Chapter 2 - Nilsha [En cours]

Dans les profondeurs des Neuf Enfers, là où le chaos et la souffrance formaient les piliers d'une existence infernale, une jeune tieffeline du nom de Nilsha vit le jour. Née dans le premier cercle, Avernus, elle appartenait à une lignée prestigieuse et crainte : les serviteurs d'Asmodée. Ses parents, figures de respect et de crainte, occupaient une position influente en tant que serviteurs d'élite, jonglant entre le premier et le second cercle infernal. Mais pour Nilsha, la grandeur de leur nom était à la fois un bouclier et un fardeau.

Dès qu'elle fut en mesure de marcher, elle fut élevée selon les standards implacables de son clan. Sa beauté était une arme, son intelligence un outil, et sa magie un don à perfectionner. On l'entraîna sans relâche : des leçons de diplomatie destinées à amadouer les diables les plus retors, des exercices de dissimulation pour masquer ses intentions, et des entraînements à l'invocation pour maîtriser les forces infernales. Pourtant, malgré l'apparente richesse de sa vie, Nilsha se sentait enfermée dans un carcan d'obligations. Son regard se perdait souvent au-delà des horizons embrasés d'Avernus, là où la lumière du soleil semblait n'être qu'un mythe.

Une nuit, alors qu'elle n'était qu'une adolescente, elle s'échappa discrètement de la demeure familiale. La chaleur brûlante du paysage infernal l'accompagnait tandis qu'elle arpentait un vaste champ de cendres. Les hurlements des damnés formaient une mélodie à laquelle elle s'était habituée depuis sa naissance, mais cette fois, elle ne les écoutait pas. Ses pensées étaient ailleurs, sur des mondes qu'elle n'avait jamais vus. En fixant le ciel rougeoyant, une question lui échappa.

— Est-ce tout ce que la vie peut offrir ?

Un murmure se fit entendre derrière elle. Une ombre se matérialisa, un diable mineur qu'elle avait involontairement invoqué. La créature lui lança un sourire narquois, mais Nilsha, même dans ses doutes, n'était jamais sans défense. Elle leva une main et une flamme surgit de ses doigts, dispersant l'entité dans une gerbe d'étincelles. Ce moment, bien que bref, lui rappela qu'elle était plus qu'une simple fille d'Avernus. Elle était une force à part entière.

Les années qui suivirent la virent gravir rapidement les échelons de la diplomatie infernale. Nilsha devint une habituée des intrigues du second cercle, où elle négociait des pactes et collectait des secrets au nom de sa famille. Son esprit affûté et sa beauté hypnotique faisaient d'elle une adversaire redoutable dans un monde où chaque parole pouvait sceller une damnation éternelle. Pourtant, elle ne se contentait pas de son rôle officiel. En secret, elle opérait comme mercenaire et assassin pour divers seigneurs infernaux. Ces missions clandestines lui procuraient une adrénaline qu'elle ne trouvait pas dans les salons dorés d'Avernus. Chaque artefact récupéré, chaque rival éliminé renforçait sa conviction qu'elle méritait plus que la cage dorée dans laquelle elle vivait.

Mais ce double jeu n'était pas sans risques. Zariel, l'archidiable régnant sur Avernus, entendit des murmures sur une tieffeline audacieuse qui semblait jongler avec les allégeances. Les soupçons pesèrent sur ses parents, convoqués pour répondre de leurs actes. Accusés de trahison, ils furent condamnés à une éternité d'esclavage dans les fosses infernales. Nilsha, quant à elle, se retrouva pourchassée.

La nuit où tout bascula, elle se réfugia dans la chambre secrète de son père. Au centre se trouvait un artefact interdit : un portail fait de chair, suintant une énergie sombre et ancienne. Sa mère la retrouva là, tenant un collier orné d'un rubis brillant. Ses yeux, emplis d'une douleur qu'elle n'avait jamais montrée auparavant, fixaient sa fille.

— Ce collier te protégera, dit-elle en passant la chaîne autour de son cou. Mais souviens-toi, ma fille : ne fais jamais confiance à personne.

Avant que les chasseurs de Zariel n'arrivent, Nilsha activa le portail et disparut, emportant avec elle les derniers espoirs de sa famille.

Lorsqu'elle émergea dans le monde matériel, l'air frais l'étreignit comme une caresse. Elle n'avait jamais ressenti un tel apaisement, mais ce répit fut de courte durée. Ses traces infernales avaient attiré l'attention, et bientôt, des chasseurs de primes se mirent à ses trousses. Les premières années de son exil furent une lutte constante pour sa survie. Chaque nuit était une bataille, chaque rencontre une épreuve. Pourtant, elle apprenait rapidement, exploitant sa ruse et sa magie pour échapper à ses poursuivants.

Un jour, traquée dans une vallée isolée, elle découvrit une forêt dense et mystérieuse. La Forêt des Perdus. Les villageois locaux parlaient de cet endroit avec crainte, le décrivant comme un labyrinthe où la magie elle-même semblait vivante. Mais pour Nilsha, c'était un refuge. Elle pénétra dans ses profondeurs, prête à affronter les dangers qui s'y cachaient plutôt que de faire face à ses ennemis en terrain découvert.

Dans cette forêt, elle rencontra un groupe d'individus aussi brisés qu'elle. Le clan des parias, dirigé par Nymira, une demi-elfe au regard perçant, l'accueillit avec prudence. Nilsha dut prouver sa valeur, montrant ses compétences magiques et ses talents de négociatrice. Avec le temps, elle forgea des liens avec les membres du clan, même si elle gardait une part de mystère. La méfiance, après tout, était une leçon qu'elle avait apprise dès son plus jeune âge.

C'est dans ce sanctuaire qu'elle rencontra Zas. Leur premier échange fut empreint de méfiance mutuelle, mais quelque chose dans leurs regards respectifs les fit hésiter. Deux âmes brisées, cherchant chacune un endroit où appartenir. Ils se découvrirent à travers des discussions nocturnes et des collaborations au sein du clan. Leur amitié, bien que fragile au départ, se renforça à mesure qu'ils partageaient leurs histoires et leurs aspirations.

Avec le temps, leur lien devint quelque chose de plus profond. Deux exilés, unis par leurs blessures et leur résilience, se trouvèrent dans un partenariat inattendu. Ensemble, ils commencèrent à rêver d'un avenir où leurs différences ne seraient plus un fardeau, mais une force. Ce rêve, bien qu'encore fragile, allait bientôt marquer le début d'un nouveau chapitre, à la fois pour eux et pour ceux qui croisaient leur chemin.