Elias marchait derrière Camille, son souffle irrégulier. Chaque pas qu'il faisait à travers cette terre étrange semblait plus lourd que le précédent, comme si le sol lui-même cherchait à lui aspirer son énergie.
Le paysage autour de lui changeait peu à peu. Les formations rocheuses scintillantes et les éclairs bleus du ciel avaient laissé place à une forêt dense et obscure. Les arbres, gigantesques, tordus et noueux, semblaient murmurer, comme s'ils avaient une conscience propre.
— « Pourquoi on est ici, déjà ? » demanda Elias, sa voix brisant le silence oppressant.
Camille, qui marchait toujours avec cette même assurance calculée, tourna légèrement la tête vers lui.
— « Les Lignes Obscures se manifestent ici. Si tu veux comprendre ton affinité avec les Ombres, c'est l'endroit parfait pour commencer. »
Elias grimaça.
— « Les Ombres, hein… Génial. Ça promet d'être accueillant. »
Camille ne répondit pas, se contentant d'esquisser un sourire léger mais presque ironique.
Une Forêt Qui Respire
Alors qu'ils s'enfonçaient plus profondément dans la forêt, Elias sentit une tension grandissante. L'air lui-même semblait s'alourdir, et une odeur métallique, presque comme du sang, envahissait ses narines.
Soudain, le médaillon autour de son cou vibra violemment.
— « Hé, qu'est-ce que… » Il posa une main sur l'objet, mais la vibration continua, plus intense.
Camille s'arrêta brusquement et leva une main pour lui signaler de ne pas bouger.
— « Ne fais aucun bruit. »
Elias obéit, mais son cœur battait à tout rompre. Autour d'eux, les ombres des arbres semblaient s'épaissir, se tordre, et bouger.
Et puis, il les vit.
Des silhouettes indistinctes émergèrent des ténèbres. Leurs corps étaient faits d'une matière sombre et mouvante, leurs yeux rouges brillant comme des braises. Leur présence était suffocante, comme si chaque créature était un trou béant aspirant la lumière autour d'elle.
— « Des Spectres Obscurs, » murmura Camille. « Ils protègent cette forêt. »
Elias serra les dents.
— « Et on est censés faire quoi ? Leur demander poliment de nous laisser passer ? »
— « Non, » répondit Camille en sortant calmement sa lame courbée. « Tu vas te débrouiller. »
Elias la regarda, incrédule.
— « Attends… QUOI ?! »
Face à l'Ombre
Camille croisa les bras, sa lame toujours prête, mais elle ne bougeait pas.
— « Les Lignes Obscures réagissent à la peur et à la volonté. Si tu veux maîtriser ton affinité avec elles, tu dois d'abord les affronter. »
Elias sentit son estomac se nouer.
— « Tu veux que je me batte contre… ça ? » Il pointa du doigt l'un des Spectres, qui avançait lentement dans leur direction, son corps ondulant comme une fumée vivante.
— « Tu n'as pas le choix, » répliqua Camille. « Le médaillon t'a choisi. C'est à toi de prouver que tu es digne de lui. »
Le médaillon vibra à nouveau, et cette fois, une voix résonna dans son esprit :
Elias avala difficilement sa salive. Rejeter ? L'idée était tentante, mais au fond de lui, il savait qu'il ne pouvait pas fuir éternellement.
— « Très bien, » murmura-t-il en serrant le médaillon. « Je vais le faire. »
La voix mécanique répondit immédiatement :
Les Spectres s'élancèrent.
Les Lignes Noires
Tout se passa en un instant. Le premier Spectre bondit vers Elias, ses griffes d'ombre prêtes à frapper. Instinctivement, Elias leva le médaillon. Une barrière dorée jaillit autour de lui, bloquant l'attaque de justesse.
Mais la barrière vacilla presque aussitôt.
<Énergie lumineuse instable. Transition vers la Ligne Obscure recommandée.>
— « Transition vers quoi ?! » s'écria Elias, désespéré.
Le médaillon répondit en projetant des lignes noires autour de lui. Elles serpentaient dans l'air, sombres et menaçantes, mais Elias sentit quelque chose d'étrange : une familiarité, une connexion.
Les Spectres reculèrent légèrement, hésitant face à la nouvelle énergie.
Camille observa la scène avec une attention accrue.
— « Concentre-toi, Elias. Les Ombres ne sont pas tes ennemies. Elles sont une extension de toi. Utilise-les. »
Elias inspira profondément, essayant de calmer le chaos dans son esprit. Il tendit une main, et les lignes noires répondirent, se rassemblant pour former une lance d'ombre.
— « Allez… Allez ! »
Il lança la lance, et elle traversa le Spectre le plus proche, le désintégrant dans un nuage de fumée noire.
— « Ça a marché ! » s'écria-t-il, presque euphorique.
Mais les autres Spectres se rapprochaient déjà, leurs mouvements plus rapides, plus agressifs.
L'Éveil des Ombres
Elias sentit l'énergie des Ombres couler à travers lui, mais elle n'était pas stable. Une voix dans sa tête, différente de celle du médaillon, semblait murmurer :
« Laisse-nous te guider… Laisse-nous te consommer… »
Il vacilla, luttant pour garder le contrôle.
Camille s'avança légèrement, ses yeux fixant Elias avec intensité.
— « Reste maître de toi-même, Elias. Les Ombres chercheront à te dominer si tu leur permets. Tu dois leur montrer que tu es plus fort qu'elles. »
Elias serra les dents.
— « Plus facile à dire qu'à faire ! »
Les Spectres restants lancèrent une attaque coordonnée. Elias tendit les deux mains, et les lignes noires jaillirent autour de lui comme des chaînes, immobilisant les créatures dans un éclat sombre.
Puis, avec un effort final, il concentra toute son énergie dans une onde de choc, détruisant les Spectres en une explosion silencieuse.
Le Verdict de Camille
Le silence retomba sur la forêt. Elias tomba à genoux, haletant, son corps tremblant sous l'effort.
Camille s'approcha, rengainant sa lame.
— « Pas mal pour un débutant, » dit-elle finalement, un sourire en coin.
Elias leva un regard fatigué vers elle.
— « Je crois que je déteste cet endroit… »
Elle lui tendit une main pour l'aider à se relever.
— « Habitude que tu devras prendre. Ce n'était qu'un avant-goût. Si tu veux comprendre pleinement les Lignes Obscures, ce sera bien plus difficile. »
Elias prit sa main et se redressa, grimaçant.
— « Bien sûr que ça le sera… Parce que ma vie est si facile en ce moment. »
Camille sourit légèrement avant de reprendre la marche.
— « Viens. Il reste encore beaucoup à apprendre. »
Elias la suivit, jetant un dernier regard aux ombres qui s'effaçaient dans la forêt.
Il avait survécu, mais il savait que ce n'était que le début.
À suivre…