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Chapter 11 - Le travail d'un éclaireur

Aujourd'hui était un jour étrange.

Lorsque le soleil se leva, il illumina les contrées enneigées qui nous entouraient d'un rouge sanglant. Ce spectacle nous rappela amèrement la bataille à venir. Aujourd'hui, de nombreux homme mourront des griffes de créatures monstrueuses.

La plupart des soldats se levèrent aux aurores, bien que la première réunion de la journée, qui ne concernait que les éclaireurs, autrement dit nous la sixième armée, ne débutait qu'à 10h00.

Chacun tuait le temps à sa manière. Personnellement, je ne faisais rien, si ce n'est qu'observer Elena qui dormait encore.

« Il est temps pour toi de participer à ton premier combat de masse… Qu'en penses-tu ? Excitée ? »

« Tss… Ne dis pas n'importe quoi, Léo… Seuls les fous comme cette Honoka sont excités par le combat. Nous autres être humains 'normaux' ne faisons qu'appréhender la chose. Je n'ai pas vraiment peur si tu te poses la question. Je m'inquiète juste à propos de ce que je pourrais perdre lors de ce combat. Mais je rejoins Elena là-dessus. Il n'est pas question que je laisse une autre personne chère à mes yeux mourir devant moi. Mon objectif numéro durant cette guerre sera donc de protéger Elena. »

« C'est très noble de ta part. Mais vraiment, tu ne ressens pas ne serait-ce qu'un peu d'excitation ? C'est étrange… La plupart de mes anciens porteurs adoraient le combat ! »

« Des anciens porteurs ? Je ne suis donc pas ta première éthérion ? »

« Non, certainement pas ! »

« Il s'agissait d'éthérions combattant lors du cataclysme ? »

« Pas vraiment, non, mais peu importe. Tu devrais faire attention à l'heure, ta fameuse réunion va bientôt commencer. »

Je vérifiai l'heure, et en effet, la réunion s'apprêtait à débuter. Je réveillai donc Elena afin qu'elle aie tout de même quelques minutes afin de se préparer.

Une fois que j'eus aidée Elena à se réveiller, puis à se préparer, comme se coiffer par exemple, nous nous dirigions vers le lieu de la réunion. Il s'agissait d'un lieu un peu à l'écart du reste du camp, à proximité d'une zone extrêmement plate et d'une gigantesque tente. Je me rappelai furtivement qu'il s'agissait de la tente des maréchaux, là où leurs réunions se déroulaient. Accessoirement, ils y 'vivaient' aussi.

Lorsqu'Elena et moi arrivions sur place, pratiquement toute la sixième armée était déjà réunie, même si nous pouvions observer encore quelques personnes s'ameuter.

Ainsi, la première réunion stratégique de la Grande guerre du Nord de l'année 50 PC - Post-cataclysmique - débuta.

L'homme qui prit la parole fut sans conteste notre maréchal, Sirius, bien que les maréchaux combattants fussent de même tous présents. Seules Merry et Nonoë ne faisaient pas parties des maréchaux combattants, et restèrent donc à Era. Nonoë demeurait en revanche largement sollicitée pour la mise en place des stratégies.

« Chers éthérions, chers amis. Aujourd'hui notre armée a l'honneur de mener la bataille face aux stigmas. Certains d'entre vous connaissent déjà notre façon de procédé, mais pour les quelques nouveaux, je vais l'expliquer très simplement. Notre objectif principal est le repérage et la prise d'information. Connaître le statu quo en permanence sur le champ de bataille est votre rôle, votre objectif. Eclaireurs ! Votre métier est d'être les yeux de l'humanité. Il s'agit du métier le plus noble que puisse offrir l'humanité. Notre mode opératoire est simple : une seule et unique équipe reste hors du champ de bataille afin de relayer les informations et le reste part en reconnaissance. Aujourd'hui l'équipe n°97 sera celle relaiera les informations. Toute autre équipe partira en reconnaissance, et à la moindre information utile, vous pourrez en faire part à l'équipe n°97. »

Le jeune homme marqua une pause, avant de se tourner vers moi. Il fit signe à notre équipe de le rejoindre. Bien que légèrement réticente, je me dirigeai malgré tout vers mon supérieur, tandis qu'Elena me suivait de près.

« Bien. Je vous présente Alice et Elena. Elles sont toutes les deux membres de la 97ème équipe. Malheureusement, lors de la première mission d'Alice, deux membres de leur équipe sont morts en emportant la vie d'un stigma. Ne vous inquiétez pas, je me porte garant de leur fiabilité. »

Beaucoup de personnes discutaient entre-elles, j'imagine notamment à propos de notre âge. Bien que Fenrir employait des mineurs, ils étaient relativement rares, représentant un peu moins d'un vingtième des éthérions de Fenrir. Mais pour certains, le sujet d'attention était un peu différent.

« Eh, regarde ! C'est pas la petite qui se baladait à moitié nue l'autre jour ? »

La personne ayant prononcé cette phrase était homme doté d'une petite barbe mais possédant le crâne chauve. Bien qu'il le dise à voix basse, une bonne partie des membres de la sixième armée l'entendit.

« Maintenant que tu le dis ! »

« Mais, peut-on vraiment faire confiance à une exhibitionniste ? »

« Le maréchal a dit qu'il se portait garant d'elle. J'imagine qu'elle ne doit pas être n'importe qui. Elle doit être très forte ! »

Et ça continuait… Entre spéculations et théorie du complot, j'étais sujette à diverses théories que cela en devenait légèrement ridicule. Malgré tout, cela me fit rougir.

« S'il vous plaît, calmez-vous. Nous devrions-nous dépêcher, la nuit est à notre désavantage. »

Tout le monde se tut, étant donné que la personne ayant prit la parole était Sirius. Ainsi, sans rien dire, il se tourna, faisant signe d'avancer.

Tout le monde le suivit, jusqu'à arriver au bout du camp. D'ici, son second, une jeune femme aux cheveux blonds coupés mi-longs et aux atouts féminins beaucoup trop protubérants pris le commandement. Malheureusement, elle ne se présenta pas, donc je n'eus pas l'honneur de connaître son nom pour le moment.

Nous marchâmes quelques kilomètres sur de la neige fraiche, avant d'arriver à l'orée d'une forêt. Cette forêt si spécifique qui offrait toute son unicité à ce lieu. Nous étions seulement à quelques kilomètres du centre de recherches, et entrer dans cette forêt signifiait pénétrer sur le champ de bataille.

C'était ici que nous prenions poste. Tandis que chaque membre de l'armée avait des coordonnées autour des quelles commencer leurs recherches, nous devions attendre ici que les premières équipes reviennent.

Et cela ne se fit pas attendre. En effet, alors que nous attendions sur place pendant prêt d'une demi-heure, et que nous n'avions rien à faire pour tuer le temps hormis lancer de furtifs regards autour de nous afin de savoir si un danger s'approchait, la première équipe arriva.

Il s'agissait d'une équipe équilibrée, de quatre personnes : tout le monde était âgé d'une vingtaine d'année, et deux des membres étaient des femmes. Chacun d'entre eux dégageait une certaine impression de maturité, chacun de leurs mouvements imposait une prestance forçant le respect.

« Bonjour. Nous sommes l'équipe numéro 11, nous souhaitons rapporter un fait anormal que nous avons pu constater à l'est. »

« Bonjour, nous vous écoutons, vous pouvez compter sur nous pour relayer votre message au maréchal. »

L'une des femmes, légèrement en retrait, me sourit doucement, et une certaine lueur illuminait son regard. Elle semblait me faire confiance, pleinement confiance, mais je ne savais pas vraiment pourquoi.

L'homme qui prit la parole en revanche était le triste inverse. Bien que le problème ne venait pas du fait qu'il ne me faisait pas confiance, il s'agissait plutôt de son comportement. Il était grandement hautain, et surtout, une teinte d'arrogance faisait vaciller sa voix et trahissait son mépris pour les personnes plus faibles que lui, par exemple, nous.

« Très bien. Nous avons constaté des comportements étranges de stigmas dans les zones de l'est. Bien que nous n'en ayons pas personnellement vus, leurs traces toutes fraiches étaient encore présentes dans la neige. D'après ces empreintes, les stigmas se serraient regrouper dans l'ouest. Je crains une embuscade et établis une demande urgente à propos d'une évacuation des troupes dans l'ouest. Ne pouvant attendre une réponse, nous prenons les devant et évacuerons les équipes de la zone de conflit. Nous enverrons en tant que messager la première équipe que nous trouvons. Si jamais la demande de repli est refusée, renvoyez-la nous. Sinon, nous continuerons. »

Pendant quelques secondes, je restai immobile, inquiète de ce qu'il venait d'annoncer. Mais le voyant repartir instantanément vers l'est, sans rien nous dire, je pris l'appareil de communication afin de reporter ce que l'homme venait de dire. Du coin de l'œil, je perçu la précédente femme me faire signe de la main, puis s'en aller. Je l'ignorai, tandis que j'envoyai urgemment mon message au maréchal. Ce dernier valida l'ordre de repli, mais nous demanda de rester sur place afin de continuer notre travail de relai d'information.

Une heure passa ainsi, tandis que plus d'une vingtaine d'équipe eurent le temps de se replier. Malheureusement, encore plus de la moitié restaient introuvable.

Le silence régnait dans la forêt. Je ne savais si des combats au loin se déroulaient, mais ici, le silence avait un effet pervers. Presque tous les arbres nous paressaient suspects. Elena eu plus de facilité que moi à s'y habituer. Elle put donc l'entendre.

« Alice, tu as entendu ? »

« Entendu quoi ? »

« Ce bruit. Quelque chose approche. »

Je me tournai vers Elena, ne comprenant pas de quoi elle voulait parler.

C'est à ce moment que je les vis. Trois Stigmas. Ils courraient, tous les trois. Juste en face d'eux, un homme ensanglanté fuyait désespérément.

La panique monta rapidement en moi. Je pu à peine balbutier :

« E-Elena… »

Elle comprit instantanément ce que je voulais dire. Elle se retourna rapidement, avant de voir la scène. Son visage devint instantanément pâle.

Les Stigmas se dirigeaient vers nous.