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Chapter 3 - Le démon des abysses

Nous étions au milieu d'une cité aux murs si âbimés qu'elle sembla abandonnée. En réalité, ce n'était pas tout à fait le cas, pour preuve les quelques personnes qui erraient ci et là.

La forte dégradation des murs et des constructions était due à l'âge avancé de ceux-ci. En effet la cité ne fut pas rénovée depuis la Grande Guerre.

La première raison fut que le climat avait radicalement changé depuis la guerre : le désert s'était fortement refroidi afin de laisser place à des contrées glaciales. Si la région était déjà difficile à habiter, il est désormais pratiquement impossible pour un être humain d'y survivre. Le nombre d'habitants a depuis drastiquement chuté et les Stigmas ont en parti pris possession de ces terres.

A l'entrée de ces contrées faites de neige et de glace, une ville fut réquisitionnée afin de maintenir le front et les expériences de l'armée dans ces terres désolées : Kasuro, le Laboratoire, Porte du Nord, Cité des glaces.

C'est ici que j'allais subir mon premier entraînement. Je possédais une affiliation unique, et nous devions juger de la dangerosité de celle-ci.

Je me retournai puis fixai le visage de mon professeur. Son regard était fuyant, et ses muscles semblaient légèrement crispés.

'' C'est donc ici que je vais m'entraîner ?'' demandai-je.

'' Oui. Nous devons connaître la nature de ton affiliation. Il vaut mieux un terre sans vie pour réaliser de telles expériences. Je te rassure, ça ne m'enchante pas non plus, mais la menace est bien réelle, nous ne comprenons pas encore assez bien l'éther pour savoir s'il peut-être une véritable menace pour son porteur.'' me répondit-elle, tout en fixant le sol gelé.

'' Dans ce cas allons-y, le plus vite sera pour le mieux ! N'as-tu pas hâte toi non plus de savoir ce dont je suis capable ?''

Je ne supportais pas vraiment le malheur des autres, alors je tentai de remédier à l'atmosphère aussi glaciale que la température extérieure. En vain. Ma professeure continua sa route, tête baissée, pensante.

Nous sortîmes de la ville très rapidement. Au dehors de cette citée, le paysage n'était guère plus flamboyant : ni plantes, ni animaux ne demeuraient sur cette terre. Les marques de la guerre ravageaient ces plaines, qui s'étendaient encore sur des centaines de kilomètres plus au nord. Kasuro n'était finalement qu'un repère plus qu'autre chose : la limite du territoire des Hommes.

Nous marchâmes dans la neige pendant une trentaine de minutes. Éloignées d'un ou deux kilomètres de la ville, Lisa s'arrêta et se tourna vers moi :

" C'est ici que ton entraînement va commencer."

Je regardai aux alentours. Rien. Un arbre mort, quelques flocons, puis rien. Absolument rien. Bref : un endroit parfait pour toute épreuve à risque.

Je me tournai vers elle, en attendant ses explications, non sans impatience, mais en camouflant le mieux possible mon entrain face à son stress.

" Bien, commençons par la première étape, qui n'est pas non plus des moindres : tu dois t'efforcer de communiquer avec ton cristal."

Parler à mon cristal... Cela pouvait sembler relativement dingue, mais elle avait raison. J'avais déjà entendu parler de l'étape finale de la symbiose : il s'agissait de la plus compliquée de toute : en effet entrer en contact avec son cristal est extrêmement compliqué. Cela dépendait de sa personnalité propre s'il s'agissait d'un vieux cristal, sinon du flux de pouvoir entre le porteur et celui-ci.

Au final, seul le pouvoir importait. En avais-je ?

Lisa repris machinalement ses explications.

"Nous avons un mois. Il s'agit du temps moyen pour qu'un étherions communique avec son cristal. Nous avons donc tout juste le temps, c'est pourquoi tu vas t'y mettre tout de suite."

C'est génial mais...

" Comment je fais ?" lui demandai-je, abasourdie.

Cette fois-ci, elle me fixa, et son expression changea pour un large et monstrueux sourire, tout en pointant son index sur mon torse :

" Là est toute la difficulté ! Tu dois trouver ta propre solution, car à chacun sa propre clé. Si toi-même tu ne la trouves pas, personne ne la trouvera. Cela ne dépend que de toi. Si tu veux prouver ta valeur, fonces ! Tu as un mois. "

Elle se tut, se tourna et se dirigea vers le seul arbre aux alentours - mort. Elle dégagea la masse neigeuse au-dessus de celui-ci, puis s'assit dessus, ouvrant un livre qui était caché dans sa poche.

A partir de maintenant, j'étais donc seule.

Trouver ma solution ? Laquelle ? Comment ? Déjà tant de question sans réponse et pas même une once d'idée. Ce mois-ci allait probablement être long. Très long.

Je profitai de la première journée pour réfléchir. Je conclus rapidement que se précipiter ne servirait à rien...

Je ne savais que peu de choses, mais qui pouvaient m'être très utiles : je savais que beaucoup de cristal réagissaient au pouvoir. La question est, lequel ? Dans quelle mesure ? Et si mon pouvoir était insuffisant ?

La première journée passait ainsi, d'heure en heure, sans qu'aucune réponse, complète ou partielle, ne fleurisse dans mon esprit.

Le lendemain, le temps fut plus clément. Nous prîmes quelques morceaux de bois afin de pouvoir s'asseoir à n'importe quel endroit, et surtout, je dis bien surtout, faire un feu.

La couche de neige était un peu moins épaisse que la veille, j'en profitai donc pour m'entraîner physiquement au petit matin avant de réfléchir l'après-midi.

Lisa ne me parlait quasiment pas, et les seuls repas que nous possédions étaient des vivres fournis par le maréchal Karl, autrement dit tout sauf un repas consistant et équilibré.

Chaque jour, pendant deux semaines, je travaillais ainsi mon esprit et mon corps, tout en réfléchissant à communiquer avec mon cristal. Bien qu'en deux semaines, je n'eus qu'au final qu'une vague idée de ce qu'était la puissance que je recherchais. Une chose était sûre, cette puissance n'était pas physique. Tout bonnement car l'éther se fiche bien de la physique – et du physique – que ce soit une force exercée, ou les lois qui régissent notre monde.

La puissance recherchée était donc celle de l'esprit. La troisième semaine fut consacrée au développement de mon esprit. Il s'agissait d'exercices éprouvants, étant donné le climat souvent rude de la région.

Les gelures ne se comptaient plus sur ma peau devenue pâle, parfois bleuâtre, et mon moral était au plus bas. J'avais l'impression de n'arriver à rien. Pas un signe, rien. Le vide absolu. Le néant.

Je trouvais qu'il n'y avait rien de plus triste que le vide. Un espace sans fin, sans rien. Sans une once de vie, de lumière, ni même de pénombre. Là où ténèbres et lumière n'existaient pas, nous autres, humains, ne pouvaient nous aventurer.

Je me rappelai la couleur du cristal.

Je me souvins de sa couleur, lorsque je le tenais.

Ni sombre, ni clair. Sans lumière ni ténèbres.

Les abysses absolus.

La clé était la volonté.

Seule la volonté de continuer me permettrait de me connecter avec mon cristal, car seule cette volonté aide lorsque, corps et âme, nous sombrons dans l'infinité du néant.

Ma quatrième semaine se résumait donc à de vaines tentatives afin de me connecter avec mon cristal. Vaines, jusqu'à l'avant dernier jour.

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Ce jour-là fut différent. Bien différent. Le froid mordait davantage les plaines infinies du nord, tandis que je luttais désespérément afin d'achever ma symbiose.

Je luttais contre ce froid intense et la neige qui s'infiltrait dans mes yeux. Il était probablement aux alentours de deux heures de l'après-midi lorsque je m'évanouis pendant l'entraînement, alors que je méditais 'tranquillement' afin de retrouver ce cristal enfoui dans mon coeur.

Je me réveillai dans un endroit pour le moins insolite. Je me trouvais dans un monde peint de blanc, à l'exception du sol qui lui reflétait mon image. Les ondes qui se propagèrent lorsque mon pied frissonna me firent constater qu'il s'agissait d'un fluide. Je marchais sur un liquide capable de tout refléter – mais en l'occurrence, seule moi était reflétée : en effet, rien ne m'entourait. Un vide absolu. Peut-être... Le cristal ? S'était-il enfin décidé à communiquer, après tant d'attente ? Ou me trompais-je ?

''Hé, cristal ! Montre-toi, s'il s'agit de ton monde. " marmonnai-je, légèrement anxieuse.

L'onde sonore se propagea dans ce monde sans forme, ni vie.

Je me déplaçais donc sur une courte distance, tout en gardant mon regard fixé sur le liquide sur lequel je marchais.

Quel endroit étrange.

Après quelques dizaines de pas, je tombai nez à nez avec une masse informe. Cet agrégat me fit penser à une distorsion, une fracture dans cet univers. Comme si le monde était connecté avec un autre. Je m'approchai de cet agrégat noir.

Soudain, un vent puissant me poussa tout droit en direction de la distorsion. Elle m'attirait, elle m'absorbait. Lorsque j'entrai en contact avec la fracture, je m'évanouis de nouveau.

A mon réveil, le paysage était une fois encore devenu différent. Enfin, c'est ce que je pensais, à tort : le liquide était toujours présent, mais cette fois-ci l'océan calme était désormais très agité, et ne me reflétait plus. Le ciel était d'un mauve extrêmement sombre, orné d'une lune rouge sang.

Parmi cet univers infini, au loin, se dégageait de nouveau un agrégat sombre. Mais celui-ci était différent.

Une silhouette.

Celle-ci s'approchait lentement. Lentement, certes, mais elle s'approchait. La distance qui nous séparait s'amenuisait de plus en plus. La silhouette m'apparut de plus en plus de forme humaine. En me concentrant un peu, je pus apercevoir un homme, ni jeune, ni vieux, qui portait en son image quelque chose d'insolite : il flottait dans les airs. De quelques millimètres, certes, mais il flottait dans les airs. Ses pieds ne touchaient pas le sol.

Au bout de quelques secondes, cet homme se tenait là, devant moi, à quelques mètres environ. Il avait les cheveux d'un noir intense. Ses yeux étaient plus sombres encore que la plus obscure des nuits. Mon regard s'y perdit l'espace d'un instant.

Il possédait une apparence jeune, mais son impassibilité et sa grande prestance le faisait paraître comme un vieux sage. L'atmosphère qui se dégageait de lui démontrait que le savoir coulait en lui, et mon instinct me prévenait d'une puissance qui semblait inégalable.

Il engagea la conversation en premier :

" Bienvenue, humaine, dans mon domaine : Abysse."

Sa voix était d'un ton peu commun, forçant le respect, mais n'étant pas non plus dénué d'une certaine douceur. D'une certaine manière, je trouvais que sa voix dégageait une forte expression de solitude.

Il reprit son introduction après s'être posé sur ce qui semblait être le sol de ce monde – ce liquide qui ne reflétait plus rien.

" On me nomme Leo. Je repose dans le cristal que tu as absorbé, humaine. Pourquoi avoir dérangé mon sommeil ?"

" Je m'appelle Alice. Vous déranger n'était nullement mon intention. Mais votre cristal m'appelait jusque dans mon âme. Je l'ai donc instinctivement choisi parmi un million d'autres." répondis-je machinalement.

" Peu importe. Tu as su faire preuve d'une grande résilience afin de venir ici, que je ne remettrai jamais en doute, et, quel qu'en soit ta raison, saches que tu es la bienvenue en ce lieu. Mais, je dois avouer que je suis curieux. Cela fait près d'un mois que tu cherches à pénétrer ici. Quelles sont tes motivations ?"

Il me fixa avec son regard perçant, en attendant impatiemment sa réponse.

" Je suis soldat. Je suis là pour emprunter vos pouvoirs, rien d'autre ne m'intéresse. "

Son regard changea en entendant mes mots.

" Et qui te dit que je possède ce que tu recherches ?" demanda-t-il froidement, tout en plissant les yeux.

'' Pourquoi devrais-je vous répondre ?''

Mes réponses, qu'elles lui plaisaient ou non, étaient toutes sincères. A vrai dire, je n'avais aucunement l'intention de lui mentir, car cela n'aurait rien changé. Après tout, nous sommes dans mon esprit.

" Pourquoi recherches-tu ce pouvoir ? Pour tuer ? Apaiser une soif de sang ? Pour obéir ? Ou pour protéger ? Pour trahir, ou pour dominer ? Pour trouver ce que tu recherches, ou pour donner un sens à ta vie ? Es-tu de ceux qui pensent que le pouvoir est une fin en soi ?"

Je dois avouer que je m'attendais à moins de méfiance venant d'un cristal. Mais je me souvenais que seuls les cristaux les plus anciens étaient capables de montrer une forme humaine, de parler et de penser.

En revanche, je n'avais jamais entendu parler de cristaux capables de créer un monde avec leur simple pouvoir.

Certains avaient probablement suffisamment de puissance, mais aucun ne possédait véritablement le pouvoir adéquat, par exemple Athéna et son cristal Aetherius, capable uniquement de créer des champs de forces dont les plus puissants sont considérés comme impénétrables. J'appréhendais donc la suite des événements. Je lui répondis donc comme à mon habitude : de manière directe.

" Pour vivre. Pour pouvoir dire à mes amis 'Bonjour' chaque matin, pour pouvoir protéger ceux qui ne peuvent pas se protéger eux-mêmes, pour dominer mes ennemis, pour pouvoir accomplir mes rêves, pour que chaque matin je puisse me regarder dans une glace sans me remémorer tous les hommes que je n'ai pas pu sauver au combat, pour pouvoir trahir ceux que je ne respecte plus, pour pouvoir répondre aux attentes du monde entier, pour pouvoir tuer ceux qui s'opposent à moi et répandre leur sang sur le sol poussiéreux du champ de bataille. Je veux ton pouvoir pour accomplir ce que je souhaite, et ce que je dois faire. Il n'y a rien de noble dans mes sentiments, seulement de l'autosatisfaction. Mais sache une chose : qui que tu sois, quelque soit la raison pour laquelle tu te méfies de moi, je fais le serment de ne jamais trahir, de ne jamais blesser et de ne jamais tromper celui qui vie en moi."

Son regard froid se transforma en air surpris.

" Haha haha !! Si seulement j'avais su qu'un jour je rencontrerais quelqu'un comme toi. Tous ces incapables d'humains venaient autrefois sans savoir ce qu'ils recherchaient vraiment, ou étaient là pour des raisons si banales que c'en était ennuyeux à mourir. Certains osaient même me mentir. Mais toi ! Oui ! Toi ! Tu souhaites donc mon pouvoir pour pouvoir !? Très bien. Tu m'as l'air davantage capable que les précédents visiteurs de ces lieux. Je sens en plus une certaine capacité en toi à contrôler mon pouvoir. Nous sommes d'une certaine manière... Compatibles. Pour te remercier de m'avoir fait rire pour la première fois depuis très longtemps, j'accepte de passer un contrat avec toi. Je m'appelle Leo, Démon des abysses. Retiens ce nom, car tu devras m'appeler si veux accéder à mes capacités. En échange, je me permets d'avoir libre accès à tes pensées, ainsi nous pourrons communiquer plus facilement. Et sache une chose : si tu oses me trahir, me blesser ou me tromper, tu le paieras de ta vie. Il est temps pour toi de retourner à la réalité. Nous nous reparlerons plus tard. Va, grandis, entraînes-toi, j'ai hâte de pouvoir combattre à tes côtés."

Ma vision se brouillait peu à peu. Une vive lumière illuminait mon champ de vision, puis le paysage morne des plaines nordiques m'entourait de nouveau.

A bientôt

Lorsque je revins à la réalité, je constatai que rien n'avait changé. Comme si le temps s'était arrêté. Lisa se trouvait toujours sur son monceau de bois, assise, lisant un livre. Les flocons chutaient lentement sur le sol. Ils recouvraient le paysage d'un blanc pur, mais effrayant, repoussant, qui me fis me sentir mal à l'aise. La noirceur des abysses m'était plus accueillante que ce blanc uni.

Lisa, ressentant mon mal aise, s'approcha pas à pas de moi puis m'interpella :

" Alice, quelque chose ne va pas ?"

" Je... Je l'ai vu. " balbutiai-je. " Son nom est... Leo, le démon des abysses."

Elle s'arrêta devant mon visage, surprise par ce que je venais de dire. Elle esquissa ensuite un petit sourire :

" Tu as donc fini ton entraînement avec moi ! Et ce dans les temps ! Je te félicite. Ce n'était pas une chose aisée. Nous rentrons donc pour aujourd'hui, demain sera une journée chargée. "

" Tu ne souhaites pas de détail ?" lui demandai-je inconsciemment.

" Non, je n'en ai pas besoin. La relation entre un cristal et son porteur ne regardent que les concernés. Intervenir dans celle-ci serait contraire à l'éthique et très mal vu. Je préfère donc m'abstenir. " dit-elle d'une classe inégalable.

Je restai bouche bée un court moment, avant de me lever et de suivre Lisa qui s'était éclipsée quelques secondes auparavant.

Nous arrivions de nouveau dans cette ville en ruine. Aujourd'hui, il y avait beaucoup plus de monde qu'à l'habitude. J'avais entendu dire qu'une bataille se préparait et que les premiers éclaireurs allaient arriver d'ici quelques jours. La ville offrait un semblant de vie dans cet espace perdu au milieu de plaines gelées, qui pourtant étaient autrefois parmi les plus chaudes du continent.

Un marché avait pris place, vendant quelques fruits et légumes importés, ainsi que quelques vêtements chauds et des cristaux d'éther de flamme. Rien de comparable au marché géant d'Era, certes, mais infiniment mieux que les jours précédents.

Malheureusement, arrivée à Kasuro, Lisa me força à me reposer. Il était 18 heures, et je n'avais nullement l'intention de dormir à cette heure, mais elle insista, en prétendant que j'en avait besoin pour le jour suivant. Je préférai l'écouter, et je n'avais de toute façon rien à perdre, étant donné qu'elle avait décidé que nous reviendrions à Era le jour suivant.

Nous nous dirigions donc vers l'endroit où nous logions. Il s'agissait d'une petite bâtisse relativement intacte comparée aux bâtiments alentours.

Par chance, le froid ne s'insinuait que très peu, nous pouvions donc dormir la nuit sans pour autant utiliser de nombreuses couvertures. Bien que le confort laissât tout de même à désirer, nous n'avions pas à nous plaindre.

L'intérieur était peu meublé. La peinture sobre était légèrement illuminée par de légers feux d'éthers qui scintillaient dans le noir. Les nuits nordiques étaient plus longues que la journée, le crépuscule s'était donc déjà largement emparé du ciel.

Je mangeai un léger repas afin d'aller par la ensuite me coucher convenablement. Lisa n'arrêtait pas de me répéter la même chose :

" Dépêche-toi, ta journée sera très éprouvante demain, nous nous lèverons aux aurores et nous ne rentrerons que lorsque je le déciderai. "

Je m'exécutai donc : il ne me fallut pas plus de quelques minutes pour finir mon dîner et filer dans mon lit. Bien qu'elle n'eût que quelques années de plus que moi, on aurait juré une mère...

Je dois avouer que cette situation ne me déplaisait pas totalement, n'ayant jamais connu la mienne.

Une fois dans mon lit, je m'allongeais sur mon flanc droit, regardant par-delà une fenêtre qui donnait sur la rue principale.

Les vacillantes lumières extérieures me permirent d'évacuer mes pensées et de vider mon esprit. Il ne me fallut donc que quelques minutes pour succomber au sommeil.