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Chapter 37 - Les Lumières de l’Empire

Dans la cour principale du palais impérial, la Grande Lanterne Taoïste dominait l'espace, haute de plusieurs mètres, avec une structure complexe faite de bois poli, de soie délicate et de cadres en métal finement ciselés. Ses motifs représentaient des dragons, des nuages et des cercles symbolisant l'harmonie cosmique.

L'Empereur, vêtu d'une robe en soie dorée, observait l'œuvre depuis une estrade surélevée. Ses yeux, habituellement calculateurs, semblaient brièvement empreints de sérénité.

"Mao Shun," déclara-t-il d'une voix calme mais pleine de gravité, "c'est un chef-d'œuvre. Cette lanterne incarne tout ce que nous aspirons à être : solide, lumineuse, et en parfaite harmonie avec l'univers."

Mao Shun, un homme de petite stature mais d'une grande prestance, s'inclina profondément. "Votre Majesté est trop généreuse. Cette œuvre est le fruit de l'inspiration que vous offrez à votre peuple."

Tandis que les courtisans s'émerveillaient de la lanterne, l'Empereur se tourna vers ses conseillers. "Voyez cette structure. Chaque pièce soutient l'autre. Si une seule partie échoue, l'ensemble s'effondre. N'est-ce pas une parfaite métaphore pour notre Empire ?"

Le Premier Conseiller, un vieil homme au visage grave, acquiesça. "Votre Majesté a raison. Mais chaque pièce doit être solide, sinon même la plus belle œuvre d'art peut devenir un tas de débris."

L'Empereur, se retournant vers la lanterne, murmura pour lui-même : "Et si une pièce est trop forte, elle risque de briser l'équilibre. C'est pour cela que nous devons surveiller chaque élément."

Alors que le peuple de Chang'an se rassemblait autour de la lanterne pour admirer sa beauté, l'Empereur ordonna un discours. Il se leva, sa voix résonnant dans la cour.

"Citoyens de l'Empire, cette lanterne est plus qu'un symbole. Elle est un rappel que, même dans les temps les plus sombres, notre lumière peut briller. Restons unis, comme chaque partie de cette œuvre, et aucun ennemi ne pourra nous briser."

Les applaudissements s'élevèrent, mais parmi la foule, des murmures de doute subsistaient. Les troubles récents et les tensions politiques avaient laissé des cicatrices profondes.

Alors que la célébration se poursuivait, un messager arriva, agenouillé devant l'Empereur. "Votre Majesté, nous avons des rapports des régions extérieures. Les réfugiés souffrent terriblement. Beaucoup sont froids, affamés, et réclament de revenir à Chang'an pour retrouver leurs familles."

L'Empereur fronça les sourcils. "Et les provisions que nous avons envoyées ?"

Le messager baissa la tête. "Elles ont été interceptées, probablement par des bandits ou des factions rebelles. Les survivants errent sans direction."

L'Empereur convoqua immédiatement son cercle restreint pour discuter des actions à entreprendre. "Nous ne pouvons pas laisser cette situation s'aggraver," dit-il. "Si ces réfugiés se retournent contre nous, cela pourrait alimenter encore plus de rébellion."

Un général intervint. "Nous pourrions déployer des troupes pour sécuriser les routes et escorter les survivants jusqu'à Chang'an. Mais cela risque d'exposer nos forces."

Le Premier Conseiller proposa une alternative. "Peut-être devrions-nous envoyer un émissaire pour négocier avec ces factions rebelles. Offrons-leur des terres ou des richesses en échange de la paix."

L'Empereur resta silencieux un moment, avant de répondre : "Ces options ont leurs mérites. Mais rappelez-vous, l'Empire ne doit jamais paraître faible. Faites-leur savoir que nous sommes prêts à négocier, mais pas à céder."

Alors que les conseillers débattaient, l'Empereur se retira brièvement dans ses appartements privés. De là, il observa la lanterne briller dans la nuit, ses lumières colorées dansant sur les murs.

"Cette lanterne est parfaite," pensa-t-il. "Mais mon Empire est loin de l'être. Chaque jour, une fissure apparaît. Et chaque jour, je dois décider laquelle réparer."

Pendant ce temps, loin dans les terres dévastées, un groupe de réfugiés affamés et frigorifiés s'accrochait à l'espoir de revenir à Chang'an. Parmi eux, Wen Wu Ji, un ancien marchand à l'esprit vif, essayait de remonter le moral.

"Vous souvenez-vous des marchés de Chang'an ?" dit-il, un sourire mélancolique sur les lèvres. "Ces étals débordant de fruits frais, ces étals de viande parfumée, et les nouilles si longues qu'on pourrait les confondre avec des rubans ?"

Les survivants, bien que las, se laissèrent emporter par ses récits. Chaque mot évoquait des souvenirs de jours meilleurs, leur donnant la force de continuer.

Alors que l'Empereur continuait à peser ses options pour maintenir l'équilibre, les survivants rêvaient de retrouver leurs familles à Chang'an. Mais leur chemin restait semé d'embûches, et la faim, le froid, ainsi que les forces hostiles les mettaient à l'épreuve. Pendant ce temps, les récits de Wen Wu Ji révélaient une résilience inattendue, une lueur d'espoir dans une nuit sombre, alors que les défis du pouvoir impérial s'intensifiaient.