Feng Lin avançait dans la rue principale, son regard balayant les environs avec prudence. Il ne connaissait pas bien la ville, mais il savait qu'un faux pas pouvait être fatal. Son regard s'arrêta sur un imposant bâtiment : la filiale du Pavillon des Mille Lotus. Deux gardes en armure se tenaient devant l'entrée, leur posture droite et menaçante dissuadant les passants de s'approcher sans raison valable.
Il décida de tester son œil doré sur eux. Après tout, s'il voulait comprendre ses limites, il devait expérimenter.
— Voyons voir…
D'abord, il tenta simplement de fixer les gardes en concentrant son regard sur eux. Il laissa son esprit s'ouvrir aux fluctuations de leur aura, cherchant à percevoir quelque chose. Mais rien n'apparut.
— Étrange…
Il plissa légèrement les yeux et essaya d'infuser un peu de son propre Qi dans ses yeux. Il sentit une légère chaleur parcourir son crâne, mais toujours aucune information ne lui parvenait sur la cultivation des gardes.
Il changea de méthode et relâcha totalement son esprit, essayant de ne plus forcer la perception. Il s'attendait à voir des fluctuations naturelles apparaître devant lui, comme une brume révélant la force des cultivateurs. Toujours rien.
— Tch. Ce n'est pas aussi simple.
Il fronça les sourcils. Était-ce une question de posture ? Il se redressa, tenta de changer son angle d'observation, ajusta sa respiration… Rien ne fonctionnait.
— Ridicule. Je refuse de croire que cet œil soit inutile.
Son regard se déplaça vers la foule, et il décida d'essayer sur d'autres personnes. Il testa son œil sur un vieil homme au regard sévère. Cette fois, il vit quelque chose : une légère fluctuation d'énergie. Il se concentra et discerna sa cultivation.
— Cinquième étape de l'Affinement du Corps…
Il continua son test sur un jeune homme arrogant passant non loin.
— Quatrième étape.
Puis un homme trapu au regard fuyant.
— Deuxième étape.
Un léger sourire apparut sur ses lèvres. Il avait enfin un résultat.
— Donc je peux voir les cultivateurs qui sont dans mon royaume… mais pas ceux qui sont au-dessus ?
Son regard revint vers les gardes du Pavillon des Mille Lotus. Il ne pouvait toujours pas voir leur cultivation. Deux possibilités s'offraient à lui : soit ils étaient au-dessus de l'Affinement du Corps, soit ils utilisaient un artéfact pour masquer leur force.
Il se tourna vers Liang et demanda d'un ton calme :
— Liang, quel genre de cultivateurs ce pavillon emploie-t-il ?
Le serviteur s'inclina légèrement avant de répondre :
— Jeune Maître, je ne connais pas précisément leur niveau, mais comme cette filiale est faible, leurs gardes ne doivent pas être trop puissants. Cependant, leur pavillon mère est redoutable, alors ils doivent tout de même avoir des moyens de protection.
Feng Lin acquiesça silencieusement. Il avait encore beaucoup à apprendre sur ce monde, et son œil n'était clairement pas encore maîtrisé. Mais il s'en souviendrait. Ce n'était que le début.
Feng Lin supposait que le clan Feng ne s'était pas imposé par sa force brute, mais par son intelligence et sa vision stratégique. Après tout, posséder un œil capable de voir la cultivation des autres était un atout redoutable, surtout dans un monde où la force primait.
Il réfléchit un instant. Si l'œil doré permettait de discerner le niveau des autres, il pouvait être un outil inestimable pour recruter des talents. Son clan, autrefois prospère, avait sans doute utilisé cette capacité pour repérer les génies cachés et les attirer sous leur bannière.
De plus, sa propre racine spirituelle lui offrait une vitesse de cultivation supérieure à la normale. Si cela faisait partie des caractéristiques du clan Feng, il était possible qu'ils aient développé des mantras ou des techniques spécifiques, exploitant ces avantages au maximum.
Mais alors, pourquoi avaient-ils disparu ?
Feng Lin serra les poings. S'il voulait reconstruire son héritage, il devait comprendre l'histoire de son clan et maîtriser chaque secret qu'il avait laissé derrière lui.
Il jeta un regard en biais à Liang, qui marchait à côté de lui avec prudence. Il était un serviteur, mais il avait grandi dans le clan et devait forcément savoir certaines choses.
– Liang, tu es dans le clan depuis longtemps, non ?
– Oui, jeune maître, répondit Liang avec respect. Cela fait douze ans que je sers la famille Feng.
– Hm… Douze ans, c'est long. Tu as dû entendre beaucoup de choses. Dis-moi, quel était le véritable atout du clan Feng ?
Liang hésita un instant avant de répondre.
– Je… Je ne connais pas tous les détails, jeune maître. Mais on dit que le clan Feng ne s'est jamais illustré par sa force brute. Il était respecté pour son intelligence et ses capacités particulières.
Feng Lin plissa les yeux.
– Des capacités particulières ?
– Oui… On raconte que le clan Feng utilisait un don unique pour repérer des talents et accélérer leur progression. C'est ce qui a fait sa grandeur autrefois.
Feng Lin resta silencieux. Ses suppositions étaient donc justes : le clan Feng ne dominait pas par la force, mais par l'esprit.
Feng Lin fronça légèrement les sourcils. Quelque chose clochait.
Si le clan Feng possédait une capacité aussi précieuse, pourquoi avait-il été réduit à un simple vestige du passé ? Pourquoi les grandes puissances ne l'avaient-elles pas anéanti pour éviter tout risque futur ?
– Liang, si le clan Feng avait vraiment un tel pouvoir, pourquoi n'a-t-il pas été complètement détruit ? demanda-t-il d'un ton sceptique.
Liang hésita, baissant légèrement la tête.
– Je… Je l'ignore, jeune maître. Peut-être que ceux qui l'ont attaqué pensaient qu'il n'en valait pas la peine après sa chute. Ou alors… ils ne savaient pas exactement ce que le clan Feng possédait vraiment.
Feng Lin tapota son menton en réfléchissant. Si le secret du clan Feng était resté flou aux yeux du monde, alors peut-être qu'il y avait encore quelque chose d'inexploré. Un atout caché que même ses ennemis n'avaient pas réussi à découvrir.
Il devait en apprendre davantage.
Liang réfléchit un instant, cherchant ses mots avant de répondre.
– Jeune maître… Peut-être que le clan Feng, bien que célèbre dans l'empire, n'était finalement qu'un clan parmi tant d'autres pour les véritables grandes puissances. Certes, il inspirait la crainte et le respect ici, mais au-delà des frontières, il n'était rien face aux véritables titans de ce monde.
Feng Lin plissa les yeux. Il n'aimait pas cette réponse, mais elle faisait sens.
– Tu veux dire que les patriarches du passé n'ont jamais cherché à s'élever au-delà de l'empire ?
Liang hocha la tête.
– C'est ce que je pense. Leurs capacités étaient uniques, mais ils n'avaient pas l'ambition nécessaire pour transcender leur statut. Peut-être qu'au lieu de viser les sommets, ils ont préféré rester dans leur zone de confort, évitant d'attirer l'attention des véritables monstres de ce monde.
Feng Lin resta silencieux. Un clan puissant mais sans ambition... Voilà donc pourquoi il avait fini par disparaître.