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Chapter 7 - Fenrir

La créature s'approchait de plus en plus.

Elle me menaçait, exhibant les griffes de son bras gauche. Elle laissa paraître quelques sons sourds qui pouvaient s'apparenter à des provocations.

La lune illumina promptement la bête, et dévoila une proie se trouvant déjà entre les griffes de son second bras resté presque derrière son dos.

Il s'agissait d'un Loup Gris. Contrairement aux loups normaux, ils se distinguaient par leurs dents incroyablement longues.

Ils étaient parmi les créatures les plus féroces qui existaient. En dehors des Stigmas, ils étaient probablement l'une des créatures les plus dangereuses au monde, et même certains étherions auraient du mal face à eux.

Mais cette fois-ci, c'était bel et bien le stigma en face de moi qui m'effrayait. Il lâcha sa proie qui gémit un petit cri, suffisamment puissant pour que je le perçoive : le loup était donc encore en vie, mais ne bougeait point.

Mon seul adversaire à ce moment était donc le stigma. Il s'agissait très certainement de celui que nous devions traquer.

Peu m'importait de toute façon : l'ennemi était là devant moi, et comme toute bonne combattante, je me devais de l'éliminer.

J'appelai le reste de l'équipe via une petite corne d'appel que chaque membre du groupe possédait, au cas où les choses ne nous étaient pas favorables.

Je ne perdis pas une seconde de plus. Je tendis mon bras, et vidai mon esprit. J'appelai le pouvoir qui sommeillait en moi, le pouvoir du néant que me conférait Léo.

Presque instantanément, et dans de gigantesques gerbes de flammes sombres, mon arc apparu.

Cet arc possédait non seulement une puissance non négligeable, mais par-dessus tout augmentait mes capacités physiques.

Je me mis à courir autour de ma cible pendant quelques secondes, espérant trouver un moyen de percer ses énormes écailles qui recouvraient presque tout sa peau. Je veillais toujours à rester à bonne distance.

Tout comme le stigma d'il y a quelques semaines, un seul endroit semblait plus fragile que le reste du corps : dans son dos, entre ses ailes. L'espace que représentait cette cible était une zone quasiment circulaire d'environ cinq centimètres de diamètre.

Je n'avais jamais tenté de tir aussi précis jusqu'alors. Autant dire que la situation ne m'était pour le moment pas très favorable : mon équipe n'arriverait que d'ici cinq à dix minutes, et cela pourrait être bien suffisant à la créature pour me tuer.

Il me fallait un plan. Mais le stigma commençait à se montrer de plus en plus agressif. Il m'attaquait à violent coup de griffe.

Il était rapide. Beaucoup trop rapide. Il enchaînait ses coups à une vitesse phénoménale. Ses griffes m'entaillaient la peau à chaque fois et de petites gerbes de sang s'échappaient de mes plaies. Je ne pouvais suivre qu'une petite partie de ses mouvements, et n'en bloquer qu'encore moins. La douleur se répandait dans mon corps au rythme effréné de ses assauts, et mes espoirs de survies s'envolaient peu à peu.

Je ne pouvais tirer ne serait-ce qu'une flèche. Je n'avais aucun moyen de me défendre. Aucun. Ma puissance était réduite à néant, j'étais totalement inutile.

Je subissais les coups sans pouvoir réagir, en observant le sang qui s'extirpait des nombreuses entailles qui recouvraient ma peau.

La terrible douleur se répandait partout dans mon corps, je ne pouvais plus résister. Le désespoir prenait le contrôle de mon âme.

Je suais de tous les pores de ma peau. Des larmes de paniques coulaient de mes yeux.

<Étais-je condamnée ?>

Je me rappelai vaguement cette fois-là. La situation était identique, le stigma d'il y a quelques semaines qui s'était aventuré dans la ville et m'avait éjecté au sol, sans que je ne pu rien faire. Mais à cette époque, une personne était présente pour me sauver. Plus maintenant.

Le stigma m'agrippa de sa main gauche et, sans que je ne voie le coup venir, il transperça mon estomac avec son second bras.

Je vomis du sang. Beaucoup de sang. Le temps s'arrêta. Ma température corporelle chuta, lentement, mais sûrement : je pouvais le ressentir.

Ma tête tournait, mais la douleur m'empêchait de m'évanouir. J'étais terrifiée.

Allais-je mourir ? Était-ce la fin de ma vie ?

Le stigma me lâcha, tout comme il avait lâché le loup : un jouet dont il n'en avait plus l'utilité. Je m'affalai sur le sol telle une feuille morte.

La créature s'éloigna lentement, nous tournant le dos, comme s'il nous narguait, me laissant moi et ce loup agonisant dans un bain de sang.

Mon monde était devenu rouge. Rouge sang. La nuit s'empourprait de plus en plus. Après de longues secondes d'agonie, mes yeux se fermèrent et je perdis connaissance.

...

Un temps passa sans que je ne puisse rien sentir. Je ne pouvais ni penser, ni respirer, ni ressentir quoi que ce soit. Je ne savais même pas si j'étais encore en vie : le néant. Rien d'autre ne pouvait qualifier ma situation.

Une voix résonna dans ma tête :

" Tu ne peux pas mourir, pas pour le moment. Vis, ma fille.''

Il s'agissait de la voix d'une femme, qui semblait provenir de nul part. Je ne l'avais jamais entendue auparavant.

Cette voix, qui me demandait de vivre, pour je ne sais quelle raison, me permis en un sens de ne pas abandonner : je m'y accrochai et poursuivis son écho. Je me réveillai. Il faisait nuit, et mon corps était secoué dans tous les sens : Thram me portait sur son dos.

Je remuai un peu à cause de la douleur. Un petit cri involontaire s'échappa de ma bouche. Thram s'arrêta.

" Alice, tu es réveillée ? " me demanda-t-il.

Je n'arrivai pas à répondre. Je n'en avais pas la force. Il me posa délicatement au pied d'un arbre. Rapidement, le reste de l'équipe m'entourait. Je repris possession de mes moyens. Je remarquai rapidement que mes blessures avaient été bandées : un travail soigné mais qui paraissait avoir été rapidement traité.

Avant que je ne puisse le remarquer, les nuages avaient envahis le ciel et quelques gouttes de pluies commençaient à tomber.

" Est-ce que ça va ? " me demanda Elena.

Tandis que l'eau se mêlée au sang et ruisselait sur mon visage, je parvins à marmonner quelques mots :

" Dé...solée... Tout le monde..."

Mes mots se perdirent dans le sifflement du vent au travers les arbres, et mes yeux se refermèrent petit à petit. J'entendis quelques cris m'appelant autour de moi. Les battements de la pluie sur le sol feuillu de la forêt me berçaient tandis que je perdis de nouveau connaissance.

Cette fois-ci, je trouvai un tout autre genre de néant. J'apparus dans un monde que je connaissais bien. L'océan agité sur lequel je marchai n'avais pas changé. Toujours cette même lune ensanglantée, illuminant un ciel sombre.

'L'abysse'. C'était le nom donné à ce monde où le néant régnait en maître. Un unique être y vivait, seul : son créateur, Léo, qui était aussi l'anthropomorphisation des entités qui comblait mon cristal d'éther. A ce stade, on pouvait même se permettre de parler d'esprit.

Malgré tout, même revoir ce monde qui m'était pourtant familier n'arrivait pas à illuminer mon cœur embrumé.

Le maître de ce monde réagissait toujours lorsqu'une personne pénétrait dans son territoire. Je m'attendais donc à l'apercevoir dans peu de temps.

Je n'eus pas si bien dire : quelques secondes après mon arrivée, un petit agrégat noir apparu devant mes yeux. En apparu une silhouette qui se transformait peu à peu en Léo. Je ne pouvais rien faire d'autre que d'avoir un air abattu.

Mais une question subsistait. Pourquoi étais-je ici ? Certes, Léo vivait en moi, mais ce n'était pas une raison pour que j'apparaisse dans son monde comme cela. Il semblait s'être aperçut de mes interrogations et me fis part de ses révélations :

" Ne fais pas cette tête-la, Alice. C'est moi qui t'ai amené ici. J'avais à te parler. Et non pas par la pensée, mais cette fois-ci en tête à tête. "

" Pourquoi ? Que veux-tu me dire ?" demandai-je perplexe, les yeux rivés sur l'océan qui se calmait peu à peu.

Non pas que je le détestais ou que je me méfiais de lui, mais le fait qu'il m'appela en face de lui ne me mettais pas vraiment à l'aise.

" Avant tout, calme-toi s'il te plaît. " Un petit sourire s'afficha sur son visage encadré de ses longs cheveux noirs.

Il me regarda pendant un petit moment sans rien me dire.

Je perdis rapidement patience, et il le remarqua : il se mouva vers moi, tendant son bras, prenant ma tête avec sa main, d'une manière douce, mais me regardant d'un air supérieur, comme si j'étais sa création, comme s'il était mon père. L'air qui s'entourait de nous était empli de douceur. Ses réactions étaient maladroites, mais je sentis une véritable envie de me protéger émanant de lui.

" Qu'as-tu ressenti en affrontant ce stigma ?" me demanda-t-il, tout en me tournant autour, en lévitation.

Une force invisible m'obligeai à tout dévoiler : je n'étais pas forcée, mais ma bouche s'agita toute seule et les mots sortirent d'eux-mêmes.

" J'avais peur. Il était beaucoup trop fort. Lorsqu'il me prit de ses griffes et me transperça de son bras tout entier, lorsque j'agonisai sur le sol, et que mon sang se déversait, à ce moment-là j'étais prête ; oui selon moi, c'était la fin : ma mort était venue. Je ne veux plus revivre ce cauchemar. Plus jamais. Non, Jamais !"

Les larmes commençaient à couler de mes yeux et ruisseler sur mon visage tendu.

" Léo... Je veux devenir forte..." dis-je d'une voix quasiment imperceptible.

Sans que je m'en sois rendue compte, il s'était rapproché de moi, et m'enlaçait désormais. Il me chuchota à l'oreille :

" Ne t'inquiète pas. Je suis là pour ça. "

Je me détachai calmement de son emprise.

" Que veux-tu dire ? "

D'un pas en arrière il pris son envol. Deux ailes noires apparurent dans son dos.

" Que dirais-tu d'un petit enseignement sur les arts abyssaux : la magie des abysses ? "

Son habituel petit sourire s'afficha sur son visage : je sentais qu'il préparait quelque chose, mais je décidai de me laisser emporter par son jeu.

" La magie... des abysses ?"

" La magie des abysses.

'Qu'y a t-il dans le néant ?'

"Seule la magie des abysses possède la réponse à cette question. Elle te permet de combler le vide et absorber le tout. Conçois toi-même ton propre néant et il deviendra ta réalité."

... Je ne comprenais pas vraiment où il voulait en venir. Une magie qui permettrait de réaliser ses souhaits ?

" As-tu déjà essayé de contrôler l'énergie qui affluait dans ton arc ?" me questionna-t-il.

J'acquiesçai d'un signe de tête.

" Tu pouvais améliorer la puissance de tes flèches tout comme la réduire. " Continua-t-il.

Je l'écoutais attentivement. Je ne voulais pas mourir. Je ne voulais plus perdre. Et la clé de ce projet était peut-être enfouie dans ce qu'il s'apprêtait à me dire.

" En appliquant le même principe, tu peux utiliser cette énergie pour influer sur le monde réel à partir de tes pensées. C'est comme cela que j'ai pu créer ce monde ou encore ces ailes qui me portent. "

Le principe qu'il m'exposait était simple, mais impressionnant. Qui n'a jamais rêver de pouvoir faire ce qu'il voulait par la pensée ?

" Mais ... " reprit-il. " Il y a une certaine limite au pouvoir que l'on peut invoquer. Pour le moment tu ne peux te restreindre qu'à l'invocation de sorts simples ou possédant de grands inconvénient. Sache une chose : aussi puissant soit-il, ce pouvoir ne te rend ni invincible, ni immortel. Tu n'es encore qu'une larve qui attend de pouvoir se transformer en un magnifique papillon parcourant les cieux au gré du vent. "

C'était prévisible. A vrai dire cela ne me choquait pas le moins du monde. Il m'était déjà arrivé de ressentir une certaine limite au pouvoir que je pouvais invoquer lorsque j'utilisais mon arc au maximum, alors que je ressentais une plus grande puissance en moi encore.

" Et quand allons-nous commencer l'entraînement ?" demandai-je impatiente.

Il se mit à rire ouvertement. Cela me mit un peu mal à l'aise.

" Ce n'est pas pour rien que tu es là ! Je voulais profiter du fait que tu sois inconsciente afin de pouvoir t'entraîner ici. Mais attention : il ne s'agit que d'un monde spirituel. Ici tu peux t'entraîner spirituellement, mais pas physiquement. Autrement dit, ton expérience augmentera, mais pas ton pouvoir. " m'annonça-t-il.

Mais cela ne me faisait ni chaud ni froid, il s'approcha donc rapidement derrière moi. Il serra mes tempes entre ses index :

" C'est d'ici que viendra ton pouvoir. Du cerveau. N'oublie pas que ton esprit ne s'écoute pas que lui-même. Il t'écoute toi aussi. Lorsque tu souhaites user de ce pouvoir tu te dois donc d'être au meilleur de ta forme. Penses-tu pouvoir nous fournir cette performance ?"

J'acquiesçai naturellement, sans pour autant me poser la question si je l'étais vraiment.

Il s'éloigna de moi et me donna les instruction à suivre :

" Très bien. Concentre-toi. Imagine-toi quelques choses. Impose-lui ce que tu souhaites. Il faut que ce soit simple, et que l'idée soit précise : tu ne peux te permettre d'invoquer quelque chose d'à moitié pensé. "

Je m'exécutai. Que voulais-je ? Mon arc était puissant, mais inutile si j'étais au combat rapproché.

Une griffe. Oui, il me fallait quelque chose qui pouvait m'aider dans ces situations où mon arc ne m'était pas utilisable. Une griffe était parfaite. Une puissante griffe qui renfermait en elle la puissance des abysses. Une griffe aussi menaçante que celle des stigmas.

Je fermai les yeux. Me concentrai sur mon bras, le visualisai, et concentrai toute mon énergie et celle qui m'entourait au bout de mon index, en un point. Je sentis un vif courant d'air chaud. Une certaine puissance se dégageait du bout de mon doigt.

J'ouvris les yeux. Une violente aura noirâtre déferla, formant une griffe qui se prolongeait par-delà l'ongle de mon index.

" Bravo ! Tu apprends vite, dis moi ! Cette griffe te permettra d'attaquer ta cible de près, et d'une puissance supérieure à celle de ton arc apparemment, l'énergie étant davantage concentrée !" me dit Léo, en pointant tu doigt la griffe apparue.

Il ôta son regard de la griffe, et s'éloigna un peu. Je le regardais en silence. Il reprit :

" Mais tu sais, cette griffe ne t'aurais pas permis de gagner ce combat. La puissance seule ne suffit pas. Tu dois savoir user de ta tête. Et pour cela, seule l'expérience compte. Par exemple, tu aurais pu créer des chaînes ou un bouclier avec ton pouvoir. "

" Puis-je vaincre ce stigma seule ? " demandai-je.

Il réfléchit un moment, avant de se retourner vers moi et me me fixer :

" Non, certainement pas. Tu n'es pas assez forte. A vrai dire, même s'il est dans la moyenne, aucun membre de ton équipe ne pourrait vaincre ce stigma seul : votre pouvoir offensif est incroyable, mais aucun d'entre vous n'est capable de se défendre correctement. Pour ce stigma, vous n'êtes rien d'autres que des jouets. Mais, à quatre, vous devriez y arriver si vous vous y prenez bien. "

Ces mots me rassurèrent grandement. Certes, le fait que je n'ai aucun moyen de m'en occuper seule me désespérait un peu, mais avoir le soutien de Léo concernant le succès de notre mission était d'une grande aide morale.

Revigorée, les idées en ordre, et ma volonté de vaincre au maximum, je me devais de partir rejoindre mon équipe. Je ne pouvais les faire attendre plus longtemps.

" Merci, Léo, pour ton soutien. Mais je dois te quitter, mon équipe m'attend. "

Un petit portail s'ouvrit deux mètres à ma droite. Je le franchis sans attendre. Derrière moi, la voix de Léo résonnait dans ma tête :

" A bientôt, Alice... "

Je traversai le néant, ne voyant plus qu'un monde fait de noir. Mes sensations me revenaient petit à petit : d'abord le toucher, puis l'ouïe, l'odorat, le goût et enfin la vue.

Je me réveillai dans une petite cabane faite de bois. Un petit feu alimenté par du petit bois sec crépitait au milieu de la pièce, réchauffant mon corps. La douleur au niveau de mon abdomen avait presque disparue. Une grande cicatrice parcourait mon ventre sur une quinzaine de centimètres. La blessure avait dû être cautérisée par les flammes, en revanche, je ne sais pas comment mes organes ont été restaurés. L'éther avait beau être génial, il ne pouvait pas soigner complètement des blessures si guérir n'en était pas le pouvoir principal.

Je me levai, non sans difficulté. Je ne devais pas avoir manger depuis un bon moment.

Je sortis de l'abri. Le soleil crépusculaire descendait vers l'horizon, la nuit prenait possession des montagnes peu à peu.

Personne n'était présent. Je m'avançai un peu jusqu'à un ravin d'une dizaine de mètre. L'altitude et les environs me rappelèrent tout de suite où j'étais : il s'agissait de l'abri au sommet du Mont Noir. Mon équipe avait dû s'y précipiter après m'avoir trouvée.

" Alice ?"

Une voix qui me semblait familière m'appela derrière moi. Je me retournai. Il s'agissait de Nhéa. Cet homme ayant bientôt atteint la trentaine ressemblait davantage à un adolescent en pleine crise.

" Est-ce que tu vas bien ? Tu as été salement amochée par le stigma."

Je le regardai du coin de l'œil. Je n'avais pas vraiment l'habitude de lui parler. Il était généralement plutôt réservé. Mais cette fois-ci, il semblait avoir pris sur lui pour venir me voir. Peut-être s'inquiétait-il davantage pour moi que je ne le pensais.

" Oui, merci. Grâce à vous j'ai pu guérir. Si vous ne m'aviez pas retrouvée, je serais certainement déjà morte. "

Nous nous tûmes pendant un moment. Le vent souffla, Nhéa s'avança vers moi et repris :

" Ne t'inquiète pas, nous sommes une équipe. Nous sommes là pour nous entraider pour survivre. C'est notre première mission, avant même de détruire l'ennemi. "

Le vent soufflait dans mes cheveux. Ils flottaient dans les airs, tandis que nous admirions la vallée. Au loin, nous pouvions apercevoir la ville d'Irïs, ainsi que ce long fleuve turbulent qui serpentait dans la région : Irï.

Des bruits de froissement de feuilles et de pas, portés par le vent, vibrèrent dans mes oreilles. Je me retournai en un sursaut, invoquant par réflexe mon arc. Encore partiellement cachés par les arbres de la forêt qui longeait notre position, apparaissaient peu à peu deux silhouettes : Thram et Elena.

Ils portaient sur leur dos un cerf et un lapin, ainsi que quelques végétaux qui semblaient comestibles. Lorsqu'ils atteignirent la lisière, Elena se précipita sur moi :

" Alice ! Par la grâce des déesses ! Merci, tu t'es réveillée ! Je me suis fait un sang d'encre à ton sujet ! "

Elle me pris dans ses bras, et versa quelques larmes. Thram quant à lui, semblait soulagé, mais furieux. Il posa le cerf qu'il transportait près de la porte de l'abri et se dirigea vers moi.

Il me gifla.

" Pourquoi ?! Pourquoi t'es-tu éloignée du camp alors que nous étions dans une zone potentiellement à risque ? N'as-tu donc aucun respect pour ta vie ? Ou es-tu trop stupide pour comprendre cela ?!"

Je ne savais pas quoi dire. Il avait raison. Tout cela était dû uniquement à ma stupidité, mon envie d'explorer les environs. Je n'étais qu'une gamine. Je n'étais pas assez mûre pour être un soldat. Mais depuis, j'avais pris une résolution : celle de ne plus jamais trembler devant l'ennemi. Je levai les yeux pour planter mon regard dans le sien. Je m'exprimai d'un ton assuré, soutenu par une conviction inébranlable :

" Je suis désolée Thram, tout le monde, et à moi même. Je reconnais mes erreurs. Cela ne se reproduira plus. "

Il se détendit, détourna son regard, puis repris :

" En dehors de cela, je suis content que tu ailles bien... Je ne sais pas ce que j'aurais fait si tu étais morte à ce moment-là. Certes tu es nouvelle dans l'équipe, mais tu en fait déjà partie intégrante. Cette équipe ne pourrait plus vivre sans ses quatre membres. Et puis, si tu comprends ton erreur, il est inutile d'en dire plus. Ce soir nous mangeons ici, je vous expliquerai le reste de la mission en détail. "

Il me tourna le dos, alla chercher la dépouille du cerf, puis le déposa à l'intérieur de l'abri. Elena le suivit, ainsi que Nhéa. Je me contentai de déposer mon regard sur l'horizon. J'aurais bien pu y laisser la vie au cours de cette mission. Je dois être plus vigilante, plus forte désormais. La mission n'était pas terminée.

Je devrais me reposer.

Après une dizaine de minutes à observer les falaises abruptes du massif, je rentrai à l'intérieur de l'abri. En ouvrant la porte, je sentis une forte odeur de cadavre qui imprégnait l'air. Thram était en train de dépecer le cerf, ainsi que le lapin. Il n'avait pas ouvert la fenêtre.

Par réflexe, je couvris mon nez de mes mains, espérant m'épargner la souffrance qu'est de sentir cette odeur. Je ne pus m'empêcher de rigoler quand je remarquai Elena dans la même situation que moi.

En revanche, cela ne semblait guère déranger Nhéa. Il fixait la viande fraîche, saignant abondamment. Après une journée pareille il aurait très bien pu avoir une envie irrésistible de manger. Mais apparemment, il était juste perdu dans ses pensées, fidèle à son habitude.

Je m'assis près d'Elena, dans un siège fait de bois, extrêmement inconfortable. Je m'accommodai à l'odeur au bout de quelques minutes. Il était dix-huit heures, et il fallut encore attendre une petite heure pour que le repas sois prêt.

Thram servit la viande tendre. Chacun d'entre nous possédait une part conséquente. Nous mangions avec une seule idée en tête : d'ici quelques minutes, nous repartirions à la chasse. Mais cette fois ci, ce n'était pas un simple cerf, ou même un lapin. Non. Il s'agissait bel et bien d'un stigma : nous risquions nos vies désormais.

A la fin du repas, lors duquel tout le monde resta totalement silencieux, Thram résuma notre situation en détail. Tout le monde était tourné vers lui, écoutant attentivement : le moindre écart dans la stratégie pouvait mener le groupe entier à sa perte.

" Très bien. Nous sommes pour le moment réunis, sains et saufs. Cela aurait très bien pu ne plus être le cas il y a seulement une vingtaine d'heures de cela. Alice, tu t'es faite attaquée par un stigma étant spécialisé dans la vitesse. Ces Stigmas sont généralement rares, et vivent en solitaire, car capables de subvenir facilement à leurs besoins sans se faire repérer : ils bougent en permanence après s'être nourris. Malgré tout cela, ils ont besoin d'une quantité importante de nourriture. Or nous savons que ce stigma n'a ni mangé le loup, ni Alice. Il doit donc être encore en train de traîner quelque part au dehors, mais pas pour longtemps. Nous le traquerons, nous le trouverons et nous l'achèverons en une nuit. Cette nuit. La formation sera simple : je l'attire, Alice l'immobilise, Nhéa le martèle de coup, Elena l'achève. Vous avez trente minutes pour vous reposer. "

Son air était grave. L'atmosphère était pesante. Les doutes s'étaient installés depuis que le stigma m'avait attaqué. Il fallut une bonne quinzaine de seconde avant que le premier se lève et que le reste suive et vague à ses occupations.

Je décidai de me préparer mentalement au conflit. Je vérifiais que mon pouvoir ne s'était pas affaiblit, je construisis une petite boule d'énergie avec la puissance du néant.

A vrai dire, plus j'y réfléchissais, plus je trouvais ce concept contradictoire : une puissance inouïe venant du néant, c'est à dire de rien. N'a-t-elle véritablement aucune source ?

'Peut-être pourrais-je me faire surnommer la Sorcière du Néant'

Avant même que je ne m'en rende compte, les trente minutes de préparations étaient déjà passées. Nous nous réunissions au dehors de l'abri, devant la porte. Afin de pénétrer dans la forêt sans encombre, nous établîmes une file avec un ordre précis : Thram au-devant en tant qu'éclaireur, Moi en second le couvrant, prête à tirer avec mon arc. Elena et ensuite Nhéa, étaient juste derrière moi.

Nous franchissions rapidement cet univers sylvestre afin d'arriver sur une sorte de petit plateau. Ici, les arbres n'avaient guère poussé. Seule la roche noire s'offrait à nous dans toute sa splendeur. Il faisait nuit et la vision était minimale. Seul quelques petits éclairs d'Elena et une torche que portait Thram nous permettait de nous repérer.

Nous nous apprêtâmes à pénétrer de nouveaux dans la forêt lorsqu'un puissant rugissement se fit entendre. L'inquiétante onde sonore se réfléchis entre les montagnes et l'écho résonna pendant plusieurs secondes.

Le stigma. Il était là, quelque part, nous observant probablement, sans que nous ne sachions même pas où était-il.

" Regroupez-vous !" hurla Thram.

Nous nous exécutâmes immédiatement. Thram et moi de chaque côté différents, nous protégions Nhéa et Elena respectivement.

Le vent fouettait mon visage. Un violent éclair traversa le ciel. Quelques gouttes de pluie ruisselèrent sur mes joues. Le bruissement des feuilles dans les arbres se montrait de plus en plus intensif. Les oiseaux étaient agités. Le tonnerre gronda. Une tempête se préparait.

Les grognements sourds de la bête se faisaient de plus en plus rapprochés. Au bout de quelques secondes, nous pouvions entendre sa respiration, comme s'il était devant nous. L'angoisse montait en moi.

La peur commençait à prendre le contrôle de mon corps. Je n'avais qu'une envie : fuir. Mais je n'avais pas le droit. Je me devais de me montrer forte. Je ne pouvais pas me permettre de mourir maintenant.

" Tout ira bien, rassure-toi, Alice. " me murmura Elena.

Je me calmai peu à peu. Je restai désormais stoïque face à la pluie et au vent. Les paroles d'Elena semblaient m'avoir calmée. J'étais prête à combattre.

" Nhéa, tente de le repérer, tu peux le faire avec tes yeux. "

Il ne répondit pas, mais scruta les alentours. Thram m'avait expliqué cette faculté que possédait Nhéa : sa vision était relativement moyenne la journée, mais en contrepartie, il pouvait distinguer toutes les formes et certaines couleurs dans l'obscurité.

Nous attendions une réponse de Nhéa, quand, pendant un court instant, tout se calma : le vent, la pluie, le tonnerre, les grognements, la respiration séquencée de la créature. Littéralement le calme avant la tempête.

" Faites attention. " Murmura Thram.

Le vent se mit à hurler de nouveau au travers des arbres. En un instant, toute lumière qui nous éclairait se dissipa et cessa d'illuminer les alentours. La torche de Thram s'était éteinte, quant à Elena, je n'avais aucun moyen de le savoir.

Le silence régna de nouveau pendant quelques secondes : la lune s'était faufilée au travers d'un interstice entre les nuages. Je ne m'attendais absolument pas à ce spectacle : Elena était à terre, peinant à se relever, et une masse fantomatique noire formait une espèce de bouclier autour d'elle, face à une unique direction : la créature avait tenter de profiter d'un petit moment d'inattention afin d'éliminer Elena.

Le stigma était là, la griffe à moitié plantée dans le bouclier brumeux créé par Nhéa. Il n'avait pratiquement pas changé : maigre, de taille moyenne - pour un Stigma - , et n'avait en rien perdu de sa vitesse. Pas étonnant, étant donné qu'une unique journée s'était écoulée avant notre dernière rencontre.

Et pourtant, il y avait un détail qui le différenciait fortement de la veille. Un détail à première vue anodin, qui pourrait peut-être tout changer. En effet, tout son corps était crispé. Un peu comme s'il était envahi par une violente colère.

Je me rappelai les mots qu'avait prononcé Thram quelques heures auparavant : ' Le stigma n'a ni mangé le loup, ni Alice. Il doit donc être affamé et continuera à chercher de la nourriture. '

Était-il enragé car nous l'avions empêché de se nourrir, ou parce qu'il n'avait rien trouvé d'autre pour se nourrir ?

Qui pourrais le savoir ? Mais peu importait ses désirs et ses envies, car une bataille pour la vie de chacun allait se dérouler, de laquelle nous étions les acteurs principaux.

Thram activa son Ether : il ne s'agissait que d'une amélioration de ses cinq sens, mais ceux-ci étaient s'en trouvaient si évolués qu'il était sans conteste le plus fort de l'équipe.

Il se trouvait à côté de moi, à au moins cinq mètres de notre cible. Pourtant, il ne lui a fallu qu'un très court instant pour s'élancer, et envoyer valser à terre le Stigma.

Ce dernier, ayant atterri au pied d'un arbre, se releva aussitôt et contre attaqua. Son offensive était si rapide que mes yeux ne purent le suivre. En revanche, ce qui me frappa le plus, était que sa cible, Thram, bloqua parfaitement le coup.

Notre capitaine répliqua à cet assaut, et c'est ainsi qu'un intense combat se déroula devant mes yeux. La valse de coup battait son plein, alors que je tentais désespérément d'intervenir, en vain. Je me tournai vers Elena et Nhéa.

Les deux étaient là, calmes. Ils fixaient les assauts incessants menés par la bête et Thram, avec une unique idée dans leur tête qui se reflétait dans leurs yeux : que Thram en revienne l'unique survivant.

Au bout de quelques minutes d'échange intense de coups, les deux partis se séparèrent. Thram saignait fortement, alors que le stigma était à peine blessé, mais semblait bien plus épuisé.

Elena tenta de rejoindre le capitaine pour voir s'il allait bien. Mais avant qu'elle n'arrive à mi-distance, il lui fit signe de ne pas bouger. Ce fut leur erreur fatale, à tous les deux.

Il ne s'agissait que d'une unique microseconde. Mais cela lui suffit. Le stigma s'était déjà élancé. Personne ne pouvait plus rien faire. Avant même de nous avoir donné le temps de comprendre ce qui était arrivé, Elena était déjà empalée sur une griffe. Le temps s'arrêta pendant un instant. Nous étions tous figés. Aucun son ne pouvait sortir de ma bouche, et il semblait en être de même pour les autres. Je voulais aller l'aider. Mais mon corps refusait de bouger. J'étais paralysée. Mon corps et mon âme étaient désormais deux entités séparées.

Le Stigma avait de nouveau profité d'un instant d'inattention. Or, cette fois ci, son assaut avait été mené à bien.

Elena cracha tout d'abord un peu de sang. Son torse devenait ensuite de plus en plus rougeâtre. Une couleur magnifique, légèrement rosée, aux nuances pourpres. Son sang dégoulinait sur le sol. C'est cet assaut qui avait eu raison de moi. De la même manière je m'étais trouvée empalée sur cette griffe. De la même manière, j'étais suspendue au-dessus du sol. En revanche, il ne lâcha pas Elena.

Au contraire, il la positionna entre lui et nous. Il s'en servait comme bouclier. Thram semblait dépité :

" ELENA !!!" hurla t-il de toute ses forces.

Au même moment, le stigma s'élança vers Nhéa. Avec la fatigue, sa vitesse avait grandement chuté, mais demeurait néanmoins impressionnante.

Il tenta une nouvelle fois embrocher un membre de notre équipe. Nhéa n'avait pas le temps de réagir. Son bouclier d'ombre était trop long à se former. Au moment où la griffe était sur le point d'éliminer Nhéa, une ombre se faufila et bloqua parfaitement le coup. Ou presque.

Thram avait subi le coup à sa place. Son bras gauche s'envola dans les airs. Son sang se répandit sur l'herbe humide. Le spectacle tournait au massacre.

Mais, une chose incroyable se produisit : Thram immobilisait le Stigma avec son unique bras droit.

La créature se débattait violemment pour s'échapper, en vain.

" ALICE !! "

Thram hurlait mon nom désormais.

Cet appel me réveilla.

Je commençai immédiatement à réunir l'énergie qui m'entourait. Cette action me pris seulement deux petites secondes, mais cela fut suffisant pour que le Stigma réussisse à se dégager de l'emprise de Thram, et à le projeter à terre. En revanche, son mouvement fut maladroit et il perdu l'équilibre. J'en profitai donc pour l'enchaîner, à l'aide de l'énergie que j'avais amasser au préalable. Les chaînes noirâtres sortirent de son corps, s'enroulèrent autour de tous ses membres, et retournèrent se planter dans la terre.

Il était de nouveau immobilisé. Il tentait de se débattre, cependant, n'ayant que pour unique atout sa vitesse, les chaînes lui résistaient - mais de justesse, il faut avouer. Thram ne se relevait pas, et Nhéa étant spécialisé dans les attaques puissantes mais peu précises ne pouvait pas se risquer à attaquer le Stigma : il pourrait atteindre Elena, qui semblait s'accrocher désespérément à la vie.

C'était donc à moi d'agir. Je canalisai de nouveau l'énergie autour de moi. Je tentai d'accumuler un maximum de puissance possible. Je sentais l'essence même de la nature affluer dans mon corps. Chacune de mes cellules étaient en extase. La mince aura violacée qui émanait habituellement de mon corps, s'échappait désormais depuis tous les pores de ma peau, et même depuis de petites parcelles du sol sous mes pieds.

La cible était hors d'état de nuire. Ma puissance élevée au maximum. Ce combat était vraisemblablement sur le point d'être conclut. Mais à quel prix ? Thram avait perdu son bras gauche. Elena était actuellement entre la vie et la mort. Face à cette situation, j'arrivais à peine à garder mon calme. Peut-être que mon esprit s'était développé depuis les faits de la veille, mais les circonstances n'en restaient pas moins désespérantes.

Il fallait mettre fin à ce massacre. Je concentrai toute l'énergie que j'avais accumulé en un point : le bout de mon index droit.

Une masse informe, très sombre, ressemblant vaguement à une griffe, se créa au bout de mon doigt.

Je m'élançai. Je parcourrai la quelque dizaine de mètre qui me séparait de ma cible à une vitesse si lente que cela en était presque ridicule : non seulement je ne courais pas vite, mais en plus toute mon énergie était concentrée dans cette griffe, me mouvoir était donc compliqué.

Mais j'atteignis tout de même ma cible. Ma griffe allait l'atteindre. Je le fixai droit dans les yeux. Il souriait... Pourquoi ?

Je le compris rapidement, et ce à mes dépens. Il lâcha Elena, et, d'un geste rapide, se libéra le bras gauche qui retenait peu auparavant ma camarade, et nicha l'un de ses longues griffes sous ma gorge.

C'était la fin.

Nhéa ne bougeait toujours pas, Thram était au sol, se vidant de son sang. Elena était dans un état tout aussi critique : son abdomen avait été transpercé, et même si son pouvoir permettait à ses fonctions vitales de rester en fonctionnement encore un peu de temps, cette mesure n'était que provisoire ; elle ne tiendrait pas deux minutes de plus.

Le stigma gémit un petit son qui semblait sonner comme un petit ricanement. Son bras entamait sa course en vue de me trancher la gorge. Le temps ralentit. La griffe était à quelques millimètres de ma peau. Je fermai les yeux. J'attendis. Je n'entendais plus rien. Je ne voyais plus rien. Mais rien ne se passa.

Lorsque je rouvris les yeux, aucun bras sous mon cou, aucune griffe plantée où que ce soit dans mon corps. Mon ouïe me revenait peu à peu. J'entendis de violent grognement. Ceux d'un loup. Un gros loup. Je me retournais.

Il était là : les crocs plantés dans le bras gauche du stigma, les griffes dans le torse. Un magnifique loup gris, aux longs crocs. Si longs que, même plantés dans le bras du stigma, ils dépassaient de celui-ci.

Le stigma se releva de cet assaut, mais le loup restait agrippé à la créature. Le stigma ne pouvait plus bouger. Il tentait une nouvelle fois de se débattre, mais le loup résistait aux nombreux coups de griffe venant du bras encore libre de la créature. C'était ma chance. Je m'élançai, la griffe en direction du Stigma. Il ne me vit pas arrivé, trop occupé à s'acharner sur le loup. Je lui tranchai tout d'abord le bras droit, puis la jambe gauche, pour enfin l'égorger. Le sang se répandit sur le sol.

La végétation qui sévissait autour de nous était désormais peinte de pourpre. Le stigma tomba lourdement sur le sol, et ne bougea plus. C'était finit, il était mort

Je me tournai vers mon équipe. Seul Nhéa était encore debout. Il n'avait pas bougé du combat. Il ne semblait ni effrayé, ni accablé. Il n'avait juste pas bougé.

Enfin, quel choc ce fut pour moi quand je le vis faire son premier pas depuis le début du combat !

Il se dirigeait droit vers Elena, puis s'agenouilla à côté d'elle. Je me rapprochai en courant pour voir ce qu'il mijotait. Mais je trébuchai lourdement sur le sol. Je ne pouvais presque plus bouger. Malheureusement, j'avais dépensé trop d'énergie.

Je me relevai avec difficulté. Je rejoignis Nhéa en titubant légèrement. Il avait les deux mains jointes, posées sur la blessure d'Elena. Une aura sombre se mit à se dégager de ses paumes de main, et comme par miracle, la blessure d'Elena se referma.

Nhéa se releva et alla effectuer le même rituel aux côtés de Thram. Je n'eus malheureusement pas le temps de lui demandait ce qu'il faisait : je m'affalai lourdement sur le sol. Je ne pouvais désormais plus bouger du tout.

Mes sensations disparaissaient peu à peu. Avec le peu de clarté qu'il me restait, je pu discerner la sensation de toucher quelque chose de doux : la fourrure du loup.

Lorsque celui-ci passa juste au dessus de mes yeux, je remarquai une longue cicatrice sur son ventre.

C'était donc lui, cette fois-là. Mais maintenant, nous avons gagné. Nous lui devons la victoire... Il est comme le loup de cette légende d'un ancien continent : Fenrir, le loup des Terres Nordiques d'Elfeïtheim, celui qui donna son nom à notre chère base militaire d'Era.