Nous nous dirigions vers la cantine, papotant et riant de tout et de rien, quand l'odeur familière des plats cuisinés nous enveloppa, un mélange de réconfort et de déception culinaire.
Arrivée devant le tableau des menus, je jetai un coup d'œil rapide et ne pus m'empêcher de grimacer.
Bora:
— Oh non, pas encore ça...
Ara, curieuse, se pencha pour mieux voir.
Ara:
— Quoi encore ?
Bora:
— Ils ont mis du jjin mandu et du sundae au menu aujourd'hui, — expliquai-je en soupirant.
Le jjin mandu, ces raviolis à la vapeur, pouvaient être un délice lorsqu'ils étaient bien préparés, mais ici, ils avaient la texture de vieilles éponges.
Quant au sundae, ce type de boudin coréen, c'était un mystère comment il pouvait se transformer en caoutchouc comestible ici alors qu'ailleurs, il était souvent un régal.
Ara éclata de rire.
Ara:
— Tu es sûre que tu ne veux pas essayer juste un peu de sundae pour voir s'ils se sont améliorés ?
Je secouai la tête avec emphase.
Bora:
— Je préfère manger mes propres chaussettes, elles auraient probablement plus de goût.
Déçue, je scrutai le menu.
Bora:
— Bon, je vais me contenter des accompagnements et de quelques légumes. J'ai encore le reste des kimbap que ma mère a préparés ce matin, de toute façon.
Nous nous servîmes, un peu déçues mais toujours affamées.
Les options étaient limitées et loin d'être alléchantes, mais au moins, je pouvais compter sur les kimbap de ma mère pour sauver mon déjeuner.
Alors que nous mangions tranquillement, discutant du plan pour ce soir et des possibles péripéties à venir, des cris venant de dehors interrompirent notre conversation.
Une réaction étrange des étudiants, surtout des filles qui murmuraient et criaient.
Curieuses, nous échangeâmes des regards intrigués.
Tout à coup, deux garçons et une fille entrèrent ensemble dans la cantine.
Ji-eun se leva d'un bond de sa chaise, plaquant sa main sur sa bouche pour étouffer un cri de joie.
Ji-eun:
— Oh mon Dieu, c'est Ryun...
Ara, perplexe, demanda :
Ara:
— C'est qui ?
Ji-eun, les yeux brillants d'admiration, répondit :
Ji-eun:
— Vous ne voyez pas ? Regardez-moi cette beauté... Regardez-moi ces yeux... il est magnifique...
Avec la foule debout, il était difficile de voir clairement, mais les trois personnages avançaient avec l'assurance de mannequins sur un podium.
Deux beaux mecs accompagnés d'une fille d'une beauté presque irréelle, comme une poupée de porcelaine.
Je me demandais toujours pourquoi les gens exagéraient autant lorsqu'ils voyaient des personnes visiblement bénies par la nature.
Peut-être que dans une vie antérieure, ils avaient été des âmes bienveillantes, et que c'était là leur récompense divine.
Le tintement des couverts contre les assiettes résonnait dans la cantine bondée alors que nous nous frayions un chemin parmi les autres étudiants.
L'odeur alléchante des plats mijotés se mêlait à l'effervescence de l'heure du déjeuner, créant un fond sonore chaleureux pour nos bavardages.
Bora:
— Bon les filles, j'ai une envie pressante de sucré...
À peine avais-je fini ma phrase qu'Ara se levait, visiblement animée par la même pulsion.
Ara:
— Moi aussi... Je tuerais pour une boisson glacée et sucrée.
Ji-eun, cependant, semblait rivée à son siège, ses yeux fixés sur une silhouette au loin.
Ji-eun:
— Mais vous êtes folles ? Pas question que je bouge d'ici... Pour une fois que je rencontre Ryun au même endroit...
So-yoon, avec son habituel sarcasme cinglant, rétorqua sans la regarder.
So-yoon:
— Parfait, reste ici alors... Ça nous fera des vacances de ne pas entendre tes lamentations.
Ji-eun, implorante, saisit ma main et celle d'Ara.
Ji-eun:
— Hey, restez... Juste quelques minutes. S'il vous plaît, Bora, Ara...
Ara et moi échangions un regard résigné.
Ara haussa les épaules, et je soupirai, sachant pertinemment qu'elle ne lâcherait pas l'affaire si facilement.
Bora:
— D'accord, juste quelques minutes, mais vraiment pas plus. J'ai une tonne de trucs à faire après.
So-yoon, en retournant s'asseoir, marmonna assez fort pour que nous l'entendions.
So-yoon:
— Je ne comprends vraiment pas pourquoi vous la gâtez autant.
Ji-eun, agacée mais trop occupée à scruter Ryun pour s'engager dans une dispute, lançait des regards furtifs vers lui.
Ji-eun:
— Ferme-la, So-yoon... Tu as de la chance, je n'ai pas le temps de te répondre.
Elle fouilla dans son sac, en sortit un miroir et un rouge à lèvres, et commença à se remaquiller frénétiquement.
Ji-eun:
— Il faut absolument que je trouve un moyen de lui parler...
Nous poussâmes toutes un soupir collectif.
Je pris mon téléphone pour me distraire, faisant défiler les nouvelles sur les réseaux sociaux sans vraiment les lire.
Soudain, Ji-eun poussa un cri étouffé, surprise et excitée.
Ji-eun:
— Oh mon Dieu, ils viennent de ce côté... Oh mon Dieu !
Elle était pratiquement en transe.
Ryun et ses amis, plateau en main, avançaient vers nous avec une assurance qui faisait tourner toutes les têtes.
Leurs démarches étaient si calculées, si parfaites, qu'elles semblaient presque chorégraphiées.
Ryun, en particulier, avec ses yeux d'un doré hypnotisant, captivait toute l'attention...
Son regard se posa soudain dans notre direction...
Je me retournai rapidement pour vérifier s'il y avait quelque chose ou quelqu'un derrière nous qui aurait pu attirer son attention!!!
Rien..
C'était donc vers nous qu'il regardait...
Vers moi ? Non, cela semblait impossible...
Ji-eun, les yeux grands ouverts, était au bord de l'hystérie.
Ji-eun:
— Oh mon Dieu, avez-vous vu ça ? Il me regarde ! Il me regarde vraiment !
La tension était palpable, et l'air chargé d'anticipation alors que Ryun continuait de s'approcher, sans détourner son intense regard doré.
Malgré la confusion qui s'emparait de moi, je ne pouvais nier l'évidence de son regard.
Avait-il vraiment fixé ses yeux sur moi ? Connaissait-il mon visage parmi tant d'autres ?
Tout à coup, les trois célébrités de notre cantine prirent place à une table non loin de la nôtre, s'installant avec une nonchalance étudiée, comme si le simple acte de s'asseoir était un spectacle en soi.
So-yoon, avec un ton espiègle, ne put s'empêcher de piquer Ji-eun.
So-yoon:
— Alors là... pas du tout, il ne regardait que Bora...
Ji-eun, visiblement bouleversée par cette suggestion, riposta immédiatement.
Ji-eun:
— N'importe quoi... Comment pourrait-il regarder Bora alors que je suis là ?
C'était vrai, Ji-eun attirait naturellement tous les regards chaque fois que nous sortions...
Ara, affichant un sourire malicieux, renchérit, soutenant So-yoon.
Ara:
— Je pense la même chose que So-yoon, il regardait Bora...
Ji-eun, frustrée et peut-être un peu blessée, ne put cacher son incrédulité.
Ji-eun:
— Quoi ? Vous faites exprès pour me charrier, n'est-ce pas ? Oh mon Dieu... Mais je rêve...
Elle se tourna vers moi, cherchant confirmation.
Ji-eun:
— Tu penses aussi, Bora, qu'il était en train de te regarder ?
Je pris un grand soupir, me levant pour mettre fin à ce débat stérile.
Bora:
— Ne fais pas attention aux filles, Ji-eun. Elles te taquinent, c'est tout... Allez, on y va maintenant...
Ji-eun, encore hésitante, protesta.
Ji-eun:
— Mais attends, si c'est vrai qu'il m'a regardée, je dois attendre...
Ara, saisissant sa main, l'entraîna avec douceur.
Ara:
— Allons, Ji-eun, les garçons n'aiment pas qu'on soit trop collantes... C'est mieux de laisser un peu de suspense...
Ji-eun se laissa guider, pensive.
Ji-eun:
— Ah bon ?...
Ara me fit un clin d'œil complice, s'amusant visiblement de la situation.
So-yoon, secouant la tête, un sourire moqueur aux lèvres, observait Ji-eun avec une pointe de désespoir teinté d'affection.
Je lançai un dernier regard vers Ryun et ses amis avant de nous lever pour partir.
À ma surprise, ils étaient totalement absorbés par leur repas, oubliant tout autour, y compris nous.
Cela me fit sourire ; toute cette excitation pour ce qui semblait n'être qu'un éphémère croisement de regards.
Avec un soupir de soulagement, je me détendis, prête à suivre mes amies vers la sortie de la cantine.
***
Le soir tombé, allongée sur mon lit, je feuilletais quelques-uns de mes mangas préférés, me perdant entre les pages de héros et de mondes fantastiques.
Soudain, la notification d'un message sur mon téléphone brisa le calme de ma chambre.
C'était Min-ho. Il nous conviait à un appel vidéo urgent. Je me levai, m'étirant brièvement avant de me diriger vers mon bureau.
J'allumai mon ordinateur et me connectai à l'appel.
Min-ho:
— Salut tout le monde,
Sans perdre un instant, il plongea dans le vif du sujet.
Min-ho:
— Malheureusement, je ne suis pas en ville. Je suis avec ma famille chez mes grands-parents. Je suis dégoûté de ne pas pouvoir être là... Je vais partager avec vous les captures d'écran. Malheureusement, il n'y a pas de vidéo pour confirmer, mais il y a des gens qui ont entendu des cris et vu des choses bizarres dans les ruelles de Hwanghon-gu... et j'ai besoin de vous. Alors, je ne sais pas qui est disponible pour sortir à cette heure tardive...
Mon cœur battait la chamade, l'excitation de l'aventure nocturne prenant le dessus.
Bora:
— Moi... Ma mère est de garde ce soir à l'hôpital, elle est infirmière... Elle ne remarquera même pas mon absence.
Min-ho, soulagé mais prudent, répondit :
Min-ho:
— Super... mais tu ne devrais pas y aller seule...
Ara, toujours prête à plonger dans l'action, l'interrompit.
Ara:
— T'inquiète, je vais l'accompagner.
Min-ho:
— Tes parents ne vont rien dire ? Car je sais que tu vis avec eux...
Ara:
— Oui, mais je vais sortir en cachette... sinon je peux leur dire simplement que je vais passer la nuit chez Bora.
So-yoon, déterminée à se joindre à nous, ajouta :
So-yoon:
— Je peux venir aussi. Ce n'est pas loin de chez moi.
Min-ho:
— Parfait... tant mieux. De préférence, deux d'entre vous pénétreront dans cette zone, et une restera à l'écart au cas où il faudrait appeler les secours.
Je me levai de la chaise, excitée.
Bora:
— Allez, let's go... Ara, dans 10 min je te trouve en bas. Et So-yoon, 30 min à côté de ton bar préféré. Le quartier est juste derrière.
Ji-eun, la voix tremblante d'appréhension, balbutia :
Ji-eun:
— Mais les filles, vous êtes sûres de vous ? Franchement, j'ai un mauvais pressentiment...
So-yoon, lassée, rétorqua :
So-yoon:
— Mais arrête, Ji-eun... Ne casse pas l'ambiance.
Ji-eun, l'air attristé, s'excusa :
Ji-eun:
— Désolé les filles... Je n'ai pas le courage de vous accompagner.
Je lui souris, rassurante.
Bora:
— Ne t'en fais pas, Ji-eun. Si on réussit à avoir plein de preuves, c'est toi qui rédigera le post. Tu es une excellente rédactrice, pas vrai ?
Ji-eun se sentit visiblement soulagée et répondit avec un sourire :
Ji-eun:
— Bien sûr... Je le ferai avec plaisir.
Min-ho, concluant l'appel avec sérieux mais non sans un brin de soutien :
Min-ho:
— Bon, je vous souhaite bon courage. Je serai dispo si vous avez besoin de quelque chose, appelez quand vous voulez. Si je trouve que quelque chose ne va pas, je prendrai la voiture de mon père et je viendrai pour aider.
Ara:
— Ne t'inquiète pas, Min-ho, tout se passera bien. À plus...
Je me déconnectai de mon ordinateur et me précipitai pour me préparer à cette grande aventure.
***
Plongeant dans les ruelles sombres de Hwanghon-gu, Ara et moi avancions, nos pas hésitants résonnant contre le pavé froid, guidés seulement par la faible lumière de nos téléphones.
L'obscurité était presque palpable, drapant chaque coin et chaque crevasse d'un voile mystérieux.
Ara, serrant mon bras, murmura avec une pointe d'inquiétude :
Ara:
— Mais pourquoi c'est aussi vide ici ? On dirait un lieu abandonné...
Je lui répondis, la voix basse, partageant une histoire que ma mère m'avait confiée il y a longtemps.
Bora:
— Ma mère m'a dit qu'à Hwanghon-gu, il se passe des choses dangereuses... C'est pour cela que les habitants ont déménagé.
Ara s'arrêta brusquement, son visage éclairé par l'écran de son téléphone, l'ombre de la peur dansant dans ses yeux.
Ara:
— Dangereux ? Tu crois qu'il y a des gangsters ?
Je secouai la tête, incertaine, la tension palpable dans ma voix.
Bora:
— Je ne sais pas, elle ne m'a pas donné les détails... Allons, bouge-toi, il faut faire vite.
Je pris son bras, la tirant doucement mais avec fermeté. L'idée de tomber sur des gangsters rendait chaque ombre suspecte, chaque bruit un avertissement.
Ara, reprenant la conversation, ajouta avec une pointe de scepticisme :
Ara:
— Donc, c'est possible comme Ji-eun a mentionné... Que ce soient juste des gangsters qui maltraitent quelqu'un ?
Bora:
— Je ne sais pas...
Soudain, un bruit étrange interrompit notre conversation. Je m'arrêtai net et fis signe à Ara de se taire.
Les battements de mon cœur s'amplifiaient, chaque pulsation résonnant comme un tambour dans le silence oppressant.
Ara, comprenant l'urgence, me fit signe d'éteindre la lumière de mon portable...
Ara, chuchotant avec urgence :
Ara:
— On va attirer l'attention avec la lumière...
J'éteignis mon téléphone, plongeant dans une obscurité quasi totale qui semblait avaler tout espoir de lumière.
Mes yeux cherchaient désespérément à s'adapter, tandis que l'adrénaline parcourait mes veines.
Bora:
— Tu ne penses pas qu'il aurait mieux valu rester en appel avec So-yoon ? Si quelque chose se passe, ça serait plus rapide que d'envoyer des messages!!
Ara acquiesça, les mots à peine audibles :
Ara:
— Oui, je pense que tu as raison...
À peine avait-elle fini sa phrase qu'un bruit plus proche nous fit sursauter...
Ara me fit signe de m'arrêter, son regard fixé vers la source du son.
Dans l'obscurité presque palpable , Ara et moi échangeâmes un regard entendu, une communication silencieuse que seules les années d'amitié pouvaient perfectionner.
D'un commun accord, nous décidâmes de puiser dans notre courage collectif pour avancer prudemment dans la ruelle sombre, chaque pas mesuré pour éviter le moindre bruit.
Nous progressions lentement, guidées par la faible lumière de nos téléphones, lorsque des éclats de rire brisèrent le silence, résonnant étrangement dans l'air frais de la nuit.
Des gens qui riaient ? Dans un lieu si isolé et à cette heure ? Cela paraissait presque irréel, et une voix intérieure me murmura de rester sur mes gardes.
À tâtons, nous nous approchâmes du lieu d'où provenaient les sons, notre cœur battant à l'unisson.
En nous dissimulant derrière un mur, nous observâmes un groupe de quatre silhouettes sombres.
Leurs formes étaient à peine visibles, des ombres se détachant à peine dans l'obscurité dense.
Que faisaient-ils ici, sans aucune lumière pour les guider ? Comment pouvaient-ils rester dans un tel noir ?
Soudain, Ara s'appuya fortement sur mon bras, son geste trahissant une tension palpable.
À l'autre bout de la ruelle, une nouvelle silhouette apparut, portant quelque chose – ou quelqu'un – sur son épaule qui ressemblait à un sac de riz avant de le jeter négligemment au sol.
Le corps tombé ne bougeait pas...
Horrifiée, je couvris ma bouche de ma main, incapable de croire à la brutalité de la scène.
Sans hésiter, Ara sortit son téléphone, essayant de capturer la scène en vidéo.
Je fis de même, bien que l'obscurité rendît nos efforts presque vains.
L'endroit où nous nous trouvions offrait une visibilité médiocre...
Ara me fit alors signe de suivre son regard vers un escalier derrière nous qui menait à un point de vue en hauteur.
Elle avait raison, l'angle serait parfait pour filmer, mais le risque de faire du bruit était élevé...
Ara, posant sa main sur mon épaule, me fit comprendre qu'elle voulait que je reste là.
Je secouai la tête, refusant de la laisser partir seule, mais elle insista pour que je continue de filmer pendant qu'elle tenterait de se repositionner pour un meilleur angle.
Sans me laisser le temps de protester davantage, elle se retourna et disparut rapidement dans l'obscurité.
Mon esprit était en ébullition, partagé entre l'inquiétude pour Ara et la terreur de ce que nous découvrions.
Soudain, la pluie se mit à tomber avec force, brouillant davantage notre vision et ajoutant un grondement sourd à l'atmosphère déjà chargée.
En scrutant à nouveau les silhouettes, je remarquai quelque chose d'incroyablement étrange :leurs yeux scintillaient dans l'obscurité, brillant d'une lumière inquiétante.
Des lunettes ? Non, cela semblait plus naturel, presque comme des yeux de chat capturant et reflétant moindre lumière.
Mon cœur s'emballa, la peur se mêlant à une excitation morbide.
Les rires que nous entendions avaient changé, adoptant une tonalité plus grave, presque diabolique.
Les silhouettes s'étaient penchées vers la personne au sol, et bien que la scène fût voilée par l'obscurité et la pluie, il était clair qu'elles faisaient quelque chose de sinistre, peut-être même macabre.
Soudain, un bruit sourd retentit au-dessus d'eux.
C'était Ara!!!
Mon cœur fit un bond.
Elle avait fait tomber quelque chose...
Les figures se redressèrent brusquement, leurs regards perçants balayant l'obscurité.
L'une d'elles cria, la voix tranchant le silence :
— Qui est là ?
Alors que les silhouettes menaçantes se dirigeaient vers Ara, un frisson de terreur me parcourut.
Derrière moi, la grande ruelle semblait s'étendre à l'infini sous les réverbères espacés, jetant de longues ombres sur le sol mouillé.
Il faut que j'agisse rapidement ! Ara est coincée là-haut et ne peut pas s'échapper facilement.
Sans un second regard, je puisai dans toutes mes réserves de courage et criai à pleins poumons pour détourner leur attention d'Ara.
Bora (criant):
— Par ici !
Je pris mes jambes à mon cou, sentant le poids de leurs regards se fixer sur moi.
Mes pas résonnaient sur le pavé glissant, chaque résonance amplifiant ma peur.
Les voix rauques derrière moi hurlaient.
Voix lointaine:
— Attrapez-la !
Je me faufilais dans les ruelles, zigzaguant dans un effort désespéré pour les semer.
La pluie rendait le sol traître, et en un instant de malchance, mes pieds glissèrent.
Tout à coup, je perds l'équilibre et glisse sur le sol mouillé.
Je chute lourdement, mon visage heurtant un grand bac à poubelles avec une brutalité surprenante.
La douleur fulgurante traverse mes genoux et une sensation métallique envahit ma bouche.
Je touche mes lèvres du bout des doigts, découvrant avec une résignation froide qu'elles saignent.
Mais ce n'est pas le moment de s'apitoyer sur ma douleur ou les blessures; il faut que je me relève, et vite.
Je me relevai précipitamment, reprenant ma course effrénée vers la sortie de la ruelle.
Enfin, je débouchai sur la grande rue, où les voitures passaient en trombe, éclaboussant les trottoirs déserts sous la pluie battante.
À quelques mètres devant moi, j'aperçus une silhouette tenant un parapluie bleu ciel...
C'était ma chance...
En m'approchant, une idée me traversa l'esprit.
Je ralentis brièvement près d'une poubelle, retirant rapidement mon pull à capuche et détachant mes cheveux pour altérer mon apparence.
Peut-être cela suffirait-il pour brouiller les pistes, juste au cas où...
Je me précipitai vers l'homme au parapluie, mon cœur battant à tout rompre...