La ruelle était silencieuse, à peine éclairée par une faible lueur provenant d'une lanterne vacillante. Yao Ru Neng, couvert de sang, était étendu sur le sol froid et humide. Chaque respiration était une lutte, chaque mouvement une torture.
Les bruits de pas approchants résonnèrent faiblement. Une silhouette se détacha des ombres, un homme grand, vêtu d'une robe noire simple mais élégante. Il s'accroupit près de Yao, son regard perçant et son ton calme.
"Vous êtes bien amoché, mais vous êtes encore vivant. C'est déjà un exploit."
Yao ouvrit faiblement les yeux. "Qui… êtes-vous ?" murmura-t-il.
L'homme sourit légèrement. "Un ami, si vous me le permettez. Et peut-être bien plus. Je vois un potentiel en vous que vous-même ignorez."
L'homme plaça un bras sous celui de Yao et l'aida à se relever, malgré les gémissements de douleur de ce dernier. "Je m'appelle Chen Wei, et je suis ici pour vous offrir une chance. Une chance de devenir ce que vous êtes censé être : la fierté de votre famille."
Yao, encore étourdi par la douleur et la perte de sang, fronça légèrement les sourcils. "Pourquoi ? Pourquoi m'aider ?"
Chen Wei répondit simplement : "Parce que je crois en ceux qui sont tombés mais refusent de rester à terre."
Chen emmena Yao dans une demeure isolée, située dans une ruelle discrète de Chang'an. À l'intérieur, la maison était sobrement décorée mais impeccablement entretenue. Une pièce, préparée à l'avance, contenait un lit et des herbes médicinales.
"Reposez-vous," ordonna Chen en appliquant un onguent sur les plaies de Yao. "Vous aurez des réponses lorsque vous serez en état de les entendre."
Yao, bien que méfiant, était trop faible pour protester. Il s'endormit rapidement, sombrant dans un sommeil agité.
Dans son sommeil, Yao fut hanté par des souvenirs de sa jeunesse. Des images de son père, un homme strict mais aimant, et des moments où il avait échoué à répondre aux attentes familiales. Ces souvenirs se mélangeaient à des visions du présent : sa loyauté envers Li Bi, son rôle dans les Gardiens de la Paix, et la trahison qu'il avait subie.
Une voix douce résonna dans ses rêves. "Rien n'est perdu, tant que vous êtes en vie."
Yao se réveilla en sursaut, ses blessures tirant douloureusement. Chen Wei était assis près de lui, une tasse de thé à la main.
"Vous êtes plus fort que vous ne le pensez," dit Chen, calmement. "C'est pour cela que je vous ai choisi."
Yao grogna en s'asseyant. "Choisi pour quoi ? Vous parlez en énigmes."
Chen posa sa tasse et se pencha vers Yao. "Pour un renouveau. Pour devenir un homme que votre famille et votre ville peuvent admirer. Mais cela nécessite un sacrifice."
Chen Wei expliqua qu'il faisait partie d'un réseau discret d'individus influents, opérant en marge des structures officielles de Chang'an. "Nous ne sommes ni des rebelles, ni des loyalistes. Nous cherchons à équilibrer les forces, à protéger cette ville d'elle-même."
Il regarda Yao avec intensité. "Vous avez l'esprit d'un stratège, la loyauté d'un soldat, et maintenant, une raison de vous dépasser. Je peux vous offrir les moyens de devenir la fierté que votre famille a toujours espéré."
Yao, bien que tenté, restait méfiant. "Et en échange ? Qu'attendez-vous de moi ?"
Chen sourit. "Votre engagement. Pas envers moi, mais envers votre propre potentiel. Ensemble, nous pouvons changer cette ville."
Les jours suivants, Chen Wei soumit Yao à un programme intense de récupération et de formation. Malgré ses blessures, Yao apprenait à mieux comprendre ses propres forces et faiblesses, ainsi que les subtilités des intrigues politiques de Chang'an.
"La vraie force," disait Chen, "ne réside pas dans les armes ou les mots, mais dans la clarté d'esprit. Si vous pouvez voir à travers les jeux de pouvoir, vous ne serez jamais manipulé."
Au cours d'une discussion, Chen Wei révéla un détail surprenant. Il connaissait la famille de Yao et avait autrefois travaillé avec son père. "Votre père était un homme d'honneur, mais il s'inquiétait toujours de votre place dans ce monde. Je veux lui prouver qu'il avait tort de douter de vous."
Yao, touché par ces mots, sentit une nouvelle détermination naître en lui. "Si je peux redonner de l'honneur à ma famille, alors je ferai ce qu'il faut."
Après plusieurs jours, Yao, bien qu'encore affaibli, se sentit prêt à quitter le refuge de Chen Wei. Ce dernier lui donna un dernier conseil : "Le monde ne vous donnera rien. Prenez ce que vous voulez, mais prenez-le avec sagesse."
Avant de partir, Chen murmura : "Nous nous reverrons, Yao Ru Neng. Lorsque vous serez prêt à embrasser pleinement votre destinée."
Alors que Yao se remettait doucement, Zhang Luo, intrigué par des artisans suspects en ville, décidait de les surveiller de près. Mais son enquête prenait une tournure inattendue lorsqu'il était poussé dans une rivière par ces prétendus artisans, révélant un autre pan de la conspiration menaçant Chang'an.