Chapter 5 - Un Amour Naissant [En cours]

La forêt semblait plus dense à chaque pas. Les arbres, imposants, formaient une cathédrale naturelle où la lumière du soleil peinait à s'infiltrer. Le sol était jonché de mousse épaisse et de racines tordues, créant une symphonie de craquements sous leurs pas fatigués. Zas et Nilsha avançaient en silence, leurs respirations lourdes témoignant de l'épuisement accumulé. Chaque bruissement, chaque ombre semblait porter la menace d'une présence tapie, guettant leur moindre erreur.

Ils trouvèrent enfin une clairière protégée par un cercle naturel de rochers et d'arbres gigantesques. Le lieu dégageait une aura particulière, mêlant mystère et sérénité. Des lianes luminescentes s'enroulaient autour des troncs, dégageant une lueur douce et argentée à la nuit tombée. De petites lucioles dansaient autour d'un étang limpide, dont l'eau semblait scintiller d'une magie ancienne. À l'orée de la clairière, un renard à trois queues les observait, ses yeux d'un bleu éclatant brillant comme des joyaux dans l'obscurité.

Nilsha s'arrêta, posant une main sur un tronc rugueux. Ses flammes vacillantes trahissaient son épuisement, mais une résolution calme émanait d'elle.

— Ici, murmura-t-elle, comme si parler plus fort risquait de briser l'équilibre fragile du lieu.

Zas observa les alentours, son regard sombre parcourant les détails. Les formations rocheuses formaient une barrière naturelle, et la densité des arbres rendait le lieu presque invisible. Mais un doute subsistait.

— Ce lieu semble sûr… pour l'instant, dit-il finalement, sa méfiance perçant sous son ton mesuré.

Ils décidèrent néanmoins de s'installer. Les jours qui suivirent furent marqués par un travail acharné, entrecoupé de moments de silence et de regards furtifs. Nilsha, plus pragmatique, organisait les tâches avec une efficacité méthodique. Zas, lui, s'occupait des protections magiques, dessinant des runes autour du périmètre et murmurant des incantations dans une langue ancienne.

La faune locale, d'abord méfiante, devint peu à peu plus présente. Des oiseaux aux plumes d'un violet iridescent, invisibles de jour mais illuminés sous la lumière de la lune, se posaient parfois près de leur camp, observant silencieusement les deux étrangers. Une harde de cerfs aux bois dorés traversait parfois la clairière, s'arrêtant pour boire à l'étang. Nilsha, amusée, s'était prise à nommer certains de ces visiteurs récurrents, comme si leur présence apportait une sorte de normalité.

Mais tout n'était pas paisible. Certaines nuits, les hurlements lointains de créatures plus sombres résonnaient dans la forêt. Une ombre, massive et silencieuse, rôdait parfois près du camp. Une nuit, Zas aperçu un ours-hibou immense, ses yeux rouges perçants fixant le camp comme s'il évaluait ses proies. Bien que l'animal ne se soit pas approché davantage, l'image resta gravée dans l'esprit de Zas, un rappel constant que la forêt ne pardonnait pas.

Malgré tout, un équilibre étrange semblait régner. Leur clairière était respectée, presque sanctifiée par les créatures locales, comme si la magie combinée de Zas et Nilsha était reconnue et acceptée par ce lieu.

Les nuits, cependant, étaient les plus révélatrices. Après des journées de labeur silencieux, ils se retrouvaient autour d'un feu vacillant.

— Parfois, je me demande si fuir n'était pas une autre forme de trahison, dit Nilsha un soir, brisant le silence.

Zas détourna les yeux des flammes, son visage se durcissant légèrement.

— Ce n'était pas de la trahison, répondit-il finalement. C'était le seul choix qui restait. Mais cela ne signifie pas que c'était facile.

Leurs regards se croisèrent, et dans ce moment de vulnérabilité partagée, quelque chose changea. Une chaleur douce, née non pas de leurs pouvoirs, mais d'eux-mêmes, sembla émerger.

Leur relation évolua lentement. Nilsha, habituée à la méfiance, laissa Zas franchir les murailles qu'elle avait érigées autour de son cœur. Zas trouva en Nilsha un écho de ses propres ténèbres, mais aussi une lumière qu'il n'avait jamais osé chercher.

Un soir, alors qu'ils observaient la lune depuis leur clairière, Nilsha murmura :

— Un jour, ils paieront pour ce qu'ils ont fait.

Zas resta silencieux un moment, puis répondit :

— Oui. Mais pas aujourd'hui.

Sous les étoiles, dans le silence de la forêt, ils scellèrent un pacte tacite : reconstruire leur vie, renforcer leur lien, et préparer un futur où ils ne seraient plus jamais des proies.