La lumière du matin filtrait à travers les rideaux, trop vive, trop insouciante par rapport à la lourdeur de mes pensées...
À côté de moi, Ara était encore plongée dans un sommeil agité, visiblement marquée par les événements de la nuit dernière.
Alors que je me levais, la réalité de ce qui s'était passé commençait à peser sur moi...
Quelque chose d'étrange et de potentiellement dangereux avait eu lieu, et je ne pouvais pas tout ignorer.
Min-ho, notre leader, était toujours enthousiaste à l'idée de creuser plus profondément dans les mystères que nous rencontrions.
Il m'avait encouragée à assister à cette fête pour glaner des informations, mais il n'avait sûrement jamais envisagé que cela tournerait comme ça...
Oui, il serait impatient d'entendre ce que nous avions à rapporter, mais comment lui expliquer sans semer la panique ou l'alarmer outre mesure ?
Je me tenais là, dans la quiétude, tiraillée entre la nécessité de partager ce que j'avais vu et la peur des implications.
Ara avait été manipulée, cela était clair...
Les gens là-bas, ils avaient un comportement qui n'était pas normal, presque contrôlé.
Ce n'était pas simplement une fête, c'était quelque chose de plus sinistre, quelque chose que je ne comprenais pas encore tout à fait.
Mais que pouvais-je dire exactement ?
Que certains invités semblaient perdre toute volonté propre ? Que Ryun, un quasi-inconnu, nous avait aidées à fuir ?
Chaque détail semblait incroyable, et je craignais que Min-ho ne prenne des décisions hâtives qui nous mettraient tous en danger.
Peut-être devrais-je filtrer les informations, partager juste assez pour que Min-ho reste sur ses gardes mais sans déclencher une intervention directe.
J'avais besoin de plus de temps pour analyser les événements...
" Je dois faire ça prudemment"
Ce serait une conversation délicate...
La tranquillité matinale de ma chambre fut brusquement interrompue par la sonnerie de mon téléphone.
C'était Min-ho...
Comme on dit, quand on parle du loup...
J'hésitai un moment avant de répondre; après tout, j'avais ignoré ses appels la veille, me contentant d'un message bref à notre groupe pour signaler notre retour et promettre des explications ultérieures...
Aujourd'hui, cependant, Min-ho semblait pressé d'obtenir des réponses.
Je pressai le bouton vert avec réticence.
Bora :
— Oui, Min-ho ?
Min-ho:
— Ça va, Bora ? Ta voix semble étrange, tu es encore endormie ?
Bora:
— Non, mais je viens de me lever.
Min-ho:
— D'accord... Je suis désolé de t'appeler si tôt, mais j'étais inquiet, tu n'as pas répondu hier soir.
Je grimacai, bien qu'il ne puisse me voir.
Bora:
— Ah, désolée... on a fini par prendre quelques verres...
Min-ho:
— Tu es sérieuse ? Je vous avais dit de faire attention à ce que vous buviez.
C'était une erreur... pourquoi avais-je dit ça ?
Bora:
— La fête était si ennuyeuse... on n'a pas pu résister.
Il soupira, et je pouvais presque voir son front se plisser de frustration à travers le téléphone.
Min-ho:
— J'espère que rien de grave ne s'est passé ?
Juste à ce moment, Ara commença à bouger, probablement réveillée par le son de ma voix...
Un sourire de soulagement effleura mes lèvres en la voyant se retourner dans le lit.
Bora:
— Non, ne t'inquiète pas, on va bien.
Min-ho:
— Bon, je suis rassuré... Préparez-vous, je suppose que vous devez vous diriger vers l'université. Venez au local à midi pour tout me raconter, d'accord ?
Bora:
— Oui, bien sûr. À midi, répondis-je.
Je raccrochai et me tournai vers Ara qui tentait de se rendormir...
Bora:
— Hey, marmotte... on va être en retard, lève-toi.
Elle ouvrit les yeux, luttant contre la brume du sommeil, et saisit son téléphone qui vibrait d'alertes non consultées.
Sa confusion se transforma rapidement en panique.
Ara:
— Merde, on est en retard ?
Se levant précipitamment, elle chercha autour d'elle des vêtements à enfiler, mais s'arrêta net en se rendant compte qu'elle portait encore sa robe de soirée.
Ara:
— Ils sont où, mes habits ?
Bora:
— Prends une douche pour te réveiller, je vais te trouver quelque chose pour aujourd'hui, proposai-je en ouvrant l'armoire.
Ara me fixa, l'expression perdue...
Elle semblait encore essayer de rassembler les fragments de la soirée précédente.
Ara:
— Mais pourquoi suis-je encore en robe ? Et... qu'est-ce qui s'est passé hier soir ?
Je me levai, sentant le poids de la responsabilité s'alourdir sur mes épaules.
Bora :
— On en parlera en route... Dépêche-toi de te préparer, insistai-je doucement.
Elle acquiesça lentement, encore déboussolée, et se dirigea vers la salle de bain pendant que je choisissais des vêtements appropriés pour elle.
Chaque mouvement était mécanique, comme si nous tentions toutes deux de reprendre le contrôle de notre réalité qui avait été si étrangement bousculée la nuit dernière.
***
Le souffle court, nous avons franchi de justesse les portes du bus, Ara et moi, nos poumons brûlant de l'effort de notre course désespérée pour ne pas rater le départ...
À peine assises à l'arrière, les sièges froids sous nous, un silence haletant s'est installé...
Ara, les yeux mi-clos et luttant pour retrouver son souffle, parlait par bribes, entre deux respirations.
Ara :
– Je… me… sens… tellement fatiguée… mais pourquoi ?
Je la regardai, aussi essoufflée qu'elle, mais avec un brin de moquerie.
Bora :
– Parce que… tu es… insouciante… J'avais bien dit… hier… de ne pas toucher… à leurs boissons !
Elle me lança un regard confus et surpris.
Ara:
— Mais... de quoi tu parles ? Je n'ai rien touché du tout !
Bora:
— Alors pourquoi étais-tu si étourdie ? On aurait dit que tu étais saoule, répliquai-je avec un sourcil levé.
Ara fronça les sourcils, essayant de rassembler ses souvenirs éparpillés.
Ara:
— Saoule ? Non, j'étais parfaitement lucide. Tu te souviens, on se moquait des gens à la fête, n'est-ce pas ?
Bora:
— Oui, et après ça ? Comment as-tu fini par sortir de là ?
Ara:
— Eh bien... j'ai des flashs... Je crois que j'ai dansé ? s'interrogea-t-elle, son ton incertain.
Je la regardai avec un sourire malicieux, amusée par l'occasion de la taquiner.
Bora :
– Dansé ? Ah, c'est comme ça qu'on appelle ça maintenant ? Tu étais collée à un inconnu comme une sangsue affamée !
Ara, prise de court, plissa les yeux :
Ara:
— Arrête de plaisanter... et dis-moi ce qui s'est vraiment passé!!
Bora:
— Je te jure... tu étais collée à lui, et tu ne voulais pas te décoller. J'ai vraiment cru que tu avais été droguée, insistai-je.
Ara :
– C'est ridicule... mais Bora, c'est vrai, je ne me rappelle pas très bien. C'est étrange d'avoir des trous de mémoire, n'est-ce pas ?
Son expression se fit plus grave, trahissant son inquiétude.
Je me penchai vers elle, mon expression devenant pensante.
Bora:
— Peut-être t'ont-ils fait quelque chose ? As-tu senti une piqûre ou quelque chose d'anormal ?
Ara:
— Pas du tout... on était à l'écart, seules... Personne ne nous a approchées, réfléchit-elle à voix haute.
Bora:
— C'est vrai... À part quelques personnes qui sont venues se présenter au début... Ensuite, on était dos au mur, seules, confirmé-je.
Je soupirai, mon regard perdu dans le vide qui défilait derrière la fenêtre du bus.
Bora:
— Quel délire... Qu'est-ce que je vais bien pouvoir dire à Min-ho ? Je n'ai aucun fait concret à lui rapporter.
Ara, désormais pleinement éveillée, me regarda avec inquiétude.
Ara :
– Pourquoi tu hésites ? Qu'est-ce qui te préoccupe vraiment ?
Alors que le bus se frayait un chemin cahoteux vers l'université, je me tournai vers Ara, submergée par mes pensées.
Une urgence impérieuse de partager mes tourments me saisit...
Je commençai alors à lui dévoiler les événements de la soirée, chaque détail résonnant lourdement dans le silence entre nous...
Ara,fronçant les sourcils, intriguée :
Ara:
— Sérieux ? Mais... Et toi, pourquoi t'es-tu retrouvée indemne ? Ça n'a aucun sens.
Je fixais le vide devant moi, les souvenirs tumultueux de la veille s'agitant dans mon esprit.
Bora :
– Je suis moi-même perdue. Tout était si confus, comme si j'étais prise dans un cauchemar... Je me sentais encerclée, peut-être même menacée.
Ara restait silencieuse, digérant l'information, puis sa curiosité l'emporta.
Ara :
— Et pour Ryun, quelle est ta relation avec lui ? Pourquoi est-il intervenu pour nous ?
Hésitant, je mordillais l'intérieur de ma joue, cherchant comment aborder le sujet.
Bora :
— C'est compliqué... Je pense que je dois parler à Ryun... Il doit y avoir une raison pour son intervention.
Le regard d'Ara était empreint de sérieux, reflétant l'ampleur des révélations.
Poussant un soupir, je me sentais submergée par l'incertitude.
Ara , son expression témoignant de son inquiétude mélangée à une résolution ferme.
Ara :
— Quoi que tu décides de faire, je suis là... On va affronter ça ensemble. Peu importe ce que tu découvres, tu n'es pas seule.
Je lui souris, reconnaissante pour sa solidarité et son soutien sans faille.
Sentir Ara à mes côtés me donnait la force de plonger dans l'inconnu, armée de courage pour affronter les mystères que la nuit dernière avait laissés derrière elle.
***
Après une matinée intense de cours, je scrutai nerveusement ma montre en me levant.
Bora:
- J'ai 15 minutes de pause. Je reviens..
dis-je précipitamment à Ara, qui me lança un regard perplexe.
Ara me regarda, l'inquiétude visible dans ses yeux.
Ara :
– Tu vas où ?
Je pris une seconde, tentant de ne pas dévoiler trop de mes pensées, et choisis mes mots soigneusement.
Bora :
– Je te dirai après...
Sans attendre, je me hâtai hors du département de journalisme, mes pas me guidant instinctivement vers l'ancienne bibliothèque de biologie.
Là, derrière le bâtiment, se trouvait la serre où j'avais aperçu Ryun.
Un endroit où il semblait traîner souvent… C'est l'impression que j'avais eue cette soirée-là.
La lumière du jour, si différente de l'obscurité de notre dernière rencontre, inondait maintenant le lieu, révélant les détails des plantes exotiques que la nuit avait masqués.
La porte était entrebâillée, comme une invitation à entrer.
J'hésitai un instant sur le seuil, me demandant s'il était même là.
Peut-être est-il en cours à cette heure?pensai-je, envisageant de rebrousser chemin.
Mais alors que j'étais sur le point de partir, une porte au fond de la serre attira mon attention...
Elle était entrouverte, laissant entrevoir un intérieur qui semblait plus laboratoire que simple jardin. Poussée par une curiosité que je ne pouvais réprimer, j'avançai prudemment.
Le laboratoire était parsemé de plantes de toutes sortes, créant un paysage aussi fascinant que mystérieux.
Et là, au fond de la pièce, Ryun apparut soudainement...
Je reculai d'un pas, surprise par sa présence soudaine...
Son regard intense et scrutateur se posa sur moi, me glaçant presque sur place.
Sans un mot, son expression sévère semblait me demander ce que je faisais ici.
Mon cœur battait à tout rompre, mais je refusai de me laisser intimider...
Je ne suis pas venue ici pour repartir sans réponses,me dis-je fermement...
Je pris une inspiration profonde, sentant mon cœur s'emballer sous son regard sérieux.
Il me fixait, silencieux, et cela rendait les mots encore plus difficiles à prononcer...
Bora :
– Ryun…
Son nom resta en suspens un instant, comme pour m'aider à rassembler mon courage.
Je déglutis, puis laissai enfin sortir ce que je retenais depuis trop longtemps.
Bora :
– Je ne peux pas ignorer ce qui s'est passé... Tu dois me parler. Pourquoi étais-tu là cette nuit-là ? Qu'est-ce qui est vraiment arrivé à Ara ?
Ryun resta silencieux, son regard ne déviant pas.
La tension entre nous était palpable, mais j'étais déterminée à rester jusqu'à ce que j'obtienne les réponses que je méritais.
Ryun :
— Bora, ce n'est ni le lieu ni le moment pour cette discussion...
Bora :
— Je dois savoir ce qui s'est passé hier... Pourquoi Ara était-elle dans cet état ? Elle semblait... droguée, manipulée.
Ryun, restant impassible, répondit d'une voix égale :
— Ce sont des accusations graves, Bora... Je ne suis pas sûr de ce dont tu parles.
Bora :
— Tu étais là ! Tu nous as aidées à sortir... Comment savais-tu que nous étions en danger ?
Ryun fit un pas en arrière, son regard glissant ailleurs avant de revenir sur elle...
Il semblait mesurer ses mots...
Ryun :
— Parfois, je suis au bon endroit au bon moment... Ne cherche pas plus loin que ça.
La frustration de ne pas obtenir de réponses claires de Ryun amplifiait mon agitation...
Sa tentative de me rassurer avec une explication vague n'eut pour effet que d'aiguiser ma curiosité.
Bora:
— Je ne suis pas naïve, Ryun... Quelque chose de bien plus sombre se trame...
Ryun :
— Tu n'es pas en sécurité, et ta curiosité ne fait qu'aggraver ton cas...
Bora :
— Pourquoi ? Qui veut me faire du mal ?
Sa réplique sur le danger qui me guettait ne fit qu'accentuer mes inquiétudes, me poussant à avancer vers lui pour qu'il me regarde en face, pour qu'il voie la sincérité de ma peur et de ma confusion.
C'était alors que je marchais accidentellement sur la queue du chat caché sous la table...
Son miaulement aigu et la griffure rapide et pointue sur ma cheville me firent crier de douleur.
Bora:
— Aïe !
Ryun, d'abord surpris, s'empressa de m'inviter à m'asseoir.
Ryun:
— Ne t'inquiète pas, il est vacciné. Laisse-moi regarder ça.
Je m'assis, chancelante, tandis que Ryun disparaissait brièvement avant de revenir avec un kit de premiers soins.
Il s'agenouilla devant moi, ses mains retrouvant délicatement ma cheville.
Et là...
Chaque contact était précis, presque trop doux, déclenchant des frissons que je ne pouvais ni ignorer ni apprécier pleinement.
"Pourquoi ses mains me font-elles cet effet ?" me demandais-je, l'esprit tourmenté par le souvenir encore frais de son baiser lors de cette nuit étrange.
Le souvenir de notre proximité forcée lors de cette soirée bizarre me revenait en mémoire, renforçant les sensations qui se propageaient maintenant en moi.
Soudainement consciente de son toucher, je retirai mon pied sous l'impulsion d'un réflexe.
Ses yeux dorés se levèrent vers moi, perçants et interrogateurs, et je balbutiai..
Bora:
— Euh, c'est bon, je pense... Je suis en retard, j'ai cours..
cherchant à éviter son regard intense...
Ryun:
— Attends, je dois mettre un pansement..
Récupérant mon pied avec une précaution qui me fit serrer les poings...
Pourquoi ses mains me faisaient-elles cet effet ? Était-il en train de jouer avec moi, de profiter de cette situation pour me séduire ?
C'est évident, pensai-je avec irritation, Ryun doit profiter de cette situation...
Après tout, n'était-il pas le même homme qui avait joué le séducteur la dernière fois ?
Ses gestes, bien que soigneux, semblaient maintenant chargés d'une intention sous-jacente!!
Peut-être n'était-il rien de plus qu'un autre de ces pervers, utilisant son charme de manière calculée pour me désarçonner...
Dès qu'il eut fini, je me levai brusquement, troublée et irritée par ma propre réaction.
Bora:
— Franchement, toi... tu... tu n'as aucune honte, lançai-je, fuyant son regard qui en savait probablement trop.
Je quittai la serre rapidement, la frustration et la confusion me poussant presque à courir.
Dehors, je m'arrêtai un instant, réalisant que j'avais fui non seulement Ryun mais aussi les réponses que je cherchais désespérément.
Bora:
— Ah, Bora... vraiment, quelle perte de temps, me reprochai-je, me maudissant pour mon incapacité à rester et à affronter ce qui devait être confronté.
Malgré la tentation de retourner sur mes pas, je décidai de repartir vers le département, mon esprit encore en proie à des questions sans réponses, et un sentiment étrange d'avoir laissé derrière moi quelque chose d'important.
***
Je poussai un soupir de soulagement en passant la porte du cours, juste au même moment que le professeur, évitant ainsi un retard embarrassant.
Ara, déjà installée, me jeta un regard curieux, une question non formulée flottant entre nous.
Je me glissai dans le siège à côté d'elle tandis que le professeur déposait ses livres avec un bruit sourd sur son bureau.
Ara baissa la voix, ses yeux scrutant mon visage à la recherche d'un indice, d'une révélation.
Ara :
– Alors, tu es passée où ?
Je me rapprochai d'elle, mon murmure se mêlant aux bruits de la salle qui s'animait autour de nous.
Bora :
– Eh bien, tu sais... Je suis partie voir Ryun.
Mon cœur était encore lourd de cette rencontre...
J'avais espéré des réponses, peut-être même une certaine compréhension, mais j'étais revenue les mains vides.
Ara semblait surprise, mais une lueur d'espoir brillait dans son regard, mêlée d'une légère appréhension.
Ara :
– Ah bon, alors tu as eu des réponses ?
Je me mordis la lèvre, hésitante...
La vérité était que j'avais quitté Ryun encore plus confuse et frustrée qu'avant.
Je n'avais ni les réponses, ni la clarté que j'espérais trouver.
Mais comment lui dire que ma quête avait été vaine, que j'avais l'impression d'avoir perdu mon temps ? Après une pause, je pris une décision.
Bora :
– Je... Je ne l'ai pas trouvé, en fait. Il n'était pas là, alors je suis juste revenue.
Elle me fixa un moment, ses yeux cherchant les miens pour un signe de plus que je ne lui donnais.
Finalement, elle hocha la tête, acceptant ma réponse, même si je savais qu'elle sentait que je retenais quelque chose.
Ara :
– D'accord, peut-être que tu auras plus de chance une autre fois, dit-elle doucement, essayant de m'encourager avec un petit sourire.
Je lui rendis son sourire, reconnaissante pour sa compréhension et son soutien.
Alors que le cours commençait et que le professeur captait l'attention de la classe, je sortis mes affaires, mais mon esprit était ailleurs.
Je ne pouvais m'empêcher de penser à Ryun, à cette nuit étrange, et aux secrets qui restaient enveloppés dans l'ombre, attendant d'être découverts.
***
Le reste des cours de la matinée s'était écoulé dans un flou pour moi, chaque minute me ramenant inexorablement vers le rendez-vous de midi avec Min-ho.
Mes pensées virevoltaient sans cesse autour de ma rencontre agitée avec Ryun, et la frustration qui en découlait m'avait laissée agitée, incapable de me concentrer pleinement sur les discussions en classe.
À la sonnerie finale, Ara, qui m'avait observée avec une inquiétude croissante tout au long de la matinée, s'approcha doucement.
Son regard empli de préoccupation se posa sur moi alors que nous nous dirigions vers la sortie du bâtiment.
Ara :
– Tu es sûre que ça va aller ?
Je haussai les épaules, mon visage marqué par une expression grave, tentant de me convaincre moi-même.
Bora :
– Je dois juste garder mon calme... Min-ho ne doit pas savoir ce qui s'est vraiment passé hier soir.
Le chemin vers le club où Min-ho nous attendait était court, mais chaque pas semblait peser lourd sous le poids des secrets que nous portions.
En entrant, nous trouvâmes Min-ho assis à notre table habituelle, des piles de dossiers et de livres éparpillés devant lui.
Son attention se tourna immédiatement vers nous, et un sourire inquiet étira légèrement ses lèvres...
Min-ho :
– Vous êtes enfin là...
Son regard scrutateur nous analysa un instant.
Min-ho:
- Alors, racontez-moi tout. Comment s'est passée cette fameuse soirée ?
Je lançai un regard rapide à Ara avant de m'asseoir, mon cœur battant à tout rompre.
D'une voix légère, je forçai un sourire.
Bora :
– Oh, tu sais, c'était typique de ces fêtes mondaines... Beaucoup de monde, de la musique classique, tout très élégant... mais franchement, tout cela était plutôt ennuyeux. Rien de très excitant.
Min-ho nous observa un moment, ses yeux plissés trahissant une méfiance naissante.
Min-ho :
– Vraiment ? C'est tout ? Pas de surprises, pas de rencontres intéressantes ?
Ara prit le relais, essayant de donner plus de crédibilité à notre récit.
Ara :
– En fait, c'était assez ennuyeux. Nous sommes même parties plus tôt que prévu.
Il nous regarda alternativement, son expression se durcissant.
Je connaissais bien cette expression ; c'était celle qu'il adoptait lorsqu'il sentait que quelque chose se tramait sous la surface.
Min-ho :
– Je vois... Et cette histoire de quelques verres de trop, c'était pour décompresser après cette 'soirée ennuyeuse' ?
Ara :
– Exactement, on a fini par sortir pour continuer la soirée dans un bar. C'était vraiment plus amusant là-bas.
À l'instant où Ara termina sa phrase, Min-ho me fixa avec une intensité accrue...
Son regard, lourd de compréhension, trahissait qu'il avait saisi la contradiction dans nos témoignages.
Son regard, calme mais chargé de reproche, me fit réaliser la gaffe.
Ce matin, j'avais insinué que nous avions bu à la soirée même, alors qu'Ara venait de dire que nous étions sorties pour cela...
Un silence pesant s'installa, et je sentis mon estomac se tordre, espérant qu'il ne remarquerait pas la contradiction...
Tentant désespérément de détourner son attention de cette incohérence, je repris la parole avec un ton qui se voulait détaché mais qui sonnait forcément un peu trop léger.
Bora :
– Exactement, juste une façon de terminer la soirée sur une note plus légère.
Min-ho tapota ses doigts sur la table, un geste qui trahissait son agitation croissante.
Min-ho :
– Hum, d'accord... Assurez-vous juste que la prochaine fois, vous gardiez un œil ouvert. On ne sait jamais ce qui peut arriver lors de ces rassemblements.
Ses mots étaient chargés d'un avertissement voilé.
Je hochai la tête, consciente que Min-ho n'était pas dupe...
Tôt ou tard, je devrais lui révéler la vérité, mais pas aujourd'hui.
Aujourd'hui, le mensonge devait tenir, pour notre sécurité à toutes.
Bora :
– Promis, on fera plus attention.
Un faux sourire se dessina sur mes lèvres tandis qu'Ara et moi échangions un regard complice, nos secrets encore bien gardés… pour l'instant.
***
La journée s'était étirée avec une lenteur accablante, chaque cours ajoutant à mon épuisement.
En sortant de l'amphithéâtre, les échos de nos pas dans le couloir résonnaient comme le tic-tac d'une horloge, rappelant que chaque seconde de cette journée avait pesé sur moi, tant physiquement que psychiquement.
Bora :
- Je me sens tellement épuisée, Ara... Tout ce qui s'est passé... c'est juste trop.
Ara me jeta un regard empreint de sympathie, sa voix douce tentant de me rassurer.
Ara :
- Ne te prends pas trop la tête avec ça. Il y a sûrement une explication logique à tout. On finira par comprendre, tu verras.
Je voulais croire à ses paroles, mais le nœud de tension et de mystère qui se resserrait autour de mon cœur me disait que la vérité serait probablement plus compliquée et peut-être même dangereuse.
Ara :
- Attends-moi ici, je dois juste passer aux toilettes...
Bora :
- D'accord, mais fais vite, s'il te plaît. Je t'attendrai dans le couloir.
Seule dans le couloir baigné de lumière, j'observais distraitement les ombres dansantes sur le sol, lorsque soudain une voix familière me tira de mes pensées.
Bora :
- Bora... Tu fais quoi ici toute seule ?
Je me retournai brusquement pour voir mon professeur, un sourire en coin illuminant son visage.
Sa présence inattendue me fit sursauter...
Bora:
- Oh, professeur ! Je... j'attends Ara. Elle est aux toilettes, dis-je, une pointe de nervosité dans ma voix.
Il haussa un sourcil, son sourire s'élargissant légèrement.
Professeur :
- Hier, je t'attendais dans mon bureau, mais tu n'es pas venue...
Mon visage s'empourpra immédiatement...
J'avais totalement oublié notre rendez-vous prévu, perdue dans le tourbillon des événements récents.
Bora :
– Je suis vraiment désolée, j'avais une urgence, bégayai-je, me sentant terriblement gênée..
Son regard s'assombrit légèrement, et je sentis un pincement au cœur à l'idée de l'avoir déçu.
Bora :
- Je peux passer aujourd'hui si vous êtes disponible... Je n'ai rien de prévu maintenant...
Il me fixa un instant, son expression soudain sérieuse...
Mon cœur battait la chamade, craignant d'avoir dépassé les bornes.
Professeur :
- Non...
Un silence pesant tomba entre nous, et je me préparai à battre en retraite, honteuse...
Cependant, son visage s'éclaircit soudainement d'un sourire malicieux...
Professeur :
- Car j'ai trop faim, et je préfère que tu m'invites à dîner pour t'excuser...
Stupéfaite, je le fixai un moment, incrédule, avant qu'un sourire ne se dessine lentement sur mes lèvres.
Bora :
– Ah, vraiment ? Ça me ferait... plaisir, oui.
Alors que j'acceptais son invitation, une vague de chaleur joyeuse envahit mon cœur, éclairant la soirée d'une lueur d'espoir inattendue...
Peut-être, après tout, que la journée se terminerait sur une note plus légère...