Chapitre 8 : Les Ombres du Passé
Elias ouvrit brusquement les yeux. L'air semblait lourd, chargé d'un silence presque oppressant. Le souvenir de l'homme qu'il avait vu dans la Chambre des Échos refusait de quitter son esprit.
Cet homme… cette silhouette terrifiante mais familière… Elle ressemblait tant à son père. Trop.
Il se leva en s'appuyant sur ses genoux, les muscles encore courbaturés des exercices de la veille. La pièce était plongée dans une semi obscurité, les lignes gravées sur les murs pulsant faiblement, comme si elles respiraient avec lui.
Il serra le médaillon entre ses doigts, cherchant à y trouver une réponse. Mais rien. Pas de voix mécanique, pas de lumière réconfortante, juste un objet froid et silencieux.
— « Pourquoi ce fichu médaillon m'a choisi ? » murmura-t-il, le ton mêlé de frustration et de fatigue.
Il fit les cent pas dans la petite pièce, son esprit en ébullition. La femme mystérieuse lui avait parlé de l'homme comme étant un ancien porteur du médaillon, un maître des Lignes, mais aussi celui qui avait condamné ce monde.
Mais pourquoi ? Pourquoi cet homme ressemblait il autant à son père ?
Camille et le poids des vérités
Aux premières lueurs de l'aube, Camille entra dans sa chambre sans s'annoncer, comme à son habitude. Elle semblait toujours aussi calme et maîtresse d'elle-même, mais Elias remarqua la tension dans ses gestes.
— « Alors ? Bien dormi ? » demanda-t-elle avec un ton presque moqueur.
Elias se passa une main dans les cheveux, visiblement agacé.
— « Non. Et c'est ta faute. »
Camille haussa un sourcil, croisant les bras.
— « Oh ? J'ai donc l'honneur de porter la responsabilité de tes insomnies ? Tu devrais me remercier, c'est un progrès. »
— « Arrête de plaisanter, Camille. »
Son ton soudain sérieux fit disparaître le sourire de Camille. Elle s'approcha de lui, son regard perçant.
— « Qu'est-ce qui te tracasse ? »
Elias hésita un instant, mais il décida de parler.
— « L'homme que j'ai vu dans la Chambre des Échos… Il ressemblait à mon père. »
Le visage de Camille se durcit légèrement, mais elle ne détourna pas le regard.
— « Continue. »
— « Je veux savoir. Ce n'était pas mon père, n'est-ce pas ? Mais alors… pourquoi cette ressemblance ? Qu'est-ce que tu sais, Camille ? »
Un silence tendu s'installa. Camille finit par soupirer et s'adossa contre le mur, comme si elle réfléchissait à la meilleure façon de répondre.
— « Très bien. Tu veux la vérité ? Je vais te la donner. Mais je doute que tu sois prêt à l'entendre. »
Elias serra les poings, résolu.
— « Essaie toujours. »
Camille le fixa intensément, ses yeux violets semblant sonder son âme.
— « Cet homme n'était pas ton père. Mais leur ressemblance n'est pas une coïncidence. »
Elias resta figé, son cœur battant plus fort.
— « Alors qui était-il ? »
— « Il s'agissait de l'ancien porteur du médaillon. Un maître des Lignes, autrefois considéré comme un héros… jusqu'à ce qu'il soit rejeté par les Lignes. »
Elias fronça les sourcils.
— « Rejeté ? Pourquoi ? »
Camille baissa légèrement les yeux, presque à contrecœur.
— « Parce qu'il a brisé l'équilibre qu'il avait juré de protéger. Son ambition l'a mené à manipuler les Lignes pour servir ses propres intérêts, et cette trahison a plongé ce monde dans le chaos. »
Les mots frappèrent Elias comme un coup de tonnerre.
— « Mais pourquoi il ressemble à mon père ? »
Camille hésita, puis répondit :
— « Je ne connais pas tous les détails, mais il est probable que ton père ait été lié, d'une manière ou d'une autre, à cet homme. Peut-être comme descendant, ou… peut-être plus directement. »
Elias secoua la tête, incrédule.
— « Non, c'est impossible. Mon père ne m'a jamais parlé de ce monde, des Lignes ou de quoi que ce soit de ce genre ! Et il ne portait pas ce médaillon, c'est moi qui l'ai trouvé. »
— « Peut-être que ton père a tenté, et échoué. »
Ces mots glacèrent Elias.
— « Échoué ? »
Camille hocha la tête.
— « Les Lignes rejettent ceux qui ne sont pas dignes d'elles. Si ton père a essayé de porter ce médaillon, il a dû être rejeté. Et ce rejet laisse des traces, Elias. Des traces profondes. »
Une menace imminente
Avant qu'ils ne puissent continuer, une vibration sourde fit trembler le sol sous leurs pieds.
Camille se redressa d'un bond, dégainant sa lame courbée.
— « Nous avons de la compagnie. »
— « Encore ? » grogna Elias, se levant à son tour.
Les murs du temple vibrèrent davantage, et des lignes lumineuses sur les gravures vacillèrent comme des bougies dans une tempête.
Ils se précipitèrent dans la grande salle, où une pression écrasante alourdissait l'atmosphère.
Une silhouette sombre se tenait au centre de la pièce, drapée dans une cape noire effilée. Une armure ténébreuse recouvrait son corps, et un masque orné de gravures complexes cachait son visage.
Camille s'interposa immédiatement entre la silhouette et Elias.
— « Qui êtes-vous ? » exigea-t-elle, sa lame brillant faiblement.
La silhouette pencha légèrement la tête, comme pour évaluer Camille, avant de parler d'une voix rauque et profonde :
— « Donnez moi le garçon. Il n'a pas sa place ici. »
Elias sentit une sueur froide couler le long de son dos.
— « Qu'est-ce que vous me voulez ? » demanda-t-il, sa voix légèrement tremblante.
L'intrus ignora la question, fixant Elias avec des yeux rouges perçants derrière son masque.
— « Tu portes l'Héritage. Mais tu n'en es pas digne. Abandonne-le, ou subis ma colère. »
Camille leva son arme, prête à frapper.
— « S'il veut Elias, il devra d'abord me passer dessus. »
La bataille des ombres
La silhouette ne répondit pas. Elle leva une main gantée, et une vague d'énergie noire explosa, projetant Camille et Elias en arrière.
Elias, sonné, sentit le médaillon vibrer violemment contre sa poitrine. Une lumière dorée s'échappa de l'objet, formant un bouclier juste à temps pour contrer une seconde attaque.
— « Elias ! Concentre toi ! Appelle les Lignes ! » hurla Camille en se relevant.
Tremblant, Elias ferma les yeux et serra le médaillon. Une chaleur familière envahit son corps, et il sentit les Lignes répondre à son appel.
Des motifs lumineux apparurent autour de lui, traçant un réseau complexe dans l'air. Le pouvoir des Lignes le remplit, et il leva une main, envoyant une onde dorée en direction de l'assaillant.
La bataille était intense. La silhouette esquivait avec une précision inhumaine, ses attaques d'énergie noire déchirant le sol et les murs.
Mais à chaque coup, Elias devenait plus confiant. Il sentait les Lignes se synchroniser avec ses mouvements, amplifiant ses réflexes et sa force.
Camille, quant à elle, menait un combat acharné, sa lame dansant avec une précision mortelle.
Malgré cela, Elias ne pouvait s'empêcher de se poser une question terrifiante :
« Qui est cet homme ? Et pourquoi me veut-il mort ? »
À suivre…