Le claquement métallique de la porte blindée résonnait dans l'étroit couloir du pénitencier. Sophia Carter suivait un garde massif, son cœur battant plus vite qu'elle ne l'aurait voulu. Ce n'était pas sa première visite en prison, mais aujourd'hui était différent. Aujourd'hui, elle allait rencontrer Damien Wolfe.
L'homme dont la simple mention glaçait le sang.
À mesure qu'ils avançaient, Sophia sentait le poids des regards des prisonniers derrière les barreaux. Certains chuchotaient, d'autres la fixaient avec une curiosité non dissimulée. Elle serra fermement la poignée de son attaché-case pour se donner un semblant de contrôle.
Enfin, ils atteignirent une petite salle d'entretien. Le garde ouvrit la porte, et Sophia entra. L'espace était austère : une table en métal, deux chaises, et un miroir sans tain qui laissait deviner une équipe de surveillants de l'autre côté.
Damien était déjà là.
Assis avec une nonchalance désarmante, il portait l'uniforme orange des détenus, mais il avait une posture qui dénotait avec l'environnement. Il ne ressemblait pas au monstre qu'on décrivait. Pas de regard fou, pas d'aura menaçante. Non, Damien Wolfe avait l'air terriblement... ordinaire. Mais ses yeux, d'un bleu glacial, la fixaient avec une intensité qui la fit frissonner.
« Maître Carter, je présume ? » Sa voix était grave, posée, presque hypnotique.
Sophia inspira profondément avant de répondre. « Monsieur Wolfe. »
Elle s'assit face à lui, essayant de ne pas montrer son trouble. Il la regardait comme s'il pouvait lire en elle, comme si chaque mouvement, chaque respiration, lui révélait une partie de son âme.
« Vous êtes plus jeune que je ne l'imaginais, » dit-il avec un léger sourire, presque amusé.
Sophia ne mordit pas à l'hameçon. « Nous ne sommes pas là pour parler de moi, mais de votre affaire. »
« Et quelle affaire fascinante, n'est-ce pas ? » Il s'adossa à sa chaise, croisant les bras. « Cent meurtres. Une légende vivante. Et pourtant, je suis toujours là, vivant et respirant. Un exploit, vous ne trouvez pas ? »
Sophia ouvrit son attaché-case, sortant un dossier épais. « Vous êtes accusé de 100 meurtres, monsieur Wolfe. Mais nous sommes ici pour parler de votre appel, pas pour glorifier votre... carrière. »
Damien éclata de rire. Ce n'était pas un rire joyeux, mais un son froid et calculé qui résonna dans la petite pièce. « Une carrière ? Intéressant choix de mots. Vous croyez donc tout ce qu'on raconte sur moi ? »
Sophia leva les yeux vers lui. « Et vous, croyez-vous mériter la liberté ? »
Le sourire de Damien s'élargit, mais ses yeux restèrent froids. « Touché. Mais dites-moi, Maître Carter, pourquoi avez-vous accepté de me défendre ? »
Elle s'était préparée à cette question. « Parce que tout le monde a droit à une défense, même vous. »
Damien la fixa, et pendant un instant, le silence devint oppressant. « Non, ce n'est pas la vraie raison. Vous êtes ici parce que vous êtes curieuse. Vous voulez comprendre. »
Sophia sentit son souffle se bloquer. Comment pouvait-il deviner cela ?
« Vous savez ce qui différencie les avocats des autres gens ? » continua-t-il, sans attendre de réponse. « Votre métier consiste à jongler avec la vérité et le mensonge, à manipuler les faits pour servir vos intérêts. Nous ne sommes pas si différents, vous et moi. »
« Je ne suis pas un meurtrier, » répliqua-t-elle, sa voix plus dure qu'elle ne l'aurait voulu.
Damien haussa un sourcil, amusé. « Pas encore. Mais qui sait ce dont vous seriez capable si on vous poussait assez loin ? »
Sophia referma son dossier avec un claquement sec. « Si vous voulez que je vous aide, il va falloir être honnête avec moi. Commençons par ceci : pourquoi pensez-vous être innocent ? »
Damien se pencha en avant, et pour la première fois, elle vit une lueur dangereuse dans ses yeux. « Innocent ? Je n'ai jamais dit que je l'étais. Mais la vraie question est : qu'est-ce que l'innocence, Maître Carter ? Et pourquoi cela vous importe-t-il autant ? »
Sophia sentit un frisson lui parcourir l'échine. Damien Wolfe jouait avec elle, et elle savait qu'elle venait de s'engager dans un jeu bien plus dangereux qu'elle ne l'avait imaginé.
Le temps était compté. Et le vrai défi, pensa-t-elle en quittant la salle, ne serait pas de défendre Damien Wolfe, mais de ne pas perdre pied face à son emprise...