Nous continuons à le suivre jusqu'au niveau 1 où nous nous dirigeons vers les bureaux. Pendant plusieurs minutes, nous pensons aller jusqu'à son bureau, mais je reconnais la porte en bois vers laquelle se dirige le capitaine. C'est celle du commandant Wolgen. Peut-être veut-il lui annoncer la nouvelle directement.
Lorsqu'il arrive devant la porte, il toque, puis il attend quelques instants. Finalement, comme soulagé que le bruit qu'il a produit ne crée aucune réaction, il ouvre la porte lentement et il nous invite à le suivre. Le bureau est bel et bien celui du commandant avec cette odeur de pipe si particulière qui emplit la pièce. Une fois que nous sommes tous entrés, le capitaine dit :
-Donnez-moi la tête. Je vais l'accrocher au plafond avec le reste de trophées. Cela devrait faire plaisir au commandant.
Wistom et Hirion lui dépose alors la tête à ses pieds et soudain un faucheur sort de son dos. Un être dans une tenue noire et qui n'a pas de visage, sous une cape noire comme la nuit. Les seuls membres qui sortent de ce linceul sont des mains squelettiques tenant une faux.
-C'est... C'est la mort ! s'épouvante Hirion.
Lyra se colle à moi, tandis que Wistom saisit le pommeau de son épée.
-Du calme. C'est simplement mon invocation. J'avoue qu'elle ne prête pas à la confiance, mais c'est ainsi. On ne choisit pas son pouvoir. Cela se saurait sinon, depuis le temps.
L'être fantomatique flotte dans son dos et ne dit rien. Après quelques instants, il descend lentement jusqu'à la tête du troll et il la soulève pour la déposer sur un cadre en bois vierge. Après l'avoir accroché, le fantôme redescend pour retourner dans le corps du capitaine. Quel drôle de spectacle. On peut dire qu'il nous a surpris. C'est un pouvoir très effrayant et il n'est surement pas le seul à exister.
-Vous avez un drôle de pouvoir, si je puis me permettre, dit timidement Lyra.
-En effet. Je me demande parfois si je n'aurais pas mieux fait d'en avoir un autre. Un qui serait mois... Effrayant... Mais asseyez-vous. J'aimerai pouvoir m'entretenir avec le commandant Wolgen pour voir sa réaction, répond le capitaine.
Nous nous asseyons donc tous les quatre dans des fauteuils en cuirs. Ils sont plutôt confortables et l'odeur qui en émane parfume nos vêtements d'un léger air d'amande.
-Etant donné que nous risquons d'attendre. Que diriez-vous d'un thé ? demande Tonka.
-Avec plaisir, je lui dis.
-Avec beaucoup de sucre car je n'aime pas ça, répond Wistom.
Cela provoque l'hilarité générale et le capitaine se lance alors dans la concoction de thé à la rose. Pendant ce temps, nous observons la pièce fièrement décorée avec toute sortes d'objets d'arts, allant du vase ancien à un sabre, jusqu'à une peau d'ours brun servant de tapis. L'endroit n'est pas du tout à mon goût et ni à celui de Lyra et d'Hirion. J'ai l'impression qu'il n'y a que Wistom qui est dans son élément. Sûrement par ses heures passées à chasser avec mon père adoptif. Il faut dire qu'ils y vont chaque weekend pour nous ramener toute sorte de prise. Le mieux qu'ils aient fait est un sanglier qui pesait plus que moi, même si ce n'est pas tout à fait un exploit.
Après quelques minutes, le capitaine nous sert à chacun une tasse de café dans un récipient vert pomme léger, presque transparent.
Le capitaine prépare un peu sa voix avant de demander :
-Savez-vous d'où proviennent nos pouvoirs ?
-Ben, du Nuage de Rey ? répond naïvement Hirion.
-Certes, mais qu'est-ce qui fait que quelqu'un devient capable de se transformer en liquide, qu'un autre puisse revenir dans le temps ou bien encore qu'un autre soit capable de plier la réalité à la seule force de sa volonté ?
Aucun de nous ne répondons.
-Personne. Ce n'est pas tellement étonnant. La plupart des gens se contente de leur pouvoir sans chercher son origine. Depuis peu, nos scientifiques ont élaboré une théorie. Bien sûr, comme toutes les théories elle pourra être remis en cause plus tard mais je la trouve fort intéressante. Ils prétendent que le pouvoir dépend de l'esprit de la personne. Les personnes débordantes d'imagination seront portées par un pouvoir en lien avec cela tandis qu'une personne craintive aura un bouclier pour se défendre. Le pouvoir est lié à l'esprit et l'esprit au rêve. Nos pouvoirs renferment nos désirs les plus profonds, cachés par nos pensées et nos tracas.
-C'est vrai que pour Hirion, c'est vrai. Il a toujours rêvé d'être un légume vert, rigole Wistom.
-Cela pourrait faire sens... dis-je en étant embrumé dans mes pensées.
Je ne l'avais jamais vu sous cet angle-là, ma montre est à la fois l'objet le plus précieux qu'il me reste mais aussi un outil qui me permet désormais de revenir cinq secondes dans le passé. Peut-être le temps qu'il m'aurait suffi pour alerter mon père. Mais le pouvoir de Lyra et Wistom... Après tout, l'idée m'avait traversé. Ce samouraï qu'est capable d'invoquer Wistom ressemble énormément à celui avec lequel je jouais petit. Il n'y a que pour Lyra que l'origine du pouvoir m'est inconnu.
-Et tu en pense quoi Lyra ? je lui demande en tournant la tête pour la voir.
A ce moment-là, je vois des larmes couler le long de ses joues.
-Lyra, je...
-Pardon Lyra. Je ne voulais pas vous faire de la peine en vous disant cela. Ce ne sont que des hypothèses après tout. Lâche Tonka en se levant de sa chaise pour la prendre par la main. Ne garde pas ce que tu as sur le cœur. Donne-le-nous pour que nous puissions t'aider à le porter.
Lyra se mord les lèvres pour essayer de se calmer et elle essuie ses joues avec le dessus de sa main. Puis elle répond la gorge nouée :
-Quand vous m'avez dit cela, je me suis rappelé les quelques souvenirs que j'ai de mon père. Et celui qui m'est venu, c'est quand je n'étais qu'une enfant et qu'il me faisait prendre le bain. Je vois encore ce bain blanc avec mes animaux flottant à la surface et ces bulles avec lesquelles il jouait pour me faire rire et nous rions ensemble pendant des heures, si bien que maman nous grondait car nous arrivions quasiment systématiquement en retard pour le dîner.
Ces paroles résonnent en nous avec beaucoup d'émotion. Personne n'ose l'interrompre pas plus que le silence. Le capitaine semble même avoir les yeux mouillés par ses sentiments. Il prend une pause avant de reprendre la parole.
-Je sais bien que le fait de quitter sa famille est une blessure indescriptible mais sachez que vous ne l'avez pas quitté définitivement. Je suis persuadé que ton père est en vie quelque part sur cette terre et que tu le retrouveras. Prenez aussi conscience que l'Ordre est une famille. Où bien sûr il règne des colères et des disputes. Cependant, elles sont à l'image de celles que l'on peut avoir avec un père, une mère, un frère, une sœur... Nous sommes loin d'être parfait ici mais chacun prend soin des autres, à sa manière et avec ses forces. Le capitaine Haka par exemple, il entraîne sans relâche quiconque le lui demandera. Il passera des journées et des nuits à transpirer, à se fatiguer pour vous faire progresser. Même si parfois certains semblent poursuivre des décisions injustes, ils le font pour le bien commun.
Et cela vous devez le garder à l'esprit. Si nous agissons chacun pour nos intérêts personnels alors c'est la fin de l'Ordre, la fin de pourquoi il s'est battu et pour ceux qu'il défend. Ce que vous faites ici vous ne le devez pas pour vous et encore moins pour votre famille. Vous le devez pour tous ceux qui n'ont pas eu la chance d'obtenir de tels pouvoirs. Des pouvoirs qui vous permettent de les protéger de ceux qui ont décidé de se servir de leur pouvoir pour eux-mêmes ou leurs proches. A chaque fois que vous voudrez abandonner. A chaque fois que vous vous direz que c'est trop dur que l'obstacle est insurmontable. Eh bien, dites-vous que vous le faites pour que d'autres gens n'aient pas à le faire car ils n'ont pas cette chance d'avoir des amis, une famille et une raison de vivre.
-Merci, capitaine Tonka, dit Lyra en souriant.
Enfin, il se relève en ayant réussi à apaiser Lyra, puis il se rassoie dans son fauteuil pour continuer de boire son thé et nous en faisons de même.
-Capitaine. J'aurais une question pour vous. Si vous me le permettez, demande Hirion.
-Avec plaisir, que voulez-vous savoir ?
-Je voulais savoir quand et comment vous aviez intégré l'Ordre d'Artémis ?
-C'est vrai, ça. Ça s'est passé comment pour vous ? continue Wistom.
-Bon, très bien. Hum... Par où commencer ? Tout d'abord, j'avais seize ans quand le Nuage de Rey a fait abattre sa pluie sur mon village. Je vivais du côté de C-Supaisu. Mon père est menuisier et ma mère l'aide dans son atelier. Ce jour-là, j'avais décidé d'amener ma copine dans les bois pour se balader à l'écart loin des regards indiscrets des amis. Nous avons marché le long d'un cours d'eau, tandis que nous discutions passionnément, le vent c'est levé et soudain nous avons remarqué un nuage rose au-dessus de nous. Nous n'avons pas compris ce que c'était sur le coup et nous avons même pensé que c'était un signe du ciel alors nous nous sommes embrassés sous la pluie. Alors qu'elle coulait le long de nos vêtements, nous avons commencé à nous sentir fatigué, bientôt nous n'étions plus capables de rien et nous nous sommes endormis.
Lorsque je me suis réveillé, j'étais sous une tente avec deux autres personnes que je reconnus car ils étaient de mon village. Instinctivement, je regardai à gauche et à droite pour voir si mon amie était là mais je ne la voyais pas. Je réussi avec difficulté à m'asseoir son mon lit de camp, ainsi je pouvais mieux observer ce qu'ils se passait autour de moi. Il y avait un médecin et plusieurs infirmières qui soignaient un homme recouvert de bandage. Il n'y avait pas un millimètre de sa peau qui n'en n'était pas recouvert, même ses yeux étaient cachés. L'une des infirmières me remarqua et prévint le docteur :
-Monsieur Enjinto, le garçon vient de se réveiller.
L'homme se retourna alors et je vis un homme avec un masque de la peste. Son allure lugubre n'augurait rien de bon, plus il avançait vers moi plus je sentais une présence glaciale me remonter du bas du dos jusqu'à mon visage. Lorsqu'il remarqua mon visage devenir soudain tout pâle, il se permit de desserrer son masque et de le laisser tomber le long de son torse. Je découvris alors un visage pur aux yeux verts et aux cheveux châtains.
Il me fit un léger sourire avant de me demander :
-Comment allez-vous jeune homme ?
-J'ai connu des jours meilleurs...
-Vous mal quelques parts ?
-J'ai des courbatures dans tout le corps et j'ai l'impression qu'un cheval m'a piétiné le dos.
-C'est bon signe.
Me répondit-il en notant sur son carnet.
-Bon signe ?
-Oui, cela veut dire que vous êtes toujours en vie.
-C'est vrai que vu sous cet angle-là.
-Vous avez d'autres symptômes ?
-Attendez, avant de poursuivre je veux savoir où se trouve ma copine ? Pourquoi elle n'est pas là avec moi ?
-Votre amie a du mal à guérir. Mais ne vous inquiétez, nous nous en occupons très bien. Certaines personnes réagissent plus difficilement au Nuage de Rey.
-Au quoi ?
-Vous avez été touché par une pluie toxique. Celle-ci rend malade eux qui entrent en contact avec elle. Mais ne vous inquiétez pas, on vous expliquera cela plus en détail quand vous vous serez reposé. Pour l'instant, ce que vous devez faire, c'est dormir.
-Je vous remercie docteur.
-Ce n'est rien.
Puis je me suis rendormi, épuisé par ma fièvre et les vertiges. Après ce qui m'a semblé n'être qu'une minute, je me suis réveillé par un simple baiser sur mon front. C'était Diane, ses yeux brillaient à cause des larmes qu'elle tentait de contenir. Lorsqu'elle vit mes yeux s'entrouvrir, elle m'enlaça et elle me serra de toutes ses forces contre elle.
-Tout va bien maintenant Tonka. Ne t'inquiète pas, je suis là pour toi.
Je mis un peu de temps à me rendre compte où j'étais car j'avais pris la scène précédente comme une sorte de rêve. Mais ce que je vis me ramena très vite dans un cauchemar. Il y avait tout autour des traces de lames dans la toile et même du sang contre un des murs. Bientôt, je me relevais pour mieux voir d'où provenait ce sang et je vis une femme gisant au sol, la gorge tranchée. Enjinto se baissa au même moment pour lui prendre le pouls.
-Ce n'est pas ta faute Tonka. Ce n'était pas toi, me disait Diane.
J'avais peur de comprendre. Mais comment ? Comment pourrais-je être coupable de ce meurtre. Des dizaines d'images surgissaient dans mon esprit et m'inondait de pensée de plus en plus atroce. Ce n'est que lorsque Enjinto se leva pour me dire :
-Ne vous inquiétez pas, elle va vivre.
Que je réussis un tant soit peu à me calmer. Mais ce ne fut que de très courte durée car tout de suite, je voulu m'assurer de ce qu'il me dit. Et en effet, comme par miracle, sa gorge était intacte. Pas la moindre éraflure alors que je l'avais vu sa trachée tranchée, presque décapitée.
Je n'en revenais pas. C'était juste impossible. Cette femme que j'avais vu morte ne pouvait pas cinq secondes après respirer et ne pas avoir la moindre cicatrice.
-Comment avez-vous fait ? je lui demande en bégayant.
-Vous apprendrez avec le temps que l'on vous a fait un don, mais un don qui implique que l'on apprenne à s'en servir pour le bien.
Voilà comment j'ai connu l'Ordre. Cela a véritablement fait basculer ma vie, tout comme vous. C'est pour cela que je comprends très bien ce que vous vivez en ce moment. La frustration, la tristesse, la colère. Nous n'avons pas voulu être ici, derrière ces murs. Mais maintenant il faut mériter notre place. Beaucoup rêverai de pouvoir accomplir ce que nous faisons dans l'anonymat chaque jour. Mais ils n'ont pas cette chance. C'est nous qui l'avons.
-Eh ben... Mais qu'est devenu votre amie ? demande Hirion.
-Elle a intégré l'Ordre comme moi et elle est devenue une des capitaines de la base du Sud, réponds Tonka.
-C'est étonnant car nous ne l'avons pas encore rencontré, souligne Wistom.
-Malheureusement, lors d'une de nos excursions, elle est morte en combattant un renégat à mes côtés.
-Ah, pardon. Je suis désolé, dit Hirion tout peiné.
-Vous n'avez pas à l'être. Ce n'est pas de votre faute. Mais sachez que la manière d'honorer un mort, est de vivre. Je tiens aussi à vous remercier. Vous vous êtes occupé d'une bestiole que je pensais au-dessus de vos moyens et c'est pour cela que je vous ai fait suivre par Chansu. Etant donné que vous avez passé mes trois tests avec Brio, je vais vous laisser partir voir vos familles aujourd'hui. Ainsi, vous aurez une journée supplémentaire à passer à leurs côtés.
A cette annonce, nous bondissons tous de joie en sautant et hurlant :
-Super ! On rentre à la maison !
Nous dansons et chantons. Toute la pression jaillit soudainement pour s'en aller définitivement et nous n'arrivons plus à contrôler notre joie. Ce n'est qu'après plusieurs minutes que nous remarquons le capharnaüm au sol après avoir renversé nos tasses et notre thé par terre. Je prends soudain conscience que nous avons sali le bureau du commandant Wolgen.
-Pardon, capitaine ! Nous allons tout de suite nettoyer ! Pardon ! Je l'implore.
Pourtant sa réaction n'est qu'un éclat de rire qui laisse se dessiner sur son visage un sourire qu'il épouse en disant :
-Ne vous inquiétez pas pour cela. Je ne sais pas si le capitaine Okata vous a prévenu. Alors je préfère m'en assurer. En aucun cas vous ne devez parler de ce que vous faites ici. Officiellement, vos parents pensent que vous avez intégré l'armée à cause de la menace de guerre qui pèse sur notre pays. Une lettre leur a été envoyé dès que vous êtes arrivé ici. En conséquence, vous vous contenterez chaque semaine de passer du bon temps avec eux mais pas de leur parler de votre travail. C'est compris ?!
-Oui chef ! Nous lui disons en chœur.
-Alors, fichez le camp et dépêchez-vous d'aller voir vos parents !
Nous n'attendons pas qu'il se répète et nous courons vers les escaliers en dévalant les marches quatre à quatre. Nous manquons même de bousculer Mongo qui montait avec des piles de dossiers dans les bras. Nous n'arrivons pas à freiner notre joie, si bien que le commandant Promethy nous ordonne de nous calmer lorsque nous arrivons devant lui pour qu'il nous ouvre un portail.
-Eh ! Du calme ! Vous êtes ici dans une enceinte de l'armée, pas une cour de récré ! Est-ce que je peux savoir où vous comptez aller ?
-Oui commandant. A G-Shokunin. Réponds Wistom tout heureux.
-Et en quel honneur ? Demande Promethy tout étonné.
-Le capitaine Tonka nous a permis de prendre notre jour de congé plus tôt. Réponds Hirion.
-... On aura tout vu.
A peine le commandant a-t-il répondu que je l'interromps en disant :
-Excusez-moi mais il faut que je remonte !
-Tu as oublié quelque chose ? Me demande Lyra.
-Euh, je... Il fait que je dise quelque chose au capitaine Tonka.
-Et ça ne peut pas attendre ? Demande Wistom.
-Non, du tout.
-Alors dépêche-toi. Je suis impatient de goûter à nouveau au ravioli de maman. Réponds Wistom.
Je fais donc demi-tour et je cours pour retourner dans le musée. J'ai failli oublier Pan ! Mais à priori il devrait toujours se trouver dans le musée. Je passe donc devant le musée d'arme pour rejoindre celui du bestiaire et je vérifie avant de faire quoi que ce soit, qu'il n'y ait personne d'autre à l'intérieur. Fort heureusement pour nous, je suis seul.
-Pan ! Sors de ta cachette car je pars pour G-Shokunin à l'instant.
-Quoi ?! s'écrie une voix derrière un hippogriffe.
C'est Pan qui vient d'apparaître et qui ne comprend pas pourquoi j'ai une journée d'avance.
-Je n'ai pas le temps de t'expliquer. Dépêche-toi de me suivre !
-ça marche! s'écrie-t-il. En disparaissant sous mes yeux.
-Mais qu'est-ce que tu fais ? Il faut y aller ! je m'écris en ne comprenant pas ce qu'il fait.
-C'est bien ce que je fais. Je suis sur ta pupille, répond-il au travers de moi.
La sensation est très étrange, mais je ne m'attarde pas là-dessus et je repars rejoindre mes amis. Lorsque j'arrive à nouveau auprès du commandant, il n'a toujours pas l'air ravis.
-Vous avez au moins pensé à prendre votre pierre ? demande-t-il.
-Euh ? On a pensé à la prendre ? nous demande Hirion.
-Non.
-Non.
-Excusez-nous, commandant. Mais pourquoi aurions-nous besoin d'une pierre ? demande Lyra.
-Pour revenir pardi. Des fois, je me demande bien ce qu'il y a dans vos crânes. Bon, pour cette fois je vous en donne une, mais la prochaine fois vous ferez l'effort insoutenable de demander à Chansu de vous en donner une. Mais étant donné que je ne suis pas un distributeur ambulant, je vais vous en donner une pour vous tous. Ne la perdez pas car c'est votre seul moyen de revenir. Et si vous ne le faites pas de votre plein gré dans deux jours, nous nous chargerons de vous ramener.
-C'est déjà arrivé ? demande naïvement Hirion.
-Oui.
-Et il est devenu quoi ?
-Tétraplégique. Au moment même où le commandant Promethy répond, un portail embrumé se crée devant nous. Sans plus attendre, nous le traversons en prenant soin de prendre la pierre.