La voiture empruntait un chemin sinueux bordé d'arbres aux troncs sombres, créant une voûte naturelle au-dessus de la route. Le ciel était lourd de nuages gris, accentuant l'atmosphère lugubre qui enveloppait le manoir Blackwood, la nouvelle maison de Mila.
La dernière fois qu'elle avait visité un lieu aussi isolé, c'était lors d'une escapade dans les montagnes avec des amis, mais rien ne pouvait la préparer à l'imposante silhouette du manoir qui se dessinait devant elle.
Elle se tenait devant le grand portail en fer forgé du manoir, le cœur battant, ses pensées tourbillonnant dans son esprit. L'imposante structure se dressait devant elle, ses murs en pierre grise semblant murmurer des secrets anciens.
Mila, serrant la poignée de sa valise, ressentit une vague d'adrénaline mêlée de peur. C'était son premier emploi en tant qu'assistante dans un manoir, et l'angoisse de l'inconnu l'envahissait.
À cet instant, elle ne pouvait s'empêcher de se sentir à la fois excitée et intimidée. Elle avait toujours rêvé de vivre dans un endroit aussi grandiose, mais la réalité de ce moment lui donnait le vertige.
Elle s'était réveillée tôt ce matin-là, un mélange d'excitation et d'appréhension l'ayant empêchée de dormir. Dans un dernier élan de nostalgie, elle avait pris un moment pour admirer sa petite chambre, où des souvenirs de ses rires avec ses amis, de ses nuits passées à rêver d'aventure, flottaient autour d'elle. Mais cette nouvelle étape l'appelait. Elle avait fait ses adieux à sa mère, à sa meilleure amie Sarah, et même à quelques collègues, tous conscients du tournant que prenait sa vie.
« Tu vas vraiment le faire, hein ? » avait demandé Sarah, ses yeux brillants d'inquiétude et d'excitation. « Tu es sûre que tu es prête pour ça ? »
Mila avait souri, mais l'hésitation dans sa voix avait trahi ses pensées.
« Je ne sais pas, mais je ne peux pas rester ici et me demander ce que serait ma vie ailleurs. J'ai besoin de voir. »
Et la voilà, à l'aube de cette aventure, debout devant le manoir, prête à franchir le seuil d'une nouvelle existence.
Après avoir poussé le portail, elle s'engouffra dans l'allée bordée d'arbres majestueux, le bruit des graviers crissant sous ses pas. Chaque pas résonnait comme un battement de tambour, lui rappelant l'importance de ce moment.
Les jardins étaient magnifiquement entretenus, des fleurs de toutes les couleurs dansaient doucement au gré du vent. Une légère brise apportait avec elle le parfum des roses, et Mila inspira profondément, remplissant ses poumons de ce nouveau départ.
L'entrée du manoir se dressait devant elle, une porte en chêne massive ornée de ferronneries délicates. Elle frappa doucement, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. L'angoisse s'empara d'elle alors qu'elle se tenait là, attendant que quelqu'un lui ouvre.
Finalement, la porte s'ouvrit lentement, révélant une femme d'un certain âge, au regard chaleureux et à la chevelure argentée.
—Bonjour, mademoiselle. Vous devez être Mila, dit-elle avec un sourire qui illumina son visage.
—Oui, c'est moi, répondit Mila, soulagée de voir un visage amical dans ce décor qui lui semblait si étranger.
—Je suis Agnes, la gouvernante ici. Bienvenue au manoir.
Elle l'invita à entrer, et Mila hésita un instant, prenant conscience de la grandeur du lieu dans lequel elle venait de pénétrer.
À l'intérieur, le hall d'entrée était tout aussi impressionnant que l'extérieur. Un escalier en bois sculpté s'élevait majestueusement, et un lustre en cristal scintillait au-dessus d'eux, répandant une lumière douce et chaleureuse.
Les murs étaient ornés de portraits anciens, des regards figés dans le temps qui semblaient observer chaque mouvement de Mila.
—Ici, c'est le hall d'entrée. C'est souvent là que nous accueillons les visiteurs, expliqua Agnes, la voix douce et apaisante.
Mila se laissa emporter par la magie du lieu.
—C'est incroyable, murmura-t-elle, ses yeux parcourant les détails ornés des murs et le mobilier ancien.
—Et voici la salle à manger, poursuivit Agnes en ouvrant une grande porte en bois. Elle est souvent utilisée pour des dîners formels.
La salle à manger était majestueuse, une grande table en bois massif entourée de chaises en velours, des chandeliers scintillants accrochés au plafond. Mila s'imagina déjà, quelques mois plus tard, assise à cette table, entourée de convives, partageant des histoires et des rires.
—Et votre chambre est juste à l'étage, annonça Agnes, et Mila sentit une montée d'excitation.
En montant les escaliers, elle remarqua les détails exquis : des sculptures sur les rampes, des tableaux accrochant les murs, chacun racontant une histoire. À chaque pas, elle se rapprochait un peu plus de son nouveau monde.
—Voilà, c'est ici, dit Agnes en ouvrant la porte d'une chambre spacieuse.
Mila entra, éblouie. La pièce était un mélange parfait de confort et d'élégance, un grand lit à baldaquin trônant au centre, entouré de meubles en bois sculpté. Les rideaux en soie flottaient légèrement dans la brise, et une fenêtre offrait une vue à couper le souffle sur les jardins luxuriants.
—C'est magnifique, lâcha Mila, émerveillée. « Je ne m'attendais pas à ça.
—Je suis contente que cela vous plaise, répondit Agnes avec un sourire complice. Vous trouverez tout ce dont vous avez besoin ici. Et si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à me le faire savoir.
Mila se tourna vers Agnes, une question brûlant ses lèvres.
— Est-ce que Caleb, le propriétaire du manoir, sera là bientôt ?
Agnes secoua la tête avec un léger sourire, comme si elle comprenait l'impatience de Mila.
—Caleb est souvent très occupé avec ses affaires. Je ne peux pas vous dire quand il sera là, mais il vous accueillera dès qu'il le pourra. En attendant, je suis ici pour vous aider à vous installer.
Mila ressentit un léger pincement au cœur. Elle avait imaginé une rencontre mémorable avec Caleb, mais l'idée de devoir attendre la perturbait. Elle hocha la tête, remerciant Agnes.
—Merci, Agnes. Je vais prendre un moment pour m'installer.
—Bien sûr, je vous laisse tranquille alors. Je vous retrouverai dans la cuisine plus tard pour le dîner, dit Agnes avant de quitter la chambre.
Seule, Mila prit le temps de s'imprégner de son nouvel environnement. Elle ouvrit les placards et les tiroirs, découvrant des livres anciens, des draps en lin impeccables et même quelques objets personnels laissés par d'anciens occupants. Cela lui donna l'impression d'entrer dans une histoire déjà écrite, et elle se demanda quel rôle elle jouerait dans cette pièce.
En s'asseyant sur le bord du lit, elle laissa échapper un soupir. Le silence du manoir l'enveloppa, et une sensation d'isolement l'envahit. Elle était loin de ses amis, de sa vie d'avant, et même si elle avait pris cette décision pour elle-même, la réalité de ce changement la frappa de plein fouet.
Elle se leva et se dirigea vers la fenêtre, observant le jardin en contrebas. Les fleurs dansaient doucement dans le vent, et elle ressentit une légère brise caresser son visage. C'était un moment de répit, une chance de se recentrer avant de plonger dans cette nouvelle vie.
Alors qu'elle contemplait le paysage, elle entendit un bruit en bas, comme si quelqu'un venait d'entrer dans le manoir. Son cœur s'accéléra, et elle se demanda si c'était enfin Caleb. Elle se dirigea vers la porte, hésitant à descendre. Les premières impressions comptaient, et elle voulait que la première fois qu'elle le rencontre soit marquante.
Mais avant qu'elle ne puisse faire un pas, elle se ravisa. Peut-être que Caleb était trop occupé pour la rencontrer en ce moment, et elle ne voulait pas se mettre dans une position gênante. Elle retourna à la fenêtre et observa, espérant entrevoir un aperçu du propriétaire.
Le bruit des voix montait, et elle se mit à tendre l'oreille, essayant de saisir des mots. Les conversations, bien que murmurées, étaient empreintes d'un air d'autorité. Elle en conclut que Caleb devait être entouré de personnes de confiance, probablement des membres de son équipe ou des associés.
En attendant, elle décida de prendre un moment pour explorer davantage le manoir. Elle emprunta le couloir, découvrant des pièces spacieuses, une bibliothèque remplie de livres poussiéreux, et même un petit salon décoré avec des tableaux anciens. Chaque pièce révélait une facette du manoir, et Mila était fascinée par les histoires qu'elles pouvaient raconter.
La bibliothèque, en particulier, l'attira. Les étagères en bois étaient remplies de livres de toutes tailles, et l'odeur du papier ancien emplit ses narines. Elle parcourut les rangées, touchant les couvertures et feuilletant quelques ouvrages. Les titres évoquaient des récits d'aventures, de mystères et de romances, et elle se sentit immédiatement attirée par l'idée de plonger dans ces histoires.
«J'espère que je trouverai du temps pour lire ici, murmura-t-elle pour elle-même, un sourire se dessinant sur ses lèvres.»
Après avoir exploré quelques pièces supplémentaires, Mila commença à ressentir une légère fatigue. Elle retourna dans sa chambre, et défaire sa valise, cela lui permettra de faire connaissance avec son nouveau coin intime.
...
Quelques minutes après, quelqu'un vint frapper à sa porte, c'était Agnès la gouvernante. Mila se dirigea rapidement vers la porte.
—Vous n'êtes pas obligé de rester cloîtrée dans cette chambre, venez donc découvrir l'extérieur.
—Oui, volontiers, je termine quelques rangements. Mila avec une question qui apparut soudainement dans ses pensées. Est-ce que je peux visiter tout le manoir ?
—Bien-sur, évitez simplement d'entrer dans certaines zones. C'est pour votre sécurité, répondit-t-elle, ses yeux perçants se posant sur Mila.
—Quelles zones devrais-je éviter ? Demanda Mila, le cœur battant.
Agnes hésita un instant.
—Le sous-sol, par exemple, et certaines ailes du manoir sont à éviter. Caleb, le propriétaire, a ses raisons pour cela. Il n'aime pas que quiconque entre dans ces lieux.
Le nom de Caleb résonna encore une fois dans l'esprit de Mila. Elle avait entendu des rumeurs sur lui : un homme mystérieux, renfermé sur lui-même, à l'histoire tumultueuse.
—Je suis impatiente de le rencontrer, dit-elle avec un sourire forcé.
Agnes plissa les yeux.
—Soyez prudente, Mila. Caleb est un homme compliqué. Il a ses démons, et il préfère la solitude. Mais je suis sûre que vous vous y ferez.
Mila acquiesça, mais une appréhension grandissait en elle. Après avoir fini de ranger ses affaires dans la chambre, elle décida d'explorer le manoir, désireuse de comprendre cet environnement mystérieux.
Les couloirs étaient ornés de tapis épais qui étouffaient le bruit de ses pas. Les murs, couverts de tapisserie ancienne, lui racontaient des histoires de noblesse et de drames. Mila s'arrêta devant une porte, intriguée par une inscription ancienne gravée sur le bois. Elle toucha le bois du bout des doigts, sentant une légère vibration sous sa peau.
—Ça, c'est le bureau de Caleb. N'y entrez pas sans sa permission, la prévint Agnes, surgissant derrière elle. Il n'aime pas être dérangé.
Mila se redressa, gênée.
—Je suis désolée, je ne voulais pas...
—Ne vous inquiétez pas, il est juste très privé, répondit Agnes avec un léger sourire. Pourquoi ne pas aller au jardin ? C'est une belle journée, et il y a de magnifiques roses.
Mila décida de suivre ce conseil. En sortant, elle se sentit libre. Le jardin était une oasis de couleurs, mais l'ombre des arbres semblait rendre l'endroit encore plus mystérieux. Elle s'assit sur un banc, profitant de l'air frais, tout en réfléchissant à ce qui l'attendait dans ce manoir.