3 septembre 1186 ap. La Brèche- demeure principale de la famille Vissaris-
La porte gardant la salle du Trône s'ouvrit avec violence, laissant là deviner Achille ainsi qu'Ajax, s'approchant à vive allure du siège royal, la mine sérieuse, de même que le corps droit, la tête haute, le regard déterminé.
Plus loin en amont, Adonis semblait également, pour sa part, attendre leur venue, traduisant cela de par sa posture assise, soignée, sur cet imposant trône d'admirable aspect. Une fois les deux vissariens suffisamment proche de celui-ci, le roi daigna alors à son tour se lever, s'approchant tout aussi diligemment de ces derniers d'une mine neutre, un morceau de parchemin dans sa main droite.
Celui-ci, une fois arrivé au point de rencontre, fixa ses jeunes frères durant de longues secondes, basculant de même l'atmosphère vers une ambiance non loin des plus pesantes. Adonis, à la suite d'un ultime regard autour du vaste espace, leva vigoureusement sa main gauche, tous doigts déployés. Ainsi, une sorte de champ de force transparent, d'allure quelque peu aqueuse, se mit à recouvrir sans délai la surface, de même que les nombreuses parois de la salle, accompagné en outre d'un sceau spiralaire d'imposante envergure, situé au-devant de ladite entrée.
"Je vous remercie d'avoir, aussi promptement, répondu présent à ma demande, entama soudainement Adonis. Mais avant toutes choses, je tiens d'abord à vous rappeler que toute parole échangée au sein de cette barrière devra rester strictement confidentiel.
— Vient en au fait, lui rétorqua alors dardar Ajax, visiblement agacé par tout ceci.
— Je vois que les formalités ne te réussissent toujours pas, cher frère. Mais bon, qu'il en soit ainsi." Acheva le Roi d'un air désappointé, tendant subséquemment le manuscrit à ce dernier. — QUOI ?! S'exclamèrent à l'unisson- après quelques instants de lecture- les deux commandants, de toute évidence plus qu'abasourdi par le contenu de ce dernier.
— Surpris, n'est-ce pas ? Interrogea Adonis. J'ai reçu cette missive ce matin même, et j'étais, pour ne rien vous cacher, tout aussi étonné que vous après en avoir parcouru ses quelques lignes.
— Une chose est sûre : il ne faut que la nouvelle fuite, sinon, les conséquences risquent d'être désastreuses, remarqua alors Achille.
— Comme tu le dis, lui répondit Adonis. Le problème étant le suivant : on ne pourra point indéfiniment cacher ce fait au peuple. C'est pourquoi, Ajax et Achille, je vous charge, dès à présent, d'enquêter sur le sujet afin d'apporter plus d'éclaircissements à cela.
— Bien, lui répondit Achille. Nous commencerons donc d'abord par établir une liste de suspects à partir des informations que nous possédons et on interrogera ensuite les concernés. En bref, une procédure des plus habituelles.
— Je vois cela, enchaina Ajax, et puis ce n'est pas comme si d'autres alternatives s'offrent à nous. En attendant, termina ce dernier, tu ferais mieux de te méfier des personnes de ton entourage, Adonis, du moins le temps que l'on parvienne à expliquer tout ceci.
— Je te remercie de t'inquiéter pour moi, mon frère, lui répondit-il un rictus aux lèvres. Allez sans crainte, et n'oubliez jamais que j'ai foi en vous et vos compétences. "
Sur ce, les deux guerriers acquiescèrent les dires du roi, avant de prendre congé de celui-ci d'une façon tout aussi rapide que leur entrée. Le roi vissarien désactiva, pour sa part, son sceau, empruntant, une fois cela fait, un chemin menant de toute évidence, à ses appartements personnels. Sans doute avait-il besoin d'instants de réflexion sur cette problématique, afin de décider de la meilleure manœuvre à suivre pour la suite. En ce qui concernait le cas des deux commandants, ceux-ci se dirigeaient à présent d'un pas dynamique vers l'Aile Ouest du domaine, plus précisément au-devant d'un lieu isolé de toutes activités, également connu sous le singulier nom de "Salle Noire".
Cet espace, à l'inverse d'idées reçues, telles que torture ou emprisonnement, ne répondait qu'au simple besoin de stockage d'informations, profitant en majorité au haut responsable en charge de l'ordre du Guet. On pouvait notamment y retrouver là l'historique de grandes batailles mener par cet ordre, de même que divers secrets cachés de celui-ci ainsi que les noms de tous les guetteurs de la région.
Sur l'itinéraire menant à celui-ci, les deux guerriers vissariens croisèrent, au niveau de la Cour, une dizaine de chevaliers s'entrainant au précis et rigoureux maniement de l'épée, tous dirigés par cet éminent vice-commandant, Mathieu Riemonder. Pourvu d'un physique tout aussi robuste qu'élancé, ce dernier parvint, malgré tout ce tohubohu, à repérer au loin son supérieur hiérarchique, s'accordant quelques secondes afin de le saluer respectueusement.
Les deux frères, une fois les courtoisies adressées, continuèrent leur avancée puis gravirent, toujours de vive allure, les marches d'une tour annexe, aboutissant, au bout de quelques instants, au sein d'un long couloir continu, qui plus est, peu éclairée. Sur chaque côté de celui-ci, plusieurs portes d'aspect identique se succédaient les unes après les autres, tel un schéma redondant. Le bruit de leurs pas résonnait également sur le sol dallé d'autant plus que le peu de torches disposées afin d'éclairer l'étroit passage renforçaient encore plus l'attrait lugubre de ces lieux. Finalement, à la suite d'un temps qu'ils jugèrent pour le coup inutile d'estimer, ceux-ci s'arrêtèrent en face d'une porte, d'allure, pour sûr, similaire aux nombreuses autres. Celle-ci demeurait en bois, finement taillée, décorée de plusieurs formes ondulantes lui donnant cette dimension rustique médiévale. Ajax sortit alors une clé de sa poche, déverrouilla la serrure, puis poussa doucement cette dernière sous un grincement fort désagréable.
A l'intérieur, livres, parchemins ainsi que de nombreuses lettres étaient éparpillés çà et là, formant par conséquent un boucan indescriptible. Il était, pour ne se priver d'aucun terme, presque impossible de poser le pied quelque part sans que l'on ne piétine un ouvrage ou autres écrits du même acabit. Pour finir, seule se distinguait de façon plus ou moins précise, plusieurs mètres en amont, une table, jonglant vraisemblablement entre beauté et simplicité, de par sa forme commune, peu recherchée, s'accordant avec grandes difficultés aux travaillés motifs présents sur celle-ci.
"Bon, dit soudain Achille, hasardeux comme tu es, cela ne m'étonne pas que ton espace de travail soit de la sorte. Cependant, les recherches risquent d'être compliquées dans ces conditions..."
Aussitôt dit, aussitôt fait. Les opuscules, de même que les autres objets encombrants, furent manuellement rassembler en moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire. Achille les rangea, par la suite, soigneusement à l'aide d'une magie incantatoire, achevant ainsi cette activité au bout de quelques minutes. La chambre prenait désormais un tout autre aspect. On pouvait maintenant y observer de hautes ainsi que splendides étagères sur chaque côté de celle-ci, mettant, par ailleurs, en exergue un long tapis écarlate, comblant à lui seul l'espace vierge crée par ces dernières.
"Bien, cela étant fait, nous pouvons à présent reprendre le fil de nos recherches. D'après les informations que nous a fournies Alessio, on sait déjà que le Roi était censé recevoir une lettre mentionnant ce mystérieux phénomène ainsi qu'une demande d'aide en provision de la part du peuple Salgor .
— Or, comme il nous l'a divulgué lui-même, Adonis fut surpris de cette nouvelle, ce qui signifie donc qu'il n'était pas au courant, compléta Ajax. Ce qui ne veut dire qu'une chose : au vu des circonstances actuelles, il est plus que certain qu'un traître se cache parmi nous.
— Comment peut tu affirmer cela si rapidement ? Qui te dit que ce n'est pas une erreur de la part des messagers ?
— Cela ne se peut. Je pense que tu n'es pas sans savoir que, chez les vissariens, aucun roi n'envoi de lettre à son proche souverain afin simplement de prendre des nouvelles de ce dernier. Celles-ci dissimulent toujours une demande ou une exigence bien précise. Elles se ressemblent toutes et on ne peut en savoir leur contenu qu'en la lisant, sauf dans un cas bien particulier. "
Achille, à la suite de cette intrigante parole, fronça soudain légèrement les sourcils.
"Lorsqu'il est question de vie ou de mort, la lettre doit impérativement être déposée au sein d'une enveloppe de couleur noire, signe de détresse absolu. Il s'agit là d'une norme formelle auquel tous les bannerets du royaume doivent se conformer, les salgors y compris. La missive qu'ils souhaitaient nous faire parvenir devait sûrement obéir à ce cas de figure. Dans ce cas-là, les messagers auraient dû tout faire pour qu'elle parvienne au roi le plus vite possible, ce qui ne fut malheureusement pas le cas.
— Je vois...
— Ces traîtres... comment ont-ils pu..., Enragea Ajax, soudain pris d'un fort sentiment d'animosité.
— Ne tire pas de conclusions si hâtives. M'est avis que ce ne sont pas eux les auteurs directs de ce crime. Réfléchis, ce serait trop simple si cela avait été le cas, d'autant plus que le roi aurait pu s'en charger lui-même. Et puis, continua-t-il sur un ton solennel, je les connais. Chacun d'entre eux est issu de basse naissance et le fait de se retrouver à ce poste aujourd'hui est un privilège qu'ils n'auraient jamais espéré durant toute leur vie. De plus, ils sont convenablement payés et appréciés de Sa Majesté. Je ne vois pas là de motif suffisant pouvant justifier un tel acte.
— Ce que tu dis là tient la route, en effet, cependant...
—... Ils sont très certainement liés à ce qu'il s'est passé d'une manière ou d'une autre. Tu sais donc ce qu'il te reste à faire. De mon côté, j'ai un petit truc à régler..."
Sur ce, Achille planta là son partenaire, puis emprunta promptement la direction menant à ses propres appartements. Ces derniers, au seul jugé du regard, paraissaient, une fois sur place, particulièrement vides, comportant pour seuls objets, armes, habits ainsi que deux ou trois meubles dont l'usage quotidien demeurait rudimentaire. Il fallait aussi dire que le poste de commandant des armées était là un rôle important qu'il s'évertuait à exercer avec sérieux et discipline, faisant parfois acte de négligence sur diverses choses que celui-ci jugeait triviales. Sans perdre de temps, le jeune chevalier s'équipa alors d'un tissu vert foncé muni d'une capuche ainsi que d'un petit sachet visiblement rempli, se dirigeant, après coup, vers les écuries, afin d'y saisir sa monture et galoper sur les chapeaux de roue.
Après avoir parcouru la quasi entièreté de la cité, sous les regards intrigués du peuple, celui-ci aboutit finalement au cœur d'un espace d'aspect plus que désert, exception faite d'un imposant édifice situé plus loin en amont.
Ce dernier demeurait gigantesque, de forme demi-circulaire, comprenant, sur sa surface, un coloris oscillant entre le blanc neige et le gris métallique. Au-devant de la bâtisse se trouvait également deux hommes, lourdement équipés, se tenant droit, l'allure solide, semblables alors en tous points à l'impénétrable marbre. Achille, une fois leur présence relevée, démonta en conséquence sans délai, parcourant la distance les séparant d'un pas fort assuré, comme à son habitude. Une fois arrivé en face desdits gardes, une haute porte métallisée de deux ou trois mètres de haut lui fit face, tel un soudain obstacle se dressant sur sa route. Sur celle-ci, plusieurs symboles aisément discernables y demeuraient gravés, semblable à de l'écriture runique, bien que les savoirs d'Achille sur le sujet ne lui permirent d'en déchiffrer le moindre mot.
Il est, par ailleurs, fortement nécessaire de faire mention du fait que ce lieu était principalement connu pour son abondance de mystère, dont on avait, pour la plupart, pas même une once d'hypothèse. Les personnes travaillant ici utilisaient, racontait-on, une magie dont seuls eux en connaissaient l'exacte science, souvent admit, par le commun des mortels comme liée à l'Outre Monde. A noter de même que le nombre de ressortissant de ce lieu, dit maudit, ne demeurait que bien restreint, la plupart d'entre eux mort peu après, en raison de divulgation d'informations sur celui-ci jugées quelque peu perturbantes. La règle de ce domaine, semblait de ce fait bien simple :
"Une fois franchi cette porte, l'individu se soumet à un vœu de silence dans l'enceinte du bâtiment, et, une fois ce dernier quitté, il s'engage à ne rien divulguer de ce qu'il y a vu, ou entendu, sous peine d'une mort immédiate. "
Voici donc ce qui lui eut valu son nom de "Dôme du Silence".
Le garde posté à gauche s'avança ainsi vers le commandant. Achille, en réponse à cela, se contenta de le fixer dans le blanc des yeux, à l'instar de son potentiel interlocuteur. Son visage était dissimulé sous un casque de simple apparence, bien que néanmoins muni de deux hautes cornes pointant vers le firmament. Celui-ci même ne laissant découvrir que ses yeux, dont le simple regard du chevalier blond ne suffisait à définir ses réelles intentions.
"Cela doit sûrement être un art qui ne se transmet qu'au sein des membres de leur communauté." Se dit alors Achille.
L'homme en armure tendit ensuite sa main. Comprenant alors ce que ce dernier désirait de lui, Achille, sans prononcer un mot, lui remit subséquemment son sombre étalon, tout en veillant, d'un œil discret, à l'assurance de celui-ci. Après quoi, l'imposante porte de fer s'entrouvrit, non moins sans surprise, donnant ainsi vue sur l'intérieur de l'édifice se dessinant peu à peu à mesure de la lente progression de ladite entrée.
Achille traversa, par la suite, un couloir aussi long que large, éclairé en grande partie par de multiples chandelles dorées disposés de part et d'autre de l'espace. Sur celui-ci également, demeuraient plusieurs peintures d'apparence abstraite, le décorant par ailleurs sur toute sa vaste surface, pour ne presque point dire infinie. Ce n'est, fort heureusement, que bien plus tard que le commandant en discerna l'aboutissement tandis qu'un léger rictus se fit voir sur le coin inférieur droit de son visage.
Il s'agissait là, en effet, d'une grande salle circulaire muni de plusieurs étagères de forme différentes, auxquels y étaient rangés au moins une centaine de livres. Tous, triés en fonction de leur taille, couleur et nom d'ouvrage, semblaient, malheureusement, n'avoir jamais été scruté depuis leur exposition dans ladite pièce. Nonobstant, le plus étrange restait, à dire vrai, devant lui. Il était, dans les faits, question d'un homme de taille raisonnable, comprenant, en guise de traits générales, de courts cheveux noirs, arborant de même un large sourire en apparence, telle une quelconque marionnette.
En revanche, il était à présent trop tard pour revenir en arrière, bien que, malgré le peu de confiance qu'Achille accordait à ce mystérieux lieu, celui-ci, sans trahir son expression, s'avança dans sa direction. Il lui tendit, une fois sur place, le paquet attaché à sa ceinture, tandis que l'homme le scruta fixement avant de remballer le présent dans un tiroir de son comptoir derrière lequel il reposait.
L'individu se mit alors de nouveau à sonder Achille de ses grands yeux noirs. Mais à l'inverse de la précédente tentative, le commandant vissarien se sentit, tout à coup, observé par une force étrangère extérieure, lui procurant une étonnante sensation, quoique bien déplaisante. Il avait, incontestablement, l'intime impression que cette dernière parvenait sans grand mal à lire en sa personne comme un devin le ferait de l'avenir. C'était comme si, à brûle-pourpoint, tout son être ne semblait plus être qu'un corps dont la transparence demeurait si évidente.
"Je suis à sa merci... "
L'atmosphère tout autour ne cessait, qui plus est, de s'assombrir, notamment à travers l'omniprésence de "cette chose" au fur et à mesure des longues minutes. Il ne pouvait à présent plus bouger, tandis que ce dernier, sentait, en parallèle un souffle aussi froid que léger se poser doucement au niveau de son épaule, celui-ci parcourant par la suite l'intégralité de son échine. De multiples voix se mirent après coup à résonner dans sa tête, plaçant ainsi le doute en lui sur ce qui demeurait à présent réel ou fictif. Grave, aigu, médium, rock, tous ces différents timbres familiers, dont l'origine semblait indécelable, résonnaient à n'en plus finir autour de lui, telles d'horribles songes harcelant son esprit avec entrain.
Mais, parmi tous ces derniers, seule un parvint, malgré tout, à attirer son attention. Il s'agissait d'une voix féminine, posée, se situant entre le médium et l'aigu perçant. Il ne fallut ainsi, pour le commandant, pas plus d'indices que cela, pour que ce dernier devine avec assurance à qui celle-ci appartenait.
"Ne me dis pas que... c'est bien toi ?!"
Lorsqu'Achille, après quelques secondes d'hésitations, réalisa pleinement la situation, celui-ci ne fut alors plus qu'animé d'un unique et profond désir : crier son nom à plein poumons. Il mourrait également d'envie de suivre cette mystérieuse voix, que le vide emportait tristement peu à peu à mesure du temps écoulé. Mais il ne le pouvait point, car, en effet, celui-ci devait, en priorité, achever cette épreuve, loin des plus aisée. Sa tête commença alors à lui faire épouvantablement mal. Il ne tiendrait plus très longtemps, il en était fortement persuadé au fond de lui-même. Mais il devait néanmoins tenir bon, car ce dernier savait tout aussi pertinemment que tout allait se jouer sur cette dernière ligne droite. La douleur, de son côté, n'avait de cesse de s'accentuer, jusqu'à en devenir pis qu'insoutenable, alors que le robuste chevalier s'accrochait fermement à son objectif bien défini.
"Encore un peu..." Se dit-il tandis que l'affreuse douleur se déplaçait à présent vers son œil droit.
"Bientôt..."
Puis, à l'issu de nombreux instants lui semblant une éternité, tout ceci cessa net, comme si rien ne s'était jamais là produit. Achille sentit par ailleurs l'atmosphère autour de lui regagner sa nature antérieure, tandis que ses maux disparaissaient, pour ainsi dire, d'eux-mêmes à l'instar de la sombre et mystérieuse présence. Devant lui, l'étrange individu le fixait certes encore, bien que son regard parût à présent s'accorder aisément mieux aux critères communément admis de la normalité. Achille balaya une dernière fois du regard l'étrange pièce, de même que son faciès, sans qu'il n'y distingue aucun changement apparent, hormis celui porté à son œil droit.
"Fort heureusement, la procédure a fonctionné comme prévu !"
Le commandant observa alors l'homme une dernière fois, avant de s'éclipser des lieux, d'une posture tout aussi fière qu'à son entré dans le domaine.
Achille, une fois parvenu à la sortie de l'édifice, n'hésita alors point à réclamer sa monture, empruntant après quoi, sur le chemin inverse, une voie jugée plus commode en termes de distance.
Une fois atteint le domaine royal, puis en outre, traversé la herse, le commandant déposa par la suite son étalon au sein des écuries, se dirigeant, une fois chose faite, dans la direction de l'Aile Ouest. Mais alors que ce dernier traversait avec quiétude la cour, un chevalier en armure se précipita sans crier gare à sa rencontre, le souffle court. Il s'agissait pour le coup de Ser Towen, un talentueux bretteur, doté d'excellentes performances aussi physiques que mentales, aspirant également au doux rêve de commandant.
" Ah commandant, je vous cherchais justement. Mais, si je pu me permettre, que vous est-il arrivé à votre œil droit ? Lui questionna-t-il, ne lui laissant ainsi aucune marge de répits.
— Ah, tu veux parler de ça ? Rien de bien particulier, ne t'en fait pas. Mais passons. Pourquoi cherchais-tu donc à me voir ?
— C'est au sujet du Roi, suivez-moi..."
Achille obtempéra alors et suivit promptement le chevalier à travers le chemin menant aux appartements de Sa Majesté. Sur place, après avoir brutalement ouvert la porte, les deux constatèrent en premier lieu Ajax, fixant le sol, avant de finalement discerner, au-delà du second commandant, l'impensable fait : là, à leurs pieds, gisait le corps vraisemblablement sans vie du Roi Adonis, baignant dans une mare faite de son propre sang...