Chapitre 6 : La Chambre des Échos
Elias s'effondra sur le lit étroit de la petite chambre que Camille lui avait assignée dans le temple. Il était exténué, chaque muscle de son corps criant de douleur après l'entraînement de la journée. Les murs autour de lui étaient nus, simplement marqués par des gravures anciennes qui pulsaient doucement avec une lumière pâle.
— « Je vais mourir… Je vais littéralement mourir… » grogna-t-il, couvrant ses yeux avec son avant-bras.
L'entraînement avec Camille n'était pas seulement physique : il exigeait aussi une concentration mentale qu'il n'avait jamais expérimentée. Entre les attaques à l'épée, les exercices pour manipuler les Lignes et les heures de concentration sur ce foutu cristal, Elias se sentait vidé.
Mais malgré tout, il ressentait une étrange fierté. Aujourd'hui, pour la première fois, il avait réellement senti qu'il avançait. Il n'était plus seulement un spectateur de ce monde étrange ; il commençait à le comprendre, à le ressentir.
Alors qu'il fermait les yeux, espérant s'endormir immédiatement, une vibration faible secoua l'air autour de lui. Elias fronça les sourcils et se redressa légèrement.
— « Encore une bizarrerie de ce temple ? C'est quoi, cette fois ? »
Un son aigu et métallique résonna soudain dans la pièce, comme si quelque chose avait été activé. Elias se leva lentement, sur le qui-vive.
Au centre de la pièce, un motif qu'il n'avait jamais remarqué auparavant s'illumina sur le sol. Des lignes lumineuses dorées et argentées commencèrent à s'entrelacer, formant une figure complexe.
La voix mécanique retentit dans son esprit.
— « Génial… Ça recommence. J'espère juste que ça n'invoquera pas un autre vampire… »
Une Rencontre Inattendue
Avant qu'Elias ne puisse faire quoi que ce soit, la lumière dans la pièce devint aveuglante. Une silhouette émergea lentement du cercle de lumière au sol. Elle semblait irréelle, flottant légèrement au-dessus de la surface, ses contours flous comme une projection.
Elias recula instinctivement, serrant le médaillon autour de son cou.
— « Qui… Qui êtes-vous ? » balbutia-t-il, la voix tremblante.
La silhouette prit une forme plus claire : celle d'une femme. Ses traits étaient d'une beauté presque surnaturelle, mais ses yeux brillaient d'une lueur intense, presque inhumaine. Elle portait une robe ancienne, brodée de symboles qui rappelaient ceux gravés sur les murs du temple.
— « Tu peux me voir ? » demanda-t-elle, sa voix résonnant comme un écho dans la pièce.
Elias déglutit, hésitant à répondre.
— « Euh… Oui ? Je suppose que c'est le cas… »
La femme esquissa un sourire léger, mais quelque chose dans son expression fit frissonner Elias.
— « Intéressant. Peu d'élus sont capables de percevoir ma présence. Encore moins de survivre à mon appel. »
— « Ton… appel ? »
Elle s'approcha lentement, sa silhouette éthérée glissant dans l'air. Elias sentit son cœur s'accélérer.
— « Tu possèdes une affinité unique. Une connexion profonde avec les Lignes. Mais tu n'en comprends rien, n'est-ce pas ? »
Elias sentit un mélange de colère et de frustration monter en lui.
— « C'est un euphémisme ! Personne ne prend le temps de m'expliquer quoi que ce soit dans ce monde ! Même Camille préfère me balancer dans des pièges mortels plutôt que de me guider ! Alors, si tu sais quelque chose, parle ! »
La femme le fixa en silence pendant un long moment. Puis elle leva une main, et des lignes dorées se matérialisèrent autour d'elle.
— « Observe. Les Lignes ne sont pas simplement une force. Elles sont vivantes. Elles réagissent à tes émotions, à tes pensées les plus profondes. Et toi… » Elle tendit une main vers lui. « Tu as le potentiel pour devenir un maître des Lignes. Mais cela a un prix. »
— « Un… prix ? » Elias plissa les yeux, méfiant.
La femme esquissa un sourire énigmatique.
— « Tout pouvoir a un prix. Le chemin que tu as choisi est rempli de dangers. Mais il te mènera aussi à des vérités que peu peuvent imaginer. Es-tu prêt à payer ce prix ? »
Elias resta silencieux, son esprit tourbillonnant. Il pensait à tout ce qu'il avait perdu, à tout ce qu'il espérait encore accomplir.
— « Je n'ai pas vraiment le choix, n'est-ce pas ? » murmura-t-il finalement.
La femme hocha la tête.
— « Exact. »
Les Échos du Passé
Avant qu'Elias ne puisse poser une autre question, la femme leva les bras, et l'air autour d'eux sembla se déformer.
Des visions apparurent soudainement dans l'esprit d'Elias : des batailles titanesques, des élus manipulant les Lignes avec une maîtrise effrayante, et une ombre gigantesque déchirant les cieux rouges.
Puis une image s'arrêta, plus nette que les autres : un homme, portant le même médaillon qu'Elias, mais avec une expression glaciale et déterminée.
— « C'est qui, ça ? » demanda Elias, son cœur battant la chamade.
La femme le regarda, son sourire disparaissant.
— « Lui… C'était le dernier maître des Lignes. Et celui qui a condamné ce monde. »
Le sang d'Elias se glaça.
— « Quoi ? »
Mais avant qu'il ne puisse en demander plus, la femme disparut soudainement, et les lignes lumineuses autour de lui s'éteignirent, laissant la pièce dans une obscurité oppressante.
Une Nouvelle Détermination
Elias resta debout dans le silence, son esprit tourbillonnant.
— « Le dernier maître des Lignes… Il a condamné ce monde ? Mais pourquoi… »
Il serra le médaillon contre son torse. Une vague de détermination monta en lui.
— « Si j'ai été choisi, ce n'est pas pour fuir. Peu importe le prix, je dois comprendre. Je dois maîtriser ce pouvoir. »
La lumière des murs se ralluma faiblement, et Elias sentit une chaleur familière émaner du médaillon.
Il savait que ce chemin serait difficile. Mais pour la première fois, il ressentit une véritable résolution.
À suivre...