5 septembre 1186 ap. La Brèche- Demeure principale de la famille Vissaris -
Achille n'en pouvait plus. Il était environ 3h00 du matin, et ses recherches ne le menaient vraisemblablement à rien. Cela faisait exactement trois jours, depuis l'accident du Roi, que celui-ci cherchait incessamment un quelconque moyen de démasquer le coupable et de le faire payer de son crime. Mais pour l'instant, rien. Rien, hormis ce nouveau corps qu'il avait découvert un peu plus tôt en fouillant les loges des messagers. Les empreintes présentes sur place indiquaient que le meurtrier ne semblait être qu'un simple homme du bas peuple, qui plus est gérant d'un bordel à l'est de la cité lorsqu'il s'était attardé sur l'analyse approfondie de ces dernières. Des gardes de l'armée royale avaient été ainsi immédiatement chargés de le récupérer et de l'interroger. Etrangement, tandis que le commandant vissarien semblait avoir mis la main sur un élément pertinent, aucun facteur concret n'avait porté à croire qu'il avait bel et bien été l'auteur de l'attaque dirigée contre ledit messager ou même s'il avait eu un moindre lien avec l'affaire Adonis.
« Une fausse piste. Décidément, cet homme est relativement malin. Ce que je ne comprends toujours pas, c'est la manière dont il a procédé pour arriver à nous duper de la sorte. Je ne connais aucun artefact, ni même de sortilèges capables de telles prouesses. A moins que… »
Soudain, une illumination s'empara de son esprit exténué. Achille quitta alors sans délai la Salle Noire, traversa tout aussi diligemment la Grande Cour, afin de finalement se rendre sur l'Aile Est. Il gravit, une fois la tournée ciblée atteinte, les nombreuses marches de cette dernière, et, bien que cela semblait d'ordinaire épuisant, il n'en fut rien pour cette fois-ci. Une fois parvenu au terme du trajet, Achille fit face à une porte d'aspect banal, en bois de pin, d'ailleurs à grande-peine discernable du fait de l'engloutissant obscurité. Sans même prendre le temps de reprendre son souffle, celui-ci se mit à marteler la sobre entrée, tel un homme prit d'une indicible terreur dont la vie semblait en jeu. Comme le commandant n'obtenait de réponse quant à ses premiers appels, ce dernier répéta l'opération, et ce n'est au final qu'au bout de la troisième tentative que la porte finit par s'ouvrir, laissant découvrir le visage d 'un homme plus que surpris de cette visite impromptue.
Cugeon n'était, à ce moment-là, vêtu que d'un long tissu blanc pour seul habit de nuit, tenant de même une petite bougie en guise de lumière. Celui-ci demeurait à peine réveillé, peinait à tenir debout et il lui fallut, pour tout dire, plusieurs bonnes secondes d'attention avant de reconnaître le commandant des armées vissariennes, l'invitant, une fois choisie faite, à entrer.
« Que me vaut cette visite à une heure aussi avancée de la nuit, exigea-t-il en posant sa bougie sur une branche de chandelle, située sur une petite table non loin.
— Je souhaiterais consulter de nouveau le corps, lui répond-il avec empressement.
— Ah, je vois, cette vieille dépouille crasseuse que vous m'avez forcé à garder et à étudier. Autant vous le dire tout de suite : hormis les fausses empreintes sur lui, aucune autre information pertinente n'a été relevée à ce jour.
— Eh bien justement, je crois que j'ai une éventuelle piste, mais pour vérifier ça, faut que tu me regardes le cadavre… »
Cugeon, agacé de tout ceci, reprend sa source de lumière puis se dirigea vers le fond de la pièce, tout en intimant Achille de le suivre. Une fois en face du mur frontière, Cugeon se mit soudain à tâter de manière hasardeuse la grande surface de celui-ci, décelant à l'issue de plusieurs essais, l'ingénieux mécanisme mural servant à l'ouverture d'une trappe discrète située non loin sur leur droite.
Les deux pénétrèrent par la suite au cœur de ce qui semblait être un vestibule, celui-ci donnant sur deux entrées distinctes : une se trouvant juste devant eux, et une autre retenue à leur gauche. Le duo continue sans hésitation tout droit, débouchant ainsi dans une pièce étriquée, quoiqu'assurément longue, ou le corps du messager, reposant sur une sorte de table moyennement haute, était disposé. Sur la droite, un petit établi était également à disposition, sur lequel on pouvait y retrouver plusieurs outils scientifiques, tels que des fioles ou encore des erlenmeyers.
Achille se saisit de ce fait la bougie, bien que cette dernière demeurait déjà bien entamée, afin de la diriger pour sûr sur le corps du défunt entaillé. En parcourant de haut en bas celui-ci, le commandant finit par mettre la main sur ce qu'il cherchait : parmi les nombreuses entailles et griffures profondes qu'avait pu lui infliger son agresseur, une seule sortait du lot, remarquable à sa forme familière, mais également son emplacement, pour le coup bien précis. Celle-ci était située sur le bas-côté droit du tronc, autrement dit près du bassin, et représentait trois traits, tracés les uns en dessous des autres, ainsi qu'une boucle se terminant en deux lignes parfaitement distinctes et parallèles.
Achille n'en croyait pas ses yeux. Tous les soupçons qu'il avait pu établir jusqu'à présent se confirmaient et ses théories quant au coupable ne faisaient que se vérifier au fur et à mesure qu'il avançait dans ses recherches. D'abord la mystérieuse lettre disparue, puis la tentative d'assassinat du Roi, la méthode employée pour venir à bout de ce messager, les fausses empreintes, et maintenant ceci. Il n'y avait plus de doute possible.
Celui-ci marqua néanmoins un temps de pose. Durant ce court laps de temps, ce dernier songea à ce qui était en train de se produire, à la tournure que cela pourrait prendre ainsi qu'aux conséquences que cela engendrerait. Une fois que toute ses pensées eurent traversé son esprit, Achille prit une grande inspiration, se retourna, puis déclara :
"Cugeon. Cesse toutes recherches : je crois savoir qui est le coupable."
L'astre solaire pointait déjà depuis bien longtemps, lorsqu'Ajax décida finalement de montrer le bout de son nez, tandis que, pendant tout ce temps, Achille avait patienté et tourné en rond dans le petit jardin aux balades fleuries du château. D'ailleurs, en parlant de lui, celui-ci commençait peu à peu à perdre de sa beauté, en cette saison d'automne, étant décoré en grande fête, de fleurs de printemps voire d'été. A présent, seul un aspect pour le moins morose qui plus est triste dominait ledit espace, attirant de ce fait, que peu de monde, monde qui, quelques temps plus tôt se plaisait à demeurer en cet agréable lieu.
Lorsqu'il le vit en face, Ajax fit tout de suite remarquer à son frère les profonds cernes se dessinant sous ses yeux, lui reprochant de même sa négligence quant à son sommeil au détriment de cette affaire qu'il prenait vraisemblablement très au sérieux.
"Je vois que tu ne réalises pas la gravité de la situation, lui rétorqua Achille. Un homme cherche visiblement à diviser nos forces par tous les moyens, allant même jusqu'à tenter d'assassiner notre nouveau Roi peu après son accession au trône.
— Certes, mais je te rappelle aussi que d'une, nos forces sont bien supérieures face à un seul homme, qui plus est humain, et que, deuxièmement, sa tentative a échoué et que lors de la sécurité du Roi a été drastiquement renforcée . Donc, pas la peine de s'affoler inutilement.
— De toute façon, dit-il d'un air agacé, je ne cherche pas à te faire changer d'avis, ce n'est pas pour cela que je t'ai fait convier.
— Alors, vas-y, dis-moi tout !
Achille entama donc son récit, détaillant avec calme et cohérence sess ainsi que la conclusion concernée par celles découvertes-ci lui avaient mené. Au fil des diverses explications, il arrive, certes, fréquemment à son interlocuteur d'écarquiller les yeux, fixant Achille, bouche bée, comme si, pour lui, il était impossible de croire la moindre chose de ce que le commandant des armées vissariennes avançait. . Au bout du compte, Ajax a décidé de se ranger dans un coin non loin, afin probablement d'assimiler tout ce qu'il venait d'entendre, non moins sans difficultés.
Achille, pour ce qui le concernait à présent, jugea préférable de ne point intervenir, le moment étant, pour sûr, non opportun. Cependant, quelques minutes plus tard, alors que ce dernier s'était quelque peu éloigné, observant la dérive des nuages, il entendit les pas de son frère se rapprocher vélocement. Lorsqu'il tourna finalement la tête afin de l'observateur, celui-ci fut alors relativement estomaqué du changement s'étant produit sur un laps de temps si réduit, celui-ci s'étalant tout au plus à quelques minutes. Ajax semblait émerger face à Achille, l'allure désormais changée, passant de l'homme triste, déprimé, au fier guerrier, confiant et déterminé. L'énergie émanant à présent de son corps ne demeurait comparable en rien par rapport à celle ressentie tout à l'heure. Ce dernier dégageait une force inébranlable, ne réclamant que vérité et justice. Il reconnaissait cela. Une chose que feu Julkov s'était évertué à transmettre à ses fils depuis leur plus jeune âge : la volonté du feu. Une volonté au chœur si ardent, que celle-ci pouvait, disait-on, rivaliser avec les impitoyables flammes éternelles des Enfers. Les deux concluent finalement leur échange par un salut amical, engageant par la même occasion les choses sérieuses.
Achille, marchant seul à visage découvert dans les rues d'Odiis, mit environ une demi-heure avant d'enfin atteindre la destination escomptée. Sur les lieux, plusieurs enseignes, principalement des échoppes ainsi que des tavernes, régissaient la place, et ce, sans compter les nombreuses personnes la remplissant également. Il s'agissait là, manifestement, du type d'endroit où la population aimait à se retrouver, sans nul doute à des fins de distraction, en dehors des grands marchés voire encore des bordels.
En balayant les alentours du regard, le commandant finit par repérer, quelques pas en amont, la raison de sa subite venue : il s'agissait, il est vrai, comme pour de nombreux établissements, d'une hostellerie, de taille raisonnable, comprenant une haute entrée en battant, style pour le coup original, qui plus est finement apporté, portant comme appellation « Le Cheval Fougueux ». Celui-ci entra sans hésiter, sous les regards dérobés des citoyens, s'installa rapidement sur une petite table, située dans quelque coin peu désiré de la taverne, puis commanda finalement une bière afin de rendre le supplice de l'attente plus agréable. Vêtu de sa tenue militaire, comprenant ainsi sa somptueuse épée maîtresse, celui-ci fut également victime de nombreuses messes basses, les plus audibles d'entre elles glorifiant sa personne.
Cependant, à peine eut-il le temps d'achever la moitié de sa coupe qu'une nouvelle personne débarqua sur les lieux, gravant de même, à l'instar d'Achille, son image, dans les mémoires de chacun. Le commandant leva après coup les yeux afin de considérer le nouvel inconnu, mais en faisant cela, ce dernier ne s'attendit nullement à tomber sur « cet inconnu ». Du moins, pas aussi rapidement.
L'homme était grand, dans les un mètre quatre-vingts, possédant un visage affermi ainsi qu'un regard assuré et démonstratif. Quant au reste de son corps, celui-ci demeurait masqué sous un long et large tissu noir fait de laine. L'imposant individu ne mit que peu de temps avant d'apercevoir Achille, se dirigeant une fois choisie faite dans sa direction, d'une allure certes lente, mais, pour le coup, effrayante. Celui-ci prend ensuite une chaise libre, située deux tables plus loin, puis vint s'asseoir en face de ce dernier.
« Tu m'a l'air bien tendu, lui dit Achille. Tiens, prends cette bière, ça te fera du bien», dit-il en rigolant.
L'individu, pour seule réponse, se contenta d'ignorer la proposition faite puis toisa, au lieu de cela Achille d'un regard froid, vide de toute amabilité.
«Ne fait pas l'innocent, Achille, ou, devrais-je dire Commandant.
A l'écoute de ces seules paroles, le regard d'Achille se mit lui aussi à basculer, passant de la joie amicale, à la froideur la plus sincère.
« Pourquoi as-tu fait cela ? Demanda Achille, énervée. Tu étais pourtant destiné à me succéder, en tant que chef des armées vissariennes. Talent, expérience ou encore courage, toutes ces qualités nécessaires étaient en ta possession, alors, dis-moi, pourquoi as-tu tenté de renverser le royaume. Peut-être pour les terres, l'argent, ou le pouvoir ? C'est pour l'une de ces nombreuses raisons, n'est-ce pas ?
— Non, pas exactement, lui répondit-il d'un ton toujours aussi froid. En réalité, je l'ai plus fait pour la gloire.
- Commentaire ?! Pou...Pour la gloire ?!
— Oh, mais je vois que notre chère tête blonde se réveille enfin. Tu restes étonné par cette nouvelle, n'est-ce pas ? Eh bien laisse-moi te dire pourquoi : tu es Achille Vissaris. Du fait de ton statut principal, t'imposer ne réclame de ta part tant d'efforts que cela, alors que, à pour moi, c'est là l'entreprise de toute une vie. Qui diable se souciait d'un simple homme du bas peuple, qu'il soit chevalier ou manant ? Personne. Quand bien même une chance, aussi infime soit-elle, se soit un jour présenté à moi, cette dernière a tout simplement été réduite à néant, de par ta simple présence. Encore une fois, les gens ne retiennent qu'Achille, le Grand, le Valeureux, tandis que moi, malgré les services que j'ai fourni à la Couronne ainsi qu'au Royaume, nul ne m'a comblé d'éloges ou me m'a considéré un minimum, et de ce fait, je suis resté pendant longtemps l'Ombre du Héros. Cependant, la resurgissement du Royaume Istarek fut l'occasion rêvée pour prendre un nouveau départ et se donner une seconde chance. Alors, certes, je ne suis qu'un traître à vos yeux, mais cela ne m'importe peu lorsque je me dis que je ne vous porte pas dans mon cœur, et qu'à présent, un autre roi sera capable de réaliser ce souhait profond. Pour un guerrier de mon envergure, il n'y a rien de plus déshonorant que de mourir dans l'oubli. Et je sais très bien, Achille, qu'au fond de toi-même tu me comprends.
Achille, tout au long de cette tirade, n'avait de cesse d'examiner droit dans les yeux son interlocuteur d'un œil attentif, tout en prenant le soin de ne faire intervenir ses émotions personnelles dans cet échange, qui ne ferait, en outre, qu'anéantir son jugement.
« Cette aura qui émane de lui, elle n'est plus semblable à celle que j'ai connue. Non..., ne me dis pas que..."
« Il se trouve que je t'ai surestimé, reprit Achille, et donné bien plus d'importance que tu n'en méritais, que ce soit de ma part, ou encore de celle du Roi »
Son interlocuteur sourit alors des dents, fronçant par la même occasion les sourcils.
« En réalité, tu n'es rien qu'un simple imposteur, sans ambitions véritables. Malheureusement pour toi, je crains que dans l'état où tu te trouves, tu ne sois irrécupérable.
— Espèce de chien...
— Tu ne comprends pas ? Laisse-moi te dire pourquoi : tu es Mathieu Riemonder. Certes, le fait de n'être que « mon ombre », comme tu dis, peut-être un frein, mais ce n'est pas tout. Ici, le seul et véritable obstacle n'est autre que toi-même. Je ne m'éterniserais pas sur un long discours car je sais très bien que tu saisis le sens de mes propos, mais je terminerai néanmoins par ceci : « pour réussir dans le monde, retenez bien ces trois maximes : voir, c'est savoir ; vouloir, c'est pouvoir ; oser, c'est avoir. *
réf : Alfred de Musset (1810-1857)
— ARRÊTES DE TE FOUTRE DE MA GUEULE !!! S'écria-t-il avec rage.
Mathieu, pour faire suite à son grossier propos, se leva brusquement de table puis sortit diligemment un espadon de son long tissu, qu'il abattit aussi rapidement que violement sur cette dernière. Fâcheusement pour ce dernier, Achille possédait, avec certitude, de bon, voire d'excellents réflexes qu'il n'eut, pour le coup, point de mal à user, esquivant l'offensive d'un grand bon en arrière, hors de portée de l'épée, laissant le meuble se réduire à l'état de poussière, ou presque, sous l'effet de la violente attaque.
« Puisque tu le prends ainsi... », chuchota-t-il à la suite de cela.
Le commandant dégaina à son tour sa lame, tandis que, subséquemment, l'épée, à l'aide de l'énergie fournie par le fin épéiste, balaya une bonne partie des lieux, comprenant là de nombreuses tables, le comptoir du tavernier, ainsi que toute la surface du mur située plus loin sur sa droite. Les différents débris de bois, mais également et surtout de pierres, s'écrasèrent à même le sol, telles des roches folles éjectées d'un volcan en éruption. Par hasard, la place s'étant, entre temps, dégager considérablement, nul civil, qu'il s'agisse là de ceux en provenance de la taverne ou même de l'extérieur en général, ne subit de quelconques dégâts. Les quelques témoins restants de la scène s'empressèrent par la suite de déguerpir, laissant là les deux soldats face à face, le vaste espace comme environnement de combat.
Les deux ne perdirent ainsi pas une seconde de plus, croisant le fer aux moyens de revers, directs, feintes et coups latéraux dans un vacarme des plus assourdissant. Tantôt, Mathieu prenait l'avantage, mais cependant, Achille arrivait, pour sa part, à se ressaisir et continuait l'affrontement en rencontrant également en difficulté son adversaire, notamment en lui criblant de multiples blessures à diverses zones de son robuste corps. Ce jeu dura dix bonnes minutes, à l'issue desquelles Achille ressortit visiblement vainqueur, creusant ainsi un large fossé entre eux quant à la puissance de chacun.
Tandis que le guerrier vissarien pointait Mathieu de sa lame, qui depuis lors demeurait vaincu, un genou à terre, ce dernier, le regard face au sol, se mit soudain à lâcher un rire pour le moins nerveux, se voulant diabolique, empli de vices. et d'intentions malsaines.
« Tu devrais savoir qu'il ne faut pas me sous-estimer de la sorte, Commandant... »
Achille sentit après coup une présence, loin derrière lui. Non, attendez. Il en dénombrait en fait deux, ou plutôt trois, puis quatre...Non, c'était bien plus que cela : en effet, huit personnes se dirigeaient dans sa direction, à toute vitesse, émettant une énergie presque imperceptible aux premiers abords.
« Sans doute des assassins… » Se dit-il en conséquence.
Une fois arrivés à une trentaine de mètres environ, ces derniers décidèrent de passer à l'action, lançant tous, simultanément et de vive force, leurs instruments de combat en direction de ladite cible, à présent verrouillée. Ces derniers allèrent si vite, qu'Achille, toujours concentré sur son ennemi, ne put déterminer avec précision leurs positions initiales.
A partir de là, Mathieu s'attendit parallèlement, à voire se dessiner sur la sérieuse mine de son ex-commandant, une vive expression de panique, mais il en fut tout autre, malheureusement. En guise de réponse face à cet enjeu prévisible, le commandant ne bougea, en effet, pas un cil, profitant également de l'occasion pour dégainer un rictus accompagné d'un regard pour le moins confiant.
Quelques secondes après l'enclenchement de la nouvelle attaque, un vent inopiné déferla sur la place. Ce dernier, d'une force indicible, suffit à lui seul à stopper l'offensive, renvoyant de même toutes les armes à leurs lâches expéditeurs. Suite à cela, Achille entendit d'un peu partout, de multiples crises de douleurs, ce qui lui permet d'enfin localiser précisément les positions respectives de ses mystérieux assaillants. Il constate par ailleurs que les huit spadassins s'étaient astucieusement répartis sur l'espace, bloquant ses mouvements de tous les côtés, via le procédé de l'encerclement.
Au même moment, alors que la bourrasque s'estompait avec diligence, Achille sentit la soudaine présence de son frère, apparuet à l'instant, juste à côté de lui. Celui-ci se tenait légèrement de profil, la main droite sur sa hanche, les yeux fixés sur sa cible, à savoir, l'environnement incertain.
«Certes. Mais saches, vagabond, que tu as, depuis longtemps, perdu le droit de m'appeler ainsi.