Dans la salle du trône, l'air était chargé de tension. Les murs, ornés de riches tentures rouges et dorées, semblaient retenir les murmures et les regards furtifs des courtisans présents. Au centre, le trône de l'Empereur restait vide, mais ses conseillers avaient convoqué une audience urgente entre le Prince Héritier et Lin Jiu Lang pour aborder les récents troubles.
Le Prince Héritier, vêtu d'une robe brodée de motifs impériaux, entra d'un pas ferme, accompagné de ses gardes personnels. Lin Jiu Lang, tout aussi imposant dans son habit d'un noir sobre mais élégant, était déjà là, son visage impassible masquant à peine une colère froide.
"Vous m'avez convoqué ?" lança le Prince Héritier, fixant Lin Jiu Lang comme s'il était prêt à le réduire en poussière.
"Non," répondit Lin Jiu Lang avec un sourire glacial. "Mais il semble que nous ayons des comptes à régler."
La réunion débuta sous les regards attentifs des conseillers impériaux. Le Prince Héritier prit la parole en premier, sa voix résonnant dans la salle.
"Ces troubles dans Chang'an sont une honte pour la cour," déclara-t-il. "Et je trouve étrange que, malgré votre rôle prétendu de protecteur des réformes, Seigneur Lin, ces événements coïncident avec vos manœuvres politiques."
Lin Jiu Lang répondit avec un calme étudié. "Votre Altesse, il est facile d'accuser sans preuves. Mais peut-être devriez-vous vous demander pourquoi ces troubles n'ont éclaté que lorsque vous avez intensifié vos efforts pour centraliser le pouvoir."
La confrontation s'intensifia rapidement. Chaque homme choisissait soigneusement ses mots, visant à humilier et discréditer l'autre.
"Vous parlez de centralisation," tonna le Prince Héritier. "Mais n'est-ce pas vous, Seigneur Lin, qui avez courtisé des factions douteuses et manipulé des fonctionnaires pour servir vos propres intérêts ?"
Lin Jiu Lang répliqua : "Et vous, Votre Altesse, n'avez-vous pas placé des hommes incompétents dans des postes clés, simplement parce qu'ils vous sont loyaux ? Peut-être que ces troubles sont le résultat de votre négligence."
Les murmures des courtisans se firent plus audibles, chacun spéculant sur qui avait l'avantage. Les regards allaient et venaient entre les deux figures, comme lors d'un duel où chaque coup pouvait être fatal.
Alors que la discussion devenait plus animée, un conseiller, visiblement inquiet, tenta de calmer la situation. "Messieurs, ce n'est pas le moment de se diviser. L'Empire est en danger, et nous devons travailler ensemble pour restaurer l'ordre."
Mais ni le Prince Héritier ni Lin Jiu Lang ne l'écoutèrent. Ils étaient trop absorbés par leur duel.
"Vous ne comprenez pas," dit le Prince Héritier avec une froideur tranchante. "Lin Jiu Lang ne veut pas restaurer l'ordre. Il veut créer un chaos qu'il peut exploiter."
Lin Jiu Lang sourit, mais ses yeux lançaient des éclairs. "Et vous, Votre Altesse, prétendez défendre la tradition, alors que vous n'êtes qu'un opportuniste cherchant à éliminer vos rivaux."
Les courtisans, bien que fascinés par cette querelle, savaient que l'Empereur observait tout, même en son absence apparente. Chacun pesait soigneusement ses alliances, se demandant quel camp choisir si les tensions se transformaient en une crise ouverte.
Un jeune fonctionnaire murmura à son voisin : "Si l'Empereur ne tranche pas bientôt, nous serons tous entraînés dans leur guerre."
Alors que la querelle atteignait son paroxysme, un émissaire entra précipitamment, portant un message scellé de l'Empereur. Il s'inclina profondément avant de lire à haute voix :
"Sa Majesté exige que cette discussion cesse immédiatement. Les intérêts de l'Empire passent avant les querelles personnelles. Toute autre attaque verbale sera considérée comme une offense directe à la couronne."
Le silence tomba dans la salle. Le Prince Héritier serra les poings, tandis que Lin Jiu Lang gardait un masque de sérénité.
Alors que l'audience prenait fin, le Prince Héritier s'approcha de Lin Jiu Lang. "Ce n'est pas fini," murmura-t-il, ses yeux brûlant de colère.
"Oh, je n'en doute pas," répondit Lin Jiu Lang avec un sourire énigmatique. "Mais souvenez-vous, Votre Altesse : les joueurs les plus patients sont souvent ceux qui gagnent."
Pendant ce temps, l'Empereur observait de loin, depuis une pièce adjacente où il avait fait installer un rideau semi-transparent. Son expression était indéchiffrable, mais ses pensées étaient claires.
"Qu'ils se battent," murmura-t-il à un conseiller loyal. "Chaque coup qu'ils se portent me rend plus fort. L'équilibre doit être maintenu, même si cela signifie les affaiblir tous les deux."
Alors que le Prince Héritier et Lin Jiu Lang quittaient la salle, chacun préparait déjà ses prochaines manœuvres. Pendant ce temps, l'Empereur, toujours énigmatique, admirait une immense lanterne taoïste récemment installée, se réjouissant du génie artistique de Mao Shun, tout en contemplant l'équilibre précaire du pouvoir qu'il entretenait.