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Full Fantasia

Fabrice_Duchamps
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Synopsis
Fantaisia est un univers dans lesquels la trace des dieux est une réalité. Toutefois, c'est un univers dans lequel les peuples vivent dans l'obscurantisme le plus criard, un obscurantisme voulu par Jupiter, le roi des dieux mais aussi le roi de Fantasia.
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Chapter 1 - Full Fantasia prologue: Gonzo

Prologue : Gonzo.

Il devait faire dix-sept heures lorsque les hurlements cessèrent de résonner dans le grand pénitencier de la province de Nzé. Les portes s'ouvrirent, puis des centaines de prisonniers menottés et liés les uns aux autres rentrèrent sous l'étroite surveillance d'une cinquantaine de gardes. L'épuisement se lisait sur le visage de chacun des forçats, leur pas lent et résigné leur donnait l'air d'une triste armée rentrée bredouille au pays.

Tout le monde était présent dans les rangs des condamnés et on franchissait le portail du pénitencier comme tous les soirs. Effectivement, les travaux forcés étaient le lot quotidien des prisonniers dans le Shomijo du Sud. Tout le monde répondit présent lors de l'appel des gardes en charge, enfin, tout le monde sauf ce bon vieux Gonzo. En effet, le vieillard n'avait pas travaillé aujourd'hui, car il avait une fois encore été supplicié au carcan et il lui faudrait encore plusieurs semaines pour se rétablir complètement. Donc, Gonzo se trouvait une fois de plus le corps endolori, ensanglanté, mais aussi ouvert à plusieurs endroits.

Pourtant, ce châtiment n'était pas étranger à Gonzo, car il était fréquent que les gardes le maltraitassent plus que tous les autres prisonniers. En effet, non content d'être un bagnard, Gonzo était également un ancien général mutin qui, il y a douze ans, avait défié l'autorité. Ainsi, alors qu'il était de retour d'une défaite contre une garnison commandée par un certain Inou Hakata, le général, qui était pourtant le plus loyal des généraux sud-mijonais, orchestra un coup d'État. Gonzo était donc un traître !

Mais aussi, loin de faire profil bas comme plusieurs de ses congénères, le vieux Mijonais ne manquait pas une occasion de se faire remarquer. Ainsi, en douze ans de détention, Gonzo provoqua les gardes en les traitant de marionnettes d'un régime illégitime ou en insultant publiquement le dirigeant du pays qu'il traitait d'usurpateur et de pillard. Pis, durant les premiers jours de son incarcération et avant d'être mis en isolement pour la première fois, le vieillard dévoilait aux autres détenus des secrets d'État qui causèrent des remous au sein de la prison.

Cette fois-ci, tôt le matin, le vieil homme provoqua une émeute en proclamant haut et fort que son maître viendrait le chercher le soir même, car il en avait eu la vision la nuit dernière.

« Le maître du monde viendra me chercher, moi son fidèle serviteur, et il punira les méchants comme il l'a fait en exterminant les clans d'assassins de sa main forte et impartiale. Repentez-vous ou vous subirez son courroux », avait-il hurlé comme un dément au beau milieu de la cour, alors que les prisonniers s'y étaient rassemblés en attendant qu'on les conduise sur le site des travaux.

C'en était trop pour le gros Bunta et le vilain Hanzo, les gardes les plus sadiques de tout l'établissement pénitentiaire. Les « diablotins », comme on les appelait, commencèrent donc leur besogne seulement quelques minutes après le lever du jour.

Si plusieurs émeutiers furent battus et d'autres punis de mort, Gonzo fut fouetté à tour de rôle par les diablotins pendant trois heures, mais seulement après que le vieillard eût fait près de six heures dans ce carcan en bois ! Son tourment s'étendit donc sur neuf heures.

- Tu es vraiment débile de penser pouvoir sortir de ses geôles un jour ! lui jeta le gros Bunta après lui avoir donné son dernier coup de fouet qui arracha un rire sardonique au vilain Hanzo.

- Tu es un traître donc le général Akuma ne te laissera jamais quitter ce lieu, ajouta celui-ci.

- Je regrette que le général nous ait ordonné de te garder en vie, cracha le gros Bunta. Mais, je crois qu'il comprendra que la prison ne peut que mieux se porter sans toi, acheva le garde.

Toutefois, le vieux soldat ne répondit pas au garde. Non pas que Gonzo avait peur de cet être abject qui se délectait de la souffrance d'autrui, mais tout simplement parce qu'il avait perdu connaissance depuis un bon moment. En temps normal, Gonzo était déjà très mal en point : il avait perdu trois de ses doigts à cause de ses bravades, il boitait de la jambe gauche, avait un œil fermé et portait plusieurs autres stigmates dus aux mauvais traitements qu'on lui infligeait. Mais, le vieil homme puisait son courage dans une foi inébranlable qu'il avait en son maître qui pourtant l'avait laissé croupir en cellule sans jamais venir le chercher.

- Je crois que cette fois-ci c'est fini pour toi, vieux fou, dit le vilain Hanzo, hilare.

Le gros Bunta saisit brutalement le visage du vieillard. Les autres prisonniers avaient tous franchi les portes de l'établissement que l'on se hâta de fermer. Les condamnés traversaient maintenant la cour pour regagner leurs cellules. Toutefois, aucun d'eux ne fit attention au pauvre Gonzo, sans doute s'étaient-ils lassés de le voir se faire punir ou bien détournèrent-ils le visage par lâcheté.

- Pauvre fou, lui dit le gros Bunta.

- Il sera bien libre ce soir, se moqua l'autre garde, sauf que c'est la mort qui va le libérer.

Le gros Bunta soupira.

- Je n'ai jamais vu un prisonnier faire preuve d'une telle volonté, dit-il.

- Cette prison sera bien triste sans toi, ajouta le vilain Hanzo, d'un air faussement attristé.

- Mais on s'en remettra rapidement, dit joyeusement le gros Bunta.

Les gardes pouffèrent de rire un moment. Ils jetèrent ensuite un regard au supplicié, puis s'en allèrent gaiement. Bientôt, il ne resta plus personne dans la cour.

Le Soleil était sur le point de se coucher, car dans cette région du monde d'en bas la nuit tombait aux environs de dix-huit heures. Ainsi, les ténèbres obscurcirent bientôt le ciel. Malgré cela, Gonzo demeura là, prisonnier de son carcan.

Et les heures se succédèrent sans que rien ne se passât, si ce n'est les torches que l'on alluma pour éclairer le pénitencier et sa cour dans laquelle le prisonnier allait passer la nuit une fois de plus. Soudain, une pluie d'une rare violence s'abattit sur les lieux et la cour tout entière fut aussitôt envahie par les eaux. Gonzo fut lui aussi inondé par la pluie. Mais, tandis que l'eau de pluie charriait le sang qui s'échappait de ses plaies, les eaux dévièrent subitement du corps inanimé et plus aucune goutte de pluie ne touchait l'ancien général.

Aussi, toutes les blessures faites par les coups de fouet des deux geôliers se refermèrent à vue d'œil, comme par magie. Toutefois, il n'y avait pas que les blessures récentes du vieillard qui se soignèrent, car les cicatrices les plus anciennes s'effacèrent elles aussi de leur propre chef et même les doigts du vieillard repoussèrent instantanément ! Mais que se passait-il donc ?

Puis, le carcan du vieil homme se désintégra de lui-même, provoquant la chute de Gonzo. Toutefois, au lieu de tomber par terre, Gonzo s'écroula sur l'épaule d'un enfant sorti de nulle part. À première vue, et ce, malgré l'obscurité, on pouvait dire que l'enfant avait l'air tout à fait normal. Cependant, il avait la particularité de posséder ce qui ressemblait à des excroissances dans le dos.

- C'est vous, bégaya le vieux général en ouvrant péniblement les yeux.

L'enfant acquiesça d'un signe de tête que le vieux soldat ressentit dans son cou meurtri. Puis, Gonzo retrouva Morphée, un sourire d'apaisement sur son visage usé. Le mystérieux individu prit alors Gonzo dans ses bras aussi facilement qu'un adulte soulèverait un bébé. Enfin, Gonzo et lui s'évaporèrent littéralement dans la nature. En effet, d'abord, ils étaient là, puis plus rien !

Le lendemain matin, une épaisse fumée très noire monta au ciel et on l'aperçut du siège du gouvernorat de la province, qui se trouvait à quelques kilomètres de la prison.

On réveilla le gouverneur en urgence et celui-ci se hâta d'ordonner que l'on fasse la lumière sur les événements de la nuit dernière. Des soldats furent ainsi envoyés sur les lieux et l'on découvrit que le grand pénitencier avait été réduit en cendres. Toutefois, on ne retrouva pas les corps des prisonniers, car seuls les cadavres des gardes croupissaient dans les décombres.