête d'un bibliothécaire ?
Je suis un peu surpris par sa réponse et je mets un temps avant de répondre. Il ne me laisse pas le temps de bégayer qu'il me prend le livre des mains et me dit :
-C'est bon, je vais te répondre. Arrête d'afficher cet air stupide sur ton visage et ferme ta bouche, tu vas gober des mouches. Ceux que vous pouvez prendre on un étau en argent comme celui que tu as. Sinon, tu es obligé de les lire ici. Mais ne tarde pas trop avant de le rendre car si Srova a une qualité, c'est bien celui d'être casse-pied.
-Euh... Eh bien, merci commandant, lui dis-je en m'inclinant.
-De rien demi-portion, me réponds Uzu en retournant à son rangement.
Je file donc en vitesse pour retrouver au plus vite Pold et ne plus avoir à parler à cette bête de muscles. De son côté, il m'a attendu sagement, adossé contre un mur en regardant les autres étudier ou se détendre. Je l'invite donc à sortir en dehors de la salle, alors qu'il s'empresse de me dire :
-Je veux savoir ! Vas-y !
J'attends que nous sortions pour lui répondre.
-Il est tombé amoureux d'une superbe Elise. Elle doit avoir trois ou quatre ans de plus que lui et elle est tout à fait ravissante.
-Et oui l'avez-vous rencontré ? me demande Pold.
-Hirion l'a rencontré dans la bibliothèque ici-même.
-ça ne m'étonne pas vraiment. Cela doit être sa seconde maison ici.
-Si ce n'est pas sa première, je lui réponds, ce qui nous provoque un éclat de rire qui résonne dans tout le couloir.
-Je suis drôlement content de t'avoir revu, mais il faut que tu ailles te changer car dans pas longtemps il y a le dîner qui va être servi, me dis Pold.
Je regarde alors ma montre et en effet, il ne me reste qu'une demi-heure pour me changer et remonter les différents étages. D'autant plus qu'il n'est pas question pour moi d'arriver en retard ni mal habillé cette fois-ci.
-Bon, on se retrouve là-bas. On se reverra avec les autres, lui dis-je en me dépêchant de rejoindre le dortoir.
-Avec plaisir.
Une fois arrivé à l'intérieur, je m'empresse de me changer pour mettre ma tenue d'apparat. Elle est beige et orange. C'est une sorte de costume deux pièces avec des épaulettes noires tressés, dessinant les épaules. Tous les matins nous avons une nouvelle tenue sur notre lit. Il faudra que je m'intéresse à ce mystère un jour. Mais pour l'instant le plus important est de faire vite. Je commence donc à courir tout en mettant ma botte gauche à cloche pied pour essayer de gagner du temps tant bien que mal. Une fois passé le niveau -1, je me dépêche mais seulement en pressant le pas lorsque je remarque que personne ne coure pour le dîner. En effet, il me reste vingt minutes. Bon, je me suis peut-être un peu trop stressé mais au moins j'y serai dans les temps.
Une fois arrivée au troisième étage, je rentre dans la salle du banquet pour voir si les autres sont déjà là, mais je ne les vois nulle part. En continuant de regarder à chaque rangée, je remarque Susane qui me fait signe de venir à sa table alors je décide de la rejoindre bien volontiers. Elle est à table avec Kurara et Ylady. Je m'assois donc en face de Kurara et aux côtés d'Ylady pour papoter.
-Comment t'es-tu remis de notre dernière mission ? me demande Susane.
-ça va, je te remercie. Par chance, je n'avais pas été très blessé durant les combats. Contrairement à toi Kurara, j'ai l'impression que tu as repris du poil de la bête.
-Oui, mais c'est grâce aux soins prodigués par le capitaine Enjinto et ma capacité de régénération. Mon pouvoir fait que je cicatrice beaucoup plus vite désormais, me répond-il.
-Drôlement utile, lui dis-je.
-Oui en effet, ça tu peux le dire. Etant donné que je suis toujours en première ligne, il est vital que je puisse encaisser les attaques ennemies et mon corps de Yéti le fait plutôt bien.
-Arrête un peu de t'en vanter. C'est aussi parce que nous on protège tes petites fesses, s'agace Ylady.
-C'est vrai et oublie pas qu'Elise est elle aussi au front. Vous faites une belle paire de têtes brûlés, poursuit Susane.
-Oh, ça va. J'ai bien le droit me mettre en valeur... C'est un vrai enfer de bosser avec trois filles, désespère Kurara.
-Quatre tu veux dire. Tu oublies Madame Bertyl, précise Ylady.
-Oui, quatre. Tu ne connais pas ta chance Myo. Je pensais que n'avoir que des filles autour de moi serait un paradis. Mais c'est l'enfer. Elles se liguent toujours contre moi et le pire c'est qu'elles pensent avoir raison, se lamente-t-il les poings fermés et la tête baissée vers la table.
-Aahhah. Cela ne doit pas être si horrible que cela, lui dis-je pour essayer de le ménager.
-Si ça l'est ! renchérie Kurara.
-Oh lala... Chochotte, lâche Ylady.
-Tu vois, continue Kurara en me fixant comme un chien battu.
Notre conversation est finalement coupée par la voix d'Elise.
-Il reste un peu de place ?
-Bien sûr, lui dis-je en remarquant Hirion qui lui tient la main.
Ils s'assoient donc l'un en face de l'autre alors que j'aperçois Wistom, Lyra, Pold et Zoé qui viennent de me voir. Je me lève donc pour leur faire signe et bientôt notre table est remplie par notre petite fratrie. Wistom s'empresse alors de faire les présentations en n'omettant pas certains détails croustillants comme sa rencontre avec Pold alors qu'il venait de commencer son premier cours au collège, l'une des armoires semblent faire du bruit. Le professeur s'arrête alors quelques instants puis il poursuit son cours. Quelques secondes après le bruit recommencent et le professeur attend alors de nouveau de l'entendre mais rien ne se passe. Finalement, il perd patience et retourne écrire au tableau. Ce n'est que quand le bruit recommence une troisième fois, qu'il s'avance vers l'armoire pour l'ouvrir. Mais juste avant qu'il ne puisse tourner la poignée, la porte de celle-ci s'ouvre et un jeune ado aux cheveux bruns en sort en disant excusez-moi j'étais parti à Narnia. Le professeur n'en revenait pas du culot de cet élève et Wistom non plus d'ailleurs. C'est ainsi que leur amitié comment ça par une apparition inattendue. Pour ce qui est de Lyra, il s'amuse à la décrire comme un ange descendu du siècle alors qu'il n'avait que 8 ans. Toutes ces âneries font d'ailleurs grandement rougir Lyra qui ne sait pas vraiment où se cacher. Et puis c'est le tour d'Hirion. L'histoire n'est pas banale et a le mérite d'être à son image. Wistom jouait tranquillement dans la cour de récréation quand il tombe nez à nez avec un jeune qui s'interpose devant lui alors qu'il est en plein jeu de ballon.
-Mais qu'est-ce que tu fais dans le passage ? s'énerve Wistom en s'arrêtant net.
Hirion a les bras en croix et s'exclame :
-Je ne peux pas te laisser courir ainsi fait le tour sinon tu vas l'écraser !
-Quoi ? Mais qu'est-ce que je vais écraser ? demande Wistom en regardant par-dessus son épaule.
Hirion se décale alors pour lui montrer une magnifique fleur violette avec un bouton d'or en son sein. Wistom est tout déboussolé par le geste et la conviction qui anime ce garçon aux cheveux longs et blonds.
Le reste des enfants, voyant Wistom ne plus jouer mais gardant le ballon au pied observent la scène et l'un d'eux s'avance en disant :
-Qu'est-ce que tu fais Wistom ? Allez jouer et laisse celui-là tout seul. Il n'a pas d'amis !
Hirion a le dos courbé et il est facile de comprendre qu'il est mal à l'aise. Mais le jeune garçon continue de l'invectiver en se rapprochant de lui.
-Bon le lèche botte. Écarte toi, tu ne vois pas qu'on joue là ?!
-Vous ne pouvez pas jouer ici. Il y a une Octo Gorgonas Fulia. C'est extrêmement rare. Cette plante purifie l'air aux alentours grâce à ses spores, il serait injuste de l'écraser, lui réponds Hirion en essayant de lui faire face et de cacher sa peur.
-Tu sais ce qui est injuste ? C'est que l'on ne puisse pas jouer tranquillement avant de reprendre les cours. Alors si tu y teins tellement à ta plante. Je vais te l'arracher pour que tu puisses la ramener chez toi ! s'exclame le gens en se baissant soudainement pour agripper la plante.
Mais sa main ne l'atteint pas car elle est retenue par celle de Wistom.
-Décidément, Rumyu, tu es toujours un nul. Pas capable de gagner au Kykyom (Jeu de ballon typique de la région de G-Shokunin), pas capable de parler à une fille et incapable d'être gentil. Autant dire que tu me donnes une nouvelle raison de te casser une dent ! hurle alors Wistom en lui donnant un violent coup de poing dans le visage avant de se ruer sur lui.
C'est donc ainsi qu'ils se sont rencontrés, grâce à une fleur.
C'est trois histoires ont l'air d'avoir passionn�� tout le monde et le repas commence alors avec enthousiasme. Notre dîner est splendide, il y a sur notre table des tonnes de Sushi. Il y en a de toutes sortes. Devant moi, trône aussi des dizaines de Daifukus rose, bleus, vert, jaune, marron, violet, rouge, orange. C'est à la fois un régal pour les papilles et pour les yeux. On n'en revient pas. Comme d'habitude, les couvercles d'argents cachaient un véritable trésor culinaire. Kurara à côté de moi mange sans que sa bouche ne cesse de mâcher ne serait-ce qu'une seule seconde. Malgré tout, j'essaie de garder un peu mon calme car je suis assis à côté de Lyra et je n'aimerai pas qu'elle me prenne pour un sauvage. Durant quelques secondes, elle n'a pas pris cette peine et elle s'est jetée sur des brochettes de porcs caramélisées en les avalant d'une seule traite.
Lorsqu'elle finit sa troisième bouchée, elle se tourne vers moi et commence à rougir de honte en mettant ses deux mains devant sa bouche.
-Pardon, me dit-elle toute désolée.
-Ahahha. Ne le sois pas. On a tous diablement faim et c'est vrai que j'ai moi-même du mal à garder mon calme face à cette avalanche de nourriture, je lui réponds.