Chereads / Le Nuage de Rey, Tome 1: L'Ordre d'Artemis / Chapter 22 - Chapitre 22 : Drôles de jumeaux

Chapter 22 - Chapitre 22 : Drôles de jumeaux

Nous continuons alors le repas tandis que Zoé nous raconte sa première mission à A-Humi. C'est une grande ville portuaire qui fait face au Royaume flogg. Pendant plusieurs années, elle fut le point d'encrage des navires de guerre qui tentèrent de conquérir ces îles lointaines, mais ce fut à chaque fois des échecs cuisants. Les floggs ont pour eux, un territoire fait d'une dizaine d'îles, elles même constituées d'autres îles plus petites. Naviguer dans ces mers sans guide est voué au suicide, à cause des récifs et des phénomènes météorologiques tous plus incertains et fourbes les uns que les autres.

Par ailleurs, il y a dans ces eaux, des monstres marins que personne n'a jamais réussi à dompter et qui font sans cesse des victimes parmi les navires marchands, faisant ainsi grimper le prix des épices importées depuis ces îles. Il faut dire que les hommes raffolent de ces plantes qui pimentent et donnent une saveur sans pareille à la nourriture, sans parler des potions médicinales qui peuvent être obtenu à partir de celles-ci. Ainsi, ces îles ont toujours été convoitées et aujourd'hui A-Humi est la clé de voûte d'un commerce fort juteux qui crée sans cesse plus d'envieux. C'est pour cela que l'Ordre d'Artémis garde un œil sur cette grande ville.

C'est un peuple méfiant qui a toujours vécu à l'écart des autres grandes nations. Son réseau d'îles en a fait un état indépendant avec une culture tournée vers le chamanisme et les traditions. Peu enclin à évoluer technologiquement, il fallut trouvé un terrain d'entente afin d'échanger avec ce peuple qui ne semblait pas non plus intéressé par l'or et les différents métaux précieux venant de l'empire du milieu. Finalement, c'est le commerce des peaux, des vins et des tissus qui ont permis d'ouvrir un commerce florissant pour les hommes et les floggs qui trouvèrent eux aussi leur compte à marchander avec cette race venue de l'ouest. Mais il ne faut pas oublier non plus l'apparence de ces êtres. Bien souvent à l'aspect de batracien ou de reptile vivant sur leur deux pattes arrière, à la manière des humains, cette espèce peut ainsi facilement effrayer tous ceux qui tentent de négocier leurs ressources.

C'est après ce long descriptif que l'équipe de Zoé fut envoyée sous les ordres du capitaine Hammond, mais sans Pold qui était en train de s'entraîner avec le commandant Promethy. Nous ne connaissons pas ce capitaine, alors Zoé nous fait une brève description de celui-ci. C'est un homme de plus de cinquante ans avec une moustache, une barbichette et les cheveux blancs longs en arrière. Chose très étonnante, il possède 8 lames dans son dos. Toutes différentes, allant de l'épée banale à une main, au katana, puis un poignard courbé, un wakizashi, une dague, une épée à deux mains et enfin un ninjato. Cela fait clairement un sacré arsenal, mais il se déplace avec comme si de rien n'était. Il porte habituellement une veste en cuir sans manche et un pantalon large, noire.

Il faut dire que nous ne l'avons encore jamais vu à aucun repas et pourtant son style aurait dû nous marquer.

Enfin, elle nous signale quelque chose avant de parler des deux autres soldats de son groupe, c'est un code qu'a le capitaine. Il peut être détendu et même drôle parfois, mais il interdit formellement les gros-mots. A la moindre incartade, il n'hésite pas à user de ses poings pour rappeler la règle en lavant la bouche de sa victime avec un morceau de savon qu'il conserve dans son sac à dos. Drôle de lubie, en effet.

Pour finir, elle était accompagnée de deux jumeaux, un garçon et une fille nommés : Lupin et Rose. Ce sont tous deux de jeunes capitaines âgés de seulement dix-sept ans. C'est d'ailleurs tout à fait exceptionnel car le plus jeune à avoir ce grade était le capitaine Tonka à vingt et un ans. C'est une équipe hors-norme pour pouvoir protéger Pold lors des missions. Seul le capitaine Hammond n'est pas là normalement et remplace le commandant Promethy.

L'histoire peut donc débuter. Ils sont convoqués par la commandante Pyim qui leur demande de trouver et de capturer un dénommé « Grizzly ». Il est recherché et son avis de recherche le décrit comme un homme immense de plus de deux mètres. Sa peau est jaune et il serait capable d'enfoncer des murs de pierre pour se frayer un passage lors de rixes. De plus, il paraît qu'il organise un commerce de drogues entre le royaume flogg et l'Empire en faisant transvaser ses marchandises à bords de navires marchands.

Ils partent donc au travers d'un portail qui est ouvert dans le Hall par Fly et ils arrivent non loin de la ville. Malheureusement, il pleut des cordes et ils sont rapidement trempés.

-Mais quelle idée stupide de voyager par un temps pareil ! s'agace Rose. On n'aurait pas pu prendre des parapluies avant de venir?

-C'est vrai que là, on risque de tomber malade, poursuit Lupin.

-Cessez donc de râler et suivez-moi. On a une fille à rencontrer en ville. Elle devrait nous indiquer où se trouve Grizzly, s'exclame Hammond en marchant au travers de la pluie comme si de rien n'était.

De son côté, Zoé marche juste derrière lui alors que les jumeaux se collent l'un contre l'autre pour partager mutuellement leurs deux manteaux. Après une dizaine de minutes sous la pluie, ils atteignent enfin la ville. Comme toutes les grandes cités de l'Empire, elle est protégée par d'immense rempart où seul deux grandes portes permettent d'entrer dans cette splendide capitale du commerce. Une fois devant la porte, ils entrent en montrant de faux papiers et le capitaine montre un papier certifiant qu'il peut se balader avec son stock d'arme comme vendeur. La marche se poursuit dans une ville entièrement pavée et où les échoppes pullules à droite et à gauche. Le moindre espace dans l'architecture est un prétexte pour y déposer et y monter son commerce. Ainsi, il est impossible de faire cinq mètres sans être accosté par un marchand qui tente de vendre ses babioles plus ou moins avec talent.

Zoé est d'ailleurs émerveillé par le nombre de race qui se côtoie ici, flogg, elfe et même quelques Warfs vivent ici sans conflit. Il est vrai que les conflits et la guerre sont mauvais pour les affaires alors peut-être ont-ils simplement fait acte de bon sens pour protéger leurs économies.

-Il y a beaucoup de gens différents ici, souligne Zoé étonnée.

-En effet, ils viennent des quatre coins du Monde pour vendre leurs produits. Si vous cherchez quelque chose, il se trouve forcément à A-Humi, réponds le capitaine.

-Moi je cherche ma liberté, s'exclame Lupin.

-Pas sûr qu'on la trouve ici si tu veux mon avis, réponds Rose, ce qui fait hurler de rire les deux jumeaux.

-Arrêtez de vous plaindre. Dites-vous que vous êtes en vacances surveillées, dit Hammond avec un léger sourire.

-Ben, c'est bien tout l'inverse de vacance ça, râle Lupin.

-Oui, cela veut dire que l'on ne peut pas faire de bêtises, continue Rose.

-Jusqu'à preuve du contraire, cela ne vous a jamais empêché de faire des bêtises, répond le capitaine.

-Oui, bon. Une ou deux, répond Rose.

-Plutôt douze ou treize, rigole Zoé.

-Essayez cette fois d'être sérieux. On va avoir affaire à un candidat sérieux, dit Hammond.

-Tu dis ça à chaque fois Hammond, répond Lupin.

-Et à chaque fois, on le bat, continue Rose.

-Bon sang. Mais qui m'a foutu une bande pareille. Heureusement que je ne suis plus votre capitaine, soupir Hammond.

-Pourtant, on faisait une super équipe. Hein, Lupin ? réplique Rose.

-C'est clair. On a toujours suivi tes ordres, à chaque fois. Enfin, en parti. Euh, parfois, répond Lupin en réfléchissant.

-Tu veux plutôt dire jamais. Mais ce n'est pas grave. Nous arrivons à la maison de passe. Dit le commandant en pointant du doigt une sorte de château aux toits rouges et aux fenêtres drapés de tissus rouges.

-Une maison de passe ? dit Zoé toute étonnée.

-C'est quoi ? demande Rose.

-C'est vrai, ça. C'est quoi ? demande aussi Lupin.

-Ah... Une maison de prostitué, répond Hammond en créant un immense silence au sein de l'équipe.

-Mais eux... On ne va pas rentrer là-dedans quand même ? demande Rose toute rouge.

-Précisément, si. La femme que je dois rencontrer est une prostituée qui travaille dans cet établissement.

Ils continuent donc leur marche jusque devant la porte principale. Elles sont grandes ouvertes et laissent apparaître un endroit luxueux où marbre et soie se marie avec finesse. Ils s'avancent donc jusque devant deux jeunes femmes qui attendent pour accueillir les clients.

-Bonjour, je souhaiterai rentrer dans l'aube rouge, demande le capitaine.

-Bien sûr, mon brave. Vous avez un signe ? répond l'une des deux femmes en robe légère.

-Tout à fait, le voici, répond le capitaine en sortant de sa poche un coquillage en quartz. Je veux avoir Hortense.

-Si vous voulez, ça tombe bien. Elle est libre aujourd'hui. Mais la maison n'accepte pas les enfants, on ne fait pas ce genre de choses ici, s'exclame la femme en voyant Rose et Lupin en train de se sécher leurs cheveux gorgés d'eaux.

-A vous voyez. Moi aussi ça me choque que l'on soit ici, souligne Rose.

-Mais non, ce n'est pas ce que vous croyez, répond immédiatement Hammond pour dissiper le malentendu.

-Vous avez toujours été un peu un pervers. Mais de là à nous emmener dans une maison de prostitué. Finalement, moi aussi ça me choque de votre part, poursuit Lupin.

-Non mais... Bon écoutez, les jeunes vous m'attendez ici et moi, je vais voir Hortense. C'est compris ? demande Hammond tout honteux.

-N'empêche que vous fréquentez les prostituées en dehors de votre temps de travail, dis Rose un regard sévère en le pointant du doigt.

-C'est vrai ? s'exclame Lupin tout choqué.

-Bien sûr. A ton avis, comment l'a-t-il connu ? répond Rose.

-Ah... je n'y avais pas pensé, continue Lupin.

Le capitaine décide donc de s'en aller pour fuir cette situation intenable et il monte donc un magnifique escalier en colimaçon tandis qu'ils attendent en bas avec les deux dames. La seconde leur demande :

-Mais c'est qui ce vieux monsieur que vous suivez ?

Zoé met un léger temps avant de répondre et voyant que Rose va pour parler, elle lui met la main devant la bouche et elle dit :

-C'est notre père.

-Drôle de bonhomme, répond la femme étonnée.

-C'est clair. Quel genre de père va avec ses enfants au bordel ? poursuit la seconde.

-Faut dire qu'il est un très spécial. Par exemple, il nous interdit de dire des gros-mots sous peine de nous laver la bouche au savon, râle Rose.

-Et c'est vraiment infect, souligne Lupin en prenant un air dégoûté en tirant la langue.

-Faut croire que la plupart des gars qui viennent ici ont de sacrés problèmes de famille, dit l'une des femmes.

Ils attendent donc une petite dizaine de minutes dans le hall jusqu'à ce qu'Hammond redescende tranquillement les marches. Une fois qu'il les rejoint, il les invite à sortir et il salue les deux femmes en partant.

-Vous avez des informations intéressantes ? demande Zoé lorsqu'il passe la porte.

-Oui, il parait qu'il se trouve en ce moment près des docks avec de la marchandise qui vient d'arriver des îles flogg, répond Hammond.

-Parfait, on va pouvoir leur montrer de quel bois on se chauffe. J'ai hâte de botter les fesses de ces sales types, s'exclame Rose avec des flammes dans les yeux.

-Il faudra quand même faire attention jumelle. Je ne suis pas aussi casse-cou que toi, dit Lupin un peu timidement.

-On n'ira pas la tête baissée. Vous suivrez mes ordres et on fera ça discrètement. Pas besoin de se retrouver avec tout le gang sur les bras. Préviens Hammond en poursuivant : De plus, l'endroit va surement grouiller de monde autour, alors il est formellement interdit de faire trop de remue-ménage. Je vous rappelle que l'on est ici incognito, tout comme notre organisation.

-Bien compris chef. Alors comment voulez-vous qu'on s'y prenne ? demande Zoé.

-On va monter sur les toits et observer la zone avant d'agir. Cela évitera toute mauvaise surprise et on aura au moins un avantage sur eux, répond le capitaine.

Ils continuent donc leur chemin au milieu de la foule et sur la route, le capitaine en profite pour acheter deux capes. Ils les lancent ensuite à Zoé et aux jumeaux pour qu'ils ne soient pas trop trempés. Le geste est salué par Zoé et Lupin, tandis que Rose continue de râler en rappelant qu'il aurait pu ça faire avant.

Finalement, ils arrivent au port où des centaines de bateaux ont jetés l'ancre. Il y a un brouillard opaque par de là les eaux et beaucoup de gens s'attellent à décharger et charger les navires. Il n'est pas rare de voir des hommes avec d'immenses caisses, souffrant le martyr pour les garder sur leur dos, tandis qu'un chef les dispute pour faire augmenter la cadence. L'un d'eux, à bout de force, laisse tomber sa caisse qui vient se briser en contre bas. Il s'effondre au sol, ne pouvant même plus supporter son propre poids, mais un contre-maître s'empresse de venir vers lui un fouet à la main.

-Qu'est-ce que t'a fait espèce de demeuré ! Cette caisse valait une fortune. Pour la peine tu n'auras pas ta solde cette semaine ! hurle-t-il.

Mais l'homme est incapable de réagir. Sa respiration est faible et il réussit à peine à garder les yeux ouverts. Pour le punir, le contre-maître le frappe à plusieurs reprises sous les yeux de ses camarades qui n'osent pas intervenir.

Rose commence alors à marcher dans sa direction, mais elle est stoppée par le capitaine qui l'attrape par le bras.

-On n'est pas ici pour ça ! lui dit-il.

-Ça m'est égal ! Cette ordure va le tuer sans raison. On ne peut pas le laissez faire, s'exclame Rose en colère.

-Ces hommes lui appartiennent. Nous ne pouvons rien faire. Il est malheureusement dans son droit et nous ne devons pas nous attirer des ennuis avant d'avoir trouvé notre homme, répond le capitaine en continuant à la tenir.

-C'est vraiment injuste, soupire Rose en se calmant.

-Je sais et crois moi, j'ai autant envie que vous de lui faire payer ce qu'il fait. Mais pas aujourd'hui.

A la surprise générale, Lupin est parti sans rien dire vers le contre-maître et il s'exclame :

-Eh vous ! Le tortionnaire ! La caisse n'est pas cassée alors laisser le tranquille.

-Bon sang ! Mais t'es qui gamin pour me parler sur ce ton ! s'énerve le gars en écrasant son fouet dans ses deux mains.

Le capitaine se dépêche alors de récupérer Lupin en disant au contre-maître :

-Excusez mon fils pour le dérangement. Nous ne sommes pas d'ici.

-Ben faites bien gaffe à votre mioche car ici on n'aime pas les grandes gueules, répond le sadique.

-Ne vous inquiétez pas, cela ne se reproduira pas, répond le capitaine en prenant Lupin par l'épaule.

Sur le chemin du retour, un ouvrier aide l'homme à se relever, tandis qu'un autre récupère la caisse qui est intact.

Tous les quatre, ils longent les docks tandis que Hammond engueule Lupin :

-Mais nom d'un chien ! Si je dis à ta sœur de ne pas agir sur un coup de tête, ce n'est pas pour que de ton côté tu fasses la même chose. C'est toujours la même chose avec vous, il faut avoir les yeux sur chacun d'entre vous, sans quoi l'un fera la bêtise de l'autre.

Lupin ne dit plus un mot mais sans vraiment le montrer, il est plutôt content de lui. Le long des docks, ils remarquent qu'ils sont nommés. Celui qu'ils viennent de passer est le D.

-On va jusqu'au E. Ensuite, on montra sur les toits pour s'organiser, prévient le capitaine.

Ensemble, ils vont jusqu'au dock E et ils en font donc le tour pour aller du côté d'une petite ruelle exigu. Là-bas, les deux jumeaux joignent leurs mains pour faire craquer le bras en avant, avant de dire :

-Prêt jumeau ? demande Rose.

-Prêt jumelle, répond Lupin tout enthousiaste.

-C'est parti. La brique est meuble, s'exclame Rose avant de planter ses mains dans la brique comme-ci s'était de la terre glaise.

Le capitaine et Lupin en font donc de même sous les yeux ébahis de Zoé. Elle met un petit peu de temps avant de réagir, mais elle finit par les suivre en enfonçant ses mains et ses pieds pour escalader tranquillement ce mur de brique. Tout le monde escalade facilement pour atteindre le toit au moment où la pluie commence à s'estomper. Le capitaine s'est avancé vers une trappe. Il brise le verrou avec sa dague avant de l'ouvrir lentement.

-Bon, écoutez-moi bien. Quoi qu'il y ait en bas, n'agissez que sur mon ordre. A priori, il n'y a pas l'air d'avoir beaucoup de monde, dit-il en descendant une échelle métallique.

Tous le suivent et arrivent dans un couloir plutôt étroit où ils entendent des voix provenant de l'autre bout. Ils avancent donc à pas feutrer, le capitaine a son poignard sorti dans son dos, tandis que Rose a deux tomahawks, Lupin deux marteaux, enfin Zoé a pris son arc et a préparé l'une de ses flèches. Les voix sont assez faibles, elles doivent venir de plus loin. Ils vont donc jusqu'à une porte entre-ouverte qu'il traverse avec attention pour arriver dans ce qui semble être un entrepôt pour le matériel d'entretien. Ils continuent leur route en ouvrant la seconde porte et cette fois-ci, ils arrivent sur un pont qui donne sur sa droite sur l'intérieur du dock. Ils sont au deuxième étage et ils voient des centaines de caisses entassées les unes sur les autres avec des hommes qui continuent d'en ramener.

-Dépêchez-vous ! Le patron ne va pas être content s'il apprend que l'on n'est pas dans les temps. Alors magnez-vous le train car il arrive dans un quart d'heure pour inspecter la marchandise, s'exclame un ogre en beuglant sur une trentaine d'hommes.

-Ils ont un ogre, chuchote Zoé.

-Oui, ça risque de compliquer les choses et en plus ils sont plutôt nombreux, signale le capitaine.

-On fait quoi à votre avis, demande Zoé.

-Hum... Laisse-moi deux minutes, le temps de trouver un plan, répond le capitaine en prenant un air pensif.

Le capitaine se frotte alors la barbichette quand soudain :

-Vous êtes tous en état d'arrestation bande de criminel ! hurle Rose, debout sur la rambarde.

Tout le monde se fige quelques instants avant de se tourner vers elle. Il faut quelques secondes aux hommes pour comprendre ce qui leur fait face. Ils éclatent alors lorsqu'ils voient cette jeune adolescente en jupe les pointés du doigts en leur sommant de se rendre. L'ogre hurle aussi de rire et se tape le ventre tellement il n'arrive plus à se contenir.

-Chouette entrée en scène sœurette, dit Lupin en se levant pour observer la scène.

-Pour la discrétion, on reverra la définition un autre jour. Pas le temps de se préparer et il faut en profiter pour frapper les premiers, dit le capitaine à Zoé.

-Jumeau, tu pense à ce que je pense, dit Rose à Lupin.

-Yep. Il serait bon de voir les choses sous un angle différent capitaine, répond-il en faisant un clin d'œil à Hammond.

-Punaise, ils vont remettre ça. s'agace le capitaine.

-Remettre quoi ?! s'inquiète Zoé.

Avant qu'elle ne puisse comprendre, les deux jumeaux crient :

-Gravité inversé et soudain toute la pièce se déplacer et tout le monde se retrouve attirer vers le plafond, y compris les caisses qui viennent écraser plusieurs bandits. Le capitaine rattrape Zoé qui allait pour tomber au plafond en s'accrochant à la rambarde qui se retrouve désormais en haut. C'est véritablement le monde à l'envers.

Les jumeaux sont de leur côté agrippés à une colonne, tout sourire.

-ça va capitaine ? Vous avez toujours de bon réflexe à ce qu'on voit, rigole Rose.

-Oui, merci. Mais occupez-vous plutôt de ceux qui sont encore capable de se battre ! Ordonne le capitaine. Et toi Zoé, déploie tes ailes pour prendre de la hauteur pour les harceler de flèches.

Elle s'exécute et ses ailes de guêpes ressortent de ses vêtements pour battre à toute vitesse pour la faire voler. Le capitaine peut alors lâcher prise et planter son épée dans le mur pour se laisser glisser jusqu'à la terre ferme. La plupart des caisses sont éventrées au plafond et les brigands sont quasiment tous désarçonnés par le pouvoir des jumeaux. Il faut dire que personne n'aurait pu s'attendre à une telle situation. Pas même le capitaine. Les jumeaux finissent eux aussi par descendre au plafond pour se débarrasser des derniers fous ou courageux qui se sont relevés. Ils titubent et se secouent pour reprendre totalement connaissance mais le capitaine ne leur laisse pas cette chance et il commence à se ruer dans le tas avec son épée dans la main droite et la dague dans la main droite. Il n'hésite pas à trancher des membres si les ennemis se défendent et pour les autres, il se contente dans coup de jambe dans la mâchoire. Zoé quant à elle tire ses flèches sur ceux qui dégainent leurs armes sans qu'ils aient le temps de se défendre. C'est une véritable hécatombe dans le camp des dealers.

C'est alors que l'ogre sort de sous une caisse en la lançant en direction de Zoé qui l'esquive in extremis.

-Mais vous êtes quoi bon sang ?! hurle l'ogre en prenant une grande hache à deux mains.

-Celui-là, il nous le faut vivant les jumeaux. Alors faites en sorte qu'il le soit et qu'il puisse répondre à mes questions ! crie Hammond en tranchant la tête d'un des hommes qui le visaient avec son revolver.

-Compris chef ! s'exclame Lupin en courant dans la direction de l'ogre avec ses deux marteaux.

Il est rapidement suivi par Rose qui a haché menu plusieurs combattants. Lorsqu'ils arrivent au corps à corps, ils essaient de l'attaquer un par un pour voir comment il se bat et réussir à le jauger pour apprendre son style de combat. Fort heureusement pour eux, son style est plutôt primitif, il se contente de frapper avec force de bas en haut ou alors de manière circulaire. Ils décident donc d'y aller en même temps pour percer son armure de cuir. Celle-ci résiste étonnamment bien aux coups de tomahawks ainsi que ceux des marteaux de Lupin.

Zoé décide donc de leur prêter main-forte, voyant que le capitaine n'avait aucun mal à se battre contre une petite dizaine d'ennemis en même temps. Elle décoche plusieurs flèches qui font mouche mais celle-ci ricoche sur l'armure de l'ogre.

-ça ne doit pas être du cuir son truc, c'est trop résistant ! signale Lupin.

-En effet, ça en a pas l'odeur non plus. Il faut qu'on vise les jointures. Zoé ! Vise le cou, on s'occupe du reste, s'exclame Rose.

-Et évite de nous tirer dessus ! s'inquiète Lupin.

Ils se mettent alors à se battre à l'unisson, dès que l'un d'eux à frapper, c'est à l'autre de suivre et cela sans interruption. Rapidement, l'ogre perd son calme et il ne tient plus son arme que d'une main pour pouvoir frapper de la seconde. Il réussit pour l'instant simplement à détruire la toiture sous ses pas pour en faire échapper de la pluie qui remonte immédiatement après avoir traversé les fuites. C'est un drôle de spectacle auquel assiste Zoé qui reste focaliser sur une ouverture, tout en ne blessant pas l'une de ses coéquipières. L'ogre est fou de rage, il attaque de plus en plus vite les jumeaux et ils ont de plus en plus de mal à esquiver ses coups.

Finalement, par chance ou talent, une des flèches atteints l'ogre au coup et le force à baisser sa garde. Ils en profitent alors pour se faufiler entre ses jambes pour lui asséner deux coups dans ses entre-jambes. Ne pouvant plus tenir debout, il tombe à genou en brisant la flèche à son extrémité. Mais Zoé n'attend pas pour tirer une seconde flèche qui se loge maintenant dans main droite. Celle-ci est traversé de part en part, tandis qu'ils poussent des râles atroces, déformés par la douleur. Les jumeaux se retournent alors et font glisser chacun une arme sous sa gorge.

Il ne peut plus bouger, sa tête est levée et un léger filet de sang violet viens perler la lame de Rose. Il avale lentement sa salive alors que Zoé redescend à même le sol en faisant disparaître ses ailes qui décroissent peu à peu dans son dos. Cela laisse le temps au capitaine Hammond de faire le tour du tas de caisse au milieu de la salle. Il arrive lentement pour faire face à l'ogre à genou. Celui-ci n'en reste pas moins imposant, son regard est toujours au niveau de celui du capitaine. Il baisse lentement sa tête, tandis que la lame de Rose s'enfonce légèrement dans sa peau.

-Mais vous êtes qui bon sang ?! lâche l'ogre furieux et fatigué.

-Nous ? Cela n'a aucune importance. En revanche, qui tu es et pour qui tu travailles ? Cela a de l'importance, répond Hammond.

-Je ne peux rien dire. S'il apprend que j'ai parlé, il me butera, poursuit l'ogre inquiet.

-C'est malheureusement ce qui arrivera si tu ne parles pas. Tu as bien vu que nous sommes bien plus fort que ce que tu as déjà pu voir dans ta vie. Si tu me donnes ton chef, moi et mes hommes nous nous occuperons de lui et tu ne mourras pas. Enfin, pas aujourd'hui. Dit le capitaine plein d'assurance.

L'ogre met du temps avant de répondre, mais il se résigne finalement à avouer.

-Très bien. Mon boss c'est...

Au même moment, les portes de métal du hangar s'ouvrent avec fracas. C'est un grand ogre à la peau jaune avec un gnome sur les épaules qui vient de rentrer. L'ogre a de beaux vêtements violets avec un gilet rouge, tandis que le gnome a un costume gris et une belle barbe blanche bien taillé, mais une absence totale de cheveux sur son crâne, tout comme son ogre. Le gnome se met alors à hurler :

-Mais c'est quoi ce bordel ?!

-Boss ! s'exclame l'ogre. Je vous jure que je n'ai rien dis !

-Je crois que l'on vient de mettre la main sur notre gars. Les jumeaux, vous pouvez passer au prochain vœu, s'exclame le capitaine en dégainant son épée à deux mains.

Les jumeaux lèvent alors leur bras en avant et crient :

-Le rouge brûle !

Soudain, le capitaine agrippe la main de Zoé et la structure se retourne pour revenir à la gravité terrestre. Toutes les caisses et les corps viennent s'écraser sur le sol, tandis que le capitaine s'est agrippé à une colonne, tout comme les jumeaux. Le gilet de l'ogre prend alors feu, tout comme les quelques objets rouges dans la pièce.

-Vous avez au moins vérifié qu'aucun de nous n'avait quoi que ce soit rouge avant de faire votre vœu ?! demande le capitaine sceptique.

-Mais euh... Bien sûr ! Pour qui nous prenez-vous ? répond Rose.

-C'est un non pour ma part, capitaine, souligne Lupin.

-Il y en a au moins un d'honnête. C'est déjà ça, soupir Hammond en commençant de descendre la colonne aux côtés de Zoé.

Une fois qu'ils atteignent tous la terre ferme, ils observent l'ogre qui jette au sol son gilet sous les menaces et insultes de son maître qui lui frappe la tête pour le faire accélérer.

-Bougre de corniaud ! Dépêche de te débarrasser de cette satané veste !

L'ogre parvient enfin à la retirer et il est maintenant torse nu. De nombreuses cicatrices et marques ornent son corps. On peut y voir plusieurs marques au fer rouge, ceux sont celles d'un esclave, vendu et revendu à différentes mains. L'ogre craque maintenant tous les os de son dos jusqu'à ceux de ses épaules.

-Il va falloir que l'on fasse attention mon cher Grizzly. Il semblerait que nous ayons à faire à des déviants. Il ne faut donc pas les sous-estimer, dis le gnome à l'ogre qui respire de plus en plus fort.

-Ecoute, tu as l'air plus intelligent que ceux dont on vient de se débarrasser, alors fait moi le plaisir de te battre sans chercher d'excuses, dis le capitaine en se mettant en position, prêt à commencer son duel.

-Oh! Mais dis donc. J'ai comme l'impression que le vieillard croit pouvoir nous vaincre. Mais bon, au moins tu n'es pas trop bavard, j'apprécie et je vais donc t'offrir une mort rapide.

-Compte là-dessus, répond le capitaine.

Soudain une des caisses volent violemment dans le dos du capitaine et va pour se briser contre sa tête. Celui-ci est propulsé au sol alors qu'une seconde se lève dans les airs et va pour le pulvériser sans qu'il ait le temps de se retourner.

-Les caisses n'existent pas ! crie les jumeaux.

Ainsi, toutes les caisses disparaissent, laissant des tonnes de sachets de riz au sol, pour la plupart éventrés. Ça été mois une, un peu plus et le capitaine était mort.

-On dirait que ce sont les gamins, le principal problème. Compris Grizzly ? Tu te focalise sur eux ! s'exclame le gnome.

-Compris, chef ! dit l'ogre en se lançant dans une course effrénée vers le groupe.

Zoé décoche alors une flèche pour le stopper, mais celle-ci s'arrête nette avant de le blesser au cœur. En effet, le gnome semble la contrôler et celle-ci est renvoyée vers elle. Elle saute donc au sol tandis que les jumeaux se préparent à recevoir comme il se doit, ce criminel. Juste avant qu'il n'arrive à leur contact, ils crient :

-Le sol colle.

Et l'ogre s'arrête net et tendant sa main, il n'est qu'à quelques centimètres du visage de Lupin. Au même moment les caisses réapparaissent et celle qui devait écraser le capitaine tombe exactement là où elle devait tomber. Fort heureusement, il a eu le temps de se relever un peu plus loin.

-Votre pouvoir est extraordinaire ! s'exclame le gnome.

-Merci du compliment, mais le tien n'est pas mal non plus, répond Rose.

-Oui, en effet. Faire voler des trucs est plutôt amusant, mais en revanche, le vôtre est prodigieux. Vous pouvez instaurer une règle dans ce monde. Cependant, je ne suis pas aussi inexpérimenté que vous. Les années m'ont appris qu'aucun déviant n'a un pouvoir sans limite, vous avez donc une faille. Et je crois avoir décelé laquelle. Les flammes autour de nous se sont arrêtées et les caisses sont réapparus. J'en déduis que votre pouvoir se limite à un sort. Dès que vous créez une nouvelle règle, la précédente devient caduque. Et à voir l'expression de vos visages, j'ai juste.

Les jumeaux hésitent avant d'attaquer. L'ogre est en train de grogner violemment et son haleine putride vient inonder leur visage. Il est enragé alors que son maître reste calme face à Zoé qui vole au-dessus de lui et du capitaine qui vient de dégainer son ninjato et son wakizashi. Malheureusement, pour l'instant son épée est collée au sol.

-Il va falloir penser à changer de vœux, si vous voulez que je puisse intervenir, s'exclame le capitaine à l'intention des jumeaux.

-Oui, capitaine. On réfléchit à une idée en ce moment, répond Rose.

-Mais malheureusement, vous ne pourrez pas gérer Grizzly et moi-même avec ce sortilège ! crie le gnome en faisant voler autour de lui plusieurs dizaines de caisses. Il agite ses bras comme un maître d'orchestre et elles commencent toutes à tourner comme un ouragan et très vite, ils sont obligés de crier un nouveau vœu pour pouvoir les esquiver :

-Le gris rebondit ! s'exclament-ils tous les deux en sautant très haut dans les airs pour éviter les débris.

Le capitaine quant à lui tranche le moindre morceau de bois qui tente de le frapper avec une habileté déconcertante. Ses lames se déplacent à une telle vitesse devant lui que l'on dirait qu'elles sont animées par sa simple pensée. Zoé quant à elle essaie de tirer des flèches tout en fuyant les projectiles qui commencent eux aussi à s'élever pour atteindre le plafond.

-C'est inutile de fuir ! Mon pouvoir me permet d'animer n'importe quel objet autour de moi. Vous serez tôt ou tard touché par l'un de mes projectiles ! hurle le gnome en riant comme un fou.

Les deux jumeaux grimpent et sautent sur les caisses pour les esquiver. Ils redescendent ainsi vers le sol et Rose crie :

-Eh bien, essaie de te défendre avec ça ! Plus aucun objet !

Soudain, toutes les caisses et leur contenu disparaît, même les armes du capitaine ne font pas exception, tout comme l'arc de Zoé. Mais chose inattendue, les vêtements ont eux aussi disparu.

Lorsque Rose se rend compte qu'elle montre du doigt l'ogre et le gnome nu, elle regarde vers sa poitrine et elle découvre avec horreur qu'elle est, elle aussi nue. Elle écrase alors désespérément ses membres pour cacher son intimité alors que Lupin est en train de réfléchir en tripotant son menton.

-C'est très étrange. Je n'aurais jamais imaginé que nos vêtements disparaissent aussi, dit-il sceptique.

-Ce n'est pas la première idée qui me serait venu, mais au moins on a plus de projectiles qui risquent de nous foncer dessus. Maintenant le gnome est inutile, dit le capitaine en marchant pour aller aux côtés de Rose comme si de rien n'était. Zoé quant à elle est redescendu sur terre en se cachant dans ses ailes.

-Je vous avoue que ce combat commence vraiment à prendre une tournure qui m'inquiète, s'exclame-t-elle en cachant à moitié ses yeux face à l'ogre.

-Bon sang de bonsoir. Votre pouvoir est vraiment une plaie, mais je ne suis pas le seul qui suit lésé dans l'histoire. Vous n'avez plus aucune arme pour vous battre contre mon ogre. Autant dire que vous allez vous faire ratatiner en bonne et dû forme, sans que je n'aie plus à intervenir, dit le gnome en souriant avec sa dent de lait cassée.

-Il n'a pas totalement tort, dit Zoé à l'attention de Rose.

-Laissez-moi m'en occuper, dis Hammond. Ce n'est pas très loyal mais là, vu le bazar qu'on a fichu, la garde ne devrait pas traîner et ça serait mauvais pour nous, poursuit-il en passant devant le reste du groupe qui est en ligne.

Il commence alors à tirer un fil au niveau de ses cotes. Il a une grande suture qui va de son aisselle gauche et qui descend jusqu'à son bassin. Lorsqu'il finit de tirer tout le fil mauve pour ainsi ouvrir une plaie profonde où il plonge sa main pour en faire ressortir une lame. C'est une dague noire qui semble être faîte dans une sorte de pierre, semblable à du marbre.

-C'est une arme que je garde cachée depuis que j'ai rencontré ces petites têtes brûlées. Leur pouvoir est immense, mais il a en effet des limites. En outre, il n'affecte pas l'arme qui se cache dans mon corps et je vais ainsi pouvoir me débarrasser de ton ogre et t'amener à Pandore, dit Hammond en marchant vers l'ennemi.

-Je te trouve très arrogant, humain. Ce n'est pas une petite épée de rien du tout qui pourra venir à bout de Grizzly. Ses poings sont comme le tonnerre qui s'abat sur terre, sa peau est plus épaisse que celle d'un crocodile et sa force est digne de celle d'un géant. Je ne sais pas ce que tu comptes faire avec ce ridicule couteau, mais tu vas juste réussir à te faire tuer devant ta petite famille.

Hammond finit sa marche jusqu'à sentir le souffle roc de l'ogre et dès que sa phrase se termine, l'avant-bras gauche de l'ogre vole dans les airs en aspergeant le sol de sang violet.

-Tu as finis de parler ? demande le capitaine calmement alors que l'ogre tombe au sol fou de douleur avec le gnome qui roule au sol.

Ce qui vient de se passer est impossible. Personne n'a vu le capitaine bouger son arme et pourtant, il a bel et bien tranché l'avant-bras de l'ogre. Le capitaine s'avance de nouveau alors que l'ogre essaie de se calmer tandis que le gnome se relève tout paniqué. Il hésite un instant à rester puis il décide de fuir. N'attendant pas qu'ils le poursuivent, ils se précipite vers la porte qui n'est qu'à une vingtaine de mètres de lui.

Avant qu'il ne puisse prendre de la vitesse, le capitaine lance son couteau qui tournoie et finit par traverser sa cuisse pour finir sa course en transperçant la roche au sol.

Le gnome hurle alors de douleur en tombant et en essayant d'arrêter l'hémorragie.

-Occupez-vous du gnome ! ordonne Hammond. Je m'occupe de l'ogre.

Ils courent alors pour le rejoindre alors que le capitaine se met face à l'ogre attendant qu'il se relève. Celui-ci se sent défié et réussi à trouver la force de se relever alors que son bras continue de saigner. Il tente de le frapper une première fois au ventre, mais le capitaine évite son coup en ne faisant que quelques pas en avant au dernier moment. La seconde attaque est instantanée et Hammond se baisse pour l'éviter, mais il semble se refuser à répliquer. Il continue ainsi à esquiver les attaques en gardant une main dans le dos et à attendre le dernier moment pour agir. Malgré la rage et la haine de la bête, il n'arrive pas à le toucher. Ses muscles commencent à se tendre et son visage dégouline de sueur. Bientôt son souffle est haletant et ses mouvements sont saccadés. Les attaques qu'il tente d'asséner sont de plus en plus prévisibles et lentes. Bientôt, il n'a plus la force de se battre et il s'effondre sur le dos alors que sa plaie finit de le vider de son sang violet. Le capitaine plie alors les jambes pour observer son visage perdre à peu vie et laissez les traits d'un être déçu par sa défaite à qui il ne reste que quelques instants à vivre.

De leurs côtés, les jumeaux attendent la fin du combat du capitaine pour se servir de nouveau de leur pouvoir. Zoé se sert de sa main pour faire office de garrot. Finalement, après que l'ogre est tombé au sol, ils disent :

-La pierre est de l'Amarante.

Peu à peu, le sol laisse fleurir de nombreuses pousses de plantes au pistil rouge. Les murs comme le sol en sont décorés alors que tous les objets de la salle et les vêtements sont réapparus. La plante finit par envahir tout cet endroit le transformant ainsi en une serre fantastique, loin du monde violent qui a déchaîné sa rage il y a à peine quelques instants. Lupin sort de son sac à dos des bandages et une fiole qu'il verse sur la plaie avant de la protéger pour arrêter les saignements. Le gnome n'en revient pas. Ses adversaires ne l'ont pas tué et en plus le soigne dans ce décor sans pareil.

-Mais qui êtes-vous donc ? lâche-t-il.

-Nous sommes des gens qui se battent pour protéger les plus faibles, répond Rose en se levant devant lui.

-Il peut être transporté ? demande le capitaine.

-Oui, chef, répond Lupin.

-On emmène aussi l'ogre ? demande Zoé.

-Non. Je n'en vois pas l'utilité, répond froidement Hammond en se rapprochant du reste du groupe autour du gnome.

-Par pitié. Où que vous m'emmeniez, prenez-le avec vous. C'est ma faute s'il est ici aujourd'hui. Je ne veux pas qu'il meurt comme ça et que son corps soit jeté avec les autres à la fosse commune, s'exclame le gnome, les yeux trempés par les larmes.

-De la pitié... Tu veux la même pitié que tu réserves à tes clients ? A ceux à qui tu revends ta saloperie ! s'énerve le capitaine.

-Je vous demande de le faire pour lui, pas pour moi. C'est un garçon bien à qui il est arrivé de mauvaises choses. Je l'ai ramassé dans la rue. Il mendiait alors qu'il n'avait que cinq ans. Personne ne voulait d'un ogre dans cette ville et je l'ai élevé. C'est de ma faute s'il est ici !

-Il a choisi de te suivre. Il a choisi sa mort, répond le capitaine sèchement.

-Non ! Il a toujours voulu que j'arrête de travailler pour la pègre. Il me répétait sans cesse d'arrêter et de partir avec lui sur un de ces bateaux. De refaire notre vie ailleurs, mais c'est impossible. Ils nous traqueraient, dit le gnome en pleurant.

-Qui ? Qui vous traquerait ?! demande alors Hammond en le prenant au col.

-Mes chefs. Je ne suis qu'un engrenage d'un système bien étudié pour fonctionner à la perfection. Même si l'un de nous disparaît, ils sont capables de continuer à distribuer la drogue dans tout l'empire. Mais par pitié, faites quelque chose pour lui. Je ferais tout ce que vous me demandez, ensuite, supplie le gnome en continuant de verser un torrent de larmes sur les vêtements du capitaine. Il est comme mon fils. Pitié. Il est tout ce que j'ai de plus précieux et je n'ai jamais su le lui dire.

-Alors dis-lui maintenant, avant qu'il ne soit trop tard, répond Hammond en le lâchant et en le laissant courir aux bras de son ogre. Il se jette alors pour prendre sa tête dans ses mains pour essayer de voir encore de la vie dans ses yeux. Celui-ci les entrouvre légèrement. Sa respiration est lente et pénible.

-Pardon. Pardon. Pardon, pleure le gnome sur le visage de l'ogre.

-Tout va bien, Grimm. Je m'en vais, mais tu dois vivre. Tu m'as sauvé la vie, j'aurais tant voulu sauver la tienne, répond lentement l'ogre.

-Tu l'as fait et plus d'une fois, mon fils. Mais je ne veux pas que tu partes. Me lâche pas maintenant. Je ne peux pas vivre si tu meurs. Un père n'a pas à enterrer son fils.

-T'inquiètes pas. Là où je vais, je vais pouvoir retrouver mes parents. Après tout ce temps, j'ai beaucoup de choses à leur raconter. Je t'attendrai là-haut et je garderai un œil sur toi.

Le gnome renifle, son nez coule et ses yeux continuent d'inonder son visage de larmes, alors que l'ogre s'efforce de garder ses pleurs.

-Arrête de pleurer, petit papa. Sinon, je vais pleurer moi aussi, demande l'ogre alors qu'une larme perle sur sa joue droite.

-Désolé. Je n'y arrive pas. Je ne peux pas. Je ne veux pas, répond Grimm.

-Mais ce n'est pas fini. Il fallait bien qu'un jour on se fasse pincer. C'est le jeu et comme tu me l'as toujours dit, si le jeu est contre nous alors il faut piper les dés, dis Grizzly en expirant une dernière fois tout en fixant la pluie tomber par les fentes du plafond.

C'est fini. Ses yeux restent ouverts, mais ils sont vitreux. Ils ne bougent plus et son souffle roc s'est lui aussi arrêté. Le gnome lâche alors lentement sa tête et la dépose sur le sol pour lui embrasser le front avant de lui refermer les paupières. Les joues de Grimm sont trempées par les larmes et même les jumeaux ont les yeux mouillés par la scène. C'étaient deux ennemis mais ils n'en restent pas moins dotés de sentiments. Zoé de son côté a sa main sur l'épaule de Rose qui essaie de se retenir de pleureur. Il n'y a qu'Hammond qui reste stoïque face à ce spectacle. Il sort par ailleurs des menottes de son sac. Elles sont épaisses et lourdes. Étrangement, elles n'ont pas de serrure pour y laissez pénétrer une clé.

Le capitaine attend simplement que le gnome se relève pour le menotter les poignets dans le dos.

-Les jumeaux faites en sorte de récupérer le corps de Grizzly, dit le capitaine alors que le cliquetis des menottes résonne dans la salle.

Les jumeaux s'exécutent alors et disent :

-Les fioles absorbent tout.

Lupin sort alors une petite fiole en verre violet. Celle-ci est vide et il la débouche en produisant un léger : Pop.

Il la fait glisser sur le torse de Grizzly qui commence à se liquéfier à l'intérieur de la fiole. Zoé et Grimm n'arrivent pas à réagir à ce qu'ils voient. La scène est surréaliste, l'ogre s'est transformé en un précipité jaunâtre et pégueux à l'intérieur de ce minuscule réceptacle. Finalement, Grimm ne dit plus rien et baisse la tête en attendant que le capitaine et les autres ne l'amènent en prison. Le capitaine brise alors sa pierre et après une petite minute, un portail se crée et toute l'équipe rejoint sain et sauf la base.

Sacrée aventure que celle-là. Tout l'auditoire a bu les paroles de Zoé sans en perdre une goutte. Elle a même réussi à faire taire Hirion, ce qui tient de l'exploit voire même du miracle. De mon côté, je réfléchis à comment l'Ordre désigne ses cibles. Cela fait déjà plusieurs fois qu'ils s'attaquent à un membre de la pègre qui gère la drogue. Cela doit surement être dû au fait que c'est l'une des pègres qui a le plus de pouvoir avec celle des armes pour qui Kugutsu travaillait.

Et pour ce qui est de l'équipe qui accompagne Zoé et Pold, et bien on peut dire qu'ils sont plutôt atypiques. D'un autre côté, je ne connais pas encore grand monde ici mais leur pouvoir n'en reste pas moins sensationnel. Être capable d'altérer le monde en exhaussant un vœu, on peut dire que c'est génial et cela à tous les points de vue. Enfin, leur caractère est plutôt en phase avec ceux de Zoé et Pold qui n'ont jamais cessé de me faire rire. Quant au capitaine, il semble qu'il soit l'un des vétérans de l'Ordre vu son âge. A moins qu'il n'ait intégré que tardivement l'organisation.

-Voilà, vous savez tout ce qu'il m'est arrivé, s'exclame Zoé en prenant sa tasse de thé.

-Eh ben. Quelle aventure ! lâche Wistom.

-C'est clair. Tu n'es pas trop déçu de ne pas y avoir participé Pold ? Demande Hirion.

-Oh, non ! Ne t'inquiète pas. Grâce au commandant Promethy, je ne suis pas près de m'ennuyer. De plus, il m'a promis que je pourrais allez sur le terrain d'ici deux semaines. Le temps que j'arrive vraiment à comprendre mon pouvoir. Réponds Hirion.

-C'est si dur que cela ? je l'interroge.

-Hum... Il faut que tu imagines que le commandant me demande de regarder à gauche tout en observant à droite. C'est quelque chose qui est bien loin de ce qu'on pouvait vivre ou comprendre auparavant. Me réponds Pold alors qu'Hirion et les autres reprennent peu à peu leur repas.

-Tu comptes te servir de ton pourvoir pour combattre ? Demande Wistom la bouche totalement pleine de crevettes.

-Oui, bien sûr !

-Mais on est bien d'accord que le seul truc dont tu es capable, c'est de faire des portes magiques qui communiquent ?

-En quelques sortes...

-Alors je vois pas du tout comment tu peux t'en servir pour te battre.

-Bonjour, je suis Pold, l'homme qui est capable de créer des portes ! rigole Hirion en essayant de l'imiter.

Pold vexé décide de répondre par un acte. Il prend alors son couteau dans sa main gauche et il le jette violemment derrière lui. Au même moment, il tend son bras droit en avant et deux portails se créent. L'un absorbant le couteau et le second propulsant celui-ci vers le visage d'Hirion. Fort heureusement, Pold le rattrape avec sa main droite alors qu'il est à peine à quelques centimètres de son visage. Hirion bug et garde la bouche ouverte avant de s'étouffer en recrachant sa nourriture dans son assiette. Cela dégoutte toute la table alors que Pold dit fièrement :

-Voilà à quoi peut servir mon pouvoir !

Toute la table est suspendue aux lèvres de Pold qui garde le couteau dans ses doigts. Puis il le reprend en main pour reprendre son repas comme-ci de rien n'était. Il n'y a pas qu'Hirion qui est sous le choc. Nous le sommes tous. Son pouvoir est vraiment impressionnant. On comprend mieux pourquoi l'Ordre tient tant aux détenteurs de ce pouvoir.

-Tu es vraiment trop fort ! lâche Lyra toute excitée.

-ça va. Mais vos pouvoirs doivent être tout aussi cool à utiliser. Surtout le tien Wistom. Il parait que tu as défié le capitaine Haka et que tu as bien faillit l'avoir, dit Pold.

-Non, loin de là. Il m'a clairement baladé durant tout le combat. Mais je sens que j'ai progressé depuis notre premier affrontement, alors je garde espoir, répond Wistom.

-Tu as bien raison. Tu sais lorsque je suis arrivé, j'étais à peine capable de créer des cercles de la taille d'un bol et maintenant j'arrive à faire passer les personnes au travers, alors -donne-toi à fond et tu vas voir les fruits de ta détermination. Garantis Pold.

-C'est très gentil à toi de m'encourager, remercie Wistom.

-Excusez-moi d'interrompre votre conversation, mais j'aimerai faire passer un message à mon équipe.

C'est la voix du capitaine Tonka. Il est juste derrière Wistom. Nous nous retournons donc pour l'écouter.

-J'aimerai que vous vous couchiez tôt ce soir car vous devez être en forme pour demain. C'est pourquoi, je vous demanderai de descendre à vingt et une heure dans vos dortoirs, dit le capitaine avant d'incliner la tête pour nous saluer et ensuite tourner les talons pour retourner tranquillement à sa table.

-Et voilà qu'il se prend pour notre mère ! s'agace Wistom.

-C'est clair. Je n'ai pas envie d'aller me coucher. J'ai un super livre à lire, ça parle des plantes de volcanique. C'est tout à fait passionnant.

-Je veux bien le croire, mais les ordres sont les ordres, leur dis-je.

-Oui et en plus, on s'est sacrément bien dépensé aujourd'hui, alors autant se coucher tôt pour tenir l'entraînement, souligne Lyra.

Nous finissons donc notre repas par un splendide gâteau aux carottes et nous redescendons tous ensemble au -2 pour aller nous coucher tandis que les autres vont encore un peu veiller jusqu'à vingt-deux heures car c'est l'extinction des feux.

Lorsque nous quittons Lyra pour aller dans notre dortoir, nous remarquons que nous sommes les seuls à y être. Mais cela n'est pas étonnant, la plupart des soldats attendent que la cloche sonne pour aller se coucher. Sans trop de cérémonies, nous nous déshabillons et nous allons nous coucher. Comme à son habitude, Hirion s'endorme en à peine quelques dizaines de secondes pour laisser place à un léger ronflement semblable au ronronnement d'un chat.

De mon côté, je met plus de temps à m'endormir. Mes pensées sont rivées sur ce qui risque de nous arriver demain. J'imagine toutes sortes d'entraînements étranges et tordus. Mon imagination me perd ainsi pendant de longues minutes avant que je ne réussisse à poser mes rêves sur Lyra. J'entrevois ces longs cheveux roux parcourir ses draps et son sourire me dérober un baiser alors que nous sommes l'un contre l'autre à observer les étoiles. C'est ainsi que j'arrive à me dérober de la réalité pour m'évader le temps d'une nuit.